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Le Corps des Volontaires Françaises (CVF) apparaît à Londres le 7 novembre 1940[1] a l'initiative de De Gaulle sous le nom premier de "corps féminin" au sein de la France Libre, gouvernement français délocalisé durant la seconde guerre mondiale. Il incarne ainsi la première unité militaire féminine de l'histoire de l'armée française[2].

WCL21 LN ppaul/Brouillon
Corps des Volontaires Françaises
Fondation 7 novembre 1940
Quartier-général Hôtel Moncorvo, Ennismore Gardens
Commandement
Commandant en chef Hélène Terré
Main-d'œuvre
Actifs plus de 600 fin 1945


Contexte et création

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Surtout motivée en 1940 par la pression exercée par les réfugiées françaises désireuses de prendre les armes sur le sol anglais, la création du CVF est l'aboutissement d'un processus d'intégration des femmes aux armées françaises ayant débuté a l’entrée en guerre.

Jusqu’à la création du corps féminin les femmes françaises ont toujours gardé un statut civil, même durant la première guerre mondiale ou elles étaient près de 200 000 au front. La hiérarchie militaire redoute effectivement une atteinte à l'organisation sociale et à la virilité du guerrier. Pourtant les choses semblaient évoluer de ce point de vue ci dans les autres pays européens. Ainsi, on relève que l’armée russe comprenait, entre autres, des bataillons d'aviatrices, de même que les Anglais possédaient des corps féminins tels que les ATS (Auxiliary Territorial Service), WAAF (Women's Auxiliary Air Force), les WNRS (Women's Naval Royal Service), etc. Les ATS, notamment, contenaient déjà 19 000 femmes, bien que beaucoup ne soient pas incorporées à l’armée[2].

Cependant, les femmes commencèrent à partir au front en 1939 avec un emploi qui restera tenace de conductrices ambulancières, par le biais d'un statut décrété en juillet 38 prévoyant une possible réquisition pour remplacer les hommes à certaines fonctions essentielles[2]. Le souhait de plus en plus fort des femmes de participer aux combats entraine la ratification d'un second décret, en janvier 1940, mettant en place un statut de volontaire civile travaillant pour l'armée[2]. La croix rouge apporte donc son aide au service sanitaire des armées en déficit de moyens pour aboutir à la création des SSA (Section Sanitaire Automobile féminine), dirigé par Edmée Nicole. Les SSA doivent ainsi obéir à la hiérarchie militaire et porter un uniforme bien qu'elle n'aient pas le droit au grade. Les SSA étaient pourtant globalement issues de classes sociales aisées[2]. Certaines, comme Hélène Terré confessent plus tard "si vous pouviez seulement vous rendre compte du courage qu'il me fallait pour me trouver ainsi vêtue dans les rues de Paris"[2], illustrant le mépris actuel de la société pour les femmes en uniforme.

Le statut des femmes dans l’armée évolue encore avec une série d'instructions précisant leur condition du 21 mai au 8 juin 1940 et, entre autres, leur autorisant le port d'une insigne[2]. La question de la féminisation des grades commence à se poser. C'est donc après ces derniers actes que se séparent les gouvernements français suite à l'armistice : Vichy en zone libre et la France Libre sur le

sol anglais. Pour ce qui est de Vichy, les femmes sont totalement démilitarisées[2].

En juillet 1940, Rachel Ford, ancienne SSA s’étant réfugiée en Angleterre, se voit confier l'organisation d'un "corps auxiliaire féminin", pour l'heure assez abstrait, mais qui montre une volonté de la France Libre d’intégrer les femmes aux armées, surtout au vu du manque d'effectifs masculins. Mais au 14 juillet 1940, a la vision des soldats français défilant dans Londres, la pression des femmes volontaires désirant participer au combat et soutenir De Gaulle rendit inéluctable la création d'une unité féminine, d'autant que celui-ci craint que les femmes françaises ne s'engagent dans les ATS[2].

C'est ainsi que, le 7 novembre 1940[1], l'accord concernant la création du Corps Féminin est signe. Ses modalités précises seront scellées le 4 octobre par un mémorandum.

Effectifs

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La France Libre étant subventionnée a crédit par le War Office, l'effectif maximal ne put, a la genèse du Corps Féminin, être porte qu'a 100 volontaires. Ce dernier fut atteint en janvier 1941, avec 28 femmes incorporées ce même mois succédant a 76 fin 1940[2]. Le recrutement subit une grosse perte de dynamisme dans les mois suivants, avec seules 32 volontaires entre février en août 1941. L'autorisation est pourtant donnée en avril a la France Libre de porter l'effectif maximal a 200 volontaires[2], puis a 500 en décembre[3]. En 1942, les effectifs plafonnent a 147 recrues, a l'image du reste de la France libre, qui traverse a cet instant un vide de ressources humaines[2]. Mais après l'annexion de la zone Sud de la France par les Allemands en novembre 42, les candidats affluent de toutes parts et l'effectif du CVF atteint les 430 volontaires fin juillet 1943[1].

Organisation & Statut

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A sa création, le CVF se voit confié aux ordres de Simonne Mathieu, ancienne joueuse de tennis de haut niveau, à qui l'on attribue un grade d'officier. Simonne Mathieu reste un an aux commandes de sa légion féminine, avant d’être remplacée par Hélène Terré. Cette dernière, arrivée le 17 septembre sur le sol britannique comme adjointe à la commandante des SSA, connut un long séjour en prison pour suspicion d'espionnage pour le compte Vichy[2]. Elle a ensuite gravi les échelons au sein de la France Libre dès sa sortie le 12 décembre 1940 pour finalement imposer son nom le 1er novembre 1941 et conserver son poste jusqu’à la fin de la guerre. Le CVF dénombrera sept officiers en 1943 ainsi que seuls neuf sous officiers[2]. Les caporales sont les plus hautes gradées des volontaires du rang, suivies des volontaires de première et seconde classe, et c'est leur grade qui attisera le plus de convoitises avec des résultats au concours souvent contestés[2].

A l'automne 1941, De Gaulle étant en Afrique, c'est l'Amiral Muselier qui prend la tête de la France Libre. Le Commissariat National a la Guerre est créé, dirigé par le général Legentilhomme. Les Forces Terrestres en Grande Bretagne lui sont subordonnes, placées sous les ordres du lieutenant-colonel Renouard. Ce dernier dirige toutes les unités stationnées sur le sol Anglais, dont le CVF. Hélène Terré ne pourra par ailleurs que se féliciter de ses relations avec lui[2], bien que les officiers supérieurs masculins n’entretiennent que de rares relations avec les volontaires et leur semblent être un monde lointain.

Le CVF était par ailleurs découpé en trois unités, une par arme (terre, air, mer). Cette distinction est d'autant plus forte pour la section air, dont les membres, au nombre de 51 en 1943, se dénomment les "filles de l'air". En 1941, les filles de l'air, suivies par la section marine, vont demander la création de 3 unités féminines, dont deux affilées respectivement aux FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres) et aux FNFL (Forces Navales Françaises Libres), sur le model des WAAF et WNRS[2]. La demande, rejetée par le trésor britannique, n'aboutira pas, mais illustre une certaine division au sein du CVF selon ces catégories. Mais plus tard, le 26 avril 1944, les AFAT (Auxiliaires Féminines de l’Armée de Terre, qu’Hélène Terré commanda), AFA (Aviation) et AFM (Marine) sont créés, regroupant a la fin de la guerre plus de 13000 femmes[4].

La caserne du CVF, quant à elle, sera tout d'abord située dans un hôtel de Hill Street prêté par la famille Rotschild, où les premières Volontaires arrivent le 13 décembre 1940[2]. Cette maison leur parut "sombre et froide" et nécessita un certain temps avant d'être aménagée et vivable. Une petite maison de Seymour Place sera annexée et où logèrent une vingtaine de volontaires dans une ambiance plus "intime". Or, en avril 1941, la caserne principale est détruite et les Volontaires doivent temporairement trouver refuge aux bains turcs du Dorchester[5] avant d'être dispersées dans Londres jusqu'à l'ouverture de la seconde caserne. Baptisée Moncorvo House[5], cette grande demeure de briques rouges se situe dans le quartier d'Ennismore Gardens. Le caractère féminin des Volontaires y parut très tôt, avec un hall largement décoré et un aménagement tout particulier et très agréable, adapté à la réception d'invités. On y trouvera toutes les commodités ainsi qu'un standard téléphonique, une aubette, des locaux de direction, d’administration et un foyer. Moncorvo se distingue en outre des casernes ATS, plus austères.

La journée à Moncorvo débute par le lever à 6h00, suivi de l'appel puis, deux fois par semaine, d'un Drill, un exercice de marche dans les rues de Londres[5]. S'ensuivent la toilette, puis le petit déjeuner, dont la composition est définie par le règlement. Plusieurs volontaires ont à ce propos témoigné de la qualité de la nourriture proposée. Bien qu'elles aient beaucoup de temps libres, les volontaires ont cependant un emploi pour le compte de la France Libre en dehors de Moncorvo ou elles déjeunent majoritairement. Le soir, le coucher est fixé a 22 heures, après un diner a 19h30[5].

Des femmes dans l’armée

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La transition du nom de Corps Féminin a Corps des Volontaires Françaises fut instiguée par Hélène Terre des son arrivée au commandement du Corps. Le nom précédent se prêtait trop facilement aux railleries des homologues masculins[5]. Le CVF est peut être un corps de femmes, mais la discipline propre aux armées y est tout de même de rigueur. Ainsi, les Volontaires se soumettaient aux cérémonies, aux inspections, ainsi qu'a un règlement sévère détaillant les sanctions appliquées pour chaque délit commis et qui s'appliquaient en jours de consigne (2 a 15)[2]. On notera que la première inspection du CVF par De Gaulle a tourne au fiasco, avec des Volontaires en retard, portant mal l'uniforme ou tenant des propos indécents en cette circonstance[2]. Le CVF a tout de même participe au défilé du 14 juillet 1941, provoquant une certaine extase chez les volontaires, progressant aux cotes des commandos et des représentants de chaque arme.

Les Volontaires, selon plusieurs témoignages, ne se comportaient cependant absolument pas comme les militaires masculins. Parmi le règlement comptaient, par exemple, les sanctions pour port non conforme de la tenue ou pour retard a l'appel, qui souvent ont été bravées, illustrant, selon les Volontaires, la coquetterie inaliénable des femmes françaises. Leur camaraderie est également d'un autre genre. Tereska Swark affirme de plus dans ses "Souvenirs" : "Il y a chez nous très peu d'esprit de camaraderie [...]. Dans cette maison ou chacune prise a part est pourtant une bonne fille, dans la vie commune, ce sont de véritables pestes."[2]

Le regard du monde extérieur est cependant principalement très positif sur le CVF. Ce dernier est par exemple employé a des fins de propagande pour la France Libre, mobilisant toutes ses ressources et étant actrice de la victoire. Une organisation, les Friends of the Free French Forces (FFFF)[5], s'organise par ailleurs à Londres pour héberger les soldats français en permission, dont beaucoup de Volontaires feront l’expérience.

Le CVF s'imposa en outre comme un repaire de femmes de tous horizons. Sont présentes des femmes espagnoles, portugaises, brésiliennes, d’Afrique occidentale française, haïtiennes[5][2]... Deux Volontaires se sont notamment faites remarquées, arrivant de Nouvelle Calédonie en juillet 1941. Elles symboliseront alors l'engagement des colonies dans le combat pour la France. Et au delà de l'aspect géographique, la France Libre, et a fortiori le CVF, regroupe des volontaires de tous opinions politiques et de toutes classes sociales[2].

N’étant pas destinées à des postes de combat direct, les VF ne recevaient qu'une maigre formation militaire. Elles s’entraînaient cependant au tir et maniaient les armes lors de leur formation militaire au camp de Camberley[2], acte qu'elles n'auront pour la grande majorité plus l'occasion de faire. Faute de moyens dédiés, elles partageaient également le centre de formation des ATS au camp de Bornemouth[3]. Leur solde, reçue chaque mois, était calquée sur celle des ATS[5].

Service

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Les emplois des volontaire au sein de la France Libre sont très divers. Les travaux les plus pratiques sont ceux d'administration (secrétaire, dactylographe, cuisinière, courrière, etc), ainsi que ceux d’infirmière, de plantons et de chauffeuse. Plusieurs sont également "roofspotter", et surveillent le ciel pour prévenir les bombardements allemands[2]. On notera qu'une concurrence existe entre les volontaires militaires du CVF et celles civiles, qui souvent les méprisent. Une militaire est en effet souvent moins qualifiée et est prise par ses obligations militaires[2].

Mais si la majorité des Volontaires sont restées travailler pour la France Libre a Londres, certaines ont pu partir en opération a l’étranger. Dans ce cas, Janine Sereulles a par exemple accompagne des officiers en tant que conductrice au débarquement en juillet 1944 et a failli perdre la vie écrasée par un char a la bataille de Saint-Lo. D'autres conductrice ont également fait preuve de bravoure sous les bombardements de Normandie, se faisant parfois blesser par balle. Mais la Volontaire la plus connue a ce sujet est sans doute Jeanne Bohec, ayant été parachutée dans le Morbihan en février 1944 en tant que formatrice en sabotage[5].

D'autres encore ont été envoyées aux Etats-Unis entre autres pour une mission de représentation et de recrutement pour le compte de la France Libre[2].

Malgré tout, plusieurs d'entre elles décident de quitter le CVF àm cause de la sédentarité des taches proposées. Raymonde Jore, notamment, demande son retour sur le front Pacifique car elle se "trouve inutile" en Angleterre alors que la guerre s’étend chez elle.

Volontaires connues

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Certaines d'entre ces volontaires, appelées les demoiselles de Gaulle, se sont particulièrement illustrées, comme c'est le cas de Tereska Torrès. Ainsi, Alla Dumesnil dirige l'école du Corps féminin des transmissions (CFT) créé en décembre 1942 par le colonel Merlin, où elle encadre notamment Joséphine Baker.

Maria Hackin, épouse de l'archéologue Joseph Hackin rejoint Londres avec lui en 1940, et devient l'adjointe du lieutenant Mathieu. Elle meurt avec lui le 24 février 1941 lors d'une mission, alors que le cargo sur lequel ils avaient pris place est torpillé.

Jeanne Bohec rejoint l'Angleterre à vingt-et-un ans. Aide-chimiste de métier, elle s'engage le 6 janvier 1941. Elle fut caporale au sein du CVF et contacta fin août 1943 le BCRA pour manifester son desir de retourner en France et faire valoir ses competences de chimiste. Après un entraînement intensif (saut en parachute, brouillage de pistes et déchiffrage de télégrammes), elle est nommée sous-lieutenant, et parachutée en France où elle devient la première instructrice en sabotage. Elle a été appelée « la plastiqueuse à bicyclette »[5].

Franco-Américaine, Sonia Vagliano-Eloy est arrêtée lors de la manifestation du 11 novembre 1940. Elle part aux États-Unis puis s'installe à Londres en 1942. Scolarisée à l'École d'officiers de liaison, elle suit aussi une formation militaire et devient sous-lieutenant. Elle compte parmi les premiers officiers français admis au Civils Affairs Stage College de Wimbledon. On l'affecte à la Mission militaire de liaison administrative et elle s'occupe des camps de réfugiés, suivant les armées alliées à mesure qu'elles libèrent la France. Avec ses collègues, elle crée des postes de secours. Elle s'implique d'abord dans le Nord du pays, en Belgique puis en Allemagne, aidant notamment les anciens déportés de Buchenwald. Revenant sur cette histoire, elle a écrit le livre Les demoiselles de Gaulle : 1943-1945 (1982).

Josiane Somers, née en 1924, triche sur son âge pour s'engager au corps des volontaires et être sélectionnée comme opératrice radio. Parachutée à 19 ans, elle est la plus jeune agent envoyée en France par le SOE.

On peut ajouter Eve Curie, fille de Pierre et Marie Curie, s’étant illustre dans sa première carrière littéraire avant de partir a travers le Monde au début de la Guerre, rejoignant tantôt le front russe, tantôt le front africain, tantôt les Etats-Unis. Elle s'engage dans le CVF en 1943[2].

Simone Mathieu était également connue par ses exploits en tennis de haut niveau.

Après la guerre

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Les AFAT ont été remplaces en 1946 par le Personnel Féminin de l’Armée de Terre[4].

Plusieurs Volontaires furent décorées. Beaucoup ont cherché à renouer des liens avec d'anciennes camarades du CVF[2].

Bibliographie

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  • Élodie Jauneau, Des femmes dans la France combattante pendant la Deuxième Guerre mondiale : Le Corps des Volontaires Françaises et le Groupe Rochambeau, in Genre & Histoire n°3 (automne 2008).
  • Frédéric Pineau, Femmes en guerre 1940-1946 (tome 1), Paris, ETAI, 2013.
  • Sonia Vagliano-Eloy, Les demoiselles de Gaulle : 1943-1945, Plon, 1982, préface de Maurice Schumann, (lire en ligne [archive]).
  • Christine Levisse-Touzé, Les Femmes dans la Résistance en France, Tallandier, 2003.
  • Luc Capde villa, La mobilisation des femmes dans la France Combattante
  • Sebastien Albertelli, Histoire du corps des volontaires Francaises
  • Jeanne Bohec, La Plastiqueuse a Bicyclette

Références

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  1. a b et c « Les corps féminins »
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab et ac Sebastien Albertelli, Elles ont suivi De Gaulle Histoire du Corps des Volontaires Francaises
  3. a et b Christine Levisse-Touzé, Les femmes dans la résistance en France, Taillandier, , p. 169-184, Les femmes dans la France libre
  4. a et b Luc Capdevilla, La mobilisation des femmes dans la France combattante
  5. a b c d e f g h i et j Jeanne Bohec, La Plastiqueuse a Bicyclette

Articles connexes

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