Abbassi Madani

homme politique algérien fondateur du Front Islamique du Salut
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Abassi Madani
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
DohaVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière Sidi-M'hamed (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
عبّاسي مدنيVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Partis politiques
Conflit
Guerre d’Algérie, Guerre civile algérienne
Titre honorifique
Fadhilat al-Cheikh (d)

Abassi Madani (en arabe : عباسي مدني), né le [1] à Sidi Okba près de Biskra (Algérie) et mort le à Doha (Qatar), est un homme politique algérien qui fut le cofondateur et le président du Front islamique du salut en Algérie.

Biographie modifier

Abbassi Madani est le fils d'un imam. Il commence ses études dans une école coranique puis entre en 1941[2] dans une école de l'association 'Ulamâ (d'Ibn Bâdis) et suit les cours dispensés à la Masjidia du cheikh Nuaïmi[3].

Il adhère au PPA-MTLD et participe à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie dans les années 1950. Membre du groupe Marzougui, dans la nuit du au , il est chargé de poser des bombes à Radio-Alger. Arrêté le , il passe toute la durée de la guerre en prison[4]. Incarcéré à la prison Maison Carrée et à Barberousse, il apprend l'anglais[5]. Après 1962, il milite au sein du FLN jusqu'à la fin des années 1970[6]. Il est élu de ce parti de 1969 à 1974[7].

En 1962, il s'inscrit en licence de philosophie à l'université d'Alger et y prépare une thèse de psychologie de l’éducation, dans laquelle il défend la supériorité d'un système éducatif enraciné dans l'islam.

En 1963, il crée l'association El Qiyam (les valeurs), fondée par le penseur Malek Bennabi, et qui milite pour l'instauration de la loi coranique[8] et qui est interdite en 1970 par le président Boumédiène[9]. Professeur de sociologie à la faculté des sciences humaines de Bouzareah (Alger), il séjourne de 1975 à 1978 à Londres pour préparer une thèse. Après ses études à Londres, où il obtient un doctorat, il revient en Algérie. Il enseigne alors la psychopédagogie à l'université d'Alger.

Le , dix jours après le meurtre de Kamel Amzal[10], il participe au grand rassemblement de 5 000 islamistes venus écouter les chouyoukh Abdellatif Soltani et Ahmed Sahnoune[11].

Le , au terme d'une prière collective qui rassemble plusieurs milliers de personnes, Abbassi Madani présente une revendication en quatorze points, qui réclame notamment le respect de la charia, l'épuration de l’État des « éléments hostiles à notre religion » et la suppression de la mixité[12]. Il est alors emprisonné jusqu'en [13],

Le , Abbasi Madani annonce officiellement à la mosquée Elssouna de Bab El Oued avec son ami Ali Belhadj, la création d'un parti politique dénommé Front islamique du salut (FIS). Contrairement à ce dernier, tenant d'une ligne plus radicale et salafiste[14], il prône alors un conservatisme religieux relativement modéré avec un attachement tiède à la démocratie, et plaçait la charia au-dessus de cette dernière[15]. À l'occasion des élections municipales de , le FIS remporte largement le scrutin et est majoritaire dans la plupart des grandes villes algériennes et plus particulièrement les municipalités du grand Alger. Le programme politique du FIS consiste à appliquer la charia en Algérie et islamiser la société algérienne.

Pendant la guerre du Golfe, sa position consiste initialement à exiger le retrait des troupes occidentales de la péninsule arabique tout en demandant à Saddam Hussein d'en faire de même du Koweït[16]. Cependant après le déclenchement de l'opération Tempête du désert, il se range catégoriquement derrière Saddam Hussein et propose de lui envoyer des volontaires, avec à leur tête Ali Belhadj, ce qui prive le FIS du soutien financier saoudien[17].

Le , Abbassi Madani lance un appel à la désobéissance civile pour protester contre la nouvelle loi électorale « qui favoriserait » le FLN[18].

Emprisonnement modifier

Le , il est arrêté sur ordre du général Khaled Nezzar, alors ministre de la Défense nationale, et incarcéré à la prison militaire de Blida. Le , le tribunal militaire de Blida le condamne, avec Ali Belhadj, à 12 ans de prison pour « crimes contre la sûreté de l'État » et « atteinte à l'économie nationale »[19],[20].

Il est souvent soupçonné de diriger une partie des actions armées du FIS depuis sa prison, même si l'autonomie des diverses factions armées était importante et que la plus grande confusion et de nombreuses manipulations ont lieu en Algérie durant la sanglante décennie 1990. Ces manipulations conduisent à l'arrestation de sa nièce Sanaa Madani en compagnie d'un informaticien français nommé Stéphane Fertin, fiché au grand banditisme et considéré comme un excellent hacker : elle est expulsée en Algérie, malgré son statut de réfugiée politique obtenue en France, puis disparaît dans les prisons algériennes, alors qu'il est incarcéré à la prison de Fresnes, inculpé de divers chefs d'inculpations dont certains sont liés au terrorisme, et d'autres liés à des actes de droit commun.[réf. nécessaire]

Le [21], Abbasi Madani est libéré de prison, mais mis en résidence surveillée dans la maison de son père à Belouizdad. Lorsque l'on découvre qu'il soutient encore la lutte armée du GIA et de l'AIS, il est à nouveau emprisonné en [22]. En , sa famille est autorisée à lui rendre visite[23].

Le [24], dans une lettre adressée au président Abdelaziz Bouteflika, il fait part de son « appui total et sans réserve » à Madani Mezrag (ar), chef de l'Armée islamique du salut (AIS), le bras armé du FIS, qui a annoncé un arrêt définitif de la lutte armée[25]. Il sera libéré le , sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika[26].

Exil modifier

Abassi Madani lance un appel à la fin de la lutte armée, le puis va en Arabie saoudite, en Malaisie et au Qatar.

Le , il commence une grève de la faim à Doha, pour soutenir la libération des otages français (Christian Chesnot et Georges Malbrunot) et italiennes (Simona Pari et Simona Torretta (it)) en Irak. Il déclare à plusieurs reprises, ces dernières années, que son organisation avait été infiltrée par l'armée et les services secrets algériens.

Mort modifier

Il meurt le à Doha[27]. Des milliers de personnes participent à ses funérailles à Belouizdad, avant son inhumation le au cimetière Sidi M'Hamed[28].

Vie privée modifier

Marié, Abbassi Madani est le père de six enfants, cinq garçons et une fille[29].

Notes et références modifier

  1. « Abbassi v. Algeria, Comm. 1172/2003, U.N. Doc. A/62/40, Vol. II, at 105 (HRC 2007) », sur www.worldcourts.com (consulté le )
  2. Voir sur digitool.library.mcgill.ca.
  3. Abderrahim Lamchichi, L'Algérie en crise : Crise économique et changements politiques, L'Harmattan, , 400 p. (ISBN 978-2-296-24327-9, lire en ligne)
  4. Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance, p. 107.
  5. Mustafa Al-Ahnaf, Bernard Botiveau et Franck Frégosi, L'Algérie par ses islamistes, KARTHALA Editions, , 328 p. (ISBN 978-2-86537-318-5, lire en ligne)
  6. http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/Middle%20East%20North%20Africa/North%20Africa/Algeria/French%20translations/Islamism%20Violence%20and%20Reform%20in%20Algeria%20Turning%20the%20Page%20French.pdf
  7. http://storage.canalblog.com/32/89/220635/29678783.pdf
  8. (en) John L. Esposito, The Islamic Threat : Myth or Reality?, Oxford University Press, , 352 p. (ISBN 978-0-19-982665-0, lire en ligne)
  9. « Mohamed Abbassi Madani », sur muslimleaders.e-monsite.com (consulté le )
  10. Amar Naït Messaoud, « Kamal Amzal, une figure de la jeunesse militante »  , sur La Dépêche de Kabylie, (consulté le )
  11. Abderrahim Lamchichi, L'islamisme en Algérie, L'Harmattan, , 251 p. (ISBN 978-2-7384-1602-5, lire en ligne)
  12. Gilles Képel, Jihad : expansion et déclin de l'islamisme, Paris, Folio actuel, , 708 p., p. 257
  13. (en) Olivier Roy et Antoine Sfeir, The Columbia World Dictionary of Islamism, Columbia University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-231-14640-1, lire en ligne)
  14. Cherif Ouazani « Algérie : les islamistes entre djihadisme et quiétisme », Jeune Afrique, 24 décembre 2011.
  15. Gilles Kepel, Jihad, Folio Actuel, , p. 166-7.
  16. Jean-Michel Salgon, Dictionnaire de l'islamisme au Maghreb, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire et Perspectives Méditerranéennes », , 320 p. (ISBN 978-2-296-96231-6 et 2-296-96231-9, OCLC 805009144, lire en ligne), p. 12
  17. Benjamin Stora et Akram Ellyas, Les 100 portes du Maghreb : L'Algérie, le Maroc, la Tunisie, trois voies singulières pour allier islam et modernité, Paris, Les Éditions de l'Atelier, coll. « Points d'appui / 100 portes », , 303 p. (ISBN 2-7082-3434-X et 978-2-7082-3434-5, OCLC 406942657, lire en ligne), p. 45
  18. « Aux funérailles de Abbassi Madani, l'enterrement de l'amnésie bouteflikienne », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le )
  19. « CHINE : L'AGRICULTURE PATINE », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Terrorisme - Selon des rumeurs, le fondateur du Front Islamique du salut (FIS) serait passé à notre ambassade à Alger Madani veut-il s'installer en Belgique ? REPÈRES », sur Le Soir (consulté le )
  21. « taguemount.voila.net/Documents… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  22. « Ali Benhadj et Abassi Madani libérés », sur Algeria-Watch (consulté le )
  23. « Abassi Madani et Ali Benhadj, une détention arbitraire ? », sur Algeria-Watch (consulté le )
  24. « Le chef historique du FIS se rallie à la politique de réconciliation du président algérien », sur Algeria-Watch (consulté le )
  25. http://www.africatime.com/guinee/nouvelle.asp?UrlRecherche=archives.asp%3Frech%3D1%26no_pays%3D15%26no_categorie%3D1%26keyword%3D%26BtnGo.x%3D7%26IsPanafricain%3D0%26IsAfrique%3D&no_nouvelle=71696
  26. « Ouvrage inexistant sur Google Books »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  27. « Décès de Abbassi Madani, président de l'ex-FIS », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le )
  28. « Abassi Madani, chef historique du Front islamique du Salut, enterré en Algérie », sur France 24 (consulté le )
  29. Voir sur books.google.fr.

Liens externes modifier