Pronunciamiento de 1841 en Espagne

Le Pronunciamiento de 1841 est une tentative d'insurrection contre la Régence d'Espartero, révolte soutenue par le Parti modéré, l'ancienne reine d'Espagne en exil, Marie-Christine de Bourbon-Siciles, et son mari, Agustín Fernando Muñoz y Sánchez. Elle se solde par un échec des conspirateurs.

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Date 1841
Lieu Drapeau de l'Espagne Espagne
Cause Régence d'Espartero
Résultat Echec de l'insurrection

Contexte modifier

Originellement, les rapports entre Marie-Christine de Bourbon-Siciles et le Parti Modéré sont froids : elle lui reproche la trahison du Statut royal de 1834, et les membres du Parti sa faiblesse lors de la mutinerie de la grange de San Ildefonse. Néanmoins, après que la régence de la jeune Isabelle II ne soit confié à Agustín Argüelles, peu apprécié des deux camps, et que le général Baldomero Espartero n'ait peu à peu pris le contrôle du palais royal de Madrid en y plaçant ses fidèles, l'ancienne reine et les modérés se rapprochent fortement.

En ce début d'année 1841, l'ancienne reine d'Espagne, Marie-Christine de Bourbon-Siciles et son mari rencontrent le pape Grégoire XVI à Rome pour obtenir sa bénédiction à la suite de leur mariage morganatique. Ils obtiennent cette bénédiction au cours de ce voyage, organisé par Francisco Cea Bermúdez. Grâce à cette aide du pape, l'ancienne reine peut à nouveau espérer à un avenir politique, et le parti Modéré en profite pour réclamer l'aide de la France dans sa lutte contre Baldomero Espartero, devenu en partie régent d'Espagne. Une telle alliance pouvait être envisageable étant donné les liens que le régent tentait de créer avec l'Angleterre.

La déclaration modifier

En mai 1841, les tribunaux espagnols concèdent l'entièreté de la régence à Espartero, et Marie-Christine s'installe à Paris, où elle est accueillie par le roi Louis-Philippe. Là, elle est rejointe par de nombreux modérés, tels Juan Donoso Cortés, Francisco Javier de Istúriz, Diego de León, ou encore Juan de la Pezuela. Elle finit par annoncer la déclaration de la révolte contre Espartero depuis Paris, avec à ses côtés Ramón María Narváez y Campos et Juan Prim pour les aspects militaires et Antonio Alcalá Galiano et Andrés Borrego (es) pour ceux politiques.

Ainsi, l'ancienne reine réclame que la Régence lui soit confié, affirmant que la future reine Isabelle II est "kidnappée" par le régent Espartero, son tuteur Agustín Argüelles, et sa dame d'honneur Jeanne de Vega (es) (veuve du célèbre Francisco Espoz y Mina). Elle lève un fond de 8 millions de réaux, et trouve le soutien de nombreux conseillers provinciaux et d'une frange de l'opposition carliste, déçue de la convention d'Ognate et voulant se venger d'Espartero, principale artisan de leur défaite lors de la première guerre carliste.

L'échec de la révolte modifier

Dès septembre 1841, Espartero est mis au courant de la révolte. Pris de court, les généraux favorables à Marie-Christine sont dans l'obligation de précipiter leurs opérations, comme Léopold O'Donnell, qui lance la campagne militaire le 27 septembre à Pampelune, mais échoue à prendre la ville. Il faut attendre le 4 octobre pour que la révolution soit effective, avec la mise en place d'un "conseil suprême du gouvernement" dirigé par le modéré Manuel Montes de Oca (es), ainsi que la reconnaissance de Marie-Christine comme régente par le général Juan Antonio de Urbiztondo.

Peu de villes se rallient à la cause, si ce n'est Saragosse, Bilbao et Bergara. Pour autant, la révolution continue, et le 7 octobre, les généraux Diego de Léon et Manuel de la Concha pénètrent dans le palais royal, avec la complicité de certains gardes, avec pour objectif d'y enlever Isabelle II et sa sœur, Louise-Fernande, pour les emmener au pays basque. Néanmoins, les hallebardiers royaux dirigés par le colonel Domingo Dulce leur coupent la route et les deux hommes doivent fuir. Cet échec donne un terme à la tentative de révolution.

Conséquences modifier

La plupart des révolutionnaires s'exilent, pour quelques années du moins, tel O'Donnel et de la Concha. Néanmoins, les condamnations à mort sont aussi nombreuses, et conduisent au peleton d'exécution Diego de León, Manuel Montes de Oca (es), ou encore Juan Palarea y Blanes (es), qui meurt en prison. En condamnant ainsi à mort les vaincus, Espartero transgresse une des régles traditionnelles des "pronocamiento" et choque l'opinion publique.

Autre conséquence, dans les villes où des milices se sont érigées pour défendre à l'inverse la Régence, certaines de celles-ci refusent de se laisser désarmer. C'est le cas à Barcelone, où les miliciens profitent du départ du général Antonio Van Halen pour détruire la citadelle détestée par les habutants.

Pour finir, lors des élections municipales de décembre 1841, de nombreuses villes élisent pour la première fois des conseillers républicains (Barcelone, Alicante, Séville, Cadix, Valence, ...).

Notes et références modifier

Article connexe modifier