Pierre Pichot (médecin)

médecin
Pierre Pichot
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Page titre - De animorum natura, morbis, etc
Naissance vers 1520
Saumur
Décès
Bordeaux
Nationalité français
Pays de résidence France
Profession
médecin
Signature de Pierre Pichot

Pierre Pichot, né dans la région de Saumur (Maine-et-Loire) vers 1520 et mort à Bordeaux (Gironde) en 1580, est un médecin français. Il est l'auteur de deux livres de description de la peste à Bordeaux et de deux livres de médecine.

Biographie modifier

Pierre Pichot nait près d'Angers vers 1520, descendant d'une famille de propriétaires terriens du Limousin. Il est probablement de la famille des docteurs en théologie, Jean (1549-1556) et Mathurin P. (1570-1598), qui furent curés de Saint-Michel-de-Palud à Angers[1].

Après avoir obtenu sa maîtrise en arts à Angers il part pour Montpellier où il est inscrit sur le registre de l'université de médecine le et reçu bachelier le 14 décembre[2]. La rapidité de sa réception laisse entendre qu'il avait déjà suivi des études de médecine à Angers.

Un diplôme de médecine de l'université de Montpellier lui permet d'exercer la profession de médecin n'importe où en France. Muni du titre de docteur, Pierre Pichot s'installe à Bordeaux vers 1541. Sa candidature pour exercer la profession de médecin est acceptée par le Collège des médecins[Note 1]. Il exerce jusqu'à sa mort, vers 1580.

Il publie en français deux livres de description de la peste à Bordeaux, en 1546 et 1564, puis deux livres de médecine, écrits en latin, chez Simon Millanges en 1574 et 1577[1].

Pierre Pichot épouse Jeanne de Beaunom, veuve de Guillaume de Gaufreteau. Leur fille Jehanne épouse Pierre Fayard, conseiller du roi. La famille Pichot habite à Bordeaux, rue du Pas-Saint-Georges.

Carrière de médecin modifier

Peu de temps après son arrivée à Bordeaux, Pierre Pichot publie, en 1546, son premier texte, écrit en français : Régime de la Peste dans lequel il donne des conseils pour prévenir la peste qui fait des ravages à Bordeaux en 1545, 1546 et 1547[3].

Pierre Pichot se fait apprécier par le Collège des médecins. Il est membre du Collège en 1552[Note 2] et un autre arrêt, du , confirme son élection comme médecin ordinaire de la ville[4].

On trouve quelques traces de sa participation aux fonctions du Collège de médecins :

  •  : Il fait partie d'un jury pour examiner les compétences d'un candidat médecin (Galatheau)[5].
  •  : Examen de la candidature de Dominique Reulin[Note 3]. Il y a affrontement entre le Collège des médecins et la Faculté, car Raimond de Louppes, doctus regens de la Faculté a donné ses lettres de degrés, dont le Collège représenté par Pichot et de la Taste, conteste la validité. Pichot se montre très soucieux de la qualité du recrutement des médecins de la ville. Après la mort de Louppes, Pichot devient lui-même doctus regens de la Faculté de médecins, qui fait de lui l'un des plus importants médecins de Bordeaux.
  •  : Pichot fait partie des membres du Collège pour examiner la candidature de Barth Vidal[6].

Bordeaux est régulièrement affecté d'épidémies de peste. En 1556, l'épidémie oblige à fermer le Collège de Guyenne ; les Jurats se retirent à Libourne, mais incitent les médecins à ne pas abandonner la ville et sa population.

Le , le Parlement de Bordeaux nomme[Note 4] quatre médecins : Pierre Pichot, Guillaume Briet, Charles Rousseau et Étienne Maniald, pour être lecteurs[Note 5] (professeurs) à la Faculté de médecine, avec un salaire de 100 livres par an[7]. Le , après un nouvel arrêt, Pichot et Rousseau lisent à la Faculté de médecine, Maniald aux chirurgiens et Briet aux apothicaires[8].

Pierre Pichot signe, la même année, l'acte d'incorporation du collège des Jésuites (Collège de la Madeleine) à l'université de Bordeaux. Ce collège devient un concurrent redoutable du Collège de Guyenne[9].

Vulgarisateur de la médecine modifier

Pierre Pichot est l'un des premiers vulgarisateurs de la médecine en France. La langue savante pour les ouvrages médicaux et scientifique est le latin. Les deux premiers ouvrages de Pichot, sur les ravages de la peste à Bordeaux, sont écrits en français. Le choix de la langue montre un souci d'efficacité dans la diffusion de ses conseils sur un sujet qui fait des milliers de morts dans la ville. Pichot sait que ses ouvrages n’innovent pas sur le plan médical, mais il met devant un large public l'état des connaissances de son époque.

Ses collègues, Étienne Maniald et Guillaume Briet suivent la même démarche. Le premier avec la publication d'une traduction en français d'un traité sur la vérole de Guillaume Rondelet et le second avec un traité sur la peste de 1585 à Bordeaux.

Pierre Pichot et ses collègues sont parmi les responsables de l'hygiène publique. Ils sont contemporains de la première élaboration de l'hypothèse contagionniste de la cause de la peste[10]. Tout en reconnaissant les fléaux comme envoyés par Dieu, ils évoquent aussi le climat[Note 6], la famine, les guerres de religion. Cependant, Pichot n'envisage pas l'explication astrologique. Lui et ses collègues veulent en limiter la propagation par une organisation judicieuse de la cité. Les recommandations en hygiène sont un des apports principaux des médecins de la Renaissance[11].

Œuvres de Pierre Pichot modifier

 
Description de la Peste
Préface - première page
  • Pierre Pichot, Regime de peste pour Bourdeaux, Bordeaux,
Ce texte est mentionné explicitement par Pichot dans la préface de son livre sur la peste, publié en 1564. Malheureusement aucun exemplaire n'est connu. L'ouvrage a été probablement publié anonymement.
  • Pierre Pichot, Description de la peste à Bordeaux (1564), Bordeaux, Veuve Morpain, , 73 p. (disponible sur Internet Archive). Le seul exemplaire connu de ce livre est dépourvu de la page titre[12].
Pichot commence par une description des causes possibles de la peste : les miasmes de l'air. Il écarte la cause astrologique.
Le deuxième chapitre est consacré aux moyens de prévention de la contagion.
Il décrit les signes cliniques chez le malade et comment il les traite.
Les précautions d'hygiène à faire par le malade, sa famille et le voisinage sont décrites en détail.
L'opuscule se termine avec un épigraphe écrit par Antoine Vilat.
  • Pierre Pichot, Melancholia morbo, publié avant 1574.
Ce livre est introuvable. Pichot y fait référence à plusieurs reprises dans De animorum natura..., qui montre son intérêt pour les maladies qui lient l'âme et le corps.
  • Pierre Pichot, De animorum natura, morbis, vitiis, noxis, horumque curatione, ac medela, ratione medica ac philosophica. Auctore Petro Pichoto Andegavo medico Burdigalensi, Bordeaux, Simon Millanges, , 138 p. (lire en ligne) (Bibliothèque municipale de Bordeaux).
Un exemplaire de cet ouvrage se trouvait dans la bibliothèque de Michel de Montaigne[13]. La page de titre porte sa signature[14]. Ce livre est actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale de France.
L'ouvrage est un cours d'hygiène mentale. Le Traité débute par des considérations sur « la nature de l'âme ». Pichot précise qu'il ne distingue pas entre animus et anima et il a pour thème principal les maladies de l'âme, leurs symptômes et les soins qu'elles nécessitent. Pichot confronte les apports de la philosophie et de la médecine.
  • Pierre Pichot, De rheumatismo, catharrho variisque a cerebro destillationibus, et horum curatione libellus. Auctore, Petro Pichoto Andegavo, medico Burdigalensi, Bordeaux, Simon Millanges, , 248 p. (lire en ligne) (Bibliothèque municipale de Bordeaux).
Ce livre, qui se veut le symétrique du précédent, traite des fluxions, écoulements et troubles de la respiration. La dette envers la tradition n'est pas niée, mais Pichot prétend apporter « un ordre lumineux » avec exemples et observations de sa pratique.

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM.
  • Dast Le Vacher de Boisville, « Autographes de personnages ayant marqué dans l'histoire de Bordeaux et de la Guyenne », Archives historiques du département de la Gironde, vol. 30,‎ , p. 68 (lire en ligne sur Gallica)
Dast Le Vacher de Boisville, « Autographes de personnages etc. (Les planches) », Archives historiques du département de la Gironde, vol. 30,‎ , p. 27 (planche XXIV (lire en ligne sur Gallica).
  • Alexandre-Albert Chabé (préf. Émile Delage et Georges Portmann), La Faculté de médecine de Bordeaux au XVe et XVIe siècles, Bordeaux, Bière, , 160 p. (présentation en ligne).  .
  • Louis Desgraves (dir.), La vie intellectuelle à Bordeaux aux XVIe et XVIIe siècles : Exposition organisée à la Bibliothèque municipale, Bordeaux, Ville de Bordeaux, , 126 p.
  • Alain Legros, « La vie et l'œuvre d'un médecin contemporain de Montaigne, Pierre Pichot », Revue française d'histoire du livre,,‎ , p. 361-374 (présentation en ligne).  .
  • Henri Busson, Le Rationalisme dans la littérature française de la Renaissance, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « De Petrarque à Descartes », , 654 p. (ISBN 978-2711600991), pages 428-431.
  • Jean-François Viaud, Le malade et la médecine sous l'Ancien Régime : soins et préoccupations de santé en Aquitaine, XVI e - XVIII e siècles, Bordeaux, Sud-Ouest, coll. « Recherches et travaux d'histoire sur le Sud-Ouest de la France », , 422 p. (ISBN 2-85408-078-5, présentation en ligne).

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Avant l'existence de l'université et de la faculté de médecine, créée par le pape Eugène IV en 1441, il existait à Bordeaux un collège de médecins chargé, depuis 1411, par l'assemblée générale des bourgeois (Parlement), d'examiner la science de ceux qui se proposent d'exercer la médecine à Bordeaux. Tous les membres sont docteurs et l'accès à tout office ordinaire de médecin : Parlement, ville, université doit recevoir leur approbation. Voir pages 125-127 du livre de Wickersheim.
  2. Un arrêt du Parlement du au sujet d'une affaire de sorcellerie mentionne qu'il a été ouï devant la Cour en compagnie de Raimond Grenville et Raimond de Louppe.
  3. Dominique Reulin, un Calviniste, ayant pratiqué la médecine à Paris, vient à Bordeaux en 1559. Devenu lecteur pour les chirurgiens à la Faculté, il publie deux livres :
    Dominique Reulin, La chirurgie de Dominique Reulin ... fort utile & necessaire à tout homme exerçant cest art: comprise en cinq livres: le tout deduit par bon ordre, & facile methode ..., Paris, Léon Cavellat, (présentation en ligne).
    Dominique Reulin, Contredicts aux erreurs populeres de L. Joubert, medecin du Roi, où sont deduites plusieurs belles questions fort recreatives, et profitables., Montauban, Loïs Rabier, (lire en ligne sur Gallica).
  4. En conformité avec : Arrest de la cour et Parlement de Bourdeaus, par lequel il est ordonné que d'orès-en-avant quatre Médecins liront publiquement en l'Université de la dicte Ville de Bordeaus ce que doivent sçavoir ceux, qui veulent estre Médecins, Apoticaires et cirurgiens., Bordeaux, Simon Millanges, , 8 p..
  5. Au XVIe siècle les élèves étaient peu fortunés, les livres rares, couteux, difficiles à procurer. Le maître chargé de l'enseignement prenait le titre de lecteur. Le professeur lisait un traité quelconque de chirurgie, que les élèves écrivaient sous la dictée, puis venaient les commentaires, les explications, les éclaircissements sur le texte qu'il avait lu.
  6. Les années 1550-1565 avaient été caractérisées par un brusque refroidissement (Petit âge glaciaire) après une longue période chaude (1490-1550).

Références modifier

  1. a et b Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. 3 (N-R), Angers, H. Siraudeau & Cie, , 2e éd. (1re éd. 1878) (BNF 40869771, lire en ligne), p. 161.
  2. Marcel Gouron, Matricule de l’Université de Médecine de Montpellier : 1503-1599, Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance », , 279 p. (présentation en ligne), page 78 : « Petrus Pichoneus, m.a. Andegevensis, dioc. Andegavensis (Schyron) 2 décembre. B. 14 déc 1536. ».
  3. Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerraniens, t. 1, Paris, Mouron, , 455 p. (ISBN 2-7193-0930-3, présentation en ligne).
  4. H. Paty, Les Débuts de la Réforme protestante en Guyenne 1523-1559 : arrêts du Parlement, Bordeaux, , 360 p., pages 123-124.
  5. G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM, page 8.
  6. G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM, page 9
  7. Ariste Ducaunnes-Duval, Inventaire sommaire des registres de la Jurade, 1520 à 1783, vol. 2, Bordeaux, F. Pech, , 800 p. (disponible sur Internet Archive). pages 187-188.
  8. G. Pery, Histoire de la Faculté de médecine de Bordeaux et de l'enseignement médical dans cette ville : 1441-1888, Bordeaux, H. Duthu, , 438 p. (lire en ligne) sur BABORD NUM, page 89.
  9. Ernest Gaullieur, Histoire du collège de Guyenne : d’après un grand nombre de documents inédits, Paris, Sandoz et Fischbacher, , 576 p. (lire en ligne), chap. XIX à XXIII.
    Robert Boutruche (dir.), Bordeaux de 1453 à 1715, t. IV, Fédération historique du Sud-Ouest, coll. « Histoire de Bordeaux », , 562 p., page 192.
  10. Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, t. II : Les hommes face à la peste, Paris - La Haye, Mouton, , 416 p. (ISBN 2-7193-0978-8, présentation en ligne), page 183.
  11. Brigitte Rossingnol, Médecine et médicaments au XVIe siècle à Lyon, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 163 p. (ISBN 2729703675), chapitres 3 et 4.
  12. « Notice bibliographique », sur Bibliothèque Nationale de France
  13. Marie-Luce Demonet, « La place de philosophes mineurs dans la bibliothèque de Montaigne : Pichot et La Primaudaye », dans PhilipFord, La librairie de Montaigne : colloque de Cambridge 2008, Cambridge, (lire en ligne).
  14. « Pichot Pierre, De animorum natura, morbis, vitiis, noxis, horumque curatione, Bordeaux, S. Millanges, 1574. », sur Montaigne à L'Œuvre.

Annexes modifier

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