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Maître Murakami Tetsuji (1927-1987) est un budoka d'origine japonaise. Il quitte le Japon dans les années 50 pour enseigner et développer les Arts martiaux en Europe, et plus particulièrement le Karaté. Il est l'un des premières instructeurs à s'installer durablement en France, pionnier du Karaté en Europe. Élève de Maître Mochizuki (style Shotokan), il rencontre, dans les années 60, Maître Egami et est pleinement conquis par son enseignement. Convaincu, il dirige alors sa pratique et son enseignement du Karaté-Do vers le style Shotokaï. Pendant 30 ans, Maître Murakami Tetsuji enseigne sans relâche, tous les jours, dans ses Dojos à Paris. Il forme un nombre considérable de pratiquants qui participent à des cours et des stages qu'il anime régulièrement en France et à l’étranger (Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Irlande, Italie, Portugal, Suisse, Algérie, Maroc, Yougoslavie, entre autres). Maître Murakami Tetsuji n'a jamais quitté la Voie qu'il s'était tracée. Il est encore aujourd'hui un Karatéka reconnu et respecté de tous. Nombre d’experts ou de responsables actuels dans les différentes Fédérations ont été initiés aux Arts martiaux par Maître Murakami ou ont eu la possibilité de pratiquer avec lui.

Ses premières années modifier

Maître Murakami Tetsuji est né le 31 mars 1927 à Shizuoka (Japon, région de Chubu). Il est l’aîné de quatre enfants. Sa jeunesse est marquée par la Seconde Guerre mondiale. La ville de Shizuoka, où il grandit, est presque totalement détruite par des bombardements aériens américains. Jusqu'à son départ pour la France, il exerce le métier de charpentier.

Courte biographie martiale: un Budoka confirmé modifier

Les années 40[1] - Japon modifier

Au milieu des années 40, Maître Murakami Tetsuji commence la pratique de l’Aïkido avec Maître Mochizuki Minoru (club Yoseikan), ainsi que le Kendo avec Maître Ogura Kohishi et le Iaido avec Maître Sugiura Shoe. Il débute le Karaté avec Maître Yamaguchi Masaji (l'un des premiers élèves de Gichin Funakoshi) vers l’âge de 19 ans[1].

Les années 50[1] - Départ pour la France modifier

Fin 1951, Maître Mochizuki part pour l’Europe (pour 2 ans et demi) où il rencontre Jim Alcheik lors d’un déplacement en Tunisie. Ce dernier rejoint le Yoseikan en octobre 1955. C'est en novembre 1957 que Maître Murakami Tetsuji est invité à partir en France à son tour. En effet, Maître Mochizuki, ami de Maître Yamaguchi, l'y invita en ayant appris par Jim Alcheik que Henry Plée cherchait à développer le Karaté en France. C'était déjà là une marque de reconnaissance de la qualité du travail et du niveau d'expertise acquis par Maître Murakami Tetsuji.

Ainsi, le vendredi 1er novembre 1957, Maître Murakami Tetsuji part de Shizuoka pour Yokohama (Japon). Le dimanche 3 novembre 1957, il quitte Yokohama pour l’Europe sur le bateau "Vietnam" des Messageries Maritimes. Il est accompagné de Maître Kondo Mitsuhiro (brillant compétiteur de judo) et de Jim Alcheik (entre autres). Le voyage en bateau dure un mois. Les escales sont agrémentées de rencontres avec les clubs d’Arts martiaux locaux dans lesquels Maître Murakami et Maître Kondo donnent des cours et assurent des démonstrations, comme d'ailleurs sur le bateau lui-même (tous deux n’hésitent pas à délivrer des cours aux matelots français après leur journée de travail).

Maître Murakami Tetsuji arrive à Marseille le 7 décembre 1957 après un voyage difficile. Il doit immédiatement commencer une tournée de stages et de démonstrations d’Arts martiaux pour des raisons purement commerciales. Cette tournée se fait à un rythme soutenu, pendant environ un an et demi, avec des déplacements en Europe et en Afrique du Nord. Ces nombreux déplacements permettent à Maître Murakami Tetsuji de participer pleinement et activement au développement et à l’apprentissage du Karaté (style Shotokan), mais également du Kendo et de l’Aikido. Il initie des personnes qui deviendront, par la suite, de grands artistes martiaux comme Claude Hamot ou Bernard Durand.

Les années 60[1] - Installation définitive en France & Rencontre avec Maître Egami modifier

Après avoir passé plus d’un an en tournée et avoir assuré plus de 18 heures de cours par semaine au Dojo de Henry Plée (situé 34 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris), Maître Murakami Tetsuji reprend sa liberté. Le contrat entre les deux hommes prend fin début 1959. Celui-ci comportait une clause, alors inconnue de Maître Murakami, qui stipulait l’interdiction pour lui de rester en France pour enseigner le Karaté (Maître Murakami, en Budoka, avait signé le contrat, qui n’était pas rédigé dans sa langue maternelle, sans savoir que cette clause y figurait.). Malgré cette clause, Maître Murakami Tetsuji décide de rester en France et de parcourir l’Europe et l’Afrique du Nord, comme il le faisait depuis plus d’un an, pour continuer à développer les Arts martiaux, mais surtout le Karaté. C'est force de passion et de persévérance, qu'il anime de multiples stages et crée de nombreux clubs et associations en France et à l’étranger (Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Irlande, Italie, Suisse, Yougoslavie, Algérie, Maroc, entre autres).

En 1967, Maître Murakami Tetsuji retourne au Japon suite au décès de son père et découvre le Karaté de Maître Egami Shigeru (shihan du Karaté Shotokaï). Il est entièrement conquis par ce Maître et son enseignement. Il oriente désormais sa pratique vers le Karaté Shotokaï. Les relations entre Maître Egami et Maître Murakami resteront solides et étroites jusqu'au décès de Maître Egami (mais Madame Chiyoko Egami[2] restera intimement liée à Maître Murakami).

En 1969, le premier stage international de Sérignan-Plage se tient du 2 au 17 août 1969. Depuis cette date, ce stage se tient sans interruption: c’est le plus ancien stage d’été de Karaté-Do. Il est l’équivalent du shochu geiko ("grand stage d’été") au Japon, où familles et pratiquants vivent et travaillent ensemble. Le même été, Maître Murakami dirige son premier stage de Karaté à Lisbonne (Portugal) à la demande de l'Academia de Budo de Lisbonne.

Les années 70[1] - Essor du Karaté-Do Shotokaï en France, en Europe et en Afrique du Nord modifier

L’Association MURAKAMI-KAI est créée le 22 février 1971 (publication au Journal Officiel du 4 mars 1971). Elle sera dissoute en 2002. Cette association avait pour objet d’"élever la morale des pratiquants du Karaté en suivant l’esprit du Maître Murakami".

En mai-juin 1976, Maître Egami se rend pour la première fois en Europe sur l’invitation de Maître Murakami accompagné de sa femme (Chyoko Egami) et de Maître Miyamoto Tomoji. Maître Egami est alors impressionné par le niveau de Maître Murakami. Il le nomme comme délégué officiel de la Nihon Karaté-Do Shotokaï pour l'Europe. La seconde visite de Maître Egami aura lieu en 1978.

Pendant près de 30 ans, Maître Murakami Tetsuji a enseigné, tous les jours, dans ses Dojos à Paris (Cité Universitaire de Paris, MJC Mercoeur...). Un nombre considérable de pratiquants ont pu participer à des cours et des stages qu'il animait régulièrement en France et à l’étranger. C’est ainsi que le Karaté-Do Shotokaï s’est développé en Europe sous l’impulsion de Maître Murakami Tetsuji.

Les lieux de cours et stages mentionnés ci-après permettent de se rendre compte de l’ampleur de la mission que Maître Murakami Tetsuji s'est fixée, de l’énergie qu'il a déployée et du réseau qu’il a ainsi pu créer:

  • Algérie (Gala d'Arts martiaux)
  • Allemagne (sur l'initiative de Jürgen Seydel)
  • Angleterre (sur l’initiative de Vernon Bell)
  • Belgique (sur l’initiative de Georges Schiffelers)
  • Espagne
  • États-Unis d'Amérique (Borko Jovanović crée différents clubs de Karaté Shotokaï dans lesquels il dispense les enseignements du Maître)
  • France: Beauvallon (Drôme) - Bordeaux - Boulogne-Billancourt - La Flèche (la Sarthe) - Lyon - Marseille - Metz - Nancy - Paris - Sérignan - Toulouse - Vittel
  • Irlande (premier cours d'Aïkido à Alan Ruddock)
  • Italie (sur l’initiative de Wladimiro Malatesti)
  • Maroc
  • Portugal (sur l’initiative du Docteur Pires Martins[3], fondateur de l’Academia de Budo, et d’élèves portugais venus en France dont Manuel Ceia et Mario Rebola)
  • Suisse (sur l’initiative de Samuel Däppen[4])
  • Yougoslavie (Petrovac na moru (actuel Monténégro) sur l’initiative notamment de Žarko Modrić[5]. Borko Jovanović y reçoit l’enseignement de Maître Murakami)

Les années 80[1] - Dernières années d'un Budoka modifier

Après quelques années d’incompréhension, l’école Shotokai de Maître Murakami Tetsuji est pleinement reconnue par la FFKAMA[6] au début des années 80.

Maître Egami décède le 8 janvier 1981 à Tokyo.

En juillet 1985, Maître Murakami dirige son dernier stage à Sérignan.

Les statuts de l'Association SHOTOKAI-FRANCE sont déposés le 10 avril 1986 (publication au Journal Officiel du 7 mai 1986), Maître Murakami en est le président. L’article 2 de ses statuts précisait que "[c]ette association, représentante en France du Nihon Karaté-Do Shotokaï a pour but d’assurer le développement du Karaté-Do Shotokaï en France et de veiller au respect de l’esprit et de la technique du Shotokaï tels qu’ils ont été définis par Maître Egami". L'Association est dissoute le 26 juin 2006. Parallèlement à la création de l'Association SHOTOKAI-FRANCE, une déclaration a été faite à l’Institut de la Propriété Intellectuelle (INPI) pour s’assurer d’avoir la pleine propriété du nom Shotokaï France et ainsi de le protéger.

En avril 1986, Maître Murakami Tetsuji se rend une quinzaine de jours au Japon avec ses propres élèves européens. Bien que déjà affaibli par la maladie, il a néanmoins déployé tous ses efforts pour que ce voyage ait lieu dans les meilleures Beconditions. Le programme comprend des visites touristiques, mais aussi (et surtout) des rencontres au Hombu Dojo (Tokyo) et au Dojo de Fujitsu (Kawasaki) en présence de Madame Egami et de Sensei Miyamoto Tomoji (assistant de Maître Egami).

Fin 1986, Madame Egami rend visite à Maître Murakami qui est déjà hospitalisé. Un repas en son honneur est donné à Paris.

Le 24 janvier 1987 au matin, Maître Murakami Tetsuji décède à l'hôpital à Paris. Il demeure au cimetière paysagé de Clamart (région parisienne, France). Son décès intervient au moment où il recueillait les fruits d’un investissement quotidien poursuivi depuis plusieurs années et alors que son groupe prend une dimension européenne de grande importance.

Et après: la succession de Maître Murakami Tetsuji modifier

Maître Murakami Tetsuji n'a pas désigné/nommé de successeur. "Si une personne se désigne comme successeur de Maître Murakami vous pouvez être certain qu'il s'agit d'un usurpateur. Tous les assistants[7] se sont relayés à son chevet, de nombreux responsables étrangers lui ont rendu visite. Luis de Carvalho était seul avec lui lors de son décès [...] Il confirme que le Maître, jusqu'au bout, était conscient de la situation du Shotokaï mais n'avait pas la possibilité de nommer un successeur"[8].

Une solution provisoire de collégialité est trouvée au sein du Shotokaï en France. En octobre 1989 (deux ans à peine après le décès de Maître Murakami), une réunion de responsables décide de mettre fin à cette collégialité. D'anciens assistants de Maître Murakami (dont Luis de Carvalho, Pierre-Jean Boyer, Jean-Marc Labat) ainsi que de nombreux pratiquants décident alors de quitter l'Association SHOTOKAI-FRANCE[8].

Notes & Références modifier

  1. a b c d e et f NIYONKAI, Katas de Maître Tetsuji Murakami, Livret 1, (ISBN 978-2-7466-9974-8), p. 9
  2. Chiyoko Egami, Kimi Kagegusa (A Lily of the Valley), Fujitsu Karate Group,
  3. (pt) « A Génese do Karate em Portugal » (consulté le )
  4. « Uber SKS » (consulté le )
  5. « Interview de Maître Tetsuji Murakami (1965) par Zarko Modric » (consulté le )
  6. Fédération Française de Karaté et d’Arts Martiaux Affinitaires (FFKAMA) devenue Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées (FFKDA).
  7. Maître Murakami Tetsuji était entouré de six assistants principaux pour le seconder lors des stages nationaux (Yves Ayache, Pierre-Jean Boyer, Luis de Carvalho, Patrick Herbert, Jean-Marc Labat et Denis Le Goff). Pendant la maladie du Maître tous les stages ont été dirigés par eux. (Karate-do Shotokaï#cite note-3)
  8. a et b « Association Mushinkai » (consulté le )