Utilisateur:Leonard Fibonacci/Mouvements baptistes antiques

Article cible: Mouvements baptistes antiques

Les mouvements baptistes apparaissent dans les marges du judaïsme au IIe siècle av. J.-C. et se manifestent dans le Proche-Orient ancien et en Occident jusqu'à Rome. Ils sont attestés jusqu'au IIIe ou même IVe siècle et même jusqu'au Xe siècle.

C'est dans la mouvance d'un de ces courants — celui de son cousin Jean le Baptiste — que naît dans les années 30 le mouvement de Jésus qui s'appellera par la suite christianisme, tout au moins dans l'Empire romain.

La région du Jourdain, en Transjordanie et les abords de la mer Morte, est attestée comme leur lieu choisi d'implantation. Peut-être nombre d'entre eux y prirent-ils naissance. Ils sont attestés à partir du IIe siècle dans l'espace perse, où ils semblent avoir connu une certaine vigueur. Certains spécialistes estiment que les Mandéens, existant encore en Iran et en Irak, pourraient être le seul mouvement héritier de ces mouvements baptistes, spécifiquement du mouvement Elkasaïte[1],[2]. Ce point de vue ne fait toutefois pas consensus.

La dénomination modifier

Le mot vient du grec βαπτός traduisant l'hébreu tbl qui tous deux signifient « plonger [dans l'eau] »[3]. « Le terme désigne un rite que l'on retrouve dans la tradition biblique en de multiples occasions à titre de purification rituelle, condition sine qua non d’accès au culte[3]. » Les derniers prophètes comme Zacharie (13, 1) et surtout Ezéchiel (36, 24-28) « annoncent une effusion eschatologique liée à une irruption de l'Esprit »:

« Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures et de toutes vos idoles je vous purifierai[4]. »

Après le retour d'exil, le baptême apparaît comme un rite de purification et de revivification[5].

Des témoignages complexes modifier

Il y a probablement lieu de regrouper sous la dénomination de Baptistes, un ensemble de « sectes » qui figurent dans les classements des hérésiologues chrétiens à partir du IIe siècle[5]. « On connaît surtout ces courants sectaires par les auteurs ecclésiastiques des quatre premiers siècles, Justin de Naplouse (100-165) à Rome, Irénée (130-200) à Lyon, Hippolyte (170-235) à Rome, Origène (185-255) et Eusèbe (265-340) à Césarée, Épiphane (315-403) à Salamine et d'autres, tous soucieux de dénoncer l'hérésie, la Gnose d'abord au IIe siècle[6]. » Plusieurs témoins signalent en effet les attaches gnostiques de telle ou telle « secte » baptiste[6]. Le dénominateur commun des groupes baptistes étant le recours fréquent à des bains ou lustrations dans un souci de pureté rituelle, que l'on connaît par ailleurs chez les membres du mouvement dont il est question dans une centaine de manuscrits de la mer Morte[5].

Essentiellement marqué par la polémique, le témoignage de ces personnalités est à prendre avec discernement sinon avec réserves. De quelques rares sectes nous sont aussi parvenues les œuvres. Il est difficile sinon impossible de faire l'histoire de ces mouvements baptistes comme celle d'un vaste courant unifié. En dépit des traits récurrents d'un groupe à l'autre, il n'y a guère d'unité entre eux. On doit se contenter d'un inventaire des particularités significatives et distinctives possédant entre elles un lot suffisant d'affinités. Certaines de ces sectes ont un fondateur ou un promoteur resté célèbre. D'elles sont nées de vraies religions : pour une part, le christianisme dérive du courant baptiste de Jean, et le manichéisme d'une réforme profonde de la secte d'Elkasaï. Une seul courant vraiment baptiste a persisté jusqu'à nos jours, celui des Mandéens[6].

Rédigé

« Le témoignage de ces personnalités est toutefois à prendre avec discernement sinon avec réserves[6] », car il est « essentiellement marqué par la polémique[6]. » Des fragments d'écrits de certains de ces mouvements nous sont parvenus. Beaucoup plus rare sont les sectes dont nous disposons d'œuvres complètes. Selon André Paul, « il est difficile sinon impossible de faire l'histoire de ces mouvements baptistes comme celle d'un vaste courant unifié[6]. »

Selon André Paul, les sectes baptistes dont un fondateur ou un promoteur est resté célèbre ont donné naissance à « de vraies religions : pour une part, le christianisme dérive du courant baptiste de Jean, et le manichéisme d'une réforme profonde de la secte d'Elkasaï. Un seul courant vraiment baptiste a persisté jusqu'à nos jours, celui des Mandéens »[6].

Les esséniens et le mouvement du « Yahad » modifier

Le dénominateur commun des groupes baptistes est le recours fréquent à des bains ou lustrations dans un souci de pureté rituelle, que l'on connaît par ailleurs chez les membres du mouvement dont il est question dans une centaine de manuscrits de la mer Morte[5].

Les esséniens modifier

Le « Yahad » modifier

Mouvements baptistes au Ier siècle modifier

Selon François Blanchetière, outre les Esséniens « entrent dans la catégorie des Baptistes, tout d'abord Jean le cousin de Jésus, précisément surnommé « le Baptiste », et ses disciples très souvent évoqués par les évangélistes, ou encore l'ermite Bannous qui, au témoignage de Flavius Josèphe un temps son disciple, « prenait nuit et jour dans l'eau froide de nombreux bains de purification (Vita 11) », et de même les hémérobaptistes pratiquant le bain quotidien, les masbothéens, terme qui n'est peut-être qu'une traduction araméenne de « baptiste ». Tous ces groupes auraient été présents à Jérusalem, mais surtout sur les rives du Jourdain, avant de se replier vers la Transjordanie au moment de la première révolte[5]. »

Jean le Baptiste modifier

« Flavius Josèphe évoque brièvement Jean et son activité de baptiste : « non pour la rémission des certaines fautes (ce qui contredit les données des synoptiques), mais pour la purification du corps, l'âme ayant été préalablement purifié par la justice » (Ant. jud. XVII, 118-119 ; HE I, 11, 6 ; Dem. évang. IX, 5, 17). Il rappelle encore succintement son arrestation, sa captivité à Macheronte et sa mise à mort du fait d'un Hérode Antipas jaloux craignant son influence sur les foules. Là ncore les synoptiques sont, on le sait bien, plus précis. Chez Josèphe, le personnage de Jean est plutôt banalisé tout en cadrant parfaitement avec ce que nous savons des mouvements baptistes de l'époque. Il apparaît respecté de ses contemporains, mais indépendant du Nazaréen et de ses disciples (Nodet, 1985, 322-331)[7]. »
« Jean est un cohen-prêtre rural qui pourtant prône un pardon des péchés par le baptême et non par les rites du Temple. C'est surtout un solitaire à l'ascèse proerbiale (Mt 11, 18a) non sans parallèle à l'époque. Il n'a sans doute pas eu de contact direct avec l'essénisme (Puech dans Laperrousaz, 1997, 258-268). En revanche, nouvel Élie ou Élie redivivius, ainsi que bien d'autres à l'époque, Jésus y compris, il a été tributaire de tout un courant de réflexion sur la littérature prophétique et plus spécialement sur le message d'Isaïe ou l'enseignment d'Ezéchiel[7]. Prophète apocalyptique et eschatologique dont l'audience n'a cessé de s'élargir au point de susciter les réactions d'Antipas, il est de ceux qui comme déjà Amos ou Osée prennent fit et cause pour les petites gens qu'une interprétation rigoriste et outrancière de la Torah ainsi que l'aliénation résultant de la présence romaine écrasent. Ceux à qui il s'en prend sont les dépositaires religieux ou civils du pouvoir ou de leurs subordonnés, soldats, collecteurs d'impôts[8]... »

L'évangile attribué à Jean localise l'activité de Jean Baptiste sur les rives du Jourdain[9]. Les évangiles synoptiques synchronisent le début de l'activité de Jésus avec l'emprisonnement de Jean. Pour François Blanchetière, « il apparaît par ailleurs que le Nazaréen a vécu n temps dans l'entourage de son cousin[9]. » « Les premiers disciples de Jésus semblent issus de l'entourage de Jean-Baptiste : André, Simon-Pierre, Philippe, Nathanaël (Jn I, 35-51)[9]. »

Les nazôréens modifier

Masbothéens et Ébionites modifier

Dans leur désignation des hérésies juives ou judéo-chrétiennes, les Pères de l'Église signalent plusieurs courants explicitement baptistes. Au milieu du IIe siècle, le philosophe et débatteur chrétien Justin de Naplouse mentionne les Baptistaï, « Baptistes », dans son Dialogue avec Tryphon (80, 4). C'est dans une liste des « sept hérésies juives » qu'on les retrouve, avec des variantes, chez Eusèbe de Césarée, Épiphane de Salamine et d'autres[6].

On peut assimiler ces Baptistes aux Masbothaïoï que signale l'historien Hégésippe vers 180, dans ses Hypomnemata ou « Mémoires » contre les « Gnostiques ». Les deux noms ont en effet le même sens, l'araméen masbûtâ signifiant « immersion » ou « baptême »[6].

Le terme grec « hémérobaptiste » et le terme araméen « masbothéen », dont il est question dans certaines listes hérésiologiques chrétiennes (Hégésippe, Éphrem, Épiphane et dans les Constitution apostolique), signifie la même chose, l'un étant la traduction de l'autre[10].

Les Ébionites modifier

Selon Simon Claude Mimouni, « il est envisageable de considérer que le terme grec « hémérobaptiste » et le terme araméen « masbothéen », dont il est question dans certaines listes hérésiogiques chrétiennes (Hégésippe, Éphrem, Épiphane et dans les Constitution apostolique), l'un étant la traduction de l'autre, aient été utilisés pour désigner les ébionites qui ont pour coutume de pratiquer des immersions quotidiennes[10]. »

« Cependant un problème se pose : les ébionites ne sont pas les seuls à avoir procédé à ce rite, on peut citer à titre d'exemple, les Elkasaïtes et les Johaniens (les disciples de Jean le Baptiste), d'autant que dans un passage de la littérature pseudo-clémentine, c'est Jean le Baptiste qui est qualifié d'« hémérobaptite » (Homélie 2, 23)[10]. »


Les différents ébionites modifier

Masbothéens et Ébionites modifier

Dans leur désignation des hérésies juives ou judéo-chrétiennes, les Pères de l'Église signalent plusieurs courants explicitement baptistes. Au milieu du IIe siècle, le philosophe et débatteur chrétien Justin mentionne les Baptistaï, « Baptistes », dans son Dialogue avec Tryphon (80, 4). C'est dans une liste des « sept hérésies juives » qu'on les retrouve, avec des variantes, chez Eusèbe de Césarée, Épiphane de Salamine et d'autres. On peut assimiler ces Baptistes aux Masbothaïoï que signale l'historien Hégésippe vers 180, dans ses Hypomnemata ou « Mémoires » contre les Gnostiques. Les deux noms ont en effet le même sens, l'araméen masbûtâ signifiant « immersion » ou « baptême ». Hégésippe implique les Masbothéens dans la naissance de sectes gnostiques. L'idée était très répandue au sein des milieux chrétiens que les hérésies avaient des racines judaïques. Vers l'an 200, l'Africain Tertullien attribuait la pratique d'immersions quotidiennes à tous les Juifs, à cause de leur nature impure. À ces Baptistes ou Masbothéens, ajoutons les Hémérobaptistaï, « Hémérobaptistes ». Comme le dit l'étymologie – hêméra, « jour » et baptisma, « baptême » –, ceux-ci s'adonnent à des immersions quotidiennes. On sait peu de choses sur eux également. Épiphane, le grand chasseur d'hérésies, nous dit d'eux au IVe siècle qu'ils se plongeaient entièrement dans l'eau chaque jour, été comme hiver. À cette condition, ils seront purifiés au point de plaire à Dieu qui les mènera jusqu'au salut éternel[6].

Parmi les courants judéo-chrétiens à fort rayonnement baptiste, il faut classer les Ébionites, que l'on tend à considérer comme les successeurs de la première communauté de Jérusalem. Leur nom, Ébiônaïoï, est une forme grecque dérivée de l'hébreu ébyonîm, « pauvres ». Selon des sources anciennes auxquelles Épiphane fait écho, ils considéraient l'eau comme une chose divine. Ils sont comptés pour la première fois parmi les « hérétiques », comme secte gnostique plus précisément, dans le grand traité Contre les hérésies d'Irénée de Lyon (vers 180). Cela tient à la tradition d'Asie Mineure, d'où venait Irénée et où enseignait l'hérésiarque Cérinthe. Comme les Ébionites, ce dernier rejetait la doctrine de la conception virginale de Jésus, né d'une « jeune fille » (néanis en grec, selon la traduction d'Isaïe 7, 14 par Aquila) et non d'une « vierge » (parthénos, dans la version des Septantes reprise par le Nouveau Testament). De fait, le judéo-christianisme des Ébionites dut évoluer dans une direction gnostique, ce qui fit classer ces derniers parmi les hérétiques. Ces gens avaient leur propre Évangile, l'Évangile selon Matthieu. À leurs yeux, Paul de Tarse était un « apostat de la Loi ». Origène les mentionne à plusieurs reprises. Il les présente comme des Juifs qui croient en Jésus le Messie. Il les répartit en deux catégories : ceux qui acceptent que Jésus soit né d'une vierge et ceux qui le refusent. Ils vivent, précise-t-il, selon la Loi judaïque, préconisent la circoncision, interprètent les règles alimentaires de la Loi à la manière des Juifs, célèbrent la Pâque à la date fixée par ceux-ci. Ces Ébionites pratiquent de fréquentes lustrations voire immersions, tout habillés, surtout après les rapports sexuels et les contacts avec les étrangers. Autant d'actes rendus par le verbe baptizein. Nonobstant, ils s'astreignent parallèlement au baptême d'initiation typiquement chrétien, unique celui-ci[6].

Deux mouvements baptistes majeurs sont à traiter à part : les Elkasaïtes, dont le manichéisme sera une ligne dérivée au destin long et prospère ; les Mandéens, qui comptent encore plusieurs milliers d'adeptes[6].

Les différents ébionites modifier

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Les Elkasaïtes modifier

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Postérité : Sabéens, Mandéens modifier

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Les Sabéens modifier

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Les Mandéens modifier

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Notes et références modifier

  1. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, p. 228-229.
  2. André Paul, Les mouvements baptistes
  3. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 49.
  4. Psaume 51, 9-12 ; cité par François Blanchetière, op. cit., p. 49.
  5. a b c d et e François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 50.
  6. a b c d e f g h i j k et l André Paul, Les mouvements baptistes, 2005, sur http://www.clio.fr
  7. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 216.
  8. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 216-217.
  9. a b et c François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 217.
  10. a b et c Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, p. 176.

Sources modifier

Liens à explorer modifier