Utilisateur:Célestin Xavier TELE/Brouillon

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THEME : Dans quel sens « Justice » s’oppose-t-elle à « charité ?».

Comme la définit Aristote dans son « Ethique à Nicomaque » en son livre 5, la « Justice » se trouve être la disposition qui conduit à accomplir des actes bons et à bien les accomplir. Voila en quoi elle constitue une vertu complète parce qu’elle se présente sous la forme d’un rapport à autrui. Aristote la présente aussi comme le fait de donner à autrui ce qui lui revient de droit : c’est sa version distributive. L’objet de la justice est donc le droit. L’équité quant à elle se situe aux antis pôles de la justice. Elle intervient lorsque la justice présente des limites, des lacunes ainsi que de graves manquements. Il est donc visiblement claire que ces deux notions philosophiques se trouvent en aversion décidée lorsqu’on y mêle celle de « charité » qui à son tour, est une vertu théologale. Toutefois, quel est le sens dans lequel s’opposent ces deux vertus cardinale et théologale ? La réponse à cette interrogation nous imposera un arrêt sur l’essence même de la « justice » d’une part, puis sur la nature de la « charité » d’autre part.

Le livre V de l’Ethique à Nicomaque, intitulé Justice expose clairement et avec pertinence l’essence de la notion qui comporte son titre. Il l’aborde d’abord dans un sens purement moral c’est alors qu’il la définit comme disposition à accomplir des actes bons et à bien les accomplir. Elle est une vertu complète parce qu’en intégrant la dimension altruiste, elle est aussi source et motrice des autres vertus. Elle se compte parmi les vertus dites cardinales. Aristote l’aborde ensuite sous le prisme de la politique et la subdivise en : justice sociale, justice commutative et en justice distributive. De ce point de vue, l’objet de la justice est le droit. Ainsi, est juste pour le philosophe grec, tout acte conforme à la loi. Il paraît donc claire que, de toutes ces fragmentations de la justice, la meilleur est, reste et demeure celle qui se réfère à la loi. La dimension sociale de la justice consisterait tout simplement à donner à chaqu’individu ce qui lui revient de plein droit. Dans le cadre d’une application rationnelle et sociale, la justice possède des institutions ou instances qui assurent son déploiement concret : • Le tribunal coutumier : chargé de trancher les litiges familiaux, • Les tribunaux de 1ère de 2ème instance : chargés de trancher les cas de litiges qui n’ont pas trouvé satisfaction au niveau coutumier, • La cours d’appel ou de cassation : elle statue en matière correctionnelle, • La cours d’appel : elle statue en dernier ressort lorsque les autres voies de recours sont épuisées et son verdict est sans appel. Ces instances sont aussi présentes dans d’autres domaines tels que l’Eglise (commission justice et paix) ; l’armée (le tribunal militaire) ainsi qu’au niveau international. Toutefois, il peut arriver que le législateur ait omis une loi et le juge chargé de son application se retrouve en face d’un manquement de la loi, ou alors, que par inclination naturelle, le juge soit peut-être plus sévère ou trop indulgent, la justice dans ce cas souffre d’une imperfection : c’est donc là où intervient l’équité qui vient la parfaire. Cependant, la justice dans son application se trouve confrontée à une toute autre notion qui lui est sensiblement en opposition : La charité. De son étymologie latine Caritas, qui viendrait aussi de cordia, qui signifie cœur, la charité est une vertu théologale qui désigne un élan de cœur, une propension à faire un saut vers autrui sans aucun intérêt personnel. Le Pape Benoît XVI en fait un exposé éloquent et non moins pertinent dans une lettre encyclique intitulée Caritas in Veritate. Un acte charitable est par le fait même un acte caritatif. A l’opposé de la justice, la charité ne recherche pas de profit encore moins à établir ou à conquérir un équilibre entre la perte et le gain. Comme le dit le souverain pontife, la charité c’est l’amour comme don de soi. Saint Paul, dans son hymne de l’amour en Eph.5 nous enseigne que l’amour ne fait pas de mal, il ne jalouse pas, il ne se vente pas, il est patient…bref, c’est une assimilation à l’altérité. Et en cela, la charité se place au point le plus élevé au dessus de la justice.

A la fin donc de cette réflexion où la problématique centrale tournait autour de l’illustration d’une probable opposition entre les deux notions de justice et de charité, il nous a semblé opportun de présenter l’essence et la nature de l’un et l’autre des ces deux concepts avant de constater l’éventualité de cette opposition qui réside en majeure partie dans leur application praxiologique. La justice s’exerce sous le contrôle de ses institutions alors que la charité, elle, s’exerce librement sous l’impulsion de la conscience d’un sujet moral. L’opposition réside aussi sur la fin que poursuivent ces deux concepts : la justice recherche désespérément une égalité qu’elle ne pourra jamais établir tant que l’inégalité persiste dans le programme existentiel de la nature elle-même. La charité quant à elle ouvre les écluses des cieux à celui qui la pratique car les saintes Thérèse de l’Enfant Jésus et Mère Theresa de Calcutta se sont accordées sur la maxime selon laquelle le jugement dernier sera basé sur le degré d’amour de chaqu’individu. Pendant que la justice condamne, la charité, elle, apporte le pardon et la miséricorde tant il est vrai que la miséricorde se moque du jugement. Non seulement la charité s’oppose à la justice, mais aussi et surtout, elle lui est supérieure de par ses aspirations. Pendant que la justice consiste à donner à autrui ce qui lui revient de droit, la charité consiste à prendre dans ce qui est à nous pour donner ; ceci, en dehors de ce que nous devons donner par devoir, ce qui nous est cher et non du superflu ; bref, c’est un élan de sacrifice ou, tout au moins une immolation de cœur. Jésus, lui-même, après avoir passé en faisant du bien, guérissant les malades, ressuscitant les morts et nourrissant même les foules, a fini par donner ce qui lui était très cher : sa vie. Car, aimer c’est tout donner et se donner soi-même comme le disait Sainte Thérèse de Lisieux. Cependant, le rapport qu’entretiennent la justice et la charité est-il plus conflictuel que complémentaire ?