Prison d'Adra

prison à Damas, Syrie

Prison d'Adra
Image de l'établissement
Localisation
Pays Drapeau de la Syrie Syrie
Coordonnées 33° 35′ 24″ nord, 36° 26′ 26″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Prison d'Adra
Installations
Type Prison

La prison d'Adra est une prison située en Syrie, à la périphérie nord-est de Damas[1],[2]. Elle est réservée en principe aux criminels de droits commun[3], mais des prisonniers politiques y sont également détenus, au côté d'un mélange de prisonniers civils tels que des dissidents, délinquants, meurtriers ou trafiquants de drogue. En 2014, la prison renferme plus de 7 000 détenus, dont une douzaine de femmes, dans un espace conçu pour 2 500 personnes[4],[5]. Le Washington Post qualifie la prison de « tristement célèbre ».

Historique modifier

Ghassan Najjar, un ingénieur emprisonné en 1980, y aurait fait deux grèves de la faim, dont l'une pour protester contre les conditions de détention. Ses codétenus déclarent qu'il avait été si violemment battu par des gardiens de prison qui essayaient de le forcer à manger qu'il avait subi des blessures à la colonne vertébrale[6].

Mas'ud Hamid, étudiant en journalisme kurde, y est détenu à l'isolement dans la prison pendant un an entre 2003 et 2004 avant d'être autorisé à recevoir des visites mensuelles, et Human Rights Watch déclare que des interrogateurs l'auraient torturé sévèrement[7] et battu avec un fouet clouté, sous la plante des pieds[8], ce qui lui cause des paralysies[9]. Sa cellule mesure 2 mètres sur 85 cm, dont une large partie occupée par des toilettes[10].

En , les détenus kurdes de la prison mènent une grève de la faim, à laquelle la torture aurait mis fin[11].

Le , 13 détenus de la prison d'Adra, des défenseurs des droits de l’Homme comme l'ancien juge Haitham al-Maleh, âgé de 80 ans, l'avocat Anwar al-Bunni, Habib Saleh, Ali al-Abdallah, Kamal al-Labwani et Kamal Cheikho, entament une grève de la faim pour protester contre l'oppression du gouvernement et la détention de prisonniers politiques. Selon la Fédération internationale pour les droits humains, ils sont en prison « au seul motif de leur engagement pacifique en faveur des droits de l’Homme »[12].

Le , les femmes détenues à la prison d'Adra entament une grève de la faim en réponse à la négligence de leur cas par le parquet de la Cour antiterroriste et par absence d'approbation de leurs procès respectifs[13], [14].

En , la prison est bien au-delà de sa capacité de 2 500 personnes, avec plus de 7 000 prisonniers de tous types de d'accusés, des meurtriers aux simples contrevenants.

En août[15] et , le groupe armé Jaysh al-Islam bombarde et prend d'assaut la prison, prenant le contrôle de deux bâtiments[16],[17].

En 2016, d'anciens détenus affirment que les autorités ont libéré plus d'une centaine de prisonniers pour les enrôler dans l'armée, qui manque d'hommes, à cause des défections, désertions et décès, dans le contexte de la guerre civile[18].

Conditions de détentions modifier

Selon la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie établie par le Conseil des droits de l’Homme, « la torture a été largement et systématiquement pratiquée dans de nombreux établissements de Damas », dont la prison d’Adra[19]. Des femmes y sont également détenues et torturées, de même que des enfants[20] :

« Halilaga a dit avoir été torturée par les soldats du régime dans différentes manières, chaque jour, faisant également l'objet d'abus physique et psychologique.

"Nous étions torturés environ deux heures chaque jour. Ils nous pendaient et nous battaient. Ils nous donnaient des chocs électriques. Puis ils nous laissaient nous reposer. Et cela continuait chaque jour."

Halilaga a aussi été torturée devant les yeux de son époux. »

Une cellule de 15m² peut contenir plus d'une centaine de détenus. Insultes, coups de bâtons et de câbles électriques sont courants. Cependant, la prison d'Adra étant une prison civile, de nombreux détenus y purgent une peine après jugement, et subissent des traitements et tortures moins pénibles que dans des branches de services secrets, où personne ne peut avoir de leurs nouvelles ni savoir où ils sont, victimes de disparitions forcées[21].

Détenus notables actuels modifier

Selon les informations disponibles, ces détenus politiques sont emprisonnés à Adra :

Anciens détenus notables modifier

Articles connexes modifier

Références modifier

  1. Alan George, Syria : neither bread nor freedom, (lire en ligne)
  2. « Little hope for press freedom on eve of President Assad’s second seven-year term » [archive du ] (consulté le )
  3. Garance Le Caisne, Opération César. Au cœur de la machine de mort syrienne, Paris, Stock, , 233 p. (ISBN 978-2-234-07984-7), p. 15
  4. Aziz Abu-Hamad, Andrew Whitley, Throwing away the key : indefinite political detention in Syria, (lire en ligne)
  5. Khaled Yacoub Oweis, « Syrian authorities interrogate 78-year-old dissident », Reuters (consulté le )
  6. James A. Paul, Human rights in Syria, (lire en ligne)
  7. (en) « Document », sur www.amnesty.org (consulté le )
  8. Human Rights Watch, Human Rights Watch False Freedom Online Censorship in the Middle East and North Africa (lire en ligne)
  9. « Massoud Hamid, lauréat du prix cyberliberté 2005 | Reporters sans frontières », sur RSF, (consulté le )
  10. Human Rights Watch, Far from justice : Syria's Supreme State Security Court, (lire en ligne)
  11. Robert Lowe, « The Syrian Kurds: A People Discovered » [archive du ], (consulté le )
  12. « L'avocat des droits de l'Homme Haytham Al-Maleh gracié et libéré », sur Fédération internationale pour les droits humains (consulté le )
  13. (en) webmaster, « Female detainees in Syria on hunger strike », sur The Stream - Al Jazeera English, (consulté le )
  14. « Detained Women in Adra prison begin hunger strike », sur sn4hr.org (consulté le )
  15. « Insurgents shell main prison near Syrian capital, killing 10 », The Daily Star,
  16. « 11 dead in rebel shelling on Damascus: activists », The Daily Star,
  17. « Rebels storm Syria's largest prison near Damascus: monitor » [archive du ],
  18. (en-US) Louisa Loveluck, « New recruitment drive indicates deep manpower problems in Syria’s army », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  19. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « La torture dans les centres de détention du régime syrien », sur France Diplomatie - Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )
  20. « Les femmes détenues dans les prisons du régime syrien, victimes de tortures et d'abus », sur www.aa.com.tr (consulté le )
  21. a et b « Hussein Ghrer, survivant des geôles syriennes », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  22. « Tal Malouhi Back to Adra Prison – By All4Syria – Translated and edited by The Syrian Observer », sur Souria Houria - Syrie Liberté - سوريا حرية,‎ (consulté le )