Sonates et partitas pour violon seul
Les Sonates et Partitas pour violon seul (BWV 1001–1006) sont un ensemble de six œuvres de Johann Sebastian Bach.
Histoire
modifierComposition
modifierLes Sonates et Partitas consistent en trois sonates de quatre mouvements et trois partitas composées de mouvements de danse en nombre variable. L'ensemble complet fut publié pour la première fois en 1843 par Ferdinand David.
Elles furent composées par Bach en 1720, alors qu'il était employé à Cöthen, une période de sa carrière particulièrement fertile dans le domaine de la musique de chambre : outre les sonates et partitas, il y composa également les Concertos brandebourgeois, le Double concerto pour violon et les Suites pour violoncelle seul.
Interprètes
modifierLe premier interprète des sonates et partitas n'est pas connu avec certitude. Il pourrait s'agir de Johann Georg Pisendel ou Jean-Baptiste Volumier, deux violonistes de talent à la cour de Dresde, ou bien encore de Joseph Spiess, chef de l'orchestre de Cöthen. Il se peut également qu'il se soit agi de Bach lui-même[réf. souhaitée], dont le père Johann Ambrosius Bach était violoniste et qui, d'après son fils Carl Philipp Emanuel Bach, « dans sa jeunesse, et jusqu'à l'approche de la vieillesse, jouait du violon avec un beau son et une justesse parfaite ».
L'un de leurs plus fameux interprètes fut le violoniste et compositeur Georges Enesco, qui considérait l'œuvre comme "l'Himalaya des violonistes". L'un de ses élèves, le violoniste Serge Blanc, a rassemblé dans un document maintenant librement disponible[1] l'ensemble des doigtés, coups d'archets, nuances, et indications et techniques d'interprétations du maitre.
Certains morceaux furent enregistrés en 1903 par Joseph Joachim, le premier enregistrement intégral étant dû au jeune Yehudi Menuhin dans le milieu des années 1930. Aujourd'hui, les Sei Solo – a violino senza Basso accompagnato, suivant le titre donné par Bach lui-même, forment un des piliers du répertoire du violon et sont jouées et enregistrées fréquemment.
Structure
modifierChaque sonate est composée de quatre mouvements avec une alternance de tempos lent-rapide-lent-rapide et une fugue pour le deuxième mouvement : c'est le schéma classique de la sonata da chiesa dans la tradition de Corelli.
Les partitas sont composées de mouvements de danse, empruntant le schéma baroque de la succession allemande-courante-sarabande-gigue, mais sans jamais s'y conformer complètement : dans la première partita, une bourrée est substituée à la gigue, la deuxième ajoute un cinquième mouvement — la fameuse chaconne — et la troisième suit un schéma inhabituel qui ne conserve que la gigue pour le dernier mouvement.
La combinaison de ces deux formes typiques, l'une de la musique italienne et l'autre de la musique française, manifeste que Bach a voulu se situer dans l'héritage de ces deux traditions qui influençaient alors toute la musique européenne (on retrouve d'ailleurs ce souci dans le diptyque constitué du Concerto italien et de l'Ouverture à la française).
La troisième partita est probablement la plus connue des six œuvres. Le prélude et la gavotte sont fréquemment joués séparément et apparaissent dans de nombreuses compilations de musique classique.
Liste des œuvres
modifier- Sonate no 1 en sol mineur, BWV 1001[2]
- Adagio
- Fuga (Allegro)
- Siciliano
- Presto
- Partita no 1 en si mineur, BWV 1002
- Allemande
- Double
- Courante
- Double
- Sarabande
- Double
- Bourrée
- Double
- Sonate no 2 en la mineur, BWV 1003
- Grave
- Fugue
- Andante
- Allegro
- Partita no 2 en ré mineur, BWV 1004
- Allemande
- Courante
- Sarabande
- Gigue
- Chaconne
- Sonate no 3 en ut majeur, BWV 1005
- Adagio
- Fugue (Alla breve)
- Largo
- Allegro assai
- Partita no 3 en mi majeur, BWV 1006
- Preludio
- Loure
- Gavotte en Rondeau
- Menuet I
- Menuet II
- Bourrée
- Gigue
Transcriptions et orchestrations
modifierBien que ces œuvres aient été écrites à l'origine pour le violon, certains morceaux furent transcrits pour d'autres instruments par Bach lui-même ; l'ensemble complet a également été transcrit par d'autres compositeurs pour l'alto, le violoncelle et la guitare.
Quelques exemples
- La fugue de la première sonate fut transcrite pour l'orgue (BWV 539) et le luth (BWV 1000).
- La deuxième sonate dans son intégralité a été transcrite pour le clavier (BWV 964).
- La chaconne de la deuxième partita fut reprise pour le piano par Ferruccio Busoni, transcrite également pour le piano, pour main gauche seule par Johannes Brahms, pour la guitare par Andrés Segovia et orchestrée par Leopold Stokowski.
- L'adagio de la troisième sonate, transcrite pour le clavier (BWV 968).
- La troisième partita est également la quatrième suite pour luth, BWV 1006a.
- Le prélude de la troisième partita est également utilisé dans les cantates BWV 29 et 120a.
Liste d'enregistrements
modifierLes sonates et partitas ont été enregistrées par un grand nombre de violonistes dont :
- Yehudi Menuhin, 1934-1944, 1956/1957, 1975
- Georges Enesco, 1948
- Jascha Heifetz, 1952
- Henryk Szeryng, 1954 et 1967
- Johanna Martzy, 1954-1955
- Nathan Milstein, 1954-1956 et 1973
- Michael Rabin, 1955
- Joseph Szigeti, 1956
- Arthur Grumiaux, 1961
- Sándor Végh, 1970
- Gidon Kremer, 1980 et 2005
- Thomas Zehetmair, 1982
- Sigiswald Kuijken, 1983 et 2001
- Oscar Shumsky, 1983
- Shlomo Mintz, 1984
- Jaap Schröder, 1984-1985
- Itzhak Perlman, 1988
- Uto Ughi, 1991
- Christian Tetzlaff, 1993 et 2005
- Gérard Poulet, 1996
- Salvatore Accardo, 1996
- Dmitri Sitkovetsky, 1997
- Hilary Hahn (1997, Sony : Partita nos 2 et 3, Sonate n°3 ; 2018, Decca : Partita n° 1 et Sonates nos 1 et 2)
- Rachel Podger, avril 1998 et avril 1999, réédité en 2002
- Ilya Gringolts (partita 1, sonate 2, partita 3), 2002
- Hélène Schmitt, 2004
- Julia Fischer, 2005
- Sergey Khachatryan, 2008-2009
- Viktoria Mullova, 2009
- Isabelle Faust, 2010-2012
- Amandine Beyer, 2011
- Enrico Onofri, 2017
Notes et références
modifier- « Sonates et Partitas : Edition Pédagogique »
- Cette première sonate est bien en sol mineur, bien qu'un bémol à la clef soit manquant. Cette convention de notation caractéristique de la période baroque se retrouve également pour la tonalité de ré mineur et ne doit pas suggérer un mode dorien.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la musique :