Rance (fleuve)

fleuve français

la Rance
Illustration
La Rance à Dinan.
Carte.
Cours de la Rance.
Caractéristiques
Longueur 103,56 km [1]
Bassin 1 195 km2 [réf. nécessaire]
Bassin collecteur la Rance
Débit moyen 12 m3/s [réf. nécessaire]
Régime pluvial océanique
Cours
Source village du Cas de la Plesse (monts du Mené)
· Localisation Collinée
· Altitude 258 m
· Coordonnées 48° 17′ 47″ N, 2° 32′ 17″ O
Embouchure Manche
· Localisation Dinard / Saint-Malo
· Altitude m
· Coordonnées 48° 38′ 35″ N, 2° 02′ 27″ O
Géographie
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Côtes-d'Armor, Ille-et-Vilaine
Régions traversées Bretagne

Sources : SANDRE:« J0--0160 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

La Rance est un fleuve côtier de l'ouest de la France, au nord de la Bretagne. Elle prend sa source dans les monts du Mené à Collinée, dans le département des Côtes-d'Armor, et se jette dans la Manche entre Dinard et Saint-Malo dans le département d'Ille-et-Vilaine.

Hydronymie et toponymie modifier

Le nom de la Rance est Renk en breton[2].

Il est attesté sous les formes Renc au IXe siècle, Rinctus, Rinctius au IXe-Xe siècle, Rentia au IXe siècle, Rentius au XIe siècle, Rentie au XIIe, Re(n)cem au XIIe, Rence et Rance au XIIe également[3].

Les linguistes ont anciennement attribué à Rinctius, un radical Rinc- issu du gaulois (autrement dit celtique continental) *rinc- « bruit strident »[4].

Cependant cette hypothèse est incompatible avec la forme primitive du nom de la Rance désormais identifié dans Reginca. Il s'agit d'un dérivé formé avec le suffixe -inco sur la racine indo-européenne reg- « arroser, baigner », dont il existait probablement un produit en celtique[5],[6].

Son nom participe à la toponymie du canal d'Ille-et-Rance, à la communauté de communes Rance - Frémur, au SAGE Rance Frémur Baie de Beaussais[7] et à de nombreuses communes : Le Minihic-sur-Rance, Plouër-sur-Rance, Pleudihen-sur-Rance, Langrolay-sur-Rance, La Vicomté-sur-Rance, Saint-Samson-sur-Rance.

Géographie modifier

 
Localisation de la Rance en France.

La Rance est donc un fleuve côtier de Bretagne, elle prend sa source dans le village du Cas de la Plesse (monts du Mené) à 258 m d'altitude[note 1] et se jette dans la Manche sur la côte nord. Elle est longue de 103,56 km[1].

Le cours de la Rance peut être divisé en trois sections :

  • la Rance fluviale de la source jusqu'à hauteur d'Évran où le canal d'Ille-et-Rance la rejoint ;
  • la Rance canalisée entre Évran et l'écluse du Châtelier ;
  • la Rance maritime à partir de l'écluse jusqu'à la mer, son estuaire est barré par le barrage de la Rance ;
  • auxquelles vient s'ajouter le canal d'Ille-et-Rance.

Rance fluviale modifier

 
La source de la Rance.

La Rance prend sa source dans les monts du Mené, à 258 m d'altitude, sur la commune de Collinée, dans les Côtes-d'Armor.

Elle se dirige vers l'Est jusqu'à Lanrelas, puis vers le Sud-est. Sur cette portion elle traverse les communes de CollinéeSaint-Jacut-du-MenéLangourlaSaint-VranMérillacSaint-LauneucÉréacLanrelasPlumaugatSaint-Jouan-de-l'IsleLa Chapelle-BlancheCaulnesGuittéGuenrocPlouasneSaint-MadenTréfumelSaint-JuvatLe Quiou puis Saint-André-des-Eaux.

Elle reçoit le Guinefort (une rivière de 18 km, en provenance de l'Ouest) et le canal d'Ille-et-Rance, au niveau de la commune d'Évran.

À la hauteur de Guenroc, le barrage de Rophémel[8] crée une retenue de 5 millions de m3. Celle-ci alimente en eau potable la ville de Rennes. Le barrage mesure 26 m de haut, pour une longueur de 126 m à son sommet, il abrite, en outre, une usine hydroélectrique.

La surface de bassin versant de la Rance est de 380 km2 en amont de Guenroc. Le module y est de 2,57 m3/s. Le débit spécifique est de 6,8 litres/s par km2 et la lame d'eau écoulée dans son bassin versant de 214 mm/an. Ce sont des valeurs très faibles. Le débit journalier maximal a été mesuré le et était de 80,2 m3/s. À l'étiage, le débit peut descendre jusqu’à 0,017 m3/s en cas de période quinquennale sèche.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Guenroc (Rophemel)
(données calculées sur 69 ans)
Source : Banque Hydro - Station J0621610 - La Rance à Guenroc[9]

Rance canalisée et canal d'Ille-et-Rance modifier

Le canal rejoint la Rance à la hauteur d'Évran, après avoir suivi le Linon (une rivière de 36 km) à partir de sa confluence avec le Donac. Elle coule, ainsi canalisée, jusqu'à l'écluse du Châtelier à Saint-Samson-sur-Rance.

Le fleuve s’élargit au niveau de Taden, formant un bassin appelé « plaine » localement, inutile cependant d'espérer y faire paître du bétail, c'est un site de repos pour les mouettes et autres canards. La route départementale 57, passant par l'écluse du Châtelier relie les lieux-dits « La Hisse » (rive Ouest) et « Lyvet » (rive Est).

Rance maritime modifier

 
Carte touristique de la Côte d'Émeraude figurant la Rance maritime.

Après l'écluse du Châtelier on trouve :

L'écluse du Châtelier marque la limite de salure des eaux, en aval l'eau devient saumâtre. La Rance maritime fait partie du Domaine public maritime français.

Entre les villes de Dinard et Saint-Malo, le barrage de la Rance barre l'estuaire. Cet ouvrage a été construit entre 1961 et 1966, il définit aujourd'hui le régime hydrologique de la Rance maritime.

Affluents modifier

Les principaux affluents de la Rance sont, d'amont en aval :

Rang de Strahler modifier

Hydrologie modifier

Son régime hydrologique est dit pluvial océanique.

Climat modifier

Ouvrages d’art modifier

Barrages et écluses modifier

 
L'écluse du Châtelier (La Vicomté-sur-Rance).

Ponts modifier

La Rance est traversée par de nombreux ponts, notamment, en remontant son cours de Saint-Malo à Léhon :

  • le barrage de la Rance qui porte la route départementale D 168 depuis le  ;
  • le pont Châteaubriand (1991) portant la route nationale 176 ;
  • le pont Saint-Hubert (1928, reconstruit en 1959), à quelques dizaines de mètres du précédent, portant la route départementale 366 ;
  • le viaduc ferroviaire de Lessard (1879, reconstruit en 1950) portant la ligne de Lison à Lamballe (reliant Cherbourg à Brest) ;
  • l'écluse du Châtelier ;
  • le vieux pont de Dinan ;
  • le viaduc de Dinan (1858) ;
  • le vieux pont de Léhon.

L'habitat rural dans la vallée de la Rance modifier

Dans la vallée de la Rance, les maisons des paysans aisés du Pays des Faluns datant de la fin du XVIIe siècle ou duXVIIIe siècle (Tréfumel, Le Quiou, Saint-Maden, Plouasne, Trévron, Guitté, Longaulnay, Saint-Juvat, etc..), riches laboureurs et marchands de toiles (analogues aux juloded du Léon) possèdent des lucarnes en pierre de taille (en calcaire des faluns) richement ornés (pilastres cannelés, frontons triangulaires ou en arc de cercle), par exemple à la Ville-Ferrer en Guitté, à la Cossuais en Langaulnais, au Tertre en Plouasne, à la Ville-Boudet en Saint-Juvat, à la Bigotais en Saint-Maden[10], etc.

Environnement modifier

La quasi-totalité de l’estuaire de la Rance est couvert par plusieurs zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 et 2 :

  • Bras de Châteauneuf de 298 hectares [11] ;
  • Île Notre-Dame de 4 hectares [12] ;
  • Anse de la Richardais de 83 hectares [13] ;
  • Anse de Gareau en Saint-Suliac et La Ville-es-Nonais, de 90 hectares [14] ;
  • Anse de Pleudihen de 223 hectares [15] ;
  • l’estuaire de la Rance de 6356 hectares [16] qui est également un site naturel classé sur 3127 hectares depuis [17] ;

L'envasement de la Rance modifier

L'envasement de la partie aval de la Rance est un phénomène naturel commun à tous les estuaires. Mais il s'est accentué depuis la construction du barrage de la Rance, l'estuaire n'étant plus soumis à l'effet « chasse-d'eau » engendré par le jeu des marées, qui sont de plus à fort coefficient[18].

« L’estuaire de la Rance, milieu maritime singulier et remarquable, se dégrade de jour en jour et s’envase » déplore l'association Rance Environnement[19]. Le chenal navigable en aval du port de Dinan devenant difficilement utilisable (7 bateaux échoués dans la vase pendant l'année 2017[20]) , EDF a dû réaliser des travaux de désenvasement en 2018, principalement au niveau de l'écluse du Châtelier (entre Saint-Samson-sur-Rance et La Vicomté-sur-Rance), et procéder à des lâchers d'eau brutaux pour rendre le chenal à nouveau facilement navigable par effet de chasse-d'eau[21].

En février 2021, un robot dragueur de 5 mètres de largeur, haut de 3,5 mètres, mis au point par EDF et Watertracks (une start-up spécialisée dans les travaux sous-marins robotisés), baptisé « Nessie », a été utilisé de manière expérimentale pour aspirer les sédiments, les diluer et les rejeter à marée descendante et valider ou non cette technique de désenvasement[22].

En juillet 2021, les maires des communes riveraines de la Rance maritime (Saint-Malo, Dinard, Dinan, Pleurtuit, etc.) ont créé officiellement un collectif qui existait en fait déjà de manière informelle depuis 2014. Ils sont las de l'inaction de l'État et demandent que l'électricité produite par l'usine marémotrice de la Rance soit classée « électricité verte » ; la tarification plus avantageuse qui en découlerait permettrait de trouver un financement pour le désenvasement[23].

Aménagement et projets de territoire modifier

Un projet de parc naturel régional est à l'étude sur l'ensemble Rance - Côte d'Emeraude, soit 66 communes, du Cap Fréhel à la Pointe du Grouin (Cancale), d'Ouest en Est, et de Saint-Malo à Guitté, 20 km au sud de Dinan, du Nord au Sud. La Rance et le secteur breton de la fameuse mer des Faluns sont inclus dans ce périmètre.

L'idée est née vers 2003-2005, la Région Bretagne a lancé officiellement le projet en 2008. Sa conduite a été confiée à l'association COEUR Emeraude[24].

Bateaux de la Rance modifier

 
Un misainier typique de la Rance.

À compter de Saint-Servan-sur-Mer, le fleuve côtier comptait nombre d'entreprises de construction navale dont beaucoup ont depuis disparu. Elles fabriquaient notamment des bateaux typiques des bords de Rance, notamment des gabares de Pleudihen-sur-Rance chargées de l'approvisionnement en fagots de la proche cité corsaire et pour les fours à chaux de la grève éponyme de Saint-Servan, les waris, les doris et les canots de Rance, les macrotiers de Saint-Malo, les chippes de Saint-Suliac pour la pêche aux lançons, les bateaux carrelets du Châtelier, les plus grands cotres, sloops et bocqs aux voilures audacieuses pratiquaient le cabotage de saison en Rance, dans la Baie de Saint-Malo ou bien plus loin, etc.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Amand Dagn̈et, La Rance : ses sources, ses bords, description et folklore, Saint-Malo, (BNF 31987821)
    Réédité en 1987, 1988, 1993, Rue des scribes, Rennes, (ISBN 2-906064-09-2). Réédité en 2010, chez Pyrémonde.
  • Jules Haize, Le Légendaire de la Rance, Saint-Servan, J. Haize, imprimeur éditeur,
    Réédité en 1991, 1993, Rue des scribes, Rennes, (ISBN 2-906064-34-3).
  • Yann Février (photogr. Emmanuel Berthier), La Rance, Rennes, Ouest-France, coll. « Nature des lieux », , 179 p. (ISBN 978-2-7373-5658-2, BNF 42680745)
  • Jean Le Bot, Les bateaux des côtes de la Bretagne Nord : aux derniers jours de la voile, Grenoble, Glénat, , troisième édition éd., 254 pages, plus plans des bateaux hors texte (ISBN 2-7234-1185-0)

Articles connexes modifier

 

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Liens externes modifier

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Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Cette source est alimentée, selon la légende collectée par Paul Sébillot, par les larmes versées par la sœur de Gargantua après son veuvage. Cf Paul Sébillot, Le Folklore de France. Les Eaux douces, Imago, , p. 121.
  2. rd pour rive droite et rg pour rive gauche

Références modifier

  1. a et b Sandre, « Fiche cours d'eau - La Rance (J0--0160) » (consulté le )
  2. Résultats concernant « Rance » dans la base KerOfis de l’office public de la langue bretonne.
  3. Loïc Langouet et Guy Souillet, « Reginca et la baie de Saint-Malo dans l'Antiquité », ABPO, vol. 81, no 4,‎ (lire en ligne) : p. 663
  4. Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire de noms de lieux, Paris, Robert, , 531 p. (ISBN 2-85036-195-X), p. 398
  5. Loïc Langouet et Guy Souillet, op. cit.
  6. Bernard Tanguy, « Toponymie, La Rance qui arrose », article de Bretagne Magazine no 3 nov.-déc.1998 - jan. 1999. p. 98.
  7. Site officiel du SAGE Rance Frémur Baie de Beaussais
  8. Marina Gasnier, « Centrale hydroélectrique du Barrage de Rophemel (Guenroc) », sur le site de l'inventaire du patrimoine en Bretagne
  9. [1]
  10. Sous la direction de Catherine Tosser et Jean-Jacques Rioult, Architecture rurale en Bretagne, Lieux-dits Éditions, 2014 (ISBN 978-2-36219-099-5).
  11. ZNIEFF 530014344 - Bras de Châteauneuf sur le site de l’INPN.
  12. ZNIEFF 530014345 - Île Notre-Dame sur le site de l’INPN.
  13. ZNIEFF 530014342 - Anse de la Richardais sur le site de l’INPN.
  14. ZNIEFF 530014341 - Anse de Gareau sur le site de l’INPN.
  15. ZNIEFF 530014343 - Anse de Pleudihen sur le site de l’INPN.
  16. ZNIEFF 530014724 - Estuaire de la Rance sur le site de l’INPN.
  17. Liste des sites classés du département d’Ille-et-Vilaine
  18. L'envasement de la Rance. Une conséquence du barrage, http://www.geographie.ens.fr/l-envasement-de-l-estuaire.html
  19. « De Saint-Malo à Dinan : Avec l'envasement, l'estuaire risque de perdre son caractère maritime historique », journal Le Petit Bleu des Côtes-d'Armor, n° du 3 février 2020, https://actu.fr/bretagne/pleudihen-sur-rance_22197/la-rance-saint-malo-dinan-lenvasement-lestuaire-risque-perdre-caractere-maritime-historique_31049602.html .
  20. https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-samson-sur-rance-22100/envasement-de-la-rance-un-bateau-nouveau-echoue-au-lyvet-5243390
  21. https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-malo-35400/l-envasement-de-la-rance-quelles-solutions-5656739
  22. Mark Moreau, « Un robot contre la vase de l'estuaire de la Rance », Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, n° du 27 février 2021.
  23. Catherine Gwen, « Rance : les maires se liguent contre l'envasement », sur Journal Le Télégramme, (consulté le ).
  24. Site de l'association de préfiguration du PNR Rance Côte d’Émeraude.


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