Aimé Cotton

physicien français

Aimé Auguste Cotton, né à Bourg-en-Bresse le , et mort à Sèvres le , est un physicien français connu pour ses études de l’interaction de la lumière avec des molécules chirales. Il fut professeur titulaire de physique générale à la faculté des sciences de l'université de Paris de 1922 à 1941.

Biographie

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Famille et formation

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Aimé Cotton est le frère du mathématicien et académicien Émile Cotton[1] ; ses grands-parents étaient agriculteurs dans l'Ain et son père, Eugène Cotton, fut professeur de mathématiques à l'école normale de Bourg, puis au lycée de Bourg, établissement qui avait succédé à l'école centrale du département de l'Ain où Ampère commença sa carrière.

Aimé Cotton fait ses études secondaires au lycée de Bourg et sa classe de mathématiques spéciales au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Après une année de service militaire il étudie de 1890 à 1893 à l’École normale supérieure, où il suit les conférences de physique de Marcel Brillouin et de Jules Violle, et à la faculté des sciences de Paris où il suit les cours de physique de Gabriel Lippmann et Edmond Bouty et obtient les licences ès sciences physiques et ès sciences mathématiques.

En 1913, il épouse la physicienne Eugénie Feytis connue aujourd'hui sous le nom d'Eugénie Cotton. Ils auront trois enfants.

Travaux scientifiques

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Lauréat du concours d'agrégation des sciences physiques en 1893, il ne rejoint cependant pas l'enseignement secondaire et prépare durant deux ans, en tant que boursier des hautes-études, une thèse pour le doctorat ès sciences physiques au laboratoire de physique de l'École normale supérieure, dirigé alors par Jules Violle. Il étudie les interactions de la lumière polarisée avec des substances doués de pouvoir rotatoire à cause de leurs molécules chirales. Aux bandes d'absorption, il trouve de grandes variations de ce pouvoir rotatoire en fonction de la longueur d'onde, phénomène dit « dispersion rotatoire optique » ou « effet Cotton ». Il découvre aussi le phénomène relié de dichroïsme circulaire, ou absorption inégale des rayons lumineux de polarisations circulaires gauche et droit [2],[3],[4]. Ces deux phénomènes serviront plus tard à déterminer les stéréochimies des molécules chirales en chimie organique et en biochimie.

Il est nommé maître de conférences de physique à la faculté des sciences de Toulouse en 1895 et soutient en 1896 devant la faculté des sciences de l'université de Paris sa thèse, intitulée « Recherches sur l’absorption et la dispersion de la lumière par les milieux doués du pouvoir rotatoire ». En 1900, il obtient le titre de professeur-adjoint à l'université de Toulouse, et est chargé de la suppléance de Jules Violle pour la maîtrise de conférences de physique de l’École normale supérieure. En 1904, à la suite du rattachement de l'École normale supérieure à l'Université de Paris, il est nommé chargé de cours, avec le titre de professeur-adjoint à partir de 1910, à la faculté des sciences de l'Université de Paris, délégué à l'École normale supérieure, jusqu'en 1921.

Pendant cette période ses recherches portent sur les interactions de la lumière et du magnétisme. Il travaille tout d'abord avec Pierre Weiss sur l’effet Zeeman, le dédoublement des lignes spectrales en présence d'un champ magnétique. Pour ce faire il invente la balance de Cotton, appareil qui sert à mesurer avec précision l’intensité du champ magnétique. Cotton et Weiss étudient le dédoublement des raies bleues de l'atome du zinc sous champ magnétique, et s'en servent pour déterminer en 1907 la valeur du rapport de la charge de l’électron à sa masse (e/m), avec une précision supérieure à la méthode de J.J. Thomson.

Cotton s’intéresse ensuite à l’effet Faraday au voisinage des raies spectrales et met en évidence le dichroïsme circulaire magnétique. En parallèle, il travaille avec son camarade de promotion Henri Mouton, biologiste à l’Institut Pasteur, sur la biréfringence magnétique aux solutions colloïdales des particules magnétiques. Ils découvrent en 1907 une biréfringence magnétique intense avec un axe optique parallèle aux lignes de champ, dit effet Cotton-Mouton.

Durant la guerre de 1914, il met au point avec Pierre Weiss un système de repérage de l'artillerie ennemie, basé sur une méthode acoustique : le système Cotton-Weiss[5].

Il dirige les travaux de thèse de Georges Bruhat sur le dichroïsme circulaire et la dispersion rotatoire (1914). Il participe dès 1917 à la création de l’Institut d'optique théorique et appliquée où il fut chargé de conférences. En 1914, il lance le projet d’un grand électro-aimant[6] dont la construction débute en 1924 dans le laboratoire du Service des recherches et inventions à Bellevue[7] qui devint ensuite le laboratoire du magnétisme de Meudon-Bellevue puis le laboratoire Aimé-Cotton. Cet aimant permet d'obtenir des champs magnétiques intenses, jusqu'à 7 teslas.

Le , il présente à l'Académie des sciences une note de F. Wolfers[8] où figure pour la première fois, cinq mois avant la publication d'une proposition analogue par G.N. Lewis, la proposition d'appeler le quantum de lumière le photon.

Carrière académique

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En 1919, il devient président du comité de physique à la Direction des Inventions intéressant la défense nationale. En 1920, Aimé Cotton est nommé professeur à la nouvelle chaire de physique théorique et de physique céleste à la faculté des sciences de l'Université de Paris. Eugène Bloch lui succède à l'École normale supérieure en 1921. En 1922, il succède à Gabriel Lippmann comme professeur titulaire de physique (chaire de recherches physiques) à la faculté des sciences de l'Université de Paris, Anatole Leduc lui succède comme titulaire de la chaire de physique théorique et physique céleste, Georges Sagnac étant en fait chargé du cours. Cotton devient alors directeur du laboratoire des recherches physiques de la faculté avec pour collaborateurs Amédée Guillet et Henri Mouton. En 1923, il est élu à l’Académie des sciences en remplacement de Jules Violle (Aimé Cotton 32 voix, Charles Fabry 28 voix, Henri Abraham 1 voix). Il prend sa retraite en 1941 et Jean Cabannes lui succède comme professeur et directeur de laboratoire, il conserve néanmoins la direction du laboratoire de magnéto-optique à Bellevue en tant que directeur de laboratoire non appointé de l'École pratique des hautes études.

Durant l'Occupation allemande il est incarcéré du au à la prison de Fresnes[9],[10].

Il est inhumé au cimetière des Bruyères (Sèvres) avec sa femme.

Œuvres et publications

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En collaboration
  • avec Henri Mouton: « Nouveau procédé pour mettre en évidence les objets ultra-microscopiques », in: Comptes rendus de l’Académie des sciences, 136 (1903): 1657.
  • avec Henri Mouton: Les ultramicroscopes et les objets ultramicroscopiques, Masson (Paris), 1906.
  • avec Henri Mouton: Sur la biréfringence magnétique des liquides purs, comparaison avec le phénomène électro-optique de Kerr, Bureau du Journal de physique (Paris), 1911.
  • avec Georges Bruhat: Traité de polarimétrie, Revue d'optique théorique et instrumentale, 1930.

Distinctions et hommages

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Distinctions militaires et civiles

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Distinctions académiques

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Hommages

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Bibliographie

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  1. M. Moret : « Notice nécrologique : Émile Cotton (1872-1950) », in: Annales de l'Institut Fourier, 1949, t. 1, p. 1-4, Texte intégral.
  2. A. Cotton, « Absorption inégale des rayons circulaires droit et gauche dans certains corps actifs », C. R. Acad. Sci., vol. 120,‎ , p. 989 (lire en ligne)
  3. A. Cotton, « Dispersion rotatoire anomale des corps absorbants », C. R. Acad. Sci., vol. 120,‎ , p. 1044 (lire en ligne)
  4. A. Cotton, « Recherches sur l'absorption et la dispersion de la lumière par les milieux doués du pouvoir rotatoire », Ann. Chim. Phys., vol. 8,‎ , p. 347
  5. « Francis Perrin: "Weiss, Pierre" », sur encyclopedia.com (consulté le )
  6. Le grand électro-aimant de l'Académie des sciences.
  7. Le Pavillon Bellevue dans le site du cnrs.
  8. F. Wolfers, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 183, juillet-décembre 1926, p. 276-277 : « Une action probable de la matière sur les quanta de radiation », sur Gallica (consulté le )
  9. Œuvres scientifiques d'Aimé Cotton, Publications du CNRS, , 302 p.
  10. Kingson, 2013, note que le New York Times mentionne, en 1941, que Cotton a découvert la "biréfringence" et qu'il est un des cinq savants français arrêtés par les nazis. Kingson remarque que Cotton reçoit plus tard la rosette de la Résistance.
  11. a et b « Membres de l'Académie des sciences depuis sa création : Aimé Cotton », sur Académie des sciences (consulté le )
  12. Laboratoire Aimé Cotton (UMR 9188)(consulté le 19 décembre 2015)
  13. « Inauguration Aimé Cotton », sur Chavannes-sur-Suran, (consulté le )

Liens externes

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