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La Mémoire des Sables (sous-titre la vie en Égypte sous la domination romaine) est un livre de papyrologie (science des papyrus, auxiliaire à l'histoire et à l'archéologie de l'Égypte à l'époque romaine), écrit par Naphtali Lewis. Publié aux Etats-Unis en 1983 sous le titre anglais Life in Egypt Under Roman Rule, il est traduit en France en 1988 par l'Helléniste français Pierre Chuvin pour le compte de l'éditeur Armand Colin.

Contenu modifier

En dix chapitres, l'auteur propose une vue d'ensemble de la société dans l'Égypte des premiers siècles de l'Empire romain .

Structure générale de la province égyptienne modifier

Les deux premiers chapitres établissent un tableau politique (chapitre 1 : « L'arrivée des Romains ») et social (chapitre 2 : « Classes et masses… ») de la province d'Égypte. D'un point de vue politique, Naphtali Lewis revient sur les conditions de la conquête par Octave César du dernier royaume hellénistique (issu de l'éclatement de l'Empire d'Alexandre trois siècles plus tôt).

L'auteur rappelle la formule d'Auguste dans son testament : Ægyptum imperio populi romani adieci, c'est-à-dire : J'ai rajouté l'Égypte à l'Empire du peuple romain[1]. Cette conquête met un terme à deux siècles de relations complexes entre la dynastie des Lagides et la République romaine. Ces relations, aussi bien financières et commerciales que politiques, avaient été profondément compliquées par la personnalité et la politique ambitieuse de la dernière souveraine, Cléopâtre VII, amante ou épouse successivement du dictateur Jules César et du Triumvir Marc-Antoine Cet ajout s'accomplit par une juxtaposition de l'Égypte à l'Empire, plus que par une intégration de la province à l'Empire[2].

Le chapitre deux étudie la structure socio-politique de l'Égypte (comparée à une pyramide)[3]. À sa tête, s'impose un petit nombre de Citoyens romains et une classe moyenne composée de Citoyens grecs des villes et des Juifs. Le reste de la société se compose de la grande masse des Égyptiens (paysans, artisans, petits propriétaires et marchands).

La société égyptienne à l'époque romaine modifier

Dans les chapitres trois et quatre, Naphtali Lewis approfondit l'étude de la société de l'Égypte romaine par le biais du critère géographique : au chapitre trois, l'auteur analyse la situation et la vie des notables de culture grecque dans les métropoles provinciales des différents nomes (les 30 capitales régionales) : charges municipales (souvent ruineuses), structures juridiques (par exemple les « Gens du Gymnase » : Ὁι ἐκ τοῦ Γυμνασίου)[4], culture civique et intellectuelle, mode de vie, organisation de la famille et de la maisonnée, globalement tout ce qui peut remplir la vie quotidienne ou occasionnelle des individus de ce groupe. Le chapitre quatre est réservé à la vie rurale, humble et laborieuse, des paysans égyptiens, depuis l'organisation du travail quotidien jusqu'aux déboires judiciaires ou fiscaux[5].

Les religions dans l'Égypte romaine modifier

Dans le chapitre cinq (pages 89 à 109), Naphtali Lewis étudie les sentiments religieux qui se développent en Égypte : trois religions anciennes cohabitent, l'égyptienne, la grecque et la romaine, s'interpénètrent parfois dans des combinaisons nouvelles (syncrétismes). Combinant l'étude des textes papyrologiques et épigraphiques, l'auteur montre plusieurs exemples de cultes aux expressions gréco-romaines s'imprégnant de représentations égyptiennes[6]. Ces syncrétismes, pratiqués par les habitants de l'Égypte tous statuts confondus, ne sauraient cacher l'aversion déclarée des habitants de Rome pour le culte des animaux[7], ni la sclérose organisée par le pouvoir romain du clergé des rites égyptiens[8]. Il en est de même de la forte tendance des riverains du Nil à la magie ou aux prédictions, pratiques réprouvées habituellement par beaucoup de Latins[9] etc.

L'arrivée du christianisme en Égypte est facilitée par la religiosité ambiante des Égyptiens : la souffrance et la mort d'un dieu, en l'occurrence Osiris, n'est pas scandaleuse comme elle pourra le paraître aux yeux des Grecs et des Romains. Au delà de la tradition de fondation de l'Église d'Alexandrie par l'apôtre Marc, les premiers papyrus chrétiens et gnostiques datent du IIe siècle, parfois mêlés de magie[10]. En 249, la tolérance plus ou moins grande des habitants de l'Égypte et des autorités romaines fait place à la persécution de l'Empereur Dèce. Les collections de papyrus édités regorgent de certificats de sacrifices aux dieux ou à l'Empereur, actes impossibles à accomplir pour un chrétien convaincu[11].

Les nombreuses fêtes religieuses pratiquées par les Grecs d'Égypte donnent également l'occasion d'autant de spectacles. les organisateurs, publics ou privés, demandent à de multiples artistes de produire leurs textes (poésie, théâtre) ou leurs prestations (danse, mimes etc.)[12].

La vie quotidienne dans l'Égypte romaine modifier

Les chapitres six à huit...

Les forces centrifuges de la domination romaine modifier

Les chapitres neuf et dix...

Analyse modifier

Apports généraux de l'ouvrage modifier

L'ouvrage est une somme de sociologie de l'Égypte à l'époque romaine. C'est aussi l'un des rares exemples d'ouvrages généralistes de papyrologie documentaire[13].

Sources papyrologiques modifier

L'auteur cite en tout 241 papyrus et ostraca écrits en grec tardif par des particuliers[14], qui y décrivent chaque fois un aspect précis de leurs conditions de vie quotidienne. En tout, vingt-sept collections d'éditions de papyrus sont citées, parmi lesquelles les plus référencées sont la collection berlinoise (sous le sigle B.G.U.[15] : 35 textes soit 13,11 % des papyri cités), les papyrus d'Oxyrhynque (sigle P. Oxy. : 79 textes soit 34,78 % des papyri cités) et les rééditions allemandes des textes publiés dans des éditions moins généralistes (Sammelbuch sous le sigle S.B.[16] : 40 textes cités soit 16,60 % des papyri cités). À elles trois, ces trois éditions représentent 154 textes utilisés sur les 241 comptés, soit plus de trois textes sur cinq (exactement 63,90 % des textes cités).

Notes et références modifier

  1. Res Gestae Diui Augusti, paragraphe 27 ou « Troisième partie - Les faits militaires » (consulté le ).
  2. Naphtali Lewis, La Mémoire des Sables, Armand Colin, p. 30 et 31.
  3. Naphtali Lewis, La mémoire des Sables, Armand Colin, p. 33.
  4. Naphtali Lewis, La Mémoire des Sables... pages 53 et 54, citant notamment le P. Oxy. XVIII 2186, lignes 2 et suivantes.
  5. avec une sélection de plaintes et de procès-verbaux cités pages 83 et 84 et note 14 page 88, voir les papyrus référencés P.Ryl. II 125, P. Mich. VI 421, B.G.U. I 22, P. Tebt. II 332, P. Mich. VI 424 et P. Mich V 228.
  6. Ainsi, autour du culte du dieu Pan, pratiqué par un Romain et son affranchi de culture grecque, combiné avec une représentation égyptienne évoquant le dieu Min (voir l'inscription référencée S.E.G XX 670). Les papyrus désignés sous les références P. Merton 63 et P. Oxy. XXXVI 2782 illustrent la confusion des cultes de la déesse grecque Déméter et de la déesse égyptienne Isis, dont le desservant (hiérophante) est un citoyen romain. Le papyrus B.G.U. II 362 détaille le culte égyptien du dieu romain Jupiter Capitolin et son assimilation au grand dieu égyptien Sobek etc.
  7. comme l'attestent les déclarations arrogantes d'Octave César (le futur Auguste) ou les écrits sarcastiques de Juvénal (rapportés par l'auteur pages 89 et 94).
  8. en matière de transformation du clergé en caste héréditaire et appauvrie (pages 95 et 65), avec la pratique, répugnante pour un Romain, de la circoncision rituelle des jeunes appelés au sacerdoce égyptien (dossier de papyrus présenté par l'auteur Naphtali Lewis La Mémoire des Sables... page 96 et note 10 page 108).
  9. Naphtali Lewis la Mémoire des Sables.... pages 95 à 102.
  10. Naphtali Lewis La Mémoire des Sables... page 102.
  11. Ces documents sont autant d'exemples d'un formulaire fixe, où seuls changent le nom du sacrifiant et la date du sacrifice. Naphtali Lewis cite, à titre d'exemple, le P. Mich. III 158.
  12. Naphtali Lewis la mémoire des Sables... pages 104 à 107.
  13. Deux ouvrages répondent à un tel objectif en français pour l'Égypte sous la dynastie lagide : l'ancien mais toujours précieux Franz Cumont, L'Égypte des Astrologues, Bruxelles, 1937, réédité en 1982, 254 p. et le moderne Michel Chauveau, L'Égypte au temps de Cléopâtre (180-30 av; J.C.), Hachette, , 293 p..
  14. Voir la liste de ces textes : Naphtali Lewis la mémoire des Sables... page 219.
  15. Berliner Griechische Urkunden c'est-à-dire Recueil de (documents) grecs de Berlin.
  16. Ici, comprendre ce mot dans le sens de (recueil centralisé et) collectif (des papyrus publiés en éditions dispersées).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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