BusinessEurope

groupe de lobbying industriel européen
(Redirigé depuis UNICE)
BusinessEurope
Logo de l’association
Cadre
But Association patronale
Zone d’influence Union européenne
Europe de l'Est
Fondation
Fondation 1958
Origine UNICE
Identité
Siège Bruxelles
Président Fredrik Persson
(depuis juillet 2022)
Directeur général Markus J. Beyrer
Méthode Lobbying
Membres 42
Site web www.businesseurope.eu

BusinessEurope est une association patronale européenne et un lobby qui défend les intérêts des employeurs d'entreprises privées auprès de l'Union européenne.

Elle indique regrouper 42 organisations nationales d'entreprises de 36 pays d'Europe[1] dont pour les pays francophones le Medef en France, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB-VBO) pour les trois régions belges, et la Fédération des entreprises suisses.

Histoire modifier

L'association a porté successivement plusieurs noms au cours de son histoire. Créé sous le nom originel d'Union des industries des pays de la communauté européenne (UNICE), celle-ci a été renommée « BusinessEurope » sous la présidence d'Ernest-Antoine Seillière (ancien président du Medef en 2007)[2],[3].

En septembre 1949, Robert Marjolin, secrétaire général de l'Organisation européenne de coopération économique, créé le Conseil des fédérations industrielles d'Europe (CIFE). Cette organisation rassemble l'ensemble des organisations patronales des 18 pays membres de l'OECE.

En 1950, le président du Conseil national du patronat français (CNPF) Georges Villiers propose de regrouper au sein du CIFE les organisations nationales des pays concernées par le projet de CECA. L'opposition des patrons du Royaume-Uni bloque la réalisation du projet durant 2 ans. Le 4 novembre 1952 celui-ci aboutit avec la fondation d'une nouvelle organisation, l'Union des industries des pays de la communauté européenne (UNICE), mais dont l'arrivée est trop tardive pour remplir son objectif initial : le suivi du plan Schuman, entré en vigueur le .

L'UNICE se saisit de la question de la communauté européenne de défense en 1954. Son rejet par le Parlement français en août marque un coup d'arrêt des travaux de l'organisation européenne, dont la suspension est actée en novembre 1956[4].

Le , l'organisation devient l'Union des Industries de la communauté européenne et se donne pour objectif de suivre les conséquences politiques du Traité de Rome.

En 2010, BusinessEurope a également reçu le titre de « Worst Climate Lobbying » (Pire lobbying sur le climat) à l'occasion de la remise des Worst EU Lobbying Awards[5].

Objet de l'association modifier

Elle est l'un des trois partenaires sociaux européens reconnus par la Commission européenne pour participer au dialogue social européen.

Elle représente les employeurs du secteur privé, tandis que le Centre européen des entreprises à participation publique et des entreprises d'intérêt économique général représente les employeurs publics et la Confédération européenne des syndicats représente les salariés[6].

Elle exerce des actions de lobby auprès des institutions européennes afin d'influencer la législation en faveur des intérêts de ses membres. BusinessEurope joue notamment un rôle de premier plan dans la mise en avant de politiques d'austérité au niveau européen[7].

L'association Greenpeace a également démontré que ce lobby du patronal d'Europe et des États-Unis, notamment sous la présidence de Pierre Gattaz, entend faire échouer le projet d’« introduire des objectifs climatiques plus ambitieux au niveau de l’Union européenne à l’horizon 2030 »[8].

Organisation, gouvernance modifier

L'organisation est placée sous l'autorité de son directeur général, Markus J. Beyrer, et de son président, actuellement Fredrik Persson.

Elle a été présidée par[9],[10] :

Organisations membres modifier

Pays Organisation(s)
  Autriche Industriellenvereinigung
  Belgique Fédération des entreprises de Belgique
  Bulgarie Bulgarian Industrial Association – Union of the Bulgarian Business
  Suisse Économiesuisse
Union patronale suisse
  Chypre Cyprus Employers & Industrialists Federation
  Tchéquie Confederation of Industry of the Czech Republic
  Allemagne Fédération des industries allemandes
Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände
  Danemark Confédération de l'Industrie danoise (Dansk Industri)
Confédération des Employeurs danois (Dansk Arbejdsgiverforening)
  Estonie Estonian Employers' Confederation
  Espagne Confederación Española de Organizaciones Empresariales
  Finlande Confederation of Finnish Industries
  France Mouvement des entreprises de France
  Grèce Hellenic Federation of Enterprises
  Croatie Hrvatska Udruga Poslodavaca
  Hongrie Confederation of Hungarian Employers and Industrialists
  Irlande Irish Business and Employers Confederation
  Islande The Federation of Icelandic Industries
Confederation of Icelandic Employers
  Italie General Confederation of Italian Industry
  Lituanie Lietuvos pramonininku konfederacija
  Luxembourg Business Federation Luxembourg
  Lettonie Employers' Confederation of Latvia
  Monténégro Montenegrin Employers Federation
  Malte The Malta Chamber of Commerce Enterprise
  Pays-Bas Confederation of Netherlands Industry and Employers
  Norvège Confederation of Norwegian Enterprise
  Pologne Polish Confederation Lewiatan
  Portugal Confederação da Indústria Portuguesa
  Roumanie Concordia
  Serbie Unija poslodavaca Srbije
  Slovénie Association of Employers of Slovenia
  Slovaquie National Union of Employers (Slovakia)
  Saint-Marin Associazione Nazionale dell'Industria Sammarinese
  Suède Confederation of Swedish Enterprise (en)
  Turquie Turkish Industrialists' and Businessmen's Association
Turkish Confederation of Employer Associations
  Ukraine Federation of Employers of Ukraine
Union of Ukrainian Entrepreneurs
  Royaume-Uni Confederation of British Industry

Positions en matière de responsabilité sociale et environnementale modifier

Concernant l'environnement, la biodiversité et le climat modifier

En 2014, selon son site internet[11], BusinessEurope estime « ambitieux » les objectifs 3 X 20 à horizon 2020 du Paquet climat-énergie de l'UE 2007 de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et d'accroissement de la part des énergies renouvelables et d'amélioration de l'efficacité énergétique, qui a - selon l'association - « déclenché un programme politique et législatif avec de lourdes conséquences pour les entreprises européennes. Pour les entreprises, il est essentiel d'opérer dans un cadre politique de l'UE qui soit prévisible et qui intègre la protection du climat, la sécurité énergétique ainsi que les problèmes de compétitivité »[11] Selon BusinessEurope (20140, l'ordre du jour politique de l'UE devrait notamment :

  • mettre en œuvre une bourse du carbone via le schéma révisé UE Emission Trading (ETS), « en veillant à ce qu'il ne nuise pas à la compétitivité de l'industrie européenne » [11];
  • favoriser un accord climatique « véritablement global et équilibré, y compris avec les grands émetteurs de la planète » ;
  • « développer une politique globale européenne de l'énergie, avec création d'un cadre stratégique clair, nécessaire pour définition d'une politique climatique cohérente et efficace »[11] ;
  • renforcer les capacités européennes de recherche et de technologies dans le domaine des faible émission de carbone[11] ;
  • exploiter « toutes les possibilités d'efficacité énergétique les plus rentables » entrant dans le cadre de « entreprise, consommateurs et le secteur public »[11] ;
  • faciliter, réformer et étendre les mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto (Mécanisme de développement propre et application conjointe) pour apporter une contribution à la protection du climat[11].

Le site d'informations Euractiv publie en 2018 un document interne de BusinessEurope, qui montre que le lobby développe une stratégie de communication pour contrer les arguments favorables à un plus grand effort en matière de réduction des gaz à effet de serre[12] au sein de l'UE. Le lobby incite ainsi les patrons à «Être plutôt positif tant qu’il s’agit d’une déclaration politique qui n’a pas d’implications pour la législation européenne en vue de 2030», «s’opposer à l’augmentation des ambitions, en utilisant les arguments habituels que nous ne pouvons agir seuls dans un marché mondialisé et qu’on ne peut pas compenser pour les autres, etc.», «remettre en question le processus de décision en demandant plus de transparence dans les calculs, la réalisation d’une étude d’impact, le risque de créer de l’instabilité»[13]. Le mémo suggère également de "«minimiser le sujet en argumentant que la formalisation d’une ambition supplémentaire […] n’est pas ce qui compte le plus. Le plus important est de pousser d’autres grandes économies à s’aligner sur les ambitions européennes, faire que la transition dans l’UE soit un succès. Pour cela, nous avons besoin de stabilité pour mobiliser les investissements»[13].

Activité de lobbying auprès des institutions de l'Union européenne modifier

BusinessEurope est inscrit depuis 2009 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne, et déclare en 2017 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant compris entre 4 000 000 et 4 250 000 euros[14].

Notes et références modifier

  1. Présentation sur le site officiel
  2. Traxler F (2000) « Employers and Employer Organisations in Europe : Membership Strength, Density and Representativeness », Industrial Relations Journal , 31, p. 309-317 (extrait page 1)
  3. Parcours d'Antoine Seillière, sur le site du cercle des Européens.
  4. Yohann Morival, « Passage à Bruxelles et structuration nationale de l'intérêt européen au sein du CNPF », Relations Internationales,‎ (lire en ligne)
  5. Worst EU Lobbying Awards : « Le groupe de pression d’affaires BusinessEurope prétend soutenir la nécessité de stopper le changement climatique provoqué par l’homme mais a effectivement contribué à fragiliser les plans de réduction des émissions de CO2 à l’échelle européenne. Prétendant représenter les intérêts de la communauté de l’industrie européenne auprès des institutions européennes, il a principalement exercé des pressions dans l’intérêt des industries les plus consommatrices d’énergie, comme celle du pétrole, de l’acier et des produits chimiques, bloquant ainsi les politiques climatiques effectives au niveau de l’UE »
  6. Partenaires sociaux européens reconnus par le Traité de Lisbonne
  7. « Business against Europe », Corporate Europe Observatory, (consulté le )
  8. Olivier PetitJean, « Un document révèle comment les multinationales entravent toute action climatique ambitieuse », sur Basta !,
  9. Site de l'organisation ; Handelsblatt.com du 29 juin 2009
  10. (en) « History of the organisation - Winning the peace », sur BusinessEurope
  11. a b c d e f et g Climate change, BusinessEurope, consulté 2014-07-14
  12. Aude Massiot, « Quand le lobby du patronat européen veut «minimiser» les efforts climatiques », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b « Quand le lobby du patronat européen veut «minimiser» les efforts climatiques », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « Registre de transparence », sur le site de la Commission européenne (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier