Nancy Fraser

philosophe américaine

Nancy Fraser, née le à Baltimore, est une philosophe féministe et post-structuraliste, qui, depuis 1995, enseigne la science politique et la philosophie à la New School de New York.

Nancy Fraser
Nancy Fraser en 2008.
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Biographie

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Nancy Fraser est née à Baltimore dans le Maryland, d'un père juif d'Europe de l'Est et d'une mère catholique irlandaise. Elle étudie la philosophie à l'université entre 1965 et 1969 et milite à partir de 1968 dans un milieu trotskiste[1].

Après une maîtrise et une thèse en philosophie à l'université de la ville de New York, elle est d'abord assistante à l'université de Géorgie. Par la suite, elle sera notamment assistante à l'université Stanford et à l'université Northwestern, avant d'enseigner dans cette dernière de 1993 à 1995. Elle devient en 1995 professeur de philosophie et de sciences politiques à la New School de New York. Par ailleurs, depuis 1994, elle est régulièrement professeure invitée dans plusieurs universités européennes en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. En 2008 et 2009, elle est la lauréate de la chaire Blaise Pascal à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris[1]. En 2011, elle est nommée à la chaire Rethinking Social Justice in a Globalizing World de la Fondation Maison des sciences de l'homme.

Travaux

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Nancy Fraser développe à travers ses nombreux écrits une réflexion philosophique et politique sur les enjeux majeurs de nos sociétés contemporaines : espaces publics, fondements de la justice sociale, reconnaissance, évolution du mouvement féministe dans le contexte de la globalisation[1]

À la fois militante (Nancy Fraser se revendique féministe) et intellectuelle, elle indique vouloir « participer (par son travail) à des mouvements qui contribuent à changer et imaginer une nouvelle société »

Un paradigme important de Nancy Fraser est que la justice est un concept complexe, qui doit être compris comme le point de départ de trois dimensions séparées bien qu'entremêlées :

  • la question de la distribution (des ressources),
  • celle de la reconnaissance (des contributions variées des différents groupes sociaux),
  • celle de la représentation (dans le langage et tout le symbolique).

Elle a tout particulièrement développé une conception de la justice sociale comme parité de participation, c'est-à-dire comme possibilité de participer en tant que pair aux interactions dans toutes les sphères sociales[2].

Afin d'éviter des conceptions réductrices de la justice et de la participation démocratique, elle affirme de plus que les théoriciens sociaux devraient synthétiser les éléments de ce qu'on appelle dans l'Université anglo-saxonne la « Théorie critique » (« Critical theory ») c’est-à-dire toute pensée en porte à faux avec la réalité sociale, par exemple l'École de Francfort, les études de genre, la théorie queer et le post-structuralisme (français), afin de dépasser les questions politiques sur quoi les deux approches travaillent.

Néanmoins, Fraser est loin de demander une fusion vague de deux écoles ; elle milite plutôt pour un « néo-pragmatisme », dans lequel chaque école de pensée sépare rigoureusement les éléments utiles de ceux qui lui sont moins utiles. Ou encore, des éléments nuisibles mêmes aux analyses progressistes concernant les mouvements, les institutions sociales et sociétales.

En plus des nombreuses publications et des cours qu'elle a rédigés, Nancy Fraser a également été l'éditrice de Constellations, une revue internationale de théorie critique et progressiste.

Distinctions

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2015 : docteur honoris causa de l'université de Liège[3]

Publications

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  • Unruly practices: power, discourse, and gender in contemporary social theory, Minneapolis, University of Minnesota Press, (ISBN 9780816617784, lire en ligne  )
  • avec Sandra Bartky : Revaluing French Feminism : Critical Essays on Difference, Agency, and Culture, 1992.
  • (en) « Rethinking the Public Sphere: A Contribution to a Critique of Actually Existing Democracy », dans Craig Calhoun (dir.), Habermas and the Public Sphere, Cambridge (Mass.), MIT press, coll. « : Studies in contemporary German social thought » (ISBN 0-262-03183-3), p. 109-142.
  • avec Seyla Benhabib, Judith Butler et Drucilla Cornell : Feminist Contentions : A Philosophical Exchange, 1994.
  • Justice Interruptus : Critical Reflections on the « Postsocialist » Condition, 1997.
  • (en) « Rethinking Recognition », New Left Review, no 3,‎ (lire en ligne).
  • The Radical Imagination : Between Redistribution and Recognition, 2003.
  • avec Axel Honneth : Redistribution or Recognition ? A Political-Philosophical Exchange, 2003.
  • (en) « Transnationalizing the Public Sphere. On the Legitimacy and Efficacy of Public Opinion in a Post-Westphalian World », Theory, Culture & Society, vol. 24, no 4,‎ , p. 7–30 (lire en ligne  ).
  • Scales of Justice: Reimagining Political Space in a Globalizing World, 2009.
  • Qu'est-ce que la justice sociale ? : Reconnaissance et redistribution, traduction d'Estelle Ferrarese, La Découverte, 2005 ; réédition, 2011.
  • (en) « Feminism, Capitalism and the Cunning of History », New Left Review, no 56,‎  ; publication en français : « Féminisme, capitalisme et ruses de l'histoire », Cahiers du Genre, vol. 1, no 50,‎ , p. 165-192 (lire en ligne  ).
  • Le féminisme en mouvements, traduction d'Estelle Ferrarese, La Découverte, 2012[4].
  • Domination et émancipation. Pour un renouveau de la critique sociale, dialogue avec Luc Boltanski, présenté par Philippe Corcuff, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, collection "Grands débats : Mode d'emploi", 2014.
  • Collectif, préface de Heinrich Geiselberger (trad. de l'allemand par Frédéric Joly (anglais et allemand) et Jean-Marie Saint-Lu (espagnol)), L'Âge de la régression, Paris, Éditions Premier parallèle, , 328 p. (ISBN 979-10-94841-48-8).
  • « De Clinton à Trump, et au-delà », Esprit,‎ (lire en ligne  )
  • avec Cinzia Arruzza et Tithi Bhattacharya : Féminisme pour les 99 %. Un manifeste, traduction Valentine Dervaux, Paris, La Découverte, .
  • « Crise du care ? Paradoxes socio-reproductifs du capitalisme contemporain », dans Tithi Bhattacharya (dir.), Avant 8 heures, après 17 heures. Capitalisme et reproduction sociale [« Social reproduction theory : remapping class, recentering oppression »], Toulouse, Blast, .

Références

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  1. a b et c Laura Lee Downs et Jacqueline Laufer, « Nancy Fraser, une philosophe rebelle », Travail, Genre et Sociétés, vol. 27,‎ (lire en ligne).
  2. Estelle Ferrarese, « Nancy Fraser ou la théorie du « prendre part » », La Vie des idées,‎ (ISSN 2105-3030, lire en ligne  ).
  3. « Docteurs honoris causa sur proposition des autorités de l'ULiège », sur www.uliege.be (consulté le )
  4. Clémence Fourton, « Nancy Fraser, Le féminisme en mouvements (compte-rendu) », Variations, no 18,‎ (lire en ligne  ).

Bibliographie

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  • « Pour une imagination radicale. Un entretien de Nancy Fraser avec Estelle Ferrarese », Variations, no 18,‎ (lire en ligne).
  • Paul-André Lapointe, « La théorie critique de Nancy Fraser », Les Cahiers du CRISES,‎ (lire en ligne   [PDF]).
  • (en) Terry Lovell (dir.), (Mis)recognition, social inequality and social justice : Nancy Fraser and Pierre Bourdieu, Londres, Routledge, coll. « Critical realism », , XII-209 p. (ISBN 978-0-415-40466-2).
  • Pierre Ansay, « Nancy Fraser : luttes culturelles et luttes de redistribution », Politique. Revue de débats, no 55,‎ (lire en ligne  ).

Liens externes

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