Élection présidentielle américaine de 1972

quarante-septième élection du président des États-Unis

Élection présidentielle américaine de 1972
Type d’élection Élection présidentielle[a]
Mandat Du au
Corps électoral et résultats
Population 213 269 805
Inscrits 140 777 000
Votants 77 625 152
55,21 %[1],[2],[3],[4] en diminution 5,6
Richard Nixon – Parti républicain
Colistier : Spiro Agnew
Voix 46 740 323
60,7 %
en augmentation 17,3
Grands électeurs 520  +72,8 %
George McGovern – Parti démocrate
Colistier : Sargent Shriver
Voix 28 901 598
37,5 %
Grands électeurs 17
Collège électoral
Carte
Président des États-Unis
Sortant Réélu
Richard Nixon
Parti républicain
Richard Nixon
Parti républicain

L'élection présidentielle américaine de 1972 se déroula le et fut remportée par le président républicain sortant, Richard Nixon, réélu avec 23,2 points d'avance face à son rival démocrate, le progressiste George McGovern (soit le 4e plus large score de l'histoire des élections présidentielles américaines).

L'élection se déroula dans le contexte de la guerre du Viêt Nam, des négociations sur la limitation des armements stratégiques (signature du traité ABM) et de la politique de détente menée par Richard Nixon avec la république populaire de Chine et l'URSS.

Le candidat démocrate, George McGovern, s'était imposé lors des élections primaires de son parti, sur la base d'un programme pacifiste, face notamment à un candidat pro-ségrégationniste, anti-fédéral et conservateur, George Wallace, gouverneur d'Alabama, et à l'ancien vice-président Hubert Humphrey. Il fut handicapé non seulement par la division interne du Parti démocrate mais aussi par le scandale qui emporta Thomas Eagleton, son premier candidat à la vice-présidence, alors que le président sortant assurait que la paix était à portée de main au Viêt Nam.

Conditions d'éligibilité modifier

Ne peuvent se présenter, selon l'article II section première de la Constitution[b], que les citoyens américains:

  • Américains de naissance ;
  • âgés d'au moins 35 ans ;
  • ayant résidé aux États-Unis depuis au moins 14 ans.

Depuis l'adoption du XXIIe amendement en 1947 et sa ratification en 1951, les anciens présidents qui ont déjà été élus deux fois ne sont plus éligibles[c].

Nominations modifier

Parti démocrate modifier

Candidats du Parti démocrate modifier

Chaque candidat dispose au début de la campagne de soutiens importants au sein du parti. Ainsi, George McGovern aligne à ses côtés les sénateurs Frank Church (Idaho) et John V. Tunney (Californie) tandis que George Wallace dispose du soutien de Lester Maddox (ancien gouverneur Dixiecrat de Géorgie).

Plus que tout autre candidat, Edmund Muskie aligne les soutiens des caciques du parti en commençant par William Averell Harriman, ancien gouverneur de New York et ancien secrétaire au commerce, le sénateur Harold Hughes (Iowa), le sénateur Birch Bayh (Indiana), le sénateur Adlai Stevenson III (Illinois), le sénateur Mike Gravel (Alaska), l'ancien gouverneur de Pennsylvanie, Milton Shapp ou encore l'astronaute John Glenn.

Si Shirley Chisholm reçoit le soutien de Jesse Jackson (représentant de l'Illinois), l'ancien président Lyndon B. Johnson s'est prononcé pour Terry Sanford tandis que Jimmy Carter, gouverneur de Géorgie, apporte son soutien à Henry M. Jackson.

 
Carte électorale lors des élections primaires démocrates

À la suite de l'affaire de Chappaquiddick, le sénateur Edward Moore Kennedy avait dû quant à lui renoncer à se présenter aux élections présidentielles.

La direction du Parti démocrate marqua d'abord sa préférence pour Edmund Muskie, un centriste qui fut candidat à la vice-présidence en 1968. Mais il est victime dès le début de la campagne de rumeurs et de calomnies portant sur sa femme ou sur des propos qu'il aurait tenu concernant les canadiens-français. Sa défense maladroite et l'expression de son intense émotion le desservent, favorisant l'émergence de George McGovern lors des élections primaires du New Hampshire.

Dans le sud, un autre candidat, représentant l'extrême droite au sein du Parti démocrate, le gouverneur autrefois ségrégationniste d'Alabama, George Wallace, se pose en outsider. Se proclamant dorénavant modéré, il fait notamment campagne contre le Busing, un système d'organisation du transport scolaire visant à promouvoir la mixité sociale ou raciale au sein des établissements scolaires publics. Il remporte ainsi 42 % des voix et tous les comtés lors de l'élection primaire de Floride. Il s'impose également dans les autres États du Sud et semble alors prendre la tête dans plusieurs états du nord quand sa campagne est stoppée nette par une tentative d'assassinat dont il est la victime et qui le laisse paralysé. En dépit de nouvelles victoires dans le Michigan et le Maryland, il ne peut poursuivre sa campagne et est finalement distancé par McGovern. Ce sera en chaise roulante que Wallace interviendra, le , lors de la réunion de la convention démocrate à Miami.

Débarrassé ainsi de réels rivaux après le forfait de Wallace, McGovern s’octroie le soutien de la base du parti mais il rencontre des difficultés auprès des caciques. Par ailleurs, après la victoire de McGovern, le , dans la primaire du Massachusetts, le journaliste conservateur Robert Novak, citant un membre éminent du Parti démocrate, décrit McGovern comme un partisan de l'amnistie, de l'avortement et de la légalisation de certaines drogues comme l'acide[5].

Ainsi, quand il sera finalement désigné, au bout d'un vote chaotique lors de la convention démocrate réunie à Miami, pour représenter le parti, une centaine de délégués démocrates apporteront leur soutien au républicain Richard Nixon.

Résultat des élections primaires démocrates (en nombre de voix et en %) modifier

Résultat de la Convention démocrate de 1972 modifier

Candidats à la vice-présidence modifier

Thomas Eagleton est contraint de retirer sa candidature à la vice-présidence après la révélation de ses antécédents psychiatriques, et est alors remplacé par Sargent Shriver sur le ticket démocrate.

Les délégués élurent finalement le sénateur Thomas Eagleton pour être le candidat à la vice-présidence. Le choix d'Eagleton contrastait avec la personnalité et le projet politique de McGovern[6]. Mais quelques semaines plus tard, la presse révélait le passé psychiatrique de Eagleton, notamment son hospitalisation à la suite d'une dépression nerveuse. Après avoir déclaré qu'il soutenait Eagleton à “1000 %”, McGovern lui demandait trois jours plus tard de renoncer à la candidature à la vice-présidence.

Après que six autres caciques du Parti démocrate aient refusé de prendre la place d'Eagleton sur le ticket démocrate, c'est finalement Sargent Shriver (beau-frère de John Fitzgerald Kennedy), ancien ambassadeur en France qui accepta la nomination lors d'une session spéciale du Comité national démocrate, alors que les intentions de vote en faveur de McGovern étaient tombés de 41 % à 24 %.

Parti républicain modifier

Candidats républicains modifier

Primaires modifier

 
Richard Nixon durant la campagne
 
Le vice-président Spiro Agnew

Quand Nixon annonce son intention de se représenter, il bénéficie d'un cote de popularité positive. Il vient par ailleurs de concrétiser sa politique de détente en renouant des relations avec la Chine de Mao. Ses deux adversaires des primaires sont le progressiste Pete McCloskey de Californie et le conservateur John Ashbrook de l'Ohio. McCloskey est le candidat anti-guerre et anti-Nixon du Parti républicain tandis qu'Ashbrook s'oppose à la politique de détente envers la république populaire de Chine et l'URSS. Lors de l'élection primaire du New Hampshire, Ashbrook reçoit 6 % des voix quand McCloskey totalise 11 % des suffrages laissant 83 % des bulletins exprimés à Nixon. Au total, Nixon engrange le soutien de 1323 des 1324 délégués lors de la convention nationale républicaine.

Résultats des élections primaires républicaines modifier

Richard Nixon et son vice-président, Spiro Agnew, sont tous deux confirmés pour représenter le Parti républicain lors de sa convention nationale.

Autres partis modifier

Lors des élections de 1972, l'American Party soutient la candidature de John G. Schmitz. En 1968, l'AP avait soutenu la candidature de George Wallace sur un programme favorable au retour de la discrimination raciale.

Localement, certains partis présentent également des candidats. Ainsi, le Parti libertarien présente John Hospers dans le Colorado et dans l'État de Washington alors que Benjamin Spock représente le Parti populaire.

Campagne présidentielle modifier

Le programme de George McGovern est basé principalement sur la fin de la guerre du Viêt Nam et l'institution de minima sociaux pour les plus pauvres. Mais la campagne se déroule alors que le Parti démocrate est profondément divisé tandis que les républicains parviennent à caricaturer McGovern comme un dangereux gauchiste. C'est durant cette campagne que le QG du Parti démocrate au Watergate est cambriolé. Deux ans plus tard, le scandale du Watergate mettrait fin à présidence de Richard Nixon.

Mais au soir du résultat le , avec un taux de participation de l'ordre de 55 % du corps électoral, McGovern n'obtenait que 37,5 % des voix contre 60,7 % à Nixon. Celui-ci l'emportait dans 49 états, y compris le Dakota du Sud d'où était élu McGovern. Ce dernier ne l'emportait que dans le Massachusetts et le district de Columbia. Pour la première fois, un candidat républicain remportait la totalité des anciens états sudistes, dont l'Arkansas qui n'avait jamais voté républicain à une élection présidentielle depuis 1872, soit un siècle plus tôt.

Résultats modifier

Candidats Parti Vote populaire Grands électeurs
Voix % Sièges %
Richard Nixon/Spiro Agnew Parti républicain 46 740 323 60,67 520 96,65
George McGovern/Robert Sargent Shriver Parti démocrate 28 901 598 37,52 17 3,16
John Hospers/Theodora Nathan Parti libertarien 3 674 0,00 11 0,19
John G. Schmitz/Thomas J. Anderson Parti américain indépendant 1 100 868 1,42 0
Linda Jenness/Andrew Pulley Parti socialiste des travailleurs 83 380 0,11 0
Benjamin Spock/Julius Hobson Parti du peuple 78 759 0,10 0

1Un électeur républicain de Virginie a voté pour le candidat libertarien.

Richard Nixon gagna dans tous les États à l'exception du Massachusetts et du district de Columbia.

Financement illégal modifier

Il est découvert lors de l’enquête sur le Watergate que la campagne de Richard Nixon a reçu des financements illégaux de la compagnie pétrolière Gulf Oil[7]. Pendant la campagne, Nixon fait blanchir des dons pécuniaires interdits afin de financer sa réélection[8].

Notes et références modifier

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Notes modifier

  1. Élection au suffrage universel indirect. Le vote populaire permet aux grands électeurs désignés par les différents partis de voter pour le candidat arrivé en tête dans chaque État.
  2. Conditions requises par la clause 5 de l'article 2 de la Constitution des États-Unis.
  3. Auparavant, Theodore Roosevelt avait été élu comme vice-président en 1900, avant de succéder à William McKinley après son assassinat, puis réélu en 1904. Il s'est présenté en 1912 comme candidat du Parti progressiste après avoir rompu tout lien avec son successeur William Howard Taft. Avant lui, Martin Van Buren et Millard Fillmore se sont représentés après leur départ de la Maison-Blanche, tandis que Ulysse S. Grant y a renoncé en 1880. Il fut d'ailleurs le seul à l'envisager avant Theodore Roosevelt après avoir effectué deux mandats, de 1869 à 1877.

Références modifier

  1. (en) « Voter Turnout in Presidential Elections », sur www.presidency.ucsb.edu (consulté le ).
  2. (en) « National General Election VEP Turnout Rates, 1789-Present », sur www.electproject.org (consulté le ).
  3. William R. Schonfeld et Marie-France Toinet, « Les abstentionnistes ont-ils toujours tort ? : La participation électorale en France et aux États-Unis », Revue française de science politique, vol. 25, no 4,‎ , p. 645-676 (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) David Leip, « 1972 Presidential General Election Data - National », sur www.uselectionatlas.org (consulté le ).
  5. En 2007, lors de l'émission Meet the Press, Novak affirmera que sa source était Thomas Eagleton
  6. All Politics: CNN Time. "All The Votes...Really"
  7. Frank Browning et John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 537
  8. Éric Vernier, «  Blanchiment de fraude fiscale  », sur huffingtonpost.fr, .

Liens externes modifier