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Vue directe sur le Piton Tortue.


Le Piton Tortue ou Piton Vert est un cratère éteint qui culmine à 1809 m d'altitude dans les Hauts du sud de l'Ile de La Réunion, au village de la Plaine des Cafres.

Cette montagne fait l'objet d'une légende en lien avec le principe de la dérive des continents et le mythe de La Lémurie qui serait englouti dans l'Océan Indien.

Située au-dessus de la mer, elle aurait été, jadis, le refuge d'esclaves issus du Marronnage, accueillerait une civilisation silencieuse.et serait considérée comme le centre de l'univers.

Situation géographique et géologique

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Repérage géographique
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Les pâturages de Biberon.

Le piton Tortue est accessible uniquement en randonnée dans le sud de l'île, à la Plaine des Cafres, à partir de l'intersection de la route conduisant au sentier du piton des Neiges.

La balade s'effectue en traversant des pâturages et se confond avec ce dernier puisque c'est le même sentier qui y mène. C'est une montagne très boisée, d'où son appellation de piton Vert, forêt primaire qui fait partie du parc national de La Réunion et qui se dresse en haut d'une pente que les randonneurs contournent pour rejoindre le plus haut sommet de l'île.

Repérage géologique supposé
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L’île de La Réunion a une forme elliptique et présente un allongement en diagonal suivant la direction NW-SE.

Le piton Tortue se trouverait au milieu de cette diagonale appelée aussi ligne des volcans, un axe géologique présumé traversant l’île de La Réunion du nord-ouest (Pointe de la Rivière des Galets) au sud-est (Pointe de la Table), reliant les deux massifs volcaniques, le piton des Neiges et le piton de la Fournaise. Axe sur lequel seraient également alignés les autres îles comme Madagascar, les Comores et la Tanzanie.

La localisation du piton correspondrait donc à un point imaginaire de l’Océan Indien situé à la croisée de la diagonale et de la ligne d'origine souterraine au large de La Réunion et de Maurice sur le continent lémurien.

La mythologie du Piton Tortue

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Origine du nom du site
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Deux hypothèses sont possibles pour expliquer tout d'abord le nom de cette montagne :

Piton Tortue pourrait venir du fait qu'il était possible, à l'époque, de trouver sur ce territoire des tortues terrestres.

Mais peut-être aussi parce que la Tortue existe dans beaucoup de mythologies.

Le centre de l'univers
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La mythologie autour du piton Tortue parle d'une première terre, un micro-continent qui aurait émergée de l'océan Indien en se détachant de la plaque de Madagascar et qui aurait disparu après un important cataclysme.

Madagascar et les îles de l'archipel des Mascareignes dont l'île de La Réunion en seraient les derniers vestiges et le piton Tortue, situé au milieu, en serait le centre de l'île, le centre de ce continent mythique et le centre d'où tout l'univers aurait donc vu le jour.

La situation de cette terre dans cet océan puis sa disparition suite à une catastrophe rappelle le mythe du continent qui aurait existé, la Lémurie, ou encore Kumari Kandam, le continent légendaire de la tradition tamoule.

Le peuple des Silencieux
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Selon des recherches scientifiques, archéologiques et des observations qui continuent à être menées dans l'île par des associations à caractère artistique ou théosophique ou des sites d'obsevations, l'île de La Réunion et notamment le piton Tortue serait habitée depuis l'origine par une civilisation silencieuse et invisible.

Les Silencieux communiqueraient par le paysage, comme par exemple, la forme des arbres parfois particulière appelés les "gardiens" ou des apparitions éphémères ou des disparitions qui ne peuvent être prouvées.

Il y aurait environ un million de Silencieux au piton Tortue car ce site serait de par sa situation centrale, chargé en énergie cosmique et spirituelle.

Un refuge pour d'anciens esclaves
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Cette montagne aurait ainsi été le lieu d'exil d'anciens esclaves Marrons qui voulaient se cacher des chasseurs et ils auraient été alors protégés par la civilisation silencieuse qui vivrait depuis toujours sur ce site.

Les Marrons auraient senti jadis la présence de cette communauté silencieuse et auraient laissé dans les grottes des traces écrites et des dessins qui leur aurait servi de moyen de communication avec elle.

Des fouilles réalisées sur le site auraient permis d'identifier cette ancienne population d'esclaves venus chercher protection en ce lieu.

Récupération et propagation du mythe à La Réunion

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C’est en se basant sur les recherches scientifiques sur l’hypothétique Lémurie, menées par le géologue Slater en 1830, par William Thomas Blanford et Ernst Haeckel en 1860 et notamment sur celles de Etienne Geoffroy Saint-Hilaire que le Réunionnais Jules Hermann va mener des investigations, développer ses propres théories et propager ainsi le mythe dans l’île.

Il va chercher des preuves pour appuyer la théorie de ce continent englouti sous l’île qui aurait été occupé par une civilisation lointaine. Ses investigations vont être différentes de l’anthropologie habituelle. Il cherche des preuves en examinant des particularités de la nature qui apparaissent sur le relief de l’île. Il constate que les montagnes semblent avoir été façonnées et il défend, comme ont observé Elisée Reclus dans l’est du monde ou plus tard, Malcom de Chazal à l’île Maurice, que les reliefs ont bien été martelés et que c’est sans doute un peuple ancien qui les a travaillées, avec des moyens inconnus, probablement pour vouer un culte à d’anciennes divinités.

La mythologie hermanienne concernant les hauts de l'île qui contiendraient des traces de sculptures géantes aux cimes des arbres et des pitons est ainsi lancée.

Et au piton Tortue, Jules Hermann trouve de nombreuses preuves de ce langage de la nature. De ce fait, avec d'autres chercheurs et scientifiques, il poursuivit ses recherches sur le site et y releva différents phénomènes concrets et abstraits.

Le piton est alors décrit comme une ancienne montagne de la Lémurie sculptée à certains endroits par une race de géants dont les descendants habiteraient toujours l'île et qui communiqueraient parfois avec certains visiteurs. Les carcasses d'arbres géants et de fossiles constitueraient ainsi les vestiges de cette civilisation.

La mythologie va s'installer progressivement dans l'île et se nourrir de ces différentes trouvailles et témoignages proches de l'imaginaire au fil des années.

Les recherches archéologiques et scientifiques

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A partir de 1891, un site de fouilles archéologiques a ainsi été installé au piton. Au delà des preuves d'une civilisation ancienne que les investigateurs voient dans les éléments naturels, le site fait apparaitre également des vestiges du temps de l'esclavage marron.

Denis Hisnard, archéologue et historien réunionnais d'origine malgache aurait confirmé la présence de marrons dans la zone du village de la Plaine des Cafres, notamment autour du piton Tortue, qui remonterait à environ trois cents ans.

De nouvelles découvertes auraient été effectuées dans les années 2000 qui démontreraient le passage d'hommes esclaves sur ce site encore vierge : l'idée d'un culte qui y aurait été célébré sur cette montagne en l'honneur d' ancêtres silencieux est défendue et le mythe d'une population silencieuse vient ainsi compléter le premier mythe sur le piton Tortue.

Ainsi, les recherches archéologiques et scientifiques sur le site auraient mis en exergue des signes et symboles que l’on attribue au passage des esclaves marrons et à leur communication avec le peuple silencieux.

C’est dans les grottes peu profondes du piton qu’il serait possible de retrouver ces figures dessinées ou gravées sur et dans les parois.

Il serait ainsi possible de voir

- des schémas géométriques voire mystiques à qui les chercheurs et observateurs de l’époque ont donné des appellations symboliques telles que l’Homme-qui-Marche, la vache à bosse, la Torti-Detèt qui est un mot créole d’un dessin en forme de tortue bicéphale. Elle serait pour le peuple silencieux la déesse des passages ; le crâne ou la Tête, sculpture silencieuse dans la falaise qui indiquerait les nombreuses portes du piton Tortue, ou encore, le Kèr, mot créole, qui signifie le cœur ou le centre et qui serait le plus important des symboles silencieux qui renverrait au cœur de l’univers, au centre de la création. Il y aurait aussi le tracé du karé-dann-ron, mot créole pour désigner un jeu d’enfants qui consiste à pousser à cloche-pied un galet plat dans les cases d’une figure tracée sur le sol. Ou le dessin du lac intérieur, large étendue d’eau douce qui serait autour du piton. Il est vu comme un lac sacré d’où émergeraient sept rivières de l’île.

- des restes de fouilles : la sculpture d’une pyramide en basalte et en bois (70 cm de côté sur 35 cm de hauteur) déterrée à la Pointe de la Table, en 1987, par Dodo, un ancien pêcheur réunionnais né à Saint-Philippe en 1957 et qui disparu mystérieusement en 1993. Elle serait un message symbolique envoyé par le peuple des silencieux. Quelques squelettes du zoizo-atèr ont été découverts au piton. C’est un mot créole qui décrit un ancien oiseau endémique de La Réunion, incapable de voler et dont l’espèce aurait disparue vers la fin du 18ème siècle. Neuf mortiers en basalte sculptés en forme de tortue auraient aussi été retrouvés qui auraient servis à préparer des tisanes ou remèdes médicinaux pour les esclaves.

- des formes visibles dans la nature aux intitulés poétiques et imaginaires comme le généreux, nom d’un arbre tricentenaire, un Tan rouge, de 15 mètres de haut. Ses racines seraient le lieu idéal pour rencontrer le peuple silencieux. Le mastodonte qui serait le célèbre gardien du piton observé pour la première fois en 1892 et dont parlerait l’un des poèmes de Jules Hermann, Le Mirage aux Pitons Bleus. Et différents êtres hybrides qui auraient des pouvoirs et qui se répartiraient la surveillance du piton. Selon la légende, les rencontrer au cours d'une balade serait de bon présage. Ils prendraient des formes végétales ou minérales. Ils portent des noms qui tenteraient de traduire leurs formes dans la forêt : le veilleur-couché, le non-identifié, le Géant, la Tortue, le Mastodonte, le Moine, le Dragon, le Marron et les Gémeaux. Des vaches à bosse, appelée oumbe qui serait un mammifère à cornes très farouche, de couleur noire avec une bosse sur le dos comme le zébu auraient été aperçues par moment parmi les vaches au niveau des pâturages précédents le piton. Ou encore la main, empreinte dans le relief du centre de l’île au lieu-dit Grand Bassin qui vue du ciel ressemblerait pour les observateurs à la main d’un géant qui avant de mourir aurait orienté l'un de ses doigts vers le piton Tortue.

Même si certains éléments géologiques et d'observation des formes naturelles de la forêt paraissent parfois à l'oeil, particulières, quelquefois saisissantes et frappantes, le fait de les présenter sous l'angle mystique comme des preuves certaines de présence d'un peuple silencieux ne peut être retenu. Par contre, les recherches archéologiques pourraient apporter des éléments de connaissance supplémentaires sur le marronage des esclaves dans les hauts de l'île.

A ce jour, même si des guides et observateurs maintiennent cette idée d'une montagne silencieuse et mystérieuse, aucune preuve scientifique ou géologique n'a pu confirmer cette hypothèse et sans preuve, le côté mystique du piton est à replacer dans un contexte paranormal, inspiré du folklore et de l'imaginaire créole réunionnais.

Le mythe dans les oeuvres cartographiques, cinématographiques, artistiques et littéraires

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Le piton Tortue ne figure pas en lui-même sur une ancienne carte géographique.

Cependant, sa description hypothétique comme centre de l'univers et centre d'une île imaginaire au coeur de l'océan Indien fait penser à une histoire populaire locale du 17ème-18ème siècle de deux îles fantômes situées dans le sud de l’océan Indien, les îles Joao de Lisboa ou Juan de Lisboa et Dos Romeyros dos Castelhanos qui auraient disparu au sud de La Réunion. Les deux îles sont apparues pendant quelques temps sur des cartes et des écrits de voyage puis des derniers écueils sont venir infirmer leur existence.

Jules Hermann reprit de son côté l'hypothèse de la Lémurie et adapta la théorie de ce continent à La Réunion et à sa géologie et à sa géographie. Un ouvrage posthume Les Révélations du Grand Océan paraîtra en 1927.

En 1978, Denis Hisnard, archéologue d'origine malgache, apporte des éléments supplémentaires sur le site. Son livre Histoires du Piton Tortue paru en 1978 et des articles dans des revues archéologiques telles que Arkéo décrivent ses découvertes archéologiques sur le marronnage effectuées au nord du site et tente d'expliquer le mythe par l'histoire des lieux de marronnage qui influenceraient l'imaginaire créole.

En 1966, le réalisateur et anthropologue tanzanien Stefan Hesse, spécialiste des mythes de création de l’Afrique orientale et de l’océan Indien, s'est inspiré de l'histoire de l'île émergée de l'Océan Indien pour son film d’animation El-Nopti.

Des groupes d'artistes, maquettistes et sculpteurs vont ainsi formés des ateliers de recherche sur le terrain puis organiser des expositions sur le plan local et national notamment sur les signes et symboles soutenus par Jules Hermann qui seraient contenus dans son livre.

Des poètes contemporains comme Leconte de Lisle, Jules Hermann, Malcolm de Chazal ou Boris Gamaleya (autres poètes des îles Mascareignes) vont ainsi s’inspirer des traces laissées dans la nature, de ce sujet historique et mythologique pour alimenter leurs écrits.

Le site mythique aujourd'hui

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Récemment, le mythe de la Lémurie et du centre de l'univers ont été réactivés et les îles portées disparues ont suscité un nouvel intérêt. Des scientifiques ont avancé à nouveau l’hypothèse de l’existence d’un microcontinent situé dans l’océan Indien, sous l’île Maurice et La Réunion, cette fois-ci appelée Mauritia.

De nos jours, pour certaines personnes, comme par exemple, de nombreux randonneurs, ce vieux cratère est un simple monticule vert fait de plantes et arbres endémiques qu'il faut contourner pour finir sa marche vers le sommet de l'île.

Mais, pour d’autres personnes en quête de curiosités ou d’histoires extraordinaires, des visites du site sont organisées par des associations où des guides partagent leur connaissance du mythe.

A ce moment-là, le piton Tortue est présenté comme une montagne sacrée où il faut enlever ses chaussures pour marcher. C'est un lieu "où on verrait les choses avec les pieds" et d'où émergerait une forte énergie magnétique parfois captée par les plus sensibles.

Même s'il n'y a pas de preuve scientifique, la légende continue à se propager sur l’île.

Le piton Tortue est toujours vu comme un lieu mystérieux, peuplé de légendes, de croyances et d’histoires insolites qui se transmettent de générations en générations.

Aujourd'hui, la légende continue de parler d'évidentes présences ancestrales qui vivraient sur le site, qui prendraient des formes humaines ou animales sur certaines arêtes des branches d'arbre, au ras du sol ou sur des falaises et qui continueraient à protèger secrètement la civilisation silencieuse présente depuis toujours au piton.

Le mythe est toujours entretenu secrètement dans l'île.


Bibliographie

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  • Jules Hermann, Révélations du grand Océan, 1927
  • Denis Hisnard, Histoires du Piton Tortue, 1978
  • Denis Hisnard, Diksyonèr limazinèr (Dictionnaire de l'imaginaire créole), 1983
  • LERKA, Quelques nouvelles révélations à propos des Révélations du Grand Océan de Jules Hermann, 1846-1924, Broché, 2005
  • Nicolas Gérodou, Passage des lémures : en pays mafate, Edition Grand Océan, 2003
  • Christophe Chabbert, Malcom de Chazal l'homme des génèses De la recherche des origines à la découverte de l'avenir perdu ? , Critiques littéraires, Littérature Océan Indien, 2001
  • Christophe Chabbert, Petrusmok de Malcom de Chazal Radioscopie d'un "roman mythique", Critiques Littéraires, Littérature Océan Indien, 2001


Articles Connexes

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Liens externes

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--MarinaSMS (discuter) 3 novembre 2013 à 15:45 (CET)03/11/2013