Yamaha CS-80

synthétiseur analogique polyphonique

Yamaha CS-80
Image illustrative de l’article Yamaha CS-80
Un Yamaha CS-80.
Fabricant Yamaha
Dates 1977-1980
Caractéristiques
Type analogique
Polyphonie 8 voix
Oscillateur 2 par voix
LFO 1 multiformes d'ondes
Filtre 2 filtre passe-bas

2 filtre passe-haute

Mémoires 4 patchs
Clavier 61 touches sensitives
Dimensions 295 mm x 1206 mm x 681 mm
Poids 82 kg

Le Yamaha CS-80 est un synthétiseur analogique polyphonique commercialisé en 1977 par Yamaha[1]. Il prend en charge une véritable polyphonie à 8 voix, avec deux couches de synthétiseur indépendantes par voix, chacune disposant de son propre jeu de commandes en façade, en plus d'un certain nombre de préréglages de voix câblés et de quatre mémoires de paramètres basées sur des banques de potentiomètres subminiatures (plutôt que les préréglages numériques programmables que le Prophet-5 allait adopter peu après).

Il possède des caractéristiques d'expression de l'interprète exceptionnellement complètes, telles qu'un clavier à couches qui était à la fois sensible à la vélocité (comme celui d'un piano) et sensible à la pression (« aftertouch »), mais contrairement à la plupart des claviers modernes, l'aftertouch pouvait être appliqué à des voix individuelles plutôt qu'en commun, et un contrôleur à ruban permettant des pitch-bends et des glissandos polyphoniques. On peut l'entendre sur la bande originale de Blade Runner de Vangelis, dans laquelle le CS-80 occupe une place importante, ainsi que sur la bande originale du film Chariots of Fire du compositeur, et sur la ligne de basse de l'interprétation de Peter Howell de l'air thème de 1980 de l'émission de science-fiction Doctor Who de la BBC.

La production de l'instrument a cessé en 1980. En concurrence avec les polysynthés Sequential Circuits Prophet-5 et Oberheim OB-X, le CS-80 est souvent décrit comme le meilleur synthétiseur analogique polyphonique[2],[3] et, avec le synthétiseur modulaire monophonique Moog, il est l'un des plus chers de tous les synthétiseurs[2].

Histoire modifier

 
Le Yamaha GX-1

L'histoire du Yamaha CS-80 commence avec son prédécesseur, le Yamaha GX-1. Sorti en 1975 au prix de 60000 $, le Yamaha GX-1 était équipé de trois claviers et de 25 pédales pour les sons de basse, pesant environ 387 kg. Deux des trois claviers étaient polyphoniques à 8 voix avec deux oscillateurs par voix, tandis que le troisième clavier et la section pédale étaient tous deux monophoniques, pour un total de 18 notes pouvant être produites simultanément. Moins d'une centaine d'exemplaires de ce synthétiseur ont été fabriqués et, compte tenu de son prix, seuls quelques grands artistes tels que Stevie Wonder et Keith Emerson du groupe Emerson, Lake & Palmer pouvaient se le permettre.

La série de synthétiseurs CS est donc née du besoin de reproduire les fonctionnalités du GX-1, en utilisant les technologies habituelles, dans une taille plus petite et à un prix plus abordable.

La série CS comprend le CS-80, 60, 50, 20M, 40M et 70M. Les CS-20M, CS-40M et CS-70M ont des configurations différentes des trois premiers, qui partagent en revanche les commandes, les couleurs et une partie de la structure interne. En outre, le CS-20M est monophonique et le CS-40M est duo-phonique, c'est-à-dire qu'il ne peut jouer que deux notes en même temps[4]. Le CS-70M a été le dernier synthétiseur analogique produit par Yamaha, et était plus avancé que les autres synthétiseurs de la série CS en termes de technologie employée, car il contenait une mémoire externe, des faders numériques et un séquenceur polyphonique[5]

Dans les années qui ont suivi, la concurrence a empêché le CS-80 de devenir le synthétiseur le plus populaire de l'époque[6]. Une partie de cette concurrence provenait de la sortie du Sequential Circuits Prophet 5, qui, comparé au CS-80, était plus léger, transportable, équipé d'une mémoire, programmable et bon marché[7],[8]. D'autres synthétiseurs qui ont partagé le marché avec le CS-80 au fil des ans comprennent l'Oberheim OB-8 et OB-X, le Memorymoog, le Polymoog et le Roland Jupiter-8[9],[5].

Caractéristiques techniques modifier

 
Vu sur l'interface du CS-80.

Le CS-80 est un synthétiseur analogique polyphonique, comprenant 2 oscillateurs VCO. D'une hauteur de 295 mm, d'une largeur de 1206 mm et un diamètre de 681 mm, il est muni d'un clavier à 61 touches. Le synthétiseur pèse 82 kg[10].

Code couleur modifier

Un code couleur est utilisé pour différencier les différentes fonctions des curseurs présents sur le CS-80[11] :

  • Tonalité : hauteur du son
  • Sustain : longueur de la note après que la touche soit relâchée
  • Résonance : accentue une fréquence harmonique spécifique
  • Pitch : augmente ou de diminue la hauteur d'environ une demi-octave par rapport à la position centrale de la touche
  • Volume : intensité sonore
  • Autres paramètres
  • Voltage Controlled Oscilator modifier

     
    Intérieur d'un CS-80.

    Le Voltage Controlled Oscilator (VCO) est le module du synthétiseur où le son d'origine est créée. Il est capable de créer une onde carré, en dent de scie ascendant ou encore une sinusoïdale, grâce à un Wave Shape Converter (WSC), qui fait partie du VCO. Le VCO est accompagné d'un générateur de bruit blanc.

    Premièrement, le VCO (désigné IG00153) produit une onde en dent de scie descendant, qui a comme défaut d'avoir le front ascendant légèrement en pente au lieu d'être perpendiculaire. Pour corriger le défaut, une impulsion est combinée au début de l'onde pour avoir un front ascendant perpendiculaire, ce qui corrige l'imperfection de l'onde de départ mais qui cependant ne la rend pas parfaite[12]. L'onde obtenue est ensuite acheminé vers le WSC (désigné IG00158) pour être reconvertie en sinusoïdale, dent de scie ascendant et carré. L'onde en dent de scie ascendant est obtenue juste par inversion de l'onde en dent de scie descendant du VCO[13], tandis que la sinusoïdale est produite par l'intermédiaire de la transformation de l'onde en dent de scie descendant en onde triangulaire. Le carré est quant à lui obtenu par le passage de l'onde en dent de scie descendant dans un comparateur, ce dernier étant stimulé par deux paramètres[14],[15]

    Le curseur Pulse Width (PW) règle le son de l'onde, le curseur Pulse Width Modulation (PWM) affecte le son dans le temps, et le curseur de vitesse interagit sur le taux de modulation. Le volume de l'oscillateur sinusoïdal est placé séparément dans la section amplificateur/enveloppe du panneau. La logique derrière cela est que l'onde sinusoïdale est introduite après le filtre, car une onde sinusoïdale pure sans harmoniques ne serait pas affectée par le filtre[4].

    Musiciens ayant utilisé le CS-80 modifier

    Vangelis modifier

    Le compositeur grec Vangelis a beaucoup utilisé le Yamaha CS-80. Il l'a décrit comme « le synthétiseur le plus important de ma carrière — et pour moi, la meilleure conception de synthétiseur analogique qui ait jamais existé... Il nécessite beaucoup d'entraînement si vous voulez être capable d'en jouer correctement, mais c'est parce que c'est le seul synthétiseur que je pourrais décrire comme étant un véritable instrument, principalement à cause du clavier — la façon dont il est construit et ce que vous pouvez faire avec »[17].

    Émulation logicielle modifier

    Une émulation logicielle (VST)[18] est disponible depuis 2013 sous le nom de ME80, créée par Gunnar Ekornas[19]. Depuis le , cette émulation logicielle est proposée en version 2.6, totalement refondue, et disponible aussi bien en 32 bits qu'en 64 bits (natif) aux formats VST (Windows, Mac) et AU (Mac), avec interfaces graphiques normale ou grande.

    La société française Arturia a développé en 2003 le CS-80 V[20] qui peut fonctionner seul ou par le biais d'un plug-in VST 32 ou 64 bits. Il est vendu indépendamment ou inclus dans la V Collection aux côtés d'autres reproductions logicielles de synthétiseurs mythiques.

    Bibliographie modifier

    • (en) Yamaha, Yamaha CS-Polyphonic Synthetizer Instruction Manuel, 1977a, 51 p. (lire en ligne)
    • (en) Yamaha, CS Series Synthesizer Servicing Guide, , 65 p. (lire en ligne)
    • (en) Yamaha, Yamaha CS-80 Synthesizer Service Manual, 1977b, 67 p. (lire en ligne)

    Notes et références modifier

    1. « [Chapter 1] Origins of the Yamaha Synthesizer - Yamaha - United States », sur usa.yamaha.com
    2. a et b « The World's most desirable and valuable synthesizers and drum machines », attack magazine (consulté le )
    3. « The Schmidt synth and the CS80 », synthtopia,
    4. a et b (en) « Exploring the Yamaha CS-80 »
    5. a et b (en) « Yamaha HISTORY: THE CS SERIES ANALOGUE SYNTHESISERS »
    6. (en) « Yamaha CS80 »
    7. (en) « An introduction to the Yamaha CS-80 and 10 records it helped define »
    8. admin, « Yamaha CS-80 », sur vintagesynth.com, (consulté le ).
    9. (en) « 80 Days - Yamaha CS80 »
    10. Yamaha, « CS-80 »  , sur fr.yamaha.com (consulté le )
    11. (en) Yamaha, Synthetizer CS-80 (lire en ligne)
    12. Yamaha 2 octobre 1977, p. 28.
    13. (en) Old Crow, « Old Crow's Synth Shop: Remaking the Yamaha CS Voice »  , sur cs80.com (consulté le )
    14. Yamaha 1977a, p. 42.
    15. Yamaha 2 octobre 1977, p. 31.
    16. (en) Evan Minsker, « Aphex Twin's List of Gear Used on Syro Surfaces », sur pitchfork.com,
    17. Goldstein, Dan (novembre 1984), « Soil Festivities Vangelis Speaks », Electronics & Music Maker
    18. (en) « ME80 2 review / Reviewer's Revival », sur Review Revival (consulté le ).
    19. « Memorymoon synthesizers », sur memorymoon.com (consulté le ).
    20. Présentation du CS-80 V2, sur arturia.com.