Un routard ou un bourlingueur (voire par anglicisme globe-trotter Écouter ou backpacker[1]) est une personne qui voyage de façon autonome et à peu de frais, généralement avec un sac à dos comme seul bagage. Ce type de « bourlingue », également appelé « antivoyage » ou « tourisme pédestre », se présente souvent comme alternative au tourisme de masse et trouve en grande partie ses origines dans les voyages menés par de nombreux jeunes de l'Europe vers l'Inde dans les années 1960, sur le hippie trail dans les années hippies. Aujourd'hui, la bourlingue n'est plus une activité marginale, mais représente un segment de marché du tourisme à part entière.

Deux routardes danoises à l'opéra de Vienne en juillet 2005.

Étymologie

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Le terme anglais backpacking est formé du mot backpack, qui signifie sac à dos, et de la terminaison -ing indiquant l'aspect de pratique, d'activité. L'office québécois a proposé « tourisme pédestre » pour traduction de backpacking.

Selon Philippe Gloaguen, fondateur du Guide du routard, c'est Jean-François Bizot, patron du magazine hippie Actuel, qui aurait trouvé le mot « routard » en 1972[réf. souhaitée]. Une marque est déposée sous le terme routard auprès de l’INPI depuis 1975 par Philippe Gloaguen.

« Bourlinguer » est à l'origine un terme de navigation qui signifie « rouler et tanguer bruyamment en n'ayant presque pas d'erre »[2]. Le terme a ensuite pris le sens plus général de naviguer beaucoup, contre le vent. Il s'est ensuite élargi aux routards sur la terre ferme en langage figuré familier, et les substantifs « bourlingueur » et « bourlingue » ont suivi.

Le terme globe trotter (Écouter) apparaît pour la première fois dans un ouvrage français en 1871 : dans Promenade autour du monde, le baron Joseph Alexander von Hübner dit « aspire[r] à l’honneur d’être ce que les Yankees appellent élégamment a globe trotter, un trotteur autour du globe[3] »[4].

Historique

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Vers 1700, l'Italien Giovanni Francesco Gemelli Careri ayant fait le tour du monde en transports en commun, a été cité comme l'un des premiers routards[5] au sens où on l'entend aujourd'hui.

Aux États-Unis, des travailleurs itinérants de la fin du XIXe siècle, appelés hoboes, frappent l'imaginaire. Jack London, dans son recueil de nouvelles La Route paru en 1907, leur rend hommage. Cette figure de l'ouvrier en vadrouille polarise le rêve marginal américain. Dans les années d'après-guerre, les beatniks revendiquent ouvertement leur filiation avec les hoboes[6]. Jack Kerouac dans Sur la route en 1957 ou Les Clochards célestes en 1958, inspira le voyage hippie. La musique de l'époque n'est pas en reste : Hit the Road Jack de Ray Charles, Highway 61 Revisited de Bob Dylan, On the Road Again de Canned Heat, ou la reprise de Route 66 par les Rolling Stones.

La piste hippie, ou hippie trail, qui suit plus ou moins les traces de la route de la soie, naît dans ces années-là. En auto-stop ou avec d'autres moyens de transport bon marché, puisque les vols charters de cette époque sont encore considérés peu fiables et coûteux pour le budget du routard moyen[7].

Les guides de voyage commencent aussi à se multiplier. En 1957, Frommer's publie son Europe on $5 a Day. En 1961, le guide Let's Go, de l'étudiant à Harvard Oliver Koppell garantit un voyage d'Europe à l'Asie qui coûterait seulement quatre centimes, soit le prix du ferry sur le Bosphore en Turquie[8]. Le Guide du routard en France, ou Lonely Planet en Australie, sont des exemples parmi les nombreux guides touristiques par les routards pour les routards qui fleurissent dans ces années-là. Le titre du premier roman de Muriel Cerf en 1974, L'Antivoyage, traduit l'esprit contestataire de la génération hippie contre le tourisme de masse.

Motivations

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Les trois principales motivations au voyage de type backpacking sont la recherche d'un sentiment de liberté, la recherche d'authenticité, la capacité d'adaptation et de mise à l'épreuve de soi[9].

La philosophie de la pratique

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Un routard n'a que le nécessaire dans son sac à dos, il recherche le contact avec la population locale et est plus indépendant et économe que les autres touristes. Il prend les transports en commun ou fait de l'auto-stop, dort dans des hôtels bon marché comme les auberges de jeunesse, ou utilise les services d'hébergement.

Il existe des façons variées d'être un routard. Certains ont une route fixe, qu'ils ont planifiée, d'autres ne connaissent que la première destination et changent leurs plans au gré de leurs envies. Certains ont une date précise de retour, d'autres ne savent pas au début de leur voyage quand ils rentreront chez eux. Certains ont de l'argent pour tout le voyage, d'autres n'ont qu'un budget limité et devront trouver des petits emplois sur place pour continuer leur voyage[10]. L'idée générale du routard est le mouvement, il souhaite « tailler » ou « tracer la route » et s'inscrit en cela dans l'optique d'auteurs comme Jack Kerouac qui décrivait l'activité comme « une ode aux grands espaces, une épopée, à la découverte de mondes nouveaux »[réf. souhaitée].

Notes et références

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  1. Stéphane Courant, Approche anthropologique des écritures de voyage, Paris, L'Harmattan, , 314 p. (ISBN 978-2-296-57006-1)
  2. Dictionnaire encyclopédique illustré, Hachette, , p. 232
  3. Opus cité p. 535, sur Gallica.
  4. Jean-Luc Buard, L'Asie dans les cartonnages à plat historié (1870-1910), in Jules Verne & Co no 1, 2011, p. 124
  5. « The inventor of travelling: First Backpacker in the World? », sur infohostels.com,
  6. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'Aventure hippie, Paris, Éditions du lézard, , p. 192-193
  7. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'Aventure hippie, Paris, Éditions du lézard, , p. 184 « La fiabilité de ces vols est encore très douteuse. De toute façon, 1 664 francs pour Delhi, 1 650 francs pour Mexico — soit presque deux fois le SMIG —, c'est presque toujours trop cher pour le zonard lambda dont le budget — véritable unité de référence de la route des seventies — s'établit à un dollar par jour, et qui préfère donc le stop et les transports locaux. »
  8. « Our History - Let's Go Travels », sur letsgo.com
  9. Jocelyn Lachance, « Le rapport à la temporalité du backpacker, Revue de recherche en tourisme »,
  10. Ils privilégieront alors les travaux saisonniers comme les vendanges. Une autre activité allant dans le sens des routards est le WWOOF.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Kevin Hannam et Irena Ateljevic (dir.), Backpacker tourism : concepts and profiles, Channel View Publications, Buffalo (NY), 2007, 284 p. (ISBN 9781845410773)
  • (en) Kevin Hannam et Anya Diekmann (dir.), Beyond backpacker tourism : mobilities and experiences, Channel View, Bristol, 2010, 241 p. (ISBN 9781845411305)
  • (en) Greg Richards et Julie Wilson (dir.), The global nomad : backpacker travel in theory and practice, Channel View, Clevedon, 2004, 298 p. (ISBN 9781873150788)
  • (fr) Suzanne Lallemand, Routards en Asie : ethnologie d'un tourisme voyageur, L'Harmattan, Paris, 2011 (2010), 295 p. (ISBN 978-2-296-12785-2)
  • Bradford Angier, Home in Your Pack: The modern handbook of backpacking (1965)

Articles connexes

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Liens externes

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