Zacharie Kalliergis

typographe et imprimeur

Zacharie Calliergis (Kalliergis)[1] (en grec Ζαχαρίας Καλλιέργης) est un humaniste de la Renaissance, un Grec natif de Réthymnon en Crète, célèbre notamment comme copiste de manuscrits et comme pionnier de l'imprimerie pour la langue grecque. Son activité connue et datée s'étend de 1499 à 1524.

Zacharie Kalliergis
Insigne de Zacharie Calliergis
Biographie
Naissance
Décès
Activités

Activité modifier

Il était natif de la même ville que Nicolas Vlastos et Marcus Musurus, dans une Crète qui appartenait à la République de Venise depuis 1204, d'une famille prétendant à une ascendance impériale (d'où son emblème, l'aigle à deux têtes). En 1498, installé à Venise et y exerçant une activité de copiste, Calliergis s'associa à son compatriote Nicolas Vlastos pour fonder un atelier d'imprimerie spécialisé dans les textes grecs. Nicolas Vlastos étant le fondé de pouvoir d'Anne Notaras, par lui c'est celle-ci également qui fut associée à l'entreprise. C'est Calliergis lui-même qui semble avoir gravé les caractères. Quatre beaux livres fut alors produits : le premier, l'Etymologicum magnum, daté du , est un chef-d'œuvre de typographie, imprimé en noir et rouge, avec une préface de Marcus Musurus, adressée aux « professeurs de Padoue », précisant que c'était le résultat de six ans de travail ; puis vinrent le commentaire de Simplicius sur les Catégories d'Aristote, le commentaire d'Ammonius sur l’Isagogè de Porphyre, et la Thérapeutique de Galien. Mais dès 1500 l'atelier cessa son activité, du fait semble-t-il d'un échec financier. En 1503, les trois premiers livres figuraient dans le catalogue d'Alde Manuce.

Calliergis s'installa à Padoue en 1501, puis reprit son activité d'imprimeur à Venise d'avril à . Il produisit alors quelques petits livres (l'Horologion, le « livre d'heures » de l'Église grecque, une édition bilingue grec-latin du Speculum principis d'Agapet de Constantinople, et de manière remarquable un poème en grec moderne, le premier texte imprimé en cette langue, l’Apocopos de Bergadis[2]). La fonte de caractères qu'il utilisa cette fois fut rachetée, après une nouvelle déconfiture, par Filippo Giunta.

En 1514, Calliergis partit pour Rome où un collège grec (el) devait être fondé à l'instigation du nouveau pape Léon X et de Janus Lascaris. Marcus Musurus, associé également au projet, avait été chargé d'aller recruter une douzaine d'élèves doués et de familles honorables dans les dépendances grecques de la République de Venise. Kalliergis fut le responsable des études dans cet établissement situé sur le Quirinal. En même temps, il créa un nouvel atelier d'imprimerie, avec trois presses, dans la maison du riche banquier Agostino Chigi (l'actuelle Villa Farnesina), avec l'aide de l'imprimeur vénitien Vittore Carmelio. Le en sortit une édition des Odes de Pindare (première édition séparée de ce poète, avec des scholies très abondantes, et seconde impression grecque à Rome, après un petit livre de prières bilingue latin-grec imprimé par Étienne Guillery et Ercole Nani en 1510). Suivirent les Idylles de Théocrite (avec un commentaire abondant) le , puis un recueil d'hymnes à la Vierge (), le Dictionnaire des noms et verbes attiques de Thomas Magistros (), le Choix de noms et de verbes attiques de Phrynichos (), un volume de scholies à l’Iliade (), de commentaires à Sophocle (1518), les Questions homériques de Porphyre (1518), les Apophthegmes des philosophes, des généraux, des orateurs et des poètes compilés par l'archevêque Arsène de Monemvasie (1519), l’Octoéchos (1520), la grammaire grecque de Manuel Chrysoloras (), le dictionnaire grec-latin de Guarino Favorino ().

Peu après la mort du pape Léon X (), le collège grec fut fermé. L'imprimerie grecque à Rome cessa aussi de produire en 1523, et ensuite, sauf un livre liturgique imprimé en 1526 par le Crétois Démétrios Doucas, il fallut attendre 1542 pour voir un nouveau livre grec réalisé dans cette ville (le traité de l'astrolabe de Nicolas Sophianos). Le dernier manuscrit connu copié par Kalliergis (Vatic. Ottob. 49) date d'.

Une trentaine de manuscrits conservés d'auteurs anciens sont de sa main. On possède également quelques lettres de lui, ou à lui adressées.

Bibliographie modifier

  • Elipidio Mioni, article « Calliergi (Callergi), Zaccaria », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 16, 1973.
  • Nicolas Barker, Aldus Manutius and the Development of Greek Script and Type in the Fifteenth Century, Sandy Hook, Conn., Chiswick Bookshop, 1985.
  • Evro Layton, « Zacharias and Nikolaos Kallierges and the First Edition of the Apocopos of Bergadis », Thesaurismata 20, 1990, p. 206-217.
  • Evro Layton, The Sixteenth-Century Greek Book in Italy : Printers and Publishers for the Greek World, Venise, Istituto ellenico di studi bizantini e post-bizantini di Venezia, 1994.
  • Jean Irigoin, « La circulation des fontes grecques en Italie de 1476 à 1525 », in Frédéric Barbier et alii, Le livre et l'historien. Études offertes en l'honneur du professeur Henri-Jean Martin, Genève, Droz, 1997, p. 69-74.
  • Evro Layton, « The History of a Sixteenth-Century Greek Type Revised », The Historical Review / La Revue Historique, vol. 1, 2004.
  • Marino Zorzi, « Il libro greco dopo la caduta di Costantinopoli », in Carla Casetti Brach (dir.), Scrittura e libro nel mondo greco-bizantino, Centro Universitario per i Beni Culturali, 2012.

Notes et références modifier

  1. Ou Zacharie Callierge dans d'anciennes publications, et Zaccaria Calliergi ou Callergi en italien.
  2. Œuvre d'un poète crétois datant d'environ 1420 : le narrateur décrit un rêve où il descend aux Enfers.

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