Paschase Radbert

saint catholique
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Paschase Radbert
Statue de Paschase Radbert
à l'abbatiale Saint-Pierre de Corbie.
Naissance
Vers 790
SoissonsVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Vers 865
CorbieVoir et modifier les données sur Wikidata
Principaux intérêts
A influencé
Les théologiens catholiques jusqu'à nos jours

Paschase Radbert
Image illustrative de l’article Paschase Radbert
Pierre tombale de Paschase Radbert
à l'abbatiale de Corbie.
Saint, abbé de Corbie
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Canonisation 1073
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête 26 avril

Paschase Radbert ou Radbert de Corbie[1], né vers 790 à Soissons et mort vers 865 à Corbie, fut moine puis abbé de Corbie de 844 à 851 et théologien. En dehors de son importante œuvre doctrinale, il se fit l'hagiographe d'Adalhard, abbé de Corbie et fondateur de l'abbaye de Corvey en Westphalie, ainsi que du demi-frère de celui-ci, Wala. Il est reconnu saint par l'Église catholique et fêté le 26 avril.

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Enfant trouvé sur le parvis de l'abbatiale Notre-Dame de Soissons, il fut élevé par les sœurs de l'abbaye.

Devenu moine à l'abbaye de Corbie, il fut éduqué par l'abbé Adalard de Corbie et devint écolâtre. En 826, Adalhard mourut et fut remplacé sur le siège abbatial par son frère Wala. Paschase Radbert obtint la confirmation de son élection par l'empereur Louis le Pieux et eut pour disciple Varin de Corvey.

Abbé de Corbie modifier

Sous l'abbatiat de Wala, Paschase Radbert devint prieur de l'abbaye de Corbie et fut lui-même élu abbé en 843. Toutefois, ayant accueilli à l'abbaye le fils de Pépin d'Aquitaine, il fut en butte à l'hostilité d'une partie de la communauté et du roi Charles le Chauve. Contraint d'abandonner sa charge, il se retira à l'abbaye de Saint-Riquier en 851. Il revint par la suite à l'abbaye de Corbie comme simple moine et y mourut.

Il participa à la lutte contre Gottschalk d'Orbais et sa théorie de la double prédestination, jugée hérétique, en 849, au concile de Quierzy. Raban Maur le recommanda à Hincmar[2].

Un des auteurs des Fausses décrétales ? modifier

D’après Klaus Zechiel-Eckes qui a identifié le monastère de Corbie (près d'Amiens) comme le siège de l'atelier des Fausses décrétales qui apparaissent vers le milieu du IXe siècle, de nombreux indices impliquent Paschase Radbert lui-même, comme un des faussaires protagonistes de l'atelier.

Reliques et tombeau modifier

Après sa mort, ses reliques furent transférées dans l'abbatiale de Corbie (), et son nom fut inscrit au calendrier liturgique de l'abbaye. La dalle funéraire de son tombeau, toujours visible dans l'abbatiale de Corbie, a été classée à l'inventaire des Monuments historiques en 1907.

Auteur du premier traité théologique sur l'eucharistie modifier

Sur le plan théologique, Paschase Radbert fut l'auteur du premier traité théologique sur l'Eucharistie, le De Corpore et Sanguine Domini. (Sur le Corps et le Sang du Seigneur), rédigé en 831 et présenté au roi Charles le Chauve, en 844.

La théorie présentée dans cet ouvrage fut combattue dès sa publication. Il s'ensuivit une polémique entre Paschase Radbert et Ratramne de Corbie, lui aussi moine de l'abbaye de Corbie. Cette polémique fut l'un des fondements du dogme eucharistique catholique : pour Paschase Radbert, le pain et le vin consacrés sont réellement le corps et le sang de Jésus. Par la consécration, il y a mutation transubstantielle du pain et du vin qui deviennent présence réelle du corps historique du Christ.

Cette théorie fut une étape importante vers le dogme de la transsubstantiation, doctrine élaborée au XIIe siècle[2].

Œuvres modifier

Œuvres hagiographiques (Vies de saints) modifier

  • De vita Adalhardi Corbiensis abbatis (Vie d'Adalard de Corbie)
  • Epitaphium Arsenii (Vie de Wala). La collection "Les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge", (Paris, Société d'édition les Belles lettres) a publié l'épitaphe d'Arsenius.
  • Passio sanctorum martyrum Rufini et Valerii

Traités théologiques modifier

  • De corpore et sanguine Domini (Première synthèse détaillée du dogme de l'eucharistie écrit vers 831). Il y défend le principe de la transsubstantation[1].
  • Lettre à Frudegard (complément du précédent)
  • De fide, spe et caritate libri III (sur les trois vertus théologales)
  • De Partu Virginis

Œuvres exégétiques (commentaires de la Bible) modifier

  • Expositio in psalmum XLIV (Commentaire sur le psaume 44)
  • Commentaire sur l'Évangile selon Matthieu qui dépasse de loin le niveau des ouvrages exégètiques de son temps[1]
  • Expositio in lamentationes Ieremiae (Commentaire sur les Lamentations du prophète Jérémie)

Œuvres mariales modifier

  • Homélies sur l'Assomption (dont la célèbre homélie Cogitis me attribuée à saint Jérôme)
  • De la Nativité de la Vierge Marie (que Paschase semble avoir voulu mettre sous e nom de saint Jérôme)

Notes et références modifier

  1. a b et c Wolgang Buchwald, Armin Hohlweg, Otto Prinz traduit par Jean Denis Berger et Jacques Billen (trad. de l'allemand), Dictionnaire des auteurs grecs et latins de l'antiquité et du moyen age, Turnhout, Brepols, , 897 p. (ISBN 2-503-50016-1), p. 736
  2. a et b Jean-Pierre Bordier, « Paschase Radbert », dans Universalis (lire en ligne).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • A. Cabaniss, Charlemagne's Cousins. Contemporary Lives of Adalard and Wala, Syracuse (Etats-Unis), 1967
  • Roger Caron, Corbie en Picardie, de la fondation de l'abbaye à l'instauration de la commune et l'adoption de la réforme de Cluny, Éditions Corps Puce, Amiens, 1994 (ISBN 2 - 907525 - 70 - 0).
  • Dom Grenier, Histoire de la ville et du comté de Corbie (des origines à 1400), fin XVIIIe siècle, Amiens, Yvert et Tellier, Paris, Picard fils et Cie, 1910 - [lire en ligne].
  • M. de Jong, « Devenir Jérémie: Paschasius Radbertus sur Wala, lui-même et les autres », in Ego Trouble. Les auteurs et leurs identités au début du Moyen Âge, R. Corradini , Dans Recherches sur l'histoire du Moyen Âge, 15, Vienne 2010, pp. 185-196 Dans Recherches sur l'histoire du Moyen Âge, Vienne 2010
  • M. de Jong, « Paschasius Radbert and Pseudo-Isidore: The Evidence of the Epitaphium Arsenii », in Rome and Religion in the Medieval World. Studies in Honor of Thomas F. X. Noble, Valerie L. Garver, et Owen M. Phelan éd., Ashgate, Burlington, 2014, p. 149-177.
  • Mayke de Jong, Epitaph for an Era. Politics and Rhetoric in the Carolingian World, Cambridge, 2019.
  • Henri Peltier, Paschase Radbert, abbé de Corbie. Contribution à l'étude de la vie monastique et de la pensée chrétienne aux temps carolingiens, Amiens, L.H. Dutoit, 1938. (thèse pour le doctorat en théologie soutenue à la faculté de théologie de Strasbourg en 1937).
  • Henri Peltier, Adalhard, abbé de Corbie, Amiens, Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, tomeLII, 1969.
  • G. Mathon, Paschase Radbert et l'évolution de l'humanisme carolingien, à Corbie, Abbaye Royale, Lille 1963, p. 135-155
  • D. von der Nahmer, Die Bibel im Adalhardleben des Radbert von Corbie, Studi med. Ser. III, 23, 1982, pp. 15-83
  • J. Staub, Die Corveyer Überlieferung der Adalhardvita des Paschasius Radbertus. Mit Edition ihrer metrischen und rhythmischen Textzusätze, in: Scripturus vitam. Lateinische Biographie von der Antike bis in die Gegenwart. Festgabe für Walter Berschin zum 65. Geburtstag, cur. D. Walz, Heidelberg 2002, pp. 747-754
  • W. Wehlen, Historiographie et concept au siècle de Louis le Pieux, en études historiques, 418, Lübeck - Hambourg 1970
  • Y. Weisweiler, Paschasius Radbertus en tant que médiateur des idées de la Renaissance carolingienne, Scholastics, 35, 1960, pp. 363-402, 503-536

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