La sauce aurore est une sauce veloutée colorée en rose légèrement jaune, généralement avec une réduction de tomate plus rarement au paprika rose. On parle aussi de préparation à l’aurore.

Sauce aurore
Image illustrative de l’article Sauce aurore
Cigale de mer sauce aurore (Celler de Can Roca)

Autre(s) nom(s) Sauce française
Date XIXe siècle
Température de service chaude
Ingrédients Sauce veloutée, sauce tomate, jaune d'œuf
Mets similaires mayonnaise colorée
Accompagnement poisson (saumon), viandes blanches, artichauts, asperges

Histoire

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La sauce aurore apparait en français[1] chez Viard en 1820: «Vous prenez deux cuillerées de sauce tomate, avec autant d'allemande; vous la faites réduire, la retirez du feu; mettez-y peu à peu une demi-livre de beurre fin; travaillez-la avec une cuillère, afin qu'elle soit d'un beau velouté»[2]. Gustave Garlin, en 1889 donne une version à base de velouté de poulet lié au jaune d'œuf[3]. En 1900 Catherine Bonnechère la compose pour moitié de sauce allemande et pour moitié de sauce tomate, le tout lié au beurre[4], Prosper Salles et Prosper Montagné donnent pour base moitié velouté maigre moitié fumet de poisson[5] et Joseph Favre (1905) mélange Béchamel et sauce tomate (sur la poularde)[6], version qui deviendra usuelle.

Auguste Colombié prétendait en être l'inventeur. Il écrit (1906) dans son article sauce Choron «Les premiers cuisiniers, Emile Bernard et Urbain Dubois, l'appelèrent sauce française (1865); un autre (votre serviteur) l'a dénommée sauce aurore (1873); le troisième Choron [Béarnaise tomatée], lui décerna modestement son nom, qui reste fixé à la sauce» (la composition est chez lui tomates bien mûres, beurre, jaunes d'œufs; réduction de vinaigre; échalote; estragon, farine, vin blanc sec.)[7]. Et dans L’École de Cuisine du 25 octobre 1897: «Sauce des gourmets – sauce française – sauce aurore. Cette sauce que l’on trouve dans les ouvrages culinaires n’est qu’une seule et même sauce, composée par divers praticiens dans un moment de presse ou pour employer deux petits restants de sauce ainsi qu’il m’arriva en 1874, à l’hôtel des Princes, à Libourne, pour recevoir le duc Decazes et Depeyre, ministres en tournée, et arrivés à 11 heures du soir. Je réunis ce qui restait de sauce tomate et de sauce béarnaise du dîner [il a donc fait une sauce Choron], les chauffai ensemble en les remuant avec soin et les servis avec des ris de veau, sous le nom de sauce aurore; elle eut un très vif succès»[8].

Escoffier (1912) normalise les proportions: «Velouté additionné de purée de tomate bien rouge, dans les proportions de trois quarts de Velouté et un quart de purée de tomate. La mise à point se fait à raison de 100 grammes de beurre par litre de sauce». C'est la même année que sauce aurore apparait en anglais numérisé[9]. Il en donne une version pour le poisson, la sauce aurore maigre: «Velouté de poisson, tomaté dans les proportions ci-dessus, et finalement mis il point avec 125 grammes de beurre par litre de sauce»[10]. En1934, il donne une «Sauce au paprika rose, ou Sauce aurore - autre manière de préparer la sauce aurore. Faire fondre dans une petite casserole 2 cuillerées de beurre, lui mêler 1 cuillerée à dessert de paprika rose doux; chauffer pendant quelques secondes et l'incorporer à un litre de Béchamel à la Crème»[11].

Ces deux liaisons sont toujours admises de nos jours[12]. Selon Gustave Garlin la sauce aurore sans liaison est un usage italien[13] (en italien aurora[14]), P. C. Robert (1845) donne une version minimaliste : du velouté, une tomate et du beurre[15].

 
Mousserons sauce aurore

Variantes

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Gratin poisson sauce aurore

[28]

Utilisation

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Elle accompagne «spécialement les œufs, la viande blanche de boucherie et la volaille» écrit Escoffier[10]. Œufs pochés, œufs durs (que tout le monde n'aime pas[29]), les œufs-saucisses à la sauce aurore, les œufs farcis à l'aurore[30], les viandes (bœuf, cervelle de bœuf), les poissons et crustacés (farce de poisson garnie[31], saumon - la couleur du saumon et de la truite saumonée appelle la sauce rose - , turbot, langouste, et parmi les légumes: les artichauts[32], les asperges.

Anthologie

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  • La Vie montpelliéraine : gazette littéraire, théâtrale, humoristique, mondaine. Nos Echos. p. 6. 25 janvier 1914[33]

« Le vatel Montal, propriétaire de l'Hôtel de la Dorade à Narbonne, s'était surpassé; on peut en juger par le menu suivant:

Galantine de Perdreaux; Surprises de Volaille truffées; Truite saumonée sauce Aurore; Paupiettes de Bresse à la Chambord; Noisettes de Chevreuil Cumberland; Terrines de Strasbourg; Jeunes Faisans truffés; Cœurs d'artichauts à la Russe; Glace Comtesse Marie; Desserts. Vins: Champagne en carafes, Château Pageot 1906, Château Mouton Rothschild, Ch. Léoville Lascoze, Richobourg 1900. »

Notes et références

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  1. (en) « Google Books Ngram Viewer », sur books.google.com (consulté le )
  2. A. VIARD, Le Cuisinier royal ... Dixième édition ... par M. Fouret ... suive d'une notice sur les vins, par M. Pierhugue, (lire en ligne), p 106
  3. Gustave (1838-1923) Auteur du texte Garlin, Le pâtissier moderne : suivi d'un traité de confiserie d'office / par Gustave Garlin,..., (lire en ligne)
  4. Catherine de (18-19 ) Auteur du texte Bonnechère, La cuisine du siècle : dictionnaire pratique des recettes culinaires et des recettes de ménage : deux cents menus à l'usage de tous / Catherine de Bonnechère, (lire en ligne), p 222
  5. Prosper Auteur du texte Salles et Prosper (1865-1948) Auteur du texte Montagné, La grande cuisine illustrée : sélection raisonnée de 1221 recettes de cuisine transcendante / par Prosper Salles et Prosper Montagné,... ; préface de Philéas Gilbert, (lire en ligne), p 153
  6. Joseph (1849-1903) Auteur du texte Favre, Dictionnaire universel de cuisine pratique : encyclopédie illustrée d'hygiène alimentaire : modification de l'homme par l'alimentation. T. 4 / Joseph Favre, (lire en ligne), p 1653
  7. Auguste (1845-1920) Auteur du texte Colombié, La cuisine bourgeoise : traité pratique à l'usage des jeunes filles, guide indispensable de la maîtresse de maison... / par Ate Colombié, (lire en ligne), p 465
  8. Jacques Barbier, Auguste Colombié, cuisinier et écrivain culinaire, Paris, L'Harmattan, , 266 p. (ISBN 978-2-343-17434-1), p 30
  9. (en) « Google Books Ngram Viewer », sur books.google.com (consulté le )
  10. a et b Auguste (1846-1935) Auteur du texte Escoffier, Le guide culinaire : aide-mémoire de cuisine pratique (3e édition) / par A. Escoffier ; avec la collaboration de MM. Philéas Gilbert et Émile Fétu, (lire en ligne), p 28
  11. Auguste (1846-1935) Auteur du texte Escoffier, Ma cuisine. 2 500 recettes / A. Escoffier, (lire en ligne), p 21
  12. Michel MAINCENT-MOREL et Editions BPI, LA CUISINE DE REFERENCE, Editions BPI, (ISBN 978-2-85708-740-3, lire en ligne), p 318
  13. Gustave Garlin, Le petit cuisinier moderne, ou, Les secrets de l'art culinaire ...suivi d'un dictionnaire de cuisine et de la table des planches, Garnier frères, (lire en ligne), p 99
  14. (it) Henri-Paul Pellaprat, L'arte della cucina moderna, RIZZOLI LIBRI, (ISBN 978-88-586-5825-3, lire en ligne)
  15. P. C. Robert, La grande cuisine simplifiée: art de la cuisine nouvelle mise à la portée de toutes les fortunes, suivie de la charcuterie, de la patisserie, de l'office, des conserves de légumes, et précédée d'un dictionnaire du cuisinier, avec 52 gravures, Audot, éditeur de Bon jardinier, rue du Paon, 8 (École-de-Médecine), (lire en ligne), p 30
  16. Auguste (1846-1935) Auteur du texte Escoffier, Le guide culinaire : aide-mémoire de cuisine pratique / par A. Escoffier ; avec la collaboration de MM. Philéas Gilbert, E. Fétu, A. Suzanne, [et al.] ; dessins de Victor Morin, (lire en ligne), p 147
  17. Marie Delmas, Recettes sans gluten ni laitage selon les principes de Dr Jean Seignalet: La santé en mangeant, Le Mercure Dauphinois, (ISBN 978-2-35662-126-9, lire en ligne)
  18. « L'Œuvre », sur Gallica, (consulté le )
  19. Jacques Internet Archive, Le Grand livre de la cuisine à la vapeur, Paris : Librairie générale française, (ISBN 978-2-253-04716-2, lire en ligne), p 350
  20. Théophile Auteur du texte Gringoire et Louis Auteur du texte Saulnier, Le répertoire de la cuisine (3e édition) / Th. Gringoire et L. Saulnier, (lire en ligne), p 159
  21. Théophile Auteur du texte Gringoire et Louis Auteur du texte Saulnier, Le répertoire de la cuisine (3e édition) / Th. Gringoire et L. Saulnier, (lire en ligne), p 116
  22. Guillaume Mourton et Patrick André, Sauces et vinaigrettes, Editions Artemis, (ISBN 978-2-84416-773-6, lire en ligne), p 72
  23. Fernand Rousselot, Du sel de nos salines. Nouveaux couarails, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-10405-6, lire en ligne)
  24. Bernie de Tours, Le mauvais tour de Babel: pérégrinations ludiques au royaume des mots, Scali, (ISBN 978-2-35012-119-2, lire en ligne)
  25. « Royat mondain : journal artistique, littéraire et mondain ["puis" journal artistique et littéraire]... », sur Gallica, (consulté le )
  26. Caroline Vannier, Les sauces: 116 recettes pour accompagner vos plats, FeniXX, (ISBN 978-2-307-25279-5, lire en ligne)
  27. Catherine De Bonnechère, La cuisine du siècle: dictionnaire pratique des recettes culinaires et des recettes de mènage : deux cents menus à l'usage de tous, En vente chez l'auteur, (lire en ligne), p 155
  28. « Gratin de poisson sauce aurore - 260 g », sur fr.openfoodfacts.org (consulté le )
  29. Christophe Girard, La Défaillance des pudeurs, Editions du Seuil, (ISBN 978-2-02-123234-9, lire en ligne)
  30. « Le Petit écho de la mode », sur Gallica, (consulté le )
  31. « Le Guide à Paris : journal-indicateur des étrangers et des visiteurs / [gérant Paul Genay] », sur Gallica, (consulté le )
  32. « Le Gastronome : journal universel du goût / rédigé par une société d'hommes de bouche et d'hommes de lettres », sur Gallica, (consulté le ), p. 8
  33. « La Vie montpelliéraine : gazette littéraire, théâtrale, humoristique, mondaine », sur Gallica, (consulté le ), p. 6

Annexes

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Voir aussi

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Liens externes

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