Utilisateur:Ps2613/Église catholique

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La notion d’Église catholique est présente dans la plupart des confessions chrétiennes : catholique, orthodoxe, protestantes et anglicane notamment. L’adjectif « catholique » vient du grec καθολικός signifiant « universel ». Le terme a commencé à être employé pour qualifier l’Église au début du IIe siècle[1]. Il se trouve aussi dans le symbole de Nicée-Constantinople adopté en 381 et qui proclame : « Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Cette profession de foi qui est avec le symbole des apôtres la plus importante de l’ancienne Église, est depuis des siècles le credo de toutes les liturgies, de sorte que des chrétiens de toutes Églises, même lorsque commencera le temps des divisions confessionnelles, déclareront croire en l’Église catholique, indépendamment du fait que leur confession soit ou ne soit pas explicitement désignée comme « catholique » dans l’usage courant ou dans des textes officiels[2]. Toutefois, si tous déclarent croire « en l’Église catholique », tous n’ont pas la même compréhension de ce qu’est ou devrait être l'Église catholique, et si elle peut ou non correspondre à une société humaine organisée et visible.

Depuis les premiers siècles du christianisme, parler d’Église catholique c’est à la fois affirmer que l’Église est universelle, qu’elle ne peut se replier sur une communauté ou dans un espace particulier en se coupant du tout[2], en même temps que cela revient à désigner la véritable Église du Christ « la seule légitime et authentique[3] ». L'expression a commencé à être employé par des auteurs chrétiens au début du IIe siècle, dans un contexte où émerge la figure d’autorité locale de l’évêque et où les communautés chrétiennes cherchent progressivement à construire l'unité et la communion de celles-ci[4], en même temps que la définition de l'orthodoxie du christianisme se dessine au fil des débats doctrinaux[1]

À l’époque de la Réforme (XVIe siècle), alors que se multipliaient les schismes dans l’Église et qu’apparaissaient des confessions religieuses réclamant chacune leur autonomie et la protection de l’État, la notion d’Église catholique est redevenue un enjeu majeur[2]. Dans ce contexte ce qui se concevait comme la catholicité de l’Église s’est diversifié car ceux que l’on appelle aujourd’hui catholique, orthodoxes, luthériens ou anglicans se sont tous déclarés catholiques, nonobstant l’usage qui a prévalu par la suite de réserver l’appellation de catholiques aux chrétiens en communion avec le pape et les évêques[5]. Dans ce contexte apparaît la théologie des « quatre notes de l’Église », chaque « note » qui s’accorde avec les trois autres étant l'une des qualités ou propriétés correspondant aux termes employés dans le Credo de Nicée-Constantinople à propos de l’Église : « une, sainte, catholique et apostolique ».

Les débats modernes sur la catholicité de l’Église peuvent difficilement faire abstraction de la situation actuelle de division confessionnelle entre chrétiens. Ainsi les interprétations des textes antérieurs à l’apparition des diverses confessions chrétiennes actuelles dépendent très largement des schémas de légitimation prévalant dans les communautés ecclésiales. Toutefois, si les façons d’écrire l’histoire sont largement tributaires du présent, il est au moins possible de considérer que les textes du christianisme anciens n’ont pas été écrits en fonction des événements ultérieurs.

Mosaïque de la basilique Saint-Clément. Rome, XIIe siècle (Détail). D’après l’inscription que comprend cette mosaïque[6], il s'agit d'une représentation de l’Église. Celle-ci est figurée par la croix du Christ, avec douze colombes qui représentent les apôtres, tandis que l'arbre de la croix se développe en de nombreuses volutes comme autant d'Églises qui en forment une seule.

Significations du terme « catholique » et de ses dérivés modifier

Le terme catholique n’a jamais fait l’objet d’une définition officielle[2], ni avant, ni après avoir été intégré au Credo de Nicée. Son sens ancien se prend de ce qu’il signifiait alors dans le langage courant, ce qui permet de percevoir une évolution de la signification de ce terme dès lorsqu’il fut appliqué à l’Église.

Le terme catholique vient du grec, καθολικός qui signifie, « selon le tout » c'est-à-dire « général », « en totalité » ou « universel ». Le mot καθολικός dérive lui-même de καθολός (katholos). Le préfixe κατά (ici écrit καθ car devient aspiré devant l'esprit rude de holos) signifie « par » ou « selon », tandis que l'adjectif ὁλος (holos) signifie « tout » ou « entier »[7]. Chez Aristote καθόλον (katholon) est synonyme de κοινόν (koinon), c’est-à-dire, « général, commun ». En grec classique un καθολικο`ς λόγος signifie "un lieu commun". L'adverbe καθόλου (katholou) est aussi employé selon l'usage courant dans le Nouveau Testament, non pas pour qualifier l’Eglise, mais simplement comme adverbe signifiant « absolument », « totalement » ou « complètement » : « Ils leur défendirent absolument (καθόλου) de parler et d’enseigner au nom de Jésus (Ac. 4,18) ».

L'adjectif « catholique » qualifiant l'Église modifier

L'adjectif « catholique » a été appliqué à l’Église dès les premières années du IIe siècle. Ignace d'Antioche écrit en 107 « Là où parait l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. »[8]. Ce mot courant de la langue grecque, une fois entré dans la littérature chrétienne a pris un sens particulier ou théologique : il exprime d’abord le caractère universel de l’Église selon la signification de ce terme dans le langage courant, mais il sert en même temps à distinguer l’Église authentique des communautés hérétiques, en ce sens il devient synonyme d’orthodoxie. Il devient enfin un terme spécifique pour parler de l’Église, terme dont le sens se prend dès lors de ce qui se conçoit comme étant l’Église du Christ et non pas seulement du sens qu’il avait dans le langage courant. De ce fait, bien que le latin disposait à l’évidence d’un terme équivalent au grec καθολικός avec celui de universus, ce mot n’a pas été traduit en latin mais il a été simplement translitéré en catholicus[1]. Augustin emploiera ainsi le terme catholicus pour qualifier l’Église ou les chrétiens en communion et en accord avec l’évêque de Rome tandis qu’il propose par ailleurs de larges développements sur la religion « catholique », mais il parle a ce sujet de « voie universelle », en employant le terme « universalis » plutôt que ce lui de « catholicus »[9].

La catholica modifier

Dans l’antiquité « catholique », ne s’employait pas seulement comme un adjectif mais aussi, comme c'est le cas pour tous les adjectifs en grec, comme un nom[7] neutre avec l'article : το`καθολικόν, l'universel. Zénon avait ainsi écrit un traité des universaux : les καθολικά. Selon Henri de Lubac, au moment ou le terme catholique commence à être employé pour qualifier l’Église, il devient aussi d’usage de parler de l’Église comme de la catholica (καθολική)[7]. Ce substantif est, en effet, attesté chez Tertullien[10] dans un sens absolu dès le IIe siècle et reste d'usage, quoique rarement, jusqu’au VIIe siècle. On le trouve encore chez Bernard de Clairvaux au XIIe siècle. Cet usage du terme renvoie, selon Henri de Lubac, à ce que sont les καθολικός (universaux) chez les philosophes. La catholica étant un universel, elle n’est ni un composé, ni une somme[7]. Il faut avoir recours au terme latin pour reprendre cet usage en français, c’est en ce sens qu’il peut être question de la Catholica.

Catholicité et catholicisme modifier

Dans le français moderne l'épithète catholique se décline avec les noms de « catholicité » et « catholicisme ». Sur un plan historique les définitions de ces termes se rapportent l'une et l'autre aux débats doctrinaux du XVIe siècle et à l'émergence d'une diversité confessionnelle dans le christianisme[11]. La notion de catholicité renvoie à l'universalité de l'Église et de la foi nonobstant la diversité des confessions religieuses chrétiennes, en ce sens la catholicité est a-confessionnelle. Au contraire le terme catholicisme renvoie directement à la diversité confessionnelle moderne en désignant une de ces confessions. Le mot « catholicisme » est en effet apparu à la fin du XVIe siècle dans un contexte polémique entre catholiques et protestants, contexte qui impliquait que l'on trouve un mot pour désigner ce qui se présentait dès lors comme une confession religieuse parmi d'autres. La première attestation de ce néologisme se trouve dans un livre du catholique Pierre Charron, publié en 1595[12]. Cet usage ne s'impose cependant pas sans difficultés parmi les catholiques. À cette époque, le cardinal Jacques Du Perron, qui répondait aux arguments du roi Jacques Ier d'Angleterre selon lequel l'Église anglicane était catholique tandis que celle Romaine ne l'était pas, estimait que le nom de « catholique » ne pouvait pas être celui d'une religion particulière : « Le nom de Catholique n'est pas un nom de simple créance mais un nom de communion. » Il reste néanmoins que le terme de catholicisme s'est imposé pour désigner une confession religieuse qui ne peut cependant pas se considérer comme confession religieuse délimitée ou particulière en raison même de la catholicité. Il est ainsi employé, tant par les « catholiques » qui se sont construits une identité confessionnelle sous ce nom, que par ceux avaient besoin d'un mot pour les désigner de l'extérieur. Le catholicisme est ainsi paradoxalement la confession religieuses de ceux qui considèrent (ou devraient considérer) qu'être catholique implique de ne pas faire nombre dans la diversité des confessions religieuses. En un autre sens, le terme catholicisme à aussi été employé pour désigner, non pas une dénomination confessionnelle, mais l'exposé systématique de la foi catholique, par exemple par Henri de Lubac, ou bien comme titre du dictionnaire de théologie Catholicisme.

Auto-compréhensions bibliques de l'Église modifier

 
Une page du Papyrus 46 contenant les lettres de Paul. Manuscrit de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle.

La Bible chrétienne ne dit pas ce qu'est l'Église comme une source historique qui aurait laissé une description « objective » ou externe de l'Église en son état d'origine, pour qu'il suffise ensuite de s'y référer pour y lire ce qu'est ou ce que devrait être l'Église. La Bible n'a en effet pas un rapport d'antériorité à l'Église, mais elle lui est contemporaine ; elle est constitutive de l'Église tout autant que c'est l'Église qui « fait » la Bible à tout moment de son histoire. Le canon des écritures chrétiennes, qui se met en place dans les premiers siècles du christianisme, est ainsi un produit de l'Église pour que la Bible soit la norme et la mesure de l'Église. Par la suite non seulement le processus de formation du canon biblique n'a jamais été totalement clôt, mais en plus le Bible continue de « vivre » dans les communautés chrétiennes par les phénomènes tels que ceux de la traduction, de l'interprétation ou de la prédication, inhérents à toute activité de lecture. De ce fait le rapport de formation et de transformation réciproque qui s'est instauré entre la Bible et l'Église depuis ses origines se perpétue. Les divergences entres confessions chrétiennes actuelles sur l'interprétation de la Bible confirment que la Bible chrétienne n'offre pas une mesure objective ou externe aux communautés, mais qu'elle est partie prennante de la vie de ces communautés autant que ces communauté font la Bible de l'Église.

Le terme ecclesia modifier

Le nom « Église » vient du grec (écclésia) qui signifie assemblée[13]. L’usage chrétien du terme écclésia a d’abord sonné comme en contrepoint de celui qui en était fait dans les cités grecques. L’écclésia était une assemblée réservée aux citoyens et à laquelle les étrangers n’étaient pas admis. L’Église au sens chrétien est l’assemblée dans laquelle plus personne n’est étranger l’un à l’autre. Elle est ce qui rassemble des hommes de toute nation, race, peuple et langue (Ap. 7,9).

Le terme Église n’est employé que deux fois dans les évangiles, deux occurrences qui se trouvent en Matthieu[13]. Jésus dit à Simon-Pierre : « Pierre tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » L’Église est en ce sens la communauté institué par le Christ. Dans un autre passage de Matthieu elle est la communauté locale à laquelle on appartient : « si ton frère n’écoute pas … dis le à l’Église. » Le terme Église est beaucoup plus fréquent dans les autres textes du Nouveau testament, où, de façon concordante avec l’usage qui en est fait dans l’Évangile de Matthieu, il désigne parfois les communautés locales, parfois l’ensemble des Eglises.

L’Église n’est pas qualifiée une seule fois de « catholique » ou d’« universelle » dans les textes du nouveau Testament, il reste néanmoins très clair que les Églises sont « une » dans l’Église, que les chrétiens doivent chercher à toujours être bien d’accord entre eux, que l’évangile doit se répandre jusqu’aux extrémités de la terre et parmi toutes les nations, que l’Église est ouverte a tous les peuples, qu’elle doit être sans divisions, etc[13].

L'Église du Christ d'avant les chrétiens modifier

La synagogue, le nouvel Israël ou véritable Israël, peuple de Dieu ...

Métaphores de l'Église dans la Bible modifier

En divers passages du Nouveau Testament, l'Eglise est quelque chose qui se bâtit ou se construit : « L'Eglise avait donc la paix sur toute l'étendue de la Judée, et de la Galilée et de la Samarie. Elle se bâtissait et marchait dans la crainte du Seigneur et, par la consolation du Saint-Esprit, elle se multipliait (Ac 9, 31) ». Ce bref passage propose trois métaphores par ailleurs très fréquentes : ce qui se construit ou se bâtit, ce qui est en marche et ce qui se multiplie ou s’accroît. La métaphore de la construction a été fréquemment employée dans les lettres de Paul. S'adressant à l'Eglise de Corinthe il le dit : « Nous sommes les communs ouvriers de Dieu, vous êtes le champs de Dieu, la bâtisse de Dieu (1 Co 3,9). » ; « Celui qui parle en langue se bâtit lui même, celui qui prophétise bâtit l'Eglise. (1 Co 14,4) » ; « La science gonfle, alors que l'amour bâtit (1 Co 8,1). » La métaphore d'Eglise comme construction est ce qui justifie le nom donné à Simon par Jésus : « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirait mon Eglise. »

L'Eglise est le corps du Christ. L'Eglise est aussi dite en marche, référence au peuple d'Israël dans le désert. Temple de Dieu, vigne, Communauté de disciples, « arche de salut » et autres thèmes

L’universalité de l’Eglise à l'époque patristique modifier

Chez les Pères Apostoliques modifier

Le corpus des écrits des Pères apostoliques regroupe tous les plus anciens textes chrétiens ne figurant pas dans Nouveau Testament. Ces neuf textes ont été écrits alors que se constituait le canon des écritures chrétiennes. Il y a ainsi un « tuilage » entre l’histoire réactionnelle des textes du Nouveau Testament qui va des années 50 aux années 110 et celle des écrits des pères apostoliques[14]. La Didachè a ainsi été écrite au premier siècle en même temps que les évangiles tandis que la rédaction du Pasteur d’Ermas, qui a été copié dans certains manuscrit de Bibles chrétiennes, s’étend jusqu’aux années 150. D’un point de vue historique et scientifique, ces textes ont la même importance que ceux du Nouveau Testament pour la connaissance du christianisme ancien. Néanmoins la constitution du canon qui a lieu dans le même temps et qui amena à distinguer les écrits apostoliques des textes du Nouveau Testament est elle aussi un fait historique dont il faut tenir compte. Sur un plan théologique, l’importance qu’il faut accorder à ces textes a été objet de divergences entre catholiques et protestants, les premiers estimant plus volontiers qu’ils sont à prendre en compte que les seconds. Outre ces divergences, un accord se fait autour de l’idée selon laquelle les écrits du Nouveau Testament comme ceux des pères apostoliques témoignent d’une certaine diversité de la tradition chrétienne dès ses commencements.

Une section de la Didaché décrit une « eucharistie » dont les prières évoquent l'Eglise. Plutôt que de la messe, il s'agit, dans le sens premier du terme ευχαριστία (reconnaissance / remerciement), d'une liturgie du christianisme primitif pour « rendre grâce » à Dieu. Selon la description qu'en donne la Didaché, cette liturgie implique l'usage du pain et du vin. La prière sur le pain est une prière pour l'unité de l'Église. Son unité est décrite avec la métaphore de grains dispersés lorsqu'ils sont semés pour ensuite être assemblés en un seul pain : « Comme ce pain rompu, d'abord dispersé sur les montagne, à été recueilli pour devenir un, qu'ainsi ton Eglise soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton royaume. » Plus loin c'est encore de l'unité de l'Eglise dont il est question : « Souviens-toi Seigneur de ton Eglise, pour la préserver de tout mal, la rendre parfaite dans ton amour, et rassemble-la des quatre vents. »

Les premières mentions de l’Église catholique modifier

La première mention de l’expression « Église catholique » se trouve dans la lettre d’Ignace d'Antioche aux Smyrniotes, un écrit qui date au plus tôt de 107 au plus tard de 112, date de la mort son l’auteur. On trouve aussi quatre fois le mot catholique dans le Martyre de Polycarpe[1]. Ce récit est de quelques années postérieur à la lettre d’Ignace aux Smyrniotes, a été écrit dans la communauté de Smyrne en étant adressé de la façon suivante : « L’Église de Dieu qui séjourne à Smyrne à l’Église de Dieu qui séjourne à Philomélium et à toutes les communautés de la sainte Église catholique qui séjournent en tous lieux[15] ».

Les plus anciennes attestations de l’expression Église catholique datent ainsi du début du IIe siècle. Il s’agit d’une date relativement tardive par rapport à l’histoire rédactionnelle des textes du Nouveau Testament, dans la mesure où c’est la fin de la période de rédaction des textes qui seront plus tard retenus dans les Bibles chrétiennes. En même temps cette date est très précoce par rapport à l’histoire du christianisme, ces occurrences se trouvant dans les textes qui, outre ceux du Nouveau Testament, sont les plus anciens de la tradition chrétienne.

L’Église comme communion (koinonia) modifier

Sur la forme les premières mentions de l’« Église catholique » se situent dans des textes adressés par une personne ou une Eglise à une autre Église, comme le sont la plupart des écrits chrétiens de l’époque, qu’il s’agisse des lettres du Nouveau Testament ou de celles qui se trouvent dans les écrits apostoliques. Ce fait témoigne de ce qu’est alors l’Eglise : un ensemble d’Eglises, présentes en diverses cités, et dans lesquelles sont lues des lettres envoyées d’un Église à une autre ou par des « apôtres » qui tel, saint Paul, circulaient de communautés en communautés, puis écrivait aux Églises qu’il avait visité. Ces textes ont ensuite été conservé, recopiés, remaniés, et ils ont circulées dans toutes les Églises, l’homogénéisation progressive de ce corpus d’écrits au fil des échanges et des envois entre communautés correspondant au processus par lequel le canon du Nouveau Testament a commencé à être établie.

Les textes du Nouveau Testament comme ceux des écrits apostoliques font largement état de ces prédicateurs itinérants et des critères auxquels les communautés sont incitées a reconnaître les vrais apôtres ou prophètes des faux.

L’Église « sur toute la terre » (oikumene) modifier

Ignace d'Antioche a qualifié l’Église de catholique à une époque ou les chrétiens étaient infiniment minoritaires, et surtout présent dans des cités de la partie orientale de l’Empire Romain. Ainsi, chez Ignace, l’idée selon laquelle l’Eglise est universelle ou catholique ne se mesure aucunement à l’aune du fait qu’il y ait beaucoup ou peu de chrétien, ni du fait que le christianisme soit ou non partout présent. Ce qui importe est qu’il soit présent en divers lieux et qu’il reste ouvert à l’être ailleurs.

À la fin du Ier siècle la présence chrétienne est loin d’être uniforme dans l’Empire romain. Selon les témoignages concordant de Suétone et des Actes des apôtres le christianisme qui naît entre la Judée et la Galilée avait atteint Antioche et Rome dès les années 40. Son développement se poursuit selon la trajectoire classique d’autres cultes apparus en Orient depuis le IVe siècle av. J.-C.[16].

Les communautés sont petites, il peut s’agir de quelques dizaines, tout au plus de quelques centaines de personnes dans les communautés les plus grandes. Elles sont tout de même assez importantes en certains lieux pour être remarquées dans quelques écrits non-chrétiens de l’époque, chez Pline, Tacite et Suétone.

L’idée peut-être que l’Église est comme un germe destiné à se répandre sur toute la terre, mais l’universalité de l’Eglise ne dépend pas de ce qu’elle soit effectivement présente partout, tandis qu’aucune communauté chrétienne ne peut se satisfaire d’un lieu donné ou dans un lieu donné.

L’émergence de l’évêque dans les communautés modifier

Les écrits d’Ignace témoignent de l’émergence de la figure de l’évêque dans l’Eglise syrienne, fonction qui va rapidement se généraliser à partir de la forme qu’elle prend dès la fin du Ier siècle dans les communautés chrétiennes de la partie orientale de l’Empire. Au même moment à Rome, l’Eglise reste dirigée de façon plus collégiale. Selon le témoignage qu’en donne la lettre de Clément aux corinthiens, Il y a Rome un ensemble de presbytres (anciens) et d’épiscopes (surveillants), peut-être y avait-il une figure de plus grande autorité ou un primus inter pares parmi eux mais la lettre de Clément n’en fait pas explicitement état. Néanmoins, l'auteur de la lettre, Clément lui-même, semble incontestablement avoir été une figure d'autorité dans cette communauté. Il évoque en outre dans cette lettre l'autorité et le respect du à « celui qui fait entendre la parole de Dieu », c'est-à-dire un ministre de la parole ou celui qui prêche à la communauté : « Mon enfant, souvient toi jour et nuit de celui qui te fait entendre la parole de Dieu, et tu le vénéreras comme le Seigneur ; car là où sa souveraineté est annoncée, là le Seigneur et présent. » Ce propos trouve de nombreux échos chez Ignace notamment lorsqu'il écrit « Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. »

Ignace était évêque d'Antioche. Dans ses lettres il exprime qu'il se considérait comme « un homme auquel était confié le devoir de l'unité. » L'unité au service de laquelle entendait se mettre Ignace est avant tout celle Dieu, tandis que l'unité à réaliser sur terre par les chrétiens se conçoit chez Ignace comme l'image de l'unité de Dieu[17]. L'unité qui se réalise avec l'évêque entre les membres de la communauté, est aussi une unité ou une harmonie que chacun doit trouver en lui-même :

« Aussi convient-il de marcher d'accord avec la pensée de votre évêque, ce que d'ailleurs vous faites. Votre presbyterium justement réputé, digne de Dieu, est accordé à l'évêque comme les cordes de la cithare ; ainsi dans l'accord de vos sentiments et l'harmonie de votre charité, vous chantez Jésus-Christ. Que chacun de vous aussi, vous deveniez un choeur, afin que dans l'harmonie de votre accord, prenant le ton de Dieu dans l'unité, vous chantiez d'une seule voix par Jésus-Christ un hymne au Père, afin qu'il vous écoute et qu'il vous reconnaisse, par vos bonnes oeuvres, comme les membres de son Fils. Il est donc utile pour vous d'être dans une inséparable unité, afin de participer toujours à Dieu »

— Ignace d'Antioche, Lettre aux Éphésiens, VI, 1-2.

Dans l’apologétique chrétienne modifier

Tradition grecque et latine modifier

Jusqu'au milieu du IIe siècle les communauté chrétiennes sont presque exclusivement de langue grecque, non seulement parce qu'elle sont principalement présente dans la partie orientale de l'Empire, mais aussi parce que le grec est parlé dans tout l'Empire. Ainsi, les premières communautés chrétiennes se trouvant dans la partie occidentale de l'Empire, non seulement à Rome mais aussi jusqu'à Lyon ou Vienne en Gaule, ont longtemps été de langue grecque. Les textes du Nouveau testament et ceux des Pères apostoliques sont intégralement et exclusivement rédigés en grec.

Les écrits de Tertullien, qui vivait en Afrique du Nord, sont l'une des toutes premières tentative de formulation du christianisme en latin. Il est ainsi le premier a avoir employé nombre de mots et de catégories qui resterons ceux avec lesquels la foi chrétienne sera exprimé dans la tradition latine, notamment ce qui concerne la doctrine de la Trinité ou celle de la double nature du Christ, vrai Dieu vrai homme. Il compare souvent l'Église à une Mère. Néanmoins ses exigences d'un comportement toujours héroïque du chrétiens, son goût pour la polémique voir sa rigidité et son intolérance l'on conduit à s'isoler. Il a progressivement abandonné la communion avec l'Église pour rejoindre les montanistes.

Cyprien de Carthage modifier

 
Cyprien de Carthage.

Cyprien de Carthage, écrivant en latin, a laissé une œuvre qui n'est pas trop spéculative, plutôt destinée a l'édification morale de la communauté dont il était l'évêque. Prêchant sur l'Eglise, il distingue « l'Église visible, hiérarchique, et l'Église invisible, mystique[18] » tout en affirmant que l'Église est une, fondée sur Pierre. En ce sens Cyprien écrit « celui qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle l'Église est fondée, se donne l'illusion de rester dans l'Eglise[19] ». Pour Cyprien, le ministère de Pierre est celui de chaque évêque, et ces évêques ont le devoir absolu de maintenir l'unité entre les évêques, de même que les apôtres étaient uni en se rapportant à Pierre le premier d'entre eux. Dans L'unité de l'Église catholique il donne de nombreuses images pour exprimer cette unité dans laquelle chaque partie possède la plénitude du tout dans la mesure où elle lui est unie :

« Cette unité nous devons la retenir, la revendiquer fermement, nous autres surtout, les évêques, qui présidons dans l'Église, afin de prouver que l'épiscopat est également un et indivisible. Que nul ne trompe par ses mensonges l'ensemble des frères, que nul ne corrompe la vérité de la foi par une prévarication impie ! La dignité épiscopale est une, et chaque évêque en possède une parcelle sans division du tout, et il n'y a qu'une Église qui, par sa fécondité toujours croissante, embrasse une multitude toujours plus ample. Le soleil envoie beaucoup de rayons, mais sa source lumineuse est unique, l'arbre se divise en beaucoup de branches, mais il n'a qu'un tronc vigoureux, appuyé sur des racines tenaces, d'une source découlent bien des ruisseaux, cette multiplicité ne s'épanche, semble-t-il, que grâce à la surabondance de ses eaux, et pourtant tout se ramène à une origine unique. Séparez un rayon solaire de la masse du soleil, I'unité de la lumière ne comporte pas un tel fractionnement. Arrachez une branche à un arbre : le rameau brisé ne pourra plus germer. Coupez un ruisseau de sa source, l'élément tronqué tarit. Il en va de même de l'Église du Seigneur : elle diffuse dans l'univers entier les rayons de sa lumière, mais une est la lumière qui se répand ainsi partout, I'unité du corps ne se morcelle pas. Elle étend sur toute la terre ses rameaux d'une puissante vitalité, elle épanche au loin ses eaux surabondantes. Il n'y a cependant qu'une seule source, qu'une seule origine, qu'une seule mère, riche des réussites successives de sa fécondité. C'est elle qui nous engendre, c'est son lait qui nous nourrit, c'est son esprit qui nous anime. »

— Cyprien de Carthage, De l'unité de l'Église catholique, V.

Cyprien est l'auteur d'une phrase devenue célèbre et qui fit l'objet de nombreuses interpétations pas toujours concordantes par la suite : « en dehors de l'Église, pas de salut[20]. » Dans les débats sur le sens dans lequel il faut comprendre cet adage qui est est devenue une formule dogmatique, c'est-à-dire un article de foi défini, les interprétations oscilleront entre l'idée selon laquelle l'Église est nécessaire au salut de tous, même de ceux qui ne sont pas baptisés, et celle beaucoup plus restrictive selon laquelle celui qui n'est pas baptisé dans l'Eglise catholique en communion avec le successeur de Pierre et y demeure jusqu'à sa mort ne peut être sauvé[21]. Bien que dans les écrits de Cyprien « Il n'y a aucun exemple où celui-ci applique explicitement sa sentence, « Pas de salut hors de l'Église » à la majorité des personnes qui était encore des païens à son époque[22] », cette question suscita un vif débat au XXe siècle. Un jésuite américain, Leonard Feeney, qui tenait à la compréhension la plus restrictive de l'adage fut sommé en 1949 par la Congrégation pour la doctrine de la foi de revoir sa position sur la question alors envisagée comme celle du salut des infidèle. Rome défendait, que l'adage de Cyprien devait être compris dans les limites que lui imposait d'autres principes dogmatiques[23]. L'un de ces principes est le baptême de vœu, à savoir qu'il est possible que quelqu'un ne soit pas baptisé parce qu'il n'a pas la possibilité de l'être, ou parce qu'il en a une connaissance erroné de ce qu'est le christianisme : dans la mesure ou ses intentions correspondent à ce qu'est véritablement le baptême, alors il doit être considéré comme étant baptisé au moment de sa mort. D'autre part l'Église catholique considère que les baptisés sont sauvés par la foi qui les incite à faire de bonnes œuvres tandis que les non-chrétiens sont sauvé par les œuvres qu'ils font en obéissant à leur conscience qui les incite à toujours faire ce qui est bien. Comme Leonard Feeney refusait de revoir sa position, maintenant une compréhension stricte et restrictive de l'adage « hors de l'Église point de salut », il fut finalement excommunié par Pie IX en 1953.

L’universalité de la voie chrétienne chez Augustin modifier

Pour Augustin, le christianisme est absolument universel, tandis que l’Église ne peut se renfermer sur un peuple ou un territoire donné. Augustin s’est ainsi battu autant contre ceux qui, tel le philosophe Porphyre, estimaient qu’il n’y avait pas de sagesse ou de philosophie universelle, que contre ceux qui tels les donatistes ont pensé le christianisme comme la sagesse particulière d’une communauté ou d’un nombre limité d’individu. Pour Augustin il existe une « voie universelle » :

« Voilà cette religion qui nous ouvre la voie universelle de la délivrance de l'âme, voie unique, voie vraiment royale, par où on arrive à un royaume qui n'est pas chancelant comme ceux d'ici-bas, mais qui est appuyé sur le fondement inébranlable de l'éternité. Et quand Porphyre […] déclare que, même dans la philosophie la plus vraie, il ne trouve pas la voie universelle de la délivrance de l'âme, il montre assez l'une de ces deux choses ou que la philosophie dont il faisait profession n'était pas la plus vraie, ou qu'elle ne fournissait pas cette voie. […] Quelle est donc cette voie universelle de la délivrance de l'âme dont parle Porphyre, et qui, selon lui, ne se trouve nulle part […] quelle est cette voie universelle, sinon celle qui n'est point particulière à une nation, mais qui a été divinement ouverte à tous les peuples du monde? […] Voilà donc la voie universelle de la délivrance de l'âme ouverte à tous les peuples de l'univers par la miséricorde divine, […], la voie universelle de la délivrance de tous les croyants, qui fut ainsi annoncée par le ciel au fidèle Abraham : « Toutes les nations seront bénies en votre semence ». […] La voilà cette voie universelle dont le Prophète a dit: « Que Dieu ait pitié de nous et qu'il nous bénisse ; qu'il fasse luire sur nous-la lumière de son visage, et qu'il nous soit miséricordieux, afin que nous connaissions votre voie sur la terre et le salut que vous envoyez à toutes les nations». Voilà pourquoi le Sauveur, qui prit chair si longtemps après de la semence d'Abraham, a dit de soi-même: « Je suis la voie, la vérité et la vie ». C'est encore cette voie universelle dont un autre prophète a parlé en ces termes, tant de siècles auparavant: « Aux derniers temps, la montagne de la maison du Seigneur paraîtra sur le sommet des montagnes et sera élevée par-dessus toutes les collines. Tous les peuples y viendront, et les nations y accourront et diront: Venez, montons sur la montagne du Seigneur et dans la maison du Dieu de Jacob ; il nous enseignera sa voie et nous marcherons dans ses sentiers; car la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem ». Cette voie donc n'est pas pour un seul peuple, mais pour toutes les nations ; et la loi et la parole du Seigneur ne sont pas demeurées dans Sion et dans Jérusalem; mais elles en sont sorties pour se répandre par tout l'univers. »

Jean Chrysostome : la force de l'Église modifier

L'orthodoxie des pères cappadociens modifier

La catholicité comme « note » modifier

La « note » comme qualité, marque ou propriété modifier

Les quatre notes de l’Église dans le credo de Nicée-Constantinople modifier

Les développements de la question de la primauté modifier

La lettre de Clément montre qu'au IIe siècle la communauté de Rome accordait une grande importance aux apôtres Pierre et Paul qui y sont qualifié de colonnes de l’Eglise et dont les plus anciens pouvaient encore avoir un souvenir direct au début du IIe siècle. Toutefois aucune primauté de la communauté chrétienne de Rome ne semble alors revendiquée par les romains. C’est plutôt dans la partie orientale de l’Empire, notamment chez Ignace d’Antioche que viennent les premières incitations a s’en remettre à l’Eglise de Rome. etc.

Sièges apostoliques ou patriarcaux dans les grandes villes. émergence de la Papauté. Primauté accordée à Rome, primauté de Constantinople (la seconde Rome), Primat régionaux (comme le primat des Gaules à Lyon), etc. Histoire du titre de patriarche pour le pape, etc.

La catholicité à l'heure des confessions chrétiennes modifier

La confessionalisation modifier

Les schémas historiographiques avec lequel on tente de décrire ce qui a conduit à la pluralité confessionnelle actuelle du christianisme on beaucoup été discuté et renouvelés ces dernières années. La vision historiographique la plus classique est celle qui s’est imposée à l’époque de la réforme : des schismes se produisent dans l'histoire de l’Eglise avec des excommunications réciproques, ce qui fait qu'une confession donne naissance à deux confessions distinctes, elles-mêmes susceptibles de nouveau schismes, qui font apparaître de nouvelles confessions, etc. Le phénomène ainsi envisagé se représente sous forme arborescente. Ce schémas qui reste aujourd'hui le plus évident ne se vérifie cependant pas dans l'histoire.

Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'il est devenu possible pour les chrétiens de considérer qu'il existent légitimement des Églises séparées ou des confessions religieuses qui ne soit pas visiblement et institutionnellement unies. Cette mutation s'est produite lorsque que catholiques et protestants ont commencé à s'opposer. Les chrétiens d'Europe vivent les guerres de religions. Dans cette situation extrêmement grave, la diversité des religions apparaît à la fois comme la cause des conflits et le remède à la situation : il y a des guerres de religions parce que des religions se forment, mais il est possible de mettre fin à ces guerres en considérant que ces religions sont toutes légitimes et qu'elles doivent co-exister pacifiquement.

C'est dans ce contexte que la situation de rupture entre Églises d'Occident et d'Orient a commencée a être invoquée. On envisage d'abord qu'il y ait eut un schisme depuis Photius au IXe siècle plus récemment c'est sur la date de 1054 que ce schisme a été situé, quoi qu'il en soit, ce n'est ni au IXe siècle ni au XIe siècle qu'un schisme a eut lieu entre latins et grecs, mais c'est sur le modèle de la différenciation confessionnelle entre catholiques et protestants que le schisme de 1054 a été pensée, ce qui fait néanmoins que depuis le XVIIe siècle le catholicisme, le protestantisme, l'anglicanisme ou l'orthodoxies deviennent des confessions religieuses différentes.

La confessionnalisation est un phénomène dans lequel les confessions religieuses se sont formées les unes en rapport aux autres de façon progressive et concomitante : l'orthodoxie ne s'est pas distinguée du catholicisme avant que le catholicisme ne se scinde à nouveau entre protestantisme et catholicisme, mais la possibilité des former des confessions religieuses est progressivement apparue dans l'histoire, elle s'est concrétisée avec l’émergence des confessions religieuses protestantes dont l'existence fait que toutes autres formes d'organisation religieuse est comprise comme une religion ou dénomination confessionnelle telles que le sont celles du protestantisme. La confessionnalisation reste cependant un phénomène qui touche le protestantisme plus que toutes autres confessions chrétienne dans la mesure où il continue de susciter et de générer en son sein de nouvelles et toujours plus nombreuses dénominations confessionnelles. Ainsi, il est possible d'estimer à 33 000 le nombres de dénominations confessionnelles chrétiennes dans le monde actuel. Hormis quelques Églises telles que le catholicisme ou l'orthodoxie qu'il reste possible de dénombrer parmi des confessions religieuses, celles-ci sont toutes issues de la mouvance protestante. Enfin, tant dans l'orthodoxie que le catholicisme, ou l'anglicanisme, s'exprime malaise d'être des confessions, dans la mesure où elle le sont devenu en dépit de ce qui reste

L'affirmation de l'identité catholique modifier

Le thème de l’Eglise invisible chez les protestants modifier

La théorie des branches dans l'Église anglicane modifier

La théorie des branches a d’emblé suscité le rejet du côté des catholiques. Congar, Principes d'une œcuménisme catholique, pp. 217-219 Newman, reconnaissance du schisme comme un état de fait, doute que la branchtheory réponde au problème.

L'orthodoxie modifier

Contrairement à ce que suggère la légende du schisme de 1054, l'idée selon laquelle latins et grecs sont en situation de schisme ne s'est pas imposée avant le XVIIe siècle. Si les problèmes d'unité entre chrétiens et orientaux sont très anciens, la considération de l'orthodoxie comme une confession religieuse parmi d'autres est née dans le phénomène de confessionnalisation des XVIe et XVIIe siècles, en même temps que le catholicisme, le protestantisme ou l'anglicanisme, avec l'influence des théologiens de ces différentes confessions, notamment anglicans et réformés, qui cherchaient alors auprès des Églises grecques situées dans l'empire ottoman la confirmation de l'idée selon laquelle l'Église peut être catholique sans être en communion avec l'évêque de Rome. Le sultan a aussi joué un rôle majeur dans l'établissement d'une situation de rupture entre catholiques et orthodoxe. Peu après le concile de Florence au cours duquel Latins et Grecs semblaient avoir trouvé des solutions à leurs désaccords théologiques, Mehmed II installe comme patriarche de Constantinople un adversaire intransigeant de l'unité entre latin et grecs. Au long du XVIe siècle, les relations entre latins et grecs se poursuivent malgré la surveillance étroite de l'administration ottomane qui veut y mettre fin. En 1584, le patriarche Jérémie est emprisonné pour avoir reçu des émissaires du pape venu l'informer de la réforme du calendrier. Au même moment, le pouvoir ottoman encourage plutôt la venue de réformateurs protestants puis anglicans. En 1581, la Levant Compagny organise ainsi l'envoi de représentants de l'Église d'angleterre auprès de la Sublime porte, mettant dès lors en contact les chrétiens de Constantinople avec l'expérience d'une Église séparée de Rome. Au XVIIe siècle, les Grecs se mettent à écrire des confessions ou professions de foi sur le modèle de celles établies dans l'espace de la réforme depuis la confession d'Augsbourg en 1530. Cette pratique entrainent de vifs débats et polémiques. La Confessio Fidei du patriarche Cyrille Loucaris est traduite et publiée en français en 1629 puis en édition gréco-latine à Genève en 1631. Comme elle reprend des thèses calvinistes, elle y est très bien accueillie. Dans le monde orthodoxe, elle frise un iconoclasme difficilement acceptable. Cyrille Kontarês fait condamner cette Confessio par un synode, suite a quoi le Sultan fait arrêter et exécuter le patriarche Loucaris. Plus tard Kontarês, devenu patriarche, est dénoncé pour avoir secrètement signé une profession de foi catholique est il est écarté à son tour.

Eglise Russe, La troisième Rome, Autocéphalie, etc...

La question de la catholicité depuis 1870 modifier

Vatican I modifier

Avec le premier Concile du Vatican l'affirmation de la souverainté du Pape sur l'Église a culminé. Ceux qui parmi les catholiques ont refusé les dogmes promulgué a cette époque ont déclaré constater la vacance du siège pontificale et se sont constitués en Églises autocéphales ou autonomes appelées Églises vieille-catholiques. Le dogme de l'infaillibilité pontificale et la juridiction universelle du Pape sur l'Église sont aussi été jugées inacceptables par les orthodoxes dans la mesure où cela placerait le pape « au dessus » du concile et de l'Église c'est-à-dire finalement hors d'elle. Dans les débats qui ont suivit le Concile Vatican I, des explication ont été données par le pape pour nuancer l’interprétation et l'intention des dogmes qui furent proclamés affirmant qu'elle devaient être comprises dans les stricte limites de ce qu'autorise la tradition de l'Eglise. Il reste que ces discussion ne sont pas clauses et qu'elle constitue encore aujourd'hui Chez les orthodoxes la primauté de l'Êglise de Rome se conçoit, non pas en terme de monarchie pontificale tel que cela s'est imposé dans le second millénaire et a culminé en 1870, mais en fonction de ce qu'était la primauté dans le premier millénaire. Il s'agit en premier lieu d'une primauté à l'Église de Rome dont le pape est l'évêque et non pas d'une primauté qui revient personnellement au pape dont le rôle et la singularité n'a cessée de se renforcée au cours du second millénaire. A ce sujet Benoit XVI écrit, alors qu'il envisage le rétablissement de la communion avec les orthodoxes, : « Rome ne doit pas exiger de l'Orient, au sujet de la primauté, plus que ce qui a été formulé et vécu durant le premier millénaire. [...] l'union pourrait se réaliser ici sur la base suivante : d'un côté l'Orient renonce a combattre comme hérétique l'évolution réalisée en Occident durant le deuxième millénaire, et accepte l'Eglise catholique comme légitime et orthodoxe dans la forme qu'elle a prise au cours de cette évolution, et de son côté l'Occident reconnait l'Eglise d'Orient comme orthodoxe et légitime dans la forme qu'elle a conservée. Bien entendu, un tel acte d'acceptation et de reconnaissance mutuelle dans la catholicité commune jamais perdue n'est pas une affaire facile. [24] »

Catholicité et œcuménisme modifier

Le concile Vatican II modifier

L’ecclésiologie de communion modifier

Affirmations orthodoxes et catholiques sur l'unicité de l'Église du Christ modifier

En 2000 deux déclarations ont été publiée presque en même temps. Un document du Patriarcat de Moscou concernait l’attitude de l’Église orthodoxe russe envers les non orthodoxes. Dans le même temps, à Rome, la Congrégation pour la doctrine de la Foi, que présidait alors le cardinal Joseph Ratzinger publiait la déclaration Dominus Iesus. Le document conciliaire du patriarcat de Moscou rappelait que « l’Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur lui-même ». C’est elle qui est « l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». La déclaration catholique Dominus Iesus, affirmait que « malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique » (IV. 17) et que « compte tenu de l'unicité et de l'universalité de la médiation salvifique de Jésus-Christ, on doit croire fermement comme vérité de foi catholique en l'unicité de l'Église fondée par le Christ » (IV. 16).

Réactions suscitées par ces déclarations, il est question de retour en arrière etc, alors qu'il s'agit de part et d'autre du rappelle d'une position inchangée. Ceci montre que l'idée selon laquelle ces idées devaient être abandonnées est bien installée. Pour certains ces positions sont contraires a une démarche oecuménique, pour d'autre un oecuménisme qui n'admet au minimum ces positions, c'est a dire que soit affirmé un principe d'unité, n'est pas un œcuménisme.

Compléments modifier

Références modifier

  1. a b c et d François Louvel, « Naissance d’un vocabulaire chrétien », dans Les Pères Apostoliques, texte intégral, Paris, Cerf, 2006, pp. 507-509. (ISBN 978-2-204-06872-7)
  2. a b c et d Henrich Fries, « Catholicité/catholicisme », dans Nouveau Dictionnaire de Théologie, Paris, Cerf, 1991, p.115. (ISBN 2-204-05171-3)
  3. Yves Bruley, Histoire du catholicisme, p. 3
  4. Bernard Meunier, La naissance des dogmes chrétiens, éd. de l'Atelier, 2000, pp. 20-26
  5. Yves Bruley, p. 4
  6. L'inscription sous la mosaïque dit : « Ecclesiam Cristi viti similabimus isti quam lex arentem sed crux facit esse virentem », c’est-à-dire, « nous assimilons l’Église à la vie du Christ que la Loi rend sèche mais que la Croix rend pleine de force »
  7. a b c et d Henri de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, Paris, Cerf, Unam Sanctam, 1952. pp. 24-31.
  8. (Smyrn., VIII, 2).
  9. Saint Augstin; La Cité de Dieu, X, 37. voir aussi, Henri de Lubac,
  10. Démonstrations évangéliques, tome sixième, Migne, 1843, col. 1147 : « La troisième épithète de l'Église et la plus commune est celle de catholique : c'est par ce nom qu'on la distingue ordinairement des sectes des hérétiques et des schismatiques. Les Églises véritables, pour se distinguer des fausses, prennent le nom de catholique, comme l'Église de Smyrne écrivant à celle de Rome sur le martyre de S. Polycarpe. Les évêques de l'Église véritable, pour se distinguer de ceux des hérétiques ou des schismaliques, prennent le nom d'évêques de l'Église catholique. L'Eglise véritable est distinguée des sectes des hérétiques par le nom de catholique. In catholica, absolument dans Tertullien, c'est l'Église. Constat in catholica ? primo doctrinam credidisse, c'est l'Église catholique, selon le concile de Nicée, qui est la règle de la foi. Ita credit catholica Ecclesia. C'est elle qui anathématise les hérétiques. »
  11. Bernard Bourdin La genèse théologico-politique de l'État moderne, p. 256.
  12. Pierre Charron, Réplique sur la Réponse faite à la troisième Vérité., 1595, p. 231. Lecture sur Google Book. Le Dictionnaire historique de la langue française et les ouvrages qui le cite signalent que le premier emploi du terme « catholicisme » remonte à 1598, dans le Recueil des choses mémorables des choses mémorables avenues en France sous le règne de Henri II.
  13. a b et c François Louvel, « Naissance d’un vocabulaire chrétien », dans Les Pères Apostoliques, texte intégral, Paris, Cerf, 2006, « Église », pp. 517-518. (ISBN 978-2-204-06872-7)
  14. Dominique Bernard, « Introduction » dans Les Pères Apostoliques, texte intégral, Paris, Cerf, 2006, p. 12. (ISBN 978-2-204-06872-7)
  15. Le Matryre de Polycarpe dans Les Pères Apostoliques, texte intégral, Paris, Cerf, 2006, p. 243. (ISBN 978-2-204-06872-7)
  16. Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, p.
  17. Benoît XVI, Les batisseurs de l'Église, Salvator, 2008, p. 159. (ISBN 978-2-7067-0554-0)
  18. Benoît XVI;, Les batisseurs de l'Église, p. 197.
  19. Cyprien de Carthage, L'unité de l'Église catholique, IV.
  20. Cyprien de Carthage, Lettres 4,4 et 73,21.
  21. Bernard Sesboüé, Hors de l'Église pas de salut Histoire d'une formule et problèmes d'interprétation, Paris, Desclée de Brouwer, 2004.
  22. F. A . Sullivan, Savaltion outside the Church ?, p. 22-23.
  23. Lettre du Saint-Office à l'archevêque de Boston (8 août 1949), Denzinger 3866-3873.
  24. Cardinal J. Ratzinger, Les fondements de la théologie catholique. p. 222.

Bibliographie modifier

Généralités

Premier millénaire

Époque moderne

  • Bernard Bourdin, La génèse théologico-politique de l'État moderne : la controverse de Jacques Ier d'Angleterre avec le cardinal Bellarmin. Paris, PUF, coll. Fondements de la politique, 2004, 280 p. (ISBN 2-13-052937-2)
  • Nicole Lemaitre, L'Europe et les Réformes au XVIe siècle, Paris, Ellipses, coll. « Le monde : une histoire », 2008, 264 p. (ISBN 978-2-7298-3811-9)
  • Wolfgang Reinhard, Papauté, confessions, modernité, trad. Florence Chaix, Paris, Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, coll. Recherches d'histoire et de sciences sociales n°81, 1998. (ISBN 2-7132-1256-1)
  • W. H. Van de Pol, La communion anglicane et l'œcuménisme, Paris, Cerf, Unam sanctam 63, 1967.

Essais philosophiques et théologiques

  • Jean-Georges Boeglin, Pierre dans la communion des Églises. Le ministère pétrinien dans la perspective de l'Église-Communion et de la communion des Églises, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 2005. (ISBN 2-204-07632-5)
  • Yves Congar, L'Église. De saint Augustin à l'époque moderne, Paris, Cerf, 1997. (ISBN 2-204-05470-4)
  • Henri de Lubac, Méditation sur l'Eglise, Paris, Aubier 1952, rééd. Cerf 2008 œuvre complète n°8, (ISBN 2-204-06985-X) ; Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, réed. 2003, Cerf, œuvre complète n°7. (ISBN 978-2204071208).
  • Joseph Ratzinger, Les principes de la théologie catholique. Esquisse et matériaux, Paris, Pierre Téqui, 2005. (ISBN 2-7403-1197-4)
  • Jean-Marie Roger Tillard, Église d'Églises. L'écclésiologie de communion, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1987. (ISBN 2-204-02671-9), L'Église locale. Ecclésiologie de communion et catholicité, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1995. (ISBN 2-204-05174-8).
  • Xavier Tilliette, L'Église des philosophes De Nicolas de Cuse à Gabriel Marcel, Paris, Cerf, coll. Philosophie & théologie, 2006. (ISBN 978-2-204-07966-2)