La vision décalée est un procédé de visualisation d'objets faiblement lumineux qui fait appel à la vision périphérique. Elle consiste à ne pas regarder directement l'objet, mais à regarder un peu sur le côté, tout en continuant à se concentrer sur l'objet. Ce sujet est abordé dans la littérature d'astronomie populaire[1] mais seulement quelques études rigoureuses[2][réf. nécessaire] ont quantifié l'effet.

Il semble que cette façon de faire soit connue depuis l'Antiquité, puisqu'elle a été rapportée par Aristote lors de l'observation de l'amas d'étoiles connu aujourd'hui sous le nom de M41[3]. Le procédé, qui permet de voir des lumières très faibles sur une longue distance, a également été transmis par des centaines de générations de marins dont les fonctions consistaient à faire des quarts de veille, ce qui permet de mieux repérer les lumières faibles provenant d'autres navires ou d'autres sites côtiers pendant la nuit. Il a également été utilisé dans le cadre de l'entraînement militaire[4].

Le même procédé peut être utilisé avec ou sans télescope (en regardant sur le côté à l'œil nu ou en regardant vers le bord du champ de vision du télescope)[5]. Une autre manière de procéder repose sur le fait que le système visuel est plus sensible au mouvement qu'aux objets statiques : elle consiste à bouger simplement le télescope pour déplacer l'objet dans le champ de vision[6].

Physiologie modifier

La vision décalée fonctionne car il n'y a pratiquement pas de bâtonnets (cellules qui détectent la faible lumière en noir et blanc) dans la zone centrale de l’œil, la fovéa. Celle-ci contient principalement des cellules coniques, qui servent de détecteurs de lumière vive et de couleur et ne sont pas aussi utiles pendant la nuit. Cette situation se traduit par une diminution de la sensibilité visuelle en vision centrale la nuit. Sur la base des premiers travaux d'Osterberg (1935), confirmés plus tard par l'optique adaptative moderne[7], la densité des cellules bâtonnets atteint généralement un maximum à environ 20 degrés du centre de vision. Certains chercheurs ont contesté l'affirmation selon laquelle la vision décalée est due uniquement à la densité des bâtonnets, car le pic de sensibilité aux étoiles n'est pas à 20 degrés[2].

Notes et références modifier

  1. Bob Berman, « Tormented by open clusters », Astronomy,‎ , p. 12.
  2. a et b Alexander, Mintz, Custodio et Macknik, « Gaze mechanisms enabling the detection of faint stars in the night sky », European Journal of Neuroscience, vol. 54, no 4,‎ , p. 5357–5367 (PMID 34160864, PMCID 8389526, DOI 10.1111/ejn.15335).
  3. M41 possibly recorded by Aristotle.
  4. Dyer et Mittelman, « Evaluation of an unaided night vision instructional program for ground forces. », Military Psychology, vol. 10, no 3,‎ , p. 159–172 (DOI 10.1207/s15327876mp1003_2).
  5. FS Azevedo et MJ Mann, « Embodied Cognition in Observational Amateur Astronomy » ()
    International Conference of the Learning Sciences
    .
  6. M Griffiths, Planetary Nebulae and How to Observe Them, Springer Science+Business Media, , p. 33.
  7. Wells-Gray, Choi, Bries et Doble, « Variation in rod and cone density from the fovea to the mid-periphery in healthy human retinas using adaptive optics scanning laser ophthalmoscopy », Eye, vol. 30, no 8,‎ , p. 1135–1143 (PMID 27229708, PMCID 4985666, DOI 10.1038/eye.2016.107).

Annexes modifier

Articles connexes modifier

  • Vision périphérique - Zone du champ de vision située en dehors du point de fixation.
  • Vision scotopique - Perception visuelle dans des conditions de faible luminosité.
  • Effet Purkinje - Tendance de la vision des couleurs chez l'humain à se décaler vers les couleurs bleues en cas de faible luminosité.

Liens externes modifier