Société française pour le commerce avec l'Outre-mer

société de commerce avec l'outre-mer

Société française pour le commerce avec l'Outre-mer
(SFCO)
Création 1685 (ex Maison Gradis)
Fondateurs Diego Gradis
Forme juridique Société anonyme
Siège social 3, rue de Messine, 75008 Paris
Drapeau de la France France
Direction Diego Gradis (PDG)
Activité Gestion de fonds
SIREN 552089302[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Société précédente Société Française pour le Commerce avec les Colonies et l'Étranger (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

La Société française pour le commerce avec l'Outre-mer (SFCO), anciennement Maison Gradis, est une entreprise française spécialisée dans le commerce avec la France d'outre-mer, aujourd'hui spécialisée dans la gestion de fonds.

Fondée en 1685 et encore en activité, sa longévité lui permet de faire partie de l'Association des Hénokiens[2]. Avec 10 expéditions négrières, et même si la traite d'esclaves représente une toute petite part de ses activités, la compagnie se classe entre 1771 et 1792 au septième rang des 191 armateurs négriers de la ville de Bordeaux[3].

Historique modifier

Maison Gradis modifier

Au XVIe siècle, la famille Gradis s’établit à Toulouse. Puis, le fondateur de la famille, Diego Gradis, s'installe à Bordeaux où il fonde une maison de commerce de toiles vers 1685, qu'il transmet en 1695 à son troisième fils, David qui rendit célèbre le nom des Gradis.

David Gradis (vers 1665-1751) fonde en 1696 une maison de commerce de vins et spiritueux et abandonne en 1711 le commerce de toiles pour s'installer à la Martinique où il fonde à Saint-Pierre une affaire de commerce avec une succursale à Saint-Domingue. De retour à Bordeaux, il développe, avec son fils Abraham, son activité d'armateur sous le nom de Compagnie David Gradis et fils, nom qu’elle conservera jusqu’au XXe siècle.

Le fils de David, Abraham Gradis (vers 1699-1780), développa la firme fondée par son père : elle acquit une importance considérable dans les années 1740, lors de la guerre de Succession d'Autriche, obtenant du surintendant du commerce l'exclusivité du commerce avec la Nouvelle-France. En 1756, il est chargé d'acheminer dépêches et ordres secret vers la Nouvelle-France. En 1763, le ministre de la Marine Choiseul lui confia le commerce des possessions françaises d’Afrique occidentale, où il avait acheté l'île de Gorée, puis de Cayenne et des Antilles. David Gradis commerça aussi avec la Hollande et l’Angleterre.

Entre 1771 et 1792[3], la Maison Gradis participe à 10 expéditions de traite négrière depuis Bordeaux, correspondant à 5 % de ses activités commerciales[4],[5].

En 1779, Abraham Gradis bénéficia de lettres patentes le naturalisant français et d'autres l’ayant précédemment autorisé à posséder des plantations avec esclaves dans les colonies (Martinique et Saint-Domingue) grâce également à l'appui du ministre Maurepas pour services rendus à la Couronne[6]. Abraham étant mort sans enfants, il distribua son patrimoine[7],[8] et c’est son neveu David Gradis (1742-1811) qui lui succéda à la tête de la maison de commerce et d’armement. Après les turbulences de 1789, la révolution haïtienne de 1791 et le blocus continental, la famille Gradis parvient à reprendre le transport et le négoce du sucre de la Martinique en expédient désormais ses sucres vers Londres, sans plus transiter par Bordeaux[9],[10] jusqu'à ce que la paix d'Amiens, mettant provisoirement fin à l'occupation anglaise, lui permette d'envoyer la production à son frère dans leur ville natale[11]. En 1794, Moïse Gradis émigre à Philadelphie pour essayer de protéger les intérêts de la maison à Saint-Domingue et à la Martinique, puis part s'installer en Martinique en 1801 pour reprendre possession des plantations de la famille qui avaient été confisquées à la suite de la Révolution de Saint-Domingue[9].

À la mort de David Gradis II, son neveu Benjamin III Gradis (1789-1858) prend la direction de la maison de commerce.

En 1848, possédant des centaines d’esclaves, la famille Gradis perçoit des centaines de milliers de francs-or à titre de dédommagement, après la seconde abolition de l'esclavage[12].

En 1889, Henri Gradis (1823-1905) fonde l'usine centrale de Basse-Pointe (dite usine Gradis) en Martinique, qui traitait les cannes à sucre des habitations voisines[13] et devient le poumon économique de la ville. Elle est gérée par la Société anonyme des sucreries de l'usine de Basse-Pointe, ayant son siège à Saint-Pierre, et constituée entre la famille Gradis, les propriétaires des habitations voisines, le consul britannique (en) William Lawless et la famille créole Ariès[14].

En 1914, les régions productrices de sucre de betterave étant occupées par les Allemands, le gouvernement français charge les établissements Gradis d'assurer le ravitaillement sucrier de la France.

En , les établissements Gradis et fils prennent le nom de Société française pour le commerce avec les colonies et l'étranger (SFCCE). Georges Schwob d’Héricourt est élu président et le peintre Raoul Gradis (1861-1943) vice-président (que les lois de Vichy obligent à démissionner), tandis que le fils de Raoul, le polytechnicien Gaston (, est nommé administrateur.

Société française pour le commerce avec l'Outre-mer modifier

En 1957, la SFCCE devient la Société française pour le commerce avec l'Outre-mer (SFCO). C'est une société anonyme au capital de 2 380 000 euros en 2018, dont le siège est à Paris et qui est membre des « Hénokiens »[15].

Avec la décolonisation, les activités de la société au Maroc et en Afrique s’étiolent et en 1975, elle se reconvertit dans le commerce des vins de Bordeaux sous la présidence d’Henri II Gradis[16].

En 2005, la SFCO se spécialise dans la gestion de fonds, l'étude et à la réalisation d'investissements financiers.

Liste des dirigeants modifier

Voir aussi modifier

Sources modifier

  • Les archives de la Maison Gradis sont conservées aux Archives nationales[18] sous la cote 181AQ 1-69, 73-156 et sont contenues dans 68 registres et 83 cartons sur 11,60 mètres linéaires pour la période allant de 1551 à 1980. Elles relèvent d'un premier arrêté du du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts puis de la donation notariée à l'État d’Henri II Gradis du (entrée n° 5066 du )et ont été transférées de Bordeaux à Paris[16].

Bibliographie modifier

  • Archives nationales : Fonds de la Maison Gradis (1551-1980)
  • Pierre Gervais, « Crédit et filières marchandes au XVIIIe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 67e année, no. 4, 2012, pp. 1011-1048. (ISBN 9782200927691). Lire en ligne
  • Jean de Maupassant, Un grand armateur de Bordeaux. Abraham Gradis (1699-1780) , préface Camille Jullian , éditions Feret et fils, 1931. Lire en ligne
  • Jean Schwob d'Héricourt, La maison Gradis et ses chefs, Argenteuil, 1975
  • Henri Gradis, Notice sur la Famille Gradis et sur la Maison Gradis et Fils de Bordeaux, 1875
  • Éric Saugera, Bordeaux port négrier (XVIIe – XIXe siècles), Paris, Éditions Karthala, (1re éd. 1995), 384 p. (ISBN 978-2-8111-4623-8)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

  • Ressource relative aux organisations  :

Notes et références modifier

  1. Sirene, (base de données) 
  2. « Les 39 Hénokiens en détails », sur Journal du net
  3. a et b « David Gradis - Mémoire de l'esclavage et de la traite négrière - Bordeaux », sur www.memoire-esclavage-bordeaux.fr (consulté le )
  4. « La traite négrière, passé occulté par les entreprises françaises », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. L'historien Eric Saugera, spécialiste de la traite négrière à Bordeaux, établit une différence entre le nombre de navires armés pour la traite négrière et la proportion de la traite négrière dans l'ensemble des affaires commerciales d'un négociant négrier. Lire en ligne
  6. (en) H. Guttenstein, Gotthard Deutsch, George Alexander Kohut, « Gradis », sur jewishencyclopedia.com, J.E., (consulté le )
  7. Christiane et Daniel Dumez, « Association Gujan-Mestras Accueil », sur gma33.unblog.fr, (consulté le )
  8. J. de Maupassant, 1931, op. cit. pp. 160-161.
  9. a et b Silvia Marzagalli, « Le négoce maritime et la rupture révolutionnaire : un ancien débat revisité », Annales historiques de la Révolution française, no 352,‎ , p. 184–207 (ISSN 0003-4436, DOI 10.4000/ahrf.11143, lire en ligne, consulté le )
  10. Archives Nationales, Archives du Monde du Travail, Roubaix, 180 AQ 7, copie des lettres d’Amérique, passim.
  11. Silvia Marzagalli, « Opportunités et contraintes du commerce colonial dans l'Atlantique français au XVIIIe siècle : le cas de la maison Gradis de Bordeaux », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 96, no 362,‎ , p. 87–110 (DOI 10.3406/outre.2009.4383, lire en ligne, consulté le )
  12. Coumba Kane et Julien Bouissou, « Les compensations versées aux propriétaires d’esclaves par la France au XIXe siècle rendues publiques », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Usine », notice no IA97201183, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  14. Gerry l'Etang, Victorien Permal, Zwazo, HC éditions, 2019
  15. « Société française pour le Commerce avec l'Outre-Mer », Les Hénokiens (consulté le )
  16. a et b Consultation en ligne des archives la Maison Gradis.
  17. Jean Schwob d'Héricourt, La maison Gradis de Bordeaux et ses chefs, Argenteuil, 1975, p. 12.
  18. « Salle des inventaires virtuelle », sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )