René Norguet

ingénieur du génie maritime

René Norguet, né à Paris 13e le et décédé à La Ferté-Imbault le [1], est un ingénieur général du génie maritime, haut-fonctionnaire français puis directeur général des Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL).

Biographie modifier

Fils d'un chef de gare, René Norguet réussit le concours d'entrée à l'École polytechnique en 1908. Il intègre à sa sortie le corps militaire du génie maritime et commence sa vie professionnelle comme ingénieur à l'arsenal de Brest en 1910. Il fait ensuite carrière au service technique des constructions navales dont il devient le directeur en 1938, au ministère de la marine. Après l'armistice de 1940, il est détaché au nouveau ministère de la production industrielle[2],[3]. Directeur des industries mécaniques et électriques (DIME) du ministère de la Production industrielle depuis août 1940, il devient en août 1942 le numéro deux de ce ministère, sous les ordres de Jean Bichelonne, et joue un rôle important dans l'expérience d'économie dirigée mise en place par le régime de Vichy, avec d'autres jeunes ingénieurs des industries navales soucieux depuis l'avant guerre de rationalisation et dont il est leur mentor, et dans la collaboration économique franco-allemande[4].

Comme d'autres hauts-fonctionnaires, il est arrêté par les Allemands le 10 août 1943 et retenu prisonnier en Autriche, au camp de Füssen-Plansee. Il revient en France en 1945 et reprend sa carrière de haut-fonctionnaire. Il est nommé inspecteur général des fabrications d'armement mais il démissionne à la suite d'un désaccord avec son ministre de tutelle, communiste, en 1947.

Il commence alors une carrière dans le secteur privé, pratiquant le pantouflage habituel des figures de la haute fonction publique. Il devient ainsi le directeur général des Ateliers et chantiers de la Loire de 1949 à 1958 tout en étant directeur général des Chantiers Dubigeon puis P-DG jusqu'en 1964 de cette firme et en administrant diverses autres sociétés. Il préside de 1956 à 1964 la Chambre syndicale des constructeurs de navires[2].

Il préside la commission productivité du Conseil national du patronat français (CNPF) à partir de sa formation en février 1949[5],[6]. Membre du comité directeur du CNPF, il siège au conseil de direction du Centre de recherche des chefs d’entreprise (CRC), un club de pensée patronal lié au CNPF[7]. Il préside le Comité national de l'organisation française (CNOF) au début des années 1960.

Son essai de 1961 sur le progrès social en France fait de lui un patron de sensibilité chrétienne, opposé au marxisme comme à certains catholiques, « accusateurs – laïcs ou clercs – des dirigeants de l’industrie et du commerce ». Il prône un « édifice économico-social qui se situe entre le libéralisme total (…) et un dirigisme systématique qui n’est pas davantage accepté ». Il prend parti pour un « libéralisme ordonné, à préoccupations sociales, acceptant l’économie concertée »[8],[9].

Président de l'Académie de marine en 1964-65, Norguet est grand officier de la Légion d'honneur[3].

Fonctions exercées modifier

  • Secrétaire général à l'Industrie et au Commerce intérieur à partir du au (Gouvernement Pierre Laval (6))
  • Secrétaire général à la Production industrielle à partir du à (Gouvernement Pierre Laval (6))
  • Président de la commission de la productivité du CNPF, créée en 1949.

Publications modifier

  • La Productivité, sa définition, son rôle, sa portée, Bulletin du CNPF no 22 du . p. 2-3
  • Le Progrès Social en France : évolution ou révolution, Éditions Plon, 1961, préface de Georges Villiers, président du CNPF

Bibliographie modifier

  • Jean-Claude Daumas (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, 2010, p. 507-509

Notes et références modifier

  1. Acte de naissanceà Paris 13e, no 2890, vue 20/31, avec mentions marginales du mariage à Orléans en 1919 et du décès à La Ferté-Imbault en 1968.
  2. a et b Jean-François Grevet, dans le Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, 2010, p. 507-509
  3. a et b "In memoriam. L'ingénieur Général NORGUET (1908) 1888-1968", La jaune et la rouge, février 1969, n+ 234, p. 11-13
  4. Jean-François Grevet, Des turbines au Plan, la Marine au service de l’économie dirigée ou les ambitions des ingénieurs du Génie maritime à la Direction des industries mécaniques et électriques (1940-1944), dans Aéronautique, Marchés, Entreprises: Mélanges en mémoire d’Emmanuel Chadeau, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2004 (Lire en ligne)
  5. Régis Boulat, Jean Fourastié, un expert en productivité : la modernisation de la France, années trente-années cinquante, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, , 460 p. (ISBN 978-2-84867-218-2, lire en ligne), p. 244.
  6. L'Aube, 30 mars 1949
  7. Sur le CRC, cf. Régis Boulat, « Du Centre de recherche des chefs d’entreprise à l’Institut de l’entreprise ou « comment gagner la guerre des idées » dans la seconde moitié du XXe siècle » in Olivier Dard, Gilles Richard (dir.), Les droites et l’économie en France au XXe siècle, Riveneuve éditions, 2011
  8. Jean-François Grevet, dans le Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, 2010, p. 509.
  9. René Norguet, Le progrès social. Révolution ou évolution, Plon, 1961 : Norguet, catholique, souligne que la doctrine sociale de l’Église critique le capitalisme libéral, celui du XIXe siècle, mais reconnait la légitimité de la propriété privée. Elle s’appuie sur des considérations sociales, et vise la promotion des classes les moins favorisées. Il pointe néanmoins ses « équivoques », soulignant le « malaise éprouvé par les dirigeants d’entreprise en lisant les condamnations globales de notre société actuelle ou certaines considérations sur la lutte des classes ». Il déplore que des militants chrétiens participent à la lutte des classes et que l’Église condamne ou laisse condamner « le régime actuel dans les termes mêmes qu’elle a employé à propos du libéralisme économique », celui de la première Révolution industrielle, défunt selon lui. Il prône un néo-libéralisme social distinct du libéralisme classique par la « conviction que la morale a à voir avec l’économique et que l’économique ne commande pas totalement le social, que le profit, s’il est légitime, ne doit pas être un guide souverain ». Il s’en distingue par le « refus de s’accommoder de la dureté de l’existence des moins favorisés, par la condamnation de l’individualisme, qui doit être sacrifié en faveur du bien commun ».

Liens externes modifier