Utilisateur:Geabulek/Brouillon5

Jacques Henrat

Jacques Henrat, né le à Paris et mort le à Toulouse, est un ingénieur aéronautique français. Il est connu pour son travail en tandem avec Robert Castello sur le D-520 sous la direction d'Émile Dewoitine ; puis en tant qu'ingénieur en chef du département aviation des Établissements Fouga & Cie, pour la conception du Fouga Magister avec Pierre Mauboussin & Robert Castello.

Biographie modifier

Jacques Henrat naît à Paris le 5 avril 1908[1]. Il intègre l'École Nationale Supérieure de l'Aéronautique (Supaéro) dont il sort diplômé en 1932.

Ingénieur chez Dewoitine modifier

Jacques Henrat entre en 1935 chez Dewoitine au bureau d'études de la Société Aéronautique Française (SAF). En septembre 1936, il démissionne de la SAF avec Robert Castello (chef du bureau d'études avant-projet) pour rejoindre Émile Dewoitine (qui a lui-même quitté la SAF en juin sur fond de désaccord avec ses actionnaires). Dewoitine, convaincu que les avions de chasse français du programme de 1934 sont d'ores et déjà périmés[2], constitue un bureau d'études personnel pour commencer - à ses frais - l'étude d'un avion de chasse de conception avancée : le futur D.520. Il est secondé dans sa tâche par Castello, Henrat et le dessinateur Adloff[2][3].

En février 1937, Dewoitine reprend la tête de la SAF, expropriée, devenue Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Midi (SNCAM) et le bureau d'études personnel Dewoitine est réintégré dans la SNCAM tout en gardant son autonomie[4]. Henrat & Castello reprennent leur travail sur l'avant-projet du D.520 puis sur les liasse de fabrication quand il est commandé en série[5]. Entre août et octobre 1938, ils étudient l'avion de performance D.550 (premier avion avion français à voler à 700 km/h) qui est dérivé du D.520[6]. En septembre 1939, Jacques Henrat, ses collègues du bureau d'études sont transférés à Bagnères-de-Bigorre (rejoints peu après par l'atelier prototype) pour préparer le D.551, version militaire du D.550. Le premier vol de l'avion est interrompu par la défaite[7].

Après l'armistice, Jacques Henrat fait partie des 13 personnes qu'Émile Dewoitine prévoit d'emmener avec lui outre-atlantique pour continuer la fabrication d'avions et contribuer à l'effort de guerre allié outre-atlantique[8][9]. En septembre 1940, le régime de Vichy fait échouer le projet, incompatible avec la politique de collaboration[9]. Dewoitine est rappelé en France sous un faux prétexte, licencié de la SNCAM et poursuivi et emprisonné sous divers motifs[9].

Revenu à Toulouse en décembre 1940 dans les locaux de la SCNAM rue Maudran[4], Jacques Henrat - toujours associé à Robert Castello - commence l'étude d'un chasseur lourd dérivé du D.520 (masqué sous nom d'un avion postal rapide) : le M.580/SE.580[10], puis d'un planeur PM.200.

Lorsque Dewoitine sort de prison en mai 1941[11], il reconstitue dès août son bureau d'étude personnel autour du tandem Castello-Henrat qui formait le noyau du bureau d'études de 1936[12] (Castello étant responsable du bureau d'études et Henrat son adjoint). Ils étudient le chasseur D.600 pour le compte d'Hispano-Suiza (alors neutre car espagnole) et à partir de 1944 un projet d'avion de transport pour Mitsubishi (Dewoitine refusant des projets militaires pour les pays de l'Axe)[11].

Avec les planeurs Castel modifier

À partir de 1941, Jacques Henrat étudie des planeurs avec Robert Castello et Pierre Mauboussin[13]. Depuis 1934, Robert Castello concevait sur son temps libre des planeurs, principalement pour le centre de vol à voile de la montagne noire, près de Toulouse. En 1939, Pierre Mauboussin, directeur des Avions Mauboussin, l'avait contacté pour industrialiser le C.30 Moustic dans l'usine des Établissements Fouga & Cie (dont Mauboussin était partenaire)[14], projet interrompu par la guerre.

Après l'armistice, l'interdiction du vol à moteur amène le régime de Vichy à promouvoir le vol à voile en remplacement. Pour terminer les études en cours et répondre aux programmes et aux exigences de la production industrielle, Robert Castello fait appel à Jacques Henrat et à leurs collègues dessinateurs (Baselières, Trémier, Roche)[15]. Tous travaillent sur leurs temps libre en plus de leur journée normale au du bureau d'études Dewoitine[15].

Dans cette période sont conçus les planeurs Castel modèle C.301S et C31P dérivés du C.30S, ainsi que le planeur biplace école C.25S. Après l'étude du MC jalon demandée, une autre ligne est également créé sous l'impulsion de Pierre Mauboussin. Elle prend le nom de CM (correspondant aux deux marques Castel et Mauboussin accolée). ainsi que les MC Jalon, CM.7 et CM.8 restent à l'état de plan à cause de l'invasion de la zone Sud en novembre 1942 et à la fermeture de l'usine Fouga.

Ingénieur en chef aux Éts Fouga & Cie modifier

En décembre 1944, le bureau d'études personnel Dewoitine (parfois dit aussi « bureau d'études Castello-Henrat »[16]) rejoint le département aviation des Établissements Fouga & Cie, dont Pierre Mauboussin a pris la direction en novembre. Le bureau d'étude est alors constitué de 5 dessinateurs toujours sous la direction de Castello, secondé par Henrat.

Dans l'immédiat de l'après-guerre, les travaux sont centrée sur les planeurs en bois et toile, moins onéreux à construire. Les études faite pendant l'occupation sont reprises et rencontrent un grand succès sportif. Le CM.7 (juillet 1948) remporte de nombreux records d'altitudes, de distances ou de durée en faisant le planeur le plus titré de toute l'histoire du vol à voile français[17]. En juin 1949 les CM.8.15 (planeur de performance) et CM.8.13 (planeur acrobatique) font leur premier vol[18].

En juillet 1949, Mauboussin, Castello et Henrat présentent CM.8.R.13 Cyclone[19]. C'est le premier appareil léger à réaction du monde[20], et premier avion à réaction 100% français grâce aux réacteurs Piméné de Joseph Szydlowski. Cet avion marque le début d'une intense collaboration entre Fouga & Turboméca. Entre

De moins de 10 ingénieurs et dessinateurs en 1944[21], le bureau d'études en compte 65 en 1956, toujours sous la direction du tandem Castello-Henrat[22].

et


Notes et références modifier

  1. Baccrabère et Jorré 1966, p. 241
  2. a et b Danel et Cuny 1982, p. 25-26
  3. Danel 1982, p. 106-107
  4. a et b Baccrabère et Jorré 1966, p. 121-122
  5. Danel et Cuny 1975, p. 30
  6. Danel et Cuny 1982, p. 334
  7. Danel 1982, p. 169
  8. Par ordre alphabétique : Basellières, Bordelet, Castello, Doret, Grimaud, Henrat, Jullien, Quoix, Roche, Simon, Stievenart, Tourret, Vaslin.
  9. a b et c Danel 1982, p. 177-184
  10. Jean Cuny, Les Avions de combat Français 1946-1960 : I - Chasse-Assaut, Éditions Larivière, coll. « Docavia » (no 28), , p. 21
  11. a et b Danel 1982, p. 209-211
  12. Danel et Cuny 1975, p. 206
  13. Charles Marchetti, Union des groupements d'ingénieurs (Midi-Pyrénées), « L'évolution de l'Industrie Aéronautique dans la région de Toulouse », dans Monographies d'industries de la région toulousaine, Toulouse, (lire en ligne)
  14. Jouhaud et Jouhaud 1992, p. 75
  15. a et b Castello 1993, p. 74-75
  16. Baccrabère et Jorré 1966, p. 157
  17. Jouhaud et Jouhaud 1992, p. 113
  18. Jouhaud et Jouhaud 1992, p. 116
  19. André Frachet, « Le Fouga C.M.-8.R "Cyclone" », Les Ailes,‎ (lire en ligne)
  20. Jacques Nœtinger, « Pierre Mauboussin : innovateur à l'influence prédominante, trop modeste et oublié », Pionniers : Revue aéronautique,‎ , p. 3-12
  21. Raymond Danel, Émile Dewoitine, Larivière, coll. « Docavia » (no 18), , p. 209
  22. Roland de Narbonne, « Le Département "Aviation" des établissements Fouga : II. Les Sections du Bureau d'Études », Les Ailes, no 1573,‎ du 24 mars 1956 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Georges Baccrabère et Georges Jorré, Toulouse, terre d'envol, Toulouse, éd. E. Privat,
  • Christian Castello (ill. Réginald Jouhaud), Planeurs et avions : itinéraire aéronautique d'un Toulousain, Robert Castello, de 1922 à 1967, de Dewoitine à Sud aviation, en passant par les Ets Fouga, Editions Le Lézard, , 330 p. (ISBN 978-2-907384-91-9, OCLC 35599460)
  • Raymond Danel et Jean Cuny, Le Dewoitine D.520, Éditions Larivière, coll. « Docavia » (no 4), , 332 p.
  • Raymond Danel et Jean Cuny, Les Avions Dewoitine, Éditions Larivière, coll. « Docavia » (no 17), , 476 p.
  • Raymond Danel, Émile Dewoitine : Créateur des usines de Toulouse de l'Aérospatiale, Éditions Larivière, coll. « Docavia » (no 18), , 276 p.
  • Reginald Jouhaud et Anne Jouhaud, Histoire du vol à voile français, Toulouse, Cépaduès, , 334 p. (ISBN 978-2-85428-274-0, OCLC 37967179)