Solfeggietto

œuvre pour clavier de Carl Philipp Emanuel Bach

Solfeggietto, de son nom complet Solfeggio en do mineur (Wq. 117/2, H. 220), est une courte œuvre en solo pour clavier composée par Carl Philipp Emanuel Bach en 1766[1]. La pièce est publiée en 1770 dans le Musikalisches Vielerley de Michael Christian Bock à Hambourg. Le recueil rassemble 71 pièces inédites du genre Empfindsamkeit (en) de différents compositeurs de l'école berlinoise de musique[2].

Solfeggietto
Wq. (de) 117/2, H. 220
Solfeggio en do mineur
Genre toccata
Musique Carl Philipp Emanuel Bach
Durée approximative 1 minute
Dates de composition 1766

La pièce fait partie d'un groupe de cinq pièces de CPE Bach aussi appelées Solfeggio, destinées à être des courtes pièces d'exercice[N 1].

Étymologie modifier

Solfeggietto est un diminutif de Solfeggio et est donc un nom affectueux pour la pièce, puisqu'elle est très courte. Le caractère éducatif de la pièce est reflété dans le fait que son nom est une allusion au solfège, technique d'apprentissage de la musique faite d'exercices de lecture et d'audition musicales[3],[4].

Présentation modifier

La structure de la pièce est plutôt simple, est une mélodie qui se répète. En partant de la tonique do mineur, on passe à la dominante sol mineur, à la sous-dominante fa mineur, puis à nouveau à la tonique. Les ruptures de triades sont prédominantes, principalement dans l'alternance de la tonique mineure et de la dominante majeure, ce qui permet d'obtenir les gammes mélodiques mineures correspondantes pour divers passages. Le deuxième degré tonal est ensuite atteint par une séquence de quintes. Après do mineur, fa mineur, si bémol majeur et mi bémol majeur, le la bémol majeur apparaît comme un accord de septième ton sans fondamentale. Inversée et variée, elle donne la double dominante de ré majeur dans les 7e et 8e mesures, et enfin la résolution de sol mineur. Le fa mineur, troisième station tonale, est alors atteint par une courte séquence de chute de quinte, mais à l'aide des variantes majeures comme dominantes intermédiaires (sol mineur → sol majeur7, do mineur → do majeur7 → fa mineur, mesures 13 et 15). Ceux-ci peuvent être considérés comme des détails d'expression typiquement galants, tout comme les répliques disséminées (mesures 14 et 16), qui sont ensuite traitées dans le dernier tiers (mesures 26 et suivantes). Le quatrième degré tonal est atteint par un triple accord de fa mineur (accord de sixte napolitaine) et par la dominante majeure sol. Le retour à la tonique d'origine do mineur est jouée par une courte cadence (mesure 25). En variant les contretemps, diverses tournures harmoniques sont encore exécutées, jusqu'à ce que le morceau se termine par les suites de triades brisées typiques du début[5]. Dû à son rythme, elle est qualifiée de toccata[6].

La pièce se joue d'un tempo Prestissimo et a été composée pour le public bourgeois, principalement les femmes, qui commencent à l'époque à prendre le goût pour la musique. La pièce, la plus connue de CPE Bach, est ainsi réputée pour sa mélodie monophonique, puisqu'une seule note est jouée à la fois par l'alternance des mains. Souvent assignée à des jeunes étudiants en piano, elle se joue aussi entièrement avec la main gauche[6],[7].

 

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Solfeggietto jouée sur piano.

Interprétations modifier

La pièce est jouée par Skinny Pete (en) (Charles Baker) dans la série télévisée américaine Breaking Bad[8].

Le pianiste canadien Marc-André Hamelin a ajouté des voix et ainsi adapté la pièce pour piano mécanique[9]. Le pianiste jazz Bud Powell joue la pièce au complet avant d'en jouer une improvisation dans ses performances Bud on Bach[10]. Peter Tork joue Solfeggietto sur piano électrique à l'occasion d'un spécial télévisé de NBC sur les The Monkees, dont il est membre[11].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le Solfeggio en mi bémol majeur (Wq. 117/3, H. 221) et le Solfeggio en la majeur (Wq. 117/2, H. 222) figurent aussi dans le Musikalisches Vielerley.

Références modifier

  1. Negri 2004, p. 2.
  2. (en) Peter Wollny, Carl Philipp Emanuel Bach: The Complete Works (en), Packard Humanities Institute, (lire en ligne).
  3. (de) Wilibald Gurlitt et Hans Heinrich Eggebrecht (de), Solfège : Riemann Musiklexikon (de), Riemann Musklexikon, , 12e éd. (ISBN 9780828866903).
  4. (de) Wolfgang Ruf (en) et Annette van Dyck-Hemming (en), Solfège : Riemann Musiklexikon, Riemann Musiklexikon, , 13e éd..
  5. (de) Alexander Krause, Die Claviermusik von Carl Philipp Emanuel Bach, Université Martin-Luther de Halle-Wittemberg, .
  6. a et b Owens 1995, p. 235.
  7. (en) Simon Probert, « Left Behind: Putting Your Left to Rights », sur Piano Lessons.net, (consulté le ).
  8. (en) Aiden Mason, « Skinny Pete Playing the Piano in Breaking Bad Will Always Be a Defining Moment », sur TV Overmind, (consulté le ).
  9. (en) [vidéo] Juergen Hocker, Marc-André Hamelin - Solfeggietto a cinque for Player Piano sur YouTube, (consulté le )
  10. (en) Guthrie P. Ramsey, The Amazing Bud Powell: Black Genius, Jazz History, and the Challenge of Bebop, University of California Press, , 252 p. (ISBN 978-0-520-24391-0, JSTOR 10.1525/j.ctt2jcc05).
  11. (en) [vidéo] The Monkees Archives, Peter Tork (Monkees) - Solfeggietto (Bach C.P.E) 1968/2014 sur YouTube, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier