Richard D. Ryder

écrivain et psychologue britannique
Richard D. Ryder
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (83 ans)
Rempstone Hall, Corfe Castle
Nom dans la langue maternelle
Richard D. RyderVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
MA (psychologie expérimentale)
Université de Cambridge, 1963
Diplôme (psychologie clinique)
Université d'Édimbourg
Activités
Père
Dudley Claud Douglas Ryder (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Vera Mary Cook (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Audrey Jane Smith (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Emily Nancy Charlotte Ryder (d)
Henry Arthur Woden Calcraft Dudley Ryder (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Site web

Richard D. Ryder, né en 1940 à Purbeck, dans le Dorset, est un écrivain et psychologue britannique. Il s'est fait connaître dans les années 1970 en tant que membre du groupe d'Oxford, un groupe d'intellectuels de l'université d'Oxford qui réfléchissaient au statut moral des animaux et aux traitements qu'ils subissaient, notamment l'expérimentation animale et l'élevage industriel[1]. Il travaillait à l'époque au service de psychologie de l’hôpital Warneford à Oxford, et a pratiqué lui-même des recherches sur les animaux[2].

En 1970, il inventa le terme de spécisme pour décrire l'exclusion de la sphère morale et juridique dont faisaient l'objet les animaux. De 1977 à 1979, il fut président du conseil du RSPCA et participa à l'organisation de la première conférence universitaire sur l'antispécisme, en au Trinity College à Cambridge. La conférence produisit une « déclaration contre le spécisme », signée par 150 personnes[3].

Ryder a écrit de nombreux ouvrages critiquant l'expérimentation animale, soutenant l'antispécisme, abordant l'éthique et la politique, dont Victims of Science (1975), Animal Revolution (1989), et Painism : A Modern Morality (2001).

Biographie modifier

Ryder est né d'un père officier et de la seconde femme de ce dernier[4]. Il obtient un master en psychologie expérimentale à l'université de Cambridge (1960-1963). Il fait des recherches en psychologie animale à l'université Columbia et passe un diplôme de psychologie clinique à l'université d'Édimbourg. Ensuite, il travaille comme clinicien à l’hôpital psychiatrique de Warneford à Oxford[2].

En 1980, il se présente sans succès au parlement britannique, et fonde un groupe de protection animale. Il revient à Cambridge pour passer un doctorat en sciences sociales et politiques en 1993[5]. Il obtient une chaire de professeur associé à l'université Tulane à la Nouvelle-Orléans, en 1996[6].

Le militant antispéciste modifier

Groupe d'Oxford modifier

Ryder s'impliqua dans la protection animale en 1969, quand il manifesta contre la chasse à la loutre dans le Dorset[5]. En avril et mai de la même année, il écrivit trois lettre au Daily Telegraph. Dans la première, intitulée Rights of Non Human Animals, il critiqua l'expérimentation animale en se fondant sur sa propre expérience en la matière[7]. Il y avait un intérêt croissant pour la protection animale à l'époque, à la suite de la publication d' Animal Machines (1964) par Ruth Harrison, une critique de l'élevage industriel, et de l'articleThe Rights of Animals (1965), par l'écrivaine et féministe Brigid Brophy, dans le Sunday Times[8].

Brophy lut les lettres de Ryder au Daily Telegraph et le mit en contact avec trois étudiants d'Oxford (Roslind et Stanley Godlovitch, et John Harris), qui publièrent un recueil d'articles relatifs au traitement des animaux, Animals, Men and Morals: An Inquiry into the Maltreatment of Non-humans (1971)[7]. Ryder s'impliqua dans ce qui sera par la suite appelé le groupe d'Oxford, et devint un militant antispéciste, publiant des brochures et organisant des conférences. Il contribua à des ouvrages collectifs[3] et participa à plusieurs émissions de radio ou de télévision[5].

Spécisme modifier

Ryder fut le premier à employer le terme « spécisme » (speciesism) dans une brochure contre l'expérimentation animale distribuée à Oxford en 1970. Il explique dans son article intitulé speciesism que :

« depuis Darwin, les scientifiques admettent qu’il n’y a aucune différence essentielle “magique” entre les humains et les autres animaux, biologiquement parlant. Pourquoi, dès lors, faisons-nous moralement une distinction radicale ? Si tous les organismes sont sur un seul continuum biologique, nous devrions aussi être sur ce même continuum. »

Il écrivit que, au même moment au Royaume-Uni, 5 millions d’animaux étaient utilisés chaque année pour l’expérimentation, et que cette façon de tirer bénéfice, pour notre propre espèce, de mauvais traitements infligés aux autres n’est rien d’autre que du spécisme et, en tant que tel, n’est qu’un argument émotionnel égoïste plutôt qu’un argument rationnel. Ryder réemploya le terme dans l’essai “Expérimentations sur les animaux” dans Animals, Men and Morals (1971), un recueil d’essais sur les droits des animaux édité par trois autres membres du groupe d’Oxford, Stanley et Roslind Godlovitch et John Harris. Il y écrit :

« Les mots “race” et “espèce” sont des termes aussi vagues l’un que l’autre que l’on utilise pour classifier les êtres vivants principalement sur la base de leur apparence. On peut faire une analogie entre les deux. La discrimination sur la base de la race, bien que tolérée presque universellement il y a deux siècles, est maintenant largement condamnée. De la même façon, il se pourrait qu’un jour les esprits éclairés abhorreront le spécisme comme ils détestent aujourd’hui le racisme. L’illogisme dans ces deux formes de préjugés est du même type. Si nous acceptons comme moralement inacceptable de faire souffrir délibérément des êtres humains innocents, alors il est logique de trouver inacceptable de faire souffrir délibérément des êtres innocents d’autres espèces. Le temps est venu d’agir selon cette logique. »

Peter Singer publie un compte-rendu de ce livre en 1973 dans The New York Review of Books, dans lequel il écrit qu'il s'agit d'un appel à la création d'un mouvement de libération animale. De cet article, Singer fait un livre, La Libération animale, publié en 1975.

Groupe de réforme de la RSPCA modifier

Le groupe de réforme de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) fut fondé en 1970 par des membres de la RSPCA. Son but était de transformer la RSPCA, une organisation alors dédiée principalement aux animaux de compagnie, en une organisation s'opposant aux principales exploitations animales : l'élevage industriel, l'expérimentation animale, la chasse et les combats d'animaux. Ce groupe permis d'élire des réformistes à la tête de l'organisation, parmi lesquels Ryder, élu au conseil en 1971, vice-président en 1976 et président de 1977 à 1979[9].

Pathocentrisme modifier

Ryder formula également le terme « pathocentrisme » (painism) en 1990. Selon ce concept, tous les êtres dotés de la capacité de ressentir (sentients) devraient avoir des droits[10]. Il présente le pathocentrisme comme une troisième voie entre l'approche utilitariste de Peter Singer et l'approche déontologiste de Tom Regan[11]. Il combine deux idées : le statut moral découle de la sentience et l'attribution de droits aux animaux. Ces derniers ne doivent pas être utilisés comme des moyens. Il critique la notion de valeur inhérente de Regan et la conclusion que l'exploitation animale peut se justifier si elle maximise le bien-être du plus grand nombre. Ryder est apparu dans le film Speciesism en 2012, dans lequel il résume sa position[12].

Contre l'Oxford animal laboratory modifier

Ryder soutient le VERO (Voice for Ethical Research at Oxford), un groupe de diplômés et de chercheurs d'Oxford formé en 2006. Ceux-ci s'opposent à la construction d'un nouveau laboratoire de recherche utilisant des animaux[13].

Bibliographie sélective modifier

  • (en) (1970). Speciesism, privately printed leaflet, Oxford.
  • (en) (1971). "Experiments on Animals," in Stanley and Roslind Godlovitch and John Harris. Animals, Men and Morals. Grove Press, Inc.
  • (en) (1974). Speciesism: The Ethics of Vivisection. Scottish Society for the Prevention of Vivisection.
  • (en) (1975). Victims of Science: The Use of Animals in Research. Davis-Poynter Ltd.
  • (en) Avec W. Lane-Petter et al (September 1976). "The Ethics of Animal Experimentation", Journal of Medical Ethics. Vol. 2, No. 3, p. 118–126.
  • (en) Avec David Paterson (eds.) (1979). Animals' Rights – A Symposium. Centaur Press Ltd.
  • (en) (1989). Animal Revolution: Changing Attitudes Towards Speciesism. McFarland & Co Inc.
  • (en) (ed.) (1992). Animal Welfare and the Environment. Gerald Duckworth & Co Ltd, in association with the RSPCA
  • (en) (1991). "Animal Experimentation: Sentientism," The Psychologist, vol 4, 1991.
  • (en) (1992). "Painism: Ethics, Animal Rights and Environmentalism," UWCC Centre for Applied Ethics.
  • (en) (ed.) (1992). The Duty of Mercy by Humphrey Primatt (first published 1776). Open Gate Press.
  • (en) (1998). The Political Animal: The Conquest of Speciesism. McFarland & Co Inc.
  • (en) (2001). Painism. A Modern Morality. Open Gate Press.
  • (en) (2005). The Calcrafts of Rempstone Hall: The Intriguing History of a Dorset Dynasty. Halsgrove.
  • (en) (2006). Putting Morality Back into Politics. Imprint Academic.
  • (en) (2009). Nelson, Hitler and Diana: Studies in Trauma and Celebrity. Imprint Academic.
  • (en) (2009). "Painism versus Utilitarianism", Think, vol 8, p. 85–89.
  • (en) (2011). Speciesism, Painism and Happiness. Imprint Academic.

Notes et références modifier

  1. (en) Ryder, Richard D. (2009). "The Oxford Group," in Marc Bekoff (ed.). The Encyclopedia of Animal Rights and Animal Welfare. Greenwood, pp. 261–262.
  2. a et b (en) Notes on the Contributors, in Stanley and Roslind Godlovitch and John Harris (eds.) (1971). Animals, Men and Morals. Grove Press.
  3. a et b (en) "A Declaration against Speciesism," in David Paterson and Richard D. Ryder (1979). Animals' Rights – A Symposium. Centaur Press Ltd. *Ryder, Richard D. (1979). "The Struggle Against Speciesism," in Paterson and Ryder, op. cit.
  4. (en) Ryder, Richard D. (mars 2006). "A Purbeck squire", Dorset Life.
  5. a b et c (en) Ryder, Richard D. (2011). Speciesism, Painism and Happiness: A Morality for the 21st Century. Imprint Academic, pp. 38ff, 152–153.
  6. (en) « Richard D. Ryder », sur richardryder.co.uk.
  7. a et b (en) Ryder, Richard D. (2000) [1989]. Animal Revolution: Changing Attitudes Towards Speciesism. Berg, p. 6.
  8. (en) Robert Garner (2004). Animals, Politics and Morality. Manchester University Press, p. 3ff.
  9. (en) Ryder, Richard (2009). "Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) Reform Group," in Bekoff, op. cit., p. 307–308.
  10. (en) Ryder, Richard D. (6 août 2005). "All beings that feel pain deserve human rights", The Guardian.
  11. (en) Ryder defines pain as "any form of suffering or negative experience, including fear, distress and boredom, as well as corporeal pain itself. Such things as injustice, inequality and loss of liberty naturally cause pain": see "Painism", richardryder.co.uk.
  12. (en) "The Superior Human?", site officiel.
  13. (en) "Who We Are", Voice for Ethical Research at Oxford "Open Letter to the New Vice-Chancellor" « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), Voice for Ethical Research at Oxford, Noughth week, Michaelmas term, 2009.

Annexes modifier

Liens externes modifier

Sources modifier

Vidéos modifier