NS série 2400

locomotive Diesel-électrique néerlandaise
NS série 2400
Description de cette image, également commentée ci-après
NS 2454 à Stadskanaal en 2017.
Données clés
Exploitant(s) NS
Type locomotive diesel
Motorisation Diesel-électrique
Couplage UM4
Constructeur(s) Alsthom-SACM
Mise en service 1954-1957
Retrait 1991
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux Bo'Bo'
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant gazole
Moteur thermique 1 moteur MGO V12 SHR
 Génératrice Alstom 830A
Moteurs de traction 4 moteurs TA 637 VF Alsthom
1,5 kV ventil. forcée
Transmission unilatérale
Puissance continue 625 kW
Capacité en carburant 3 100 L
Masse en service 60 t
Longueur 12,520 m
Hauteur 3,830 m
Empattement 6,800 m
Empattement du bogie 2,400 m
Vitesse maximale 80 km/h

Les NS 2400 constituent une série de locomotives à moteur Diesel des NS (chemins de fer hollandais).

Cent-trente locomotives d'un modèle également fourni par Alsthom à d'autres réseaux sont livrées aux NS entre 1954 et 1957 pour contribuer au remplacement des locomotives à vapeur. D'abord utilisées en tête des rames de voitures voyageurs, elles sont ensuite dédiées à la traction des trains de fret. Les dernières d'entre elles roulent aux Pays-Bas en 1991 mais une cinquantaine d'unités, rachetées par la SNCF, connaissent une « seconde vie » en tête de trains de travaux sur les rails français jusqu'en 2007 sous l'appellation BB 62400.

Origine modifier

Au début des années 1950, les NS envisagent le remplacement des locomotives à vapeur par des locomotives Diesel. 280 unités sont commandées en deux séries, l'une auprès de divers constructeurs (NS série 2200) à raison de 150 exemplaires, l'autre auprès d'Alsthom : c'est la série NS 2400 qui compte 130 locomotives. Cette machine n'est d'ailleurs pas étudiée spécifiquement pour le marché néerlandais : Alsthom, qui la destine à l'export, en a livré à d'autres réseaux dont ceux de colonies françaises, ainsi qu'à des opérateurs privés comme les Houillères du bassin de Lorraine[1].

Caractéristiques modifier

Alsthom construit l'ensemble de la locomotive selon l'architecture du road switcher avec deux capots renfermant le moteur et les différents appareillages, séparés par une cabine de conduite unique de même hauteur que les capots[2].

 
Moteur MGO V12 SHR sur une BB 63500.

Le moteur, fourni par la SACM, est le MGO V12 SHR avec turbocompresseur et intercooler qui, en France, équipe entre autres les CC 65000 et une partie des BB 63500. D'une puissance de 625 kW (850 ch), il entraîne une génératrice qui alimente en courant continu à la tension de 1,5 kV les quatre moteurs de traction, un pour chaque essieu. Les locomotives, d'une masse totale de 60 t, sont limitées à 80 km/h. Elles peuvent être engagées en unités multiples de deux locomotives, nombre porté à trois puis à quatre[3]. Certaines locomotives sont pourvues d'un troisième phare frontal pour pouvoir circuler sur les lignes frontalières de l'Allemagne, où cet équipement est obligatoire[1].

Les vingt-et-une premières locomotives de la série sont peintes en bleu clair lors de leur réception, les suivantes en rouge-brun. À partir de 1971, la plupart d'entre elles sont repeintes aux nouvelles couleurs institutionnelles des NS, grises avec la cabine et les faces frontales jaunes[4].

L'architecture de la locomotive ne donne pas au conducteur une bonne visibilité sur la voie. À titre expérimental, le dernier exemplaire livré, NS 2530, est modifié : les capots moteurs sont plus bas, la cabine plus grande et plus haute. La locomotive reçoit une livrée spéciale de couleur lilas, ce qui lui donne son surnom de « Bisschop » (évêque). Le conducteur dispose effectivement d'une bien meilleure visibilité et la locomotive est, pour cette raison, souvent mise en tête de trains de travaux, notamment le « train désherbeur »[5]. Un timbre postal en argent, émis par PostNL en 2022, représente cette locomotive[6].

Service modifier

Aux Pays-Bas modifier

 
La NS 2401 en 1954.

À partir de 1954, les locomotives sont engagées au dépôt de Zwolle où elles commencent par assurer le service voyageurs sur les lignes de la région, avant d'être reversées au trafic du fret. Certaines d'entre elles sont également affectées au dépôt d'Eindhoven puis, après la fermeture de ce dernier, à celui d'Amsterdam-Watergraafsmeer. La série complète est livrée en 1957. En 1980, les 113 locomotives encore en circulation sont à nouveau regroupées à Zwolle[4].

La première locomotive radiée est la 2412, à la suite d'une collision frontale avec un autorail à Beesd en 1967[7]. Par la suite, les radiations se poursuivent, soit après des accidents, soit après d'autres types d'avaries. Entre 1976 et 1979, 22 locomotives sont mises en sommeil, faute d'utilisation. À compter de 1982, les radiations touchent également des unités encore en état de marche. La plupart des locomotives sont radiées entre 1988 et 1991, date à laquelle la dernière d'entre elles est retirée du service[4].

Rachat par des tiers modifier

 
La BB 62424 de retour aux Pays-Bas après sa réforme en France.

En 1976, l'entreprise néerlandaise de travaux publics VolkerWessels en rachète sept exemplaires qui sont renumérotés 101 à 107 et expédiés en Arabie saoudite où ils participent à la construction d'un port à Al-Jubayl. Revendus et affectés à d'autres tâches, ils circulent jusqu'en 1994 pour le dernier d'entre eux[8].

La série est sur la voie de la réforme lorsque la SNCF en acquiert quarante-cinq unités en état de marche et quatre locomotives servant de magasin de pièces détachées. Les engins, livrés en 1990-1992 et ré-immatriculés dans la série BB 62400, sont engagés sur les chantiers de construction des lignes à grande vitesse Nord, Interconnexion Est, Méditerranée et Est européenne[3],[9]. Les derniers exemplaires sont radiés en 2007-2008[10].

Machines préservées modifier

Sept locomotives de la série sont préservées aux Pays-Bas. Les six premières de la liste, appartenant à des associations de sauvegarde du patrimoine ferroviaire ou à des musées, sont exposées au public et certaines sont encore opérationnelles. La dernière appartient à un propriétaire privé.

Deux exemplaires ont effectué l'intégralité de leur carrière sur les rails néerlandais. Ce sont la 2498 (radiée en 1983)[11] et la 2530 (seule unité à cabine haute, radiée en 1991)[12].

Parmi le contingent des locomotives rachetées par la SNCF, cinq sont revenues aux Pays-Bas (entre parenthèses, la date de leur retour). Il s'agit des 2459 (1998), 2412 (2009)[12], 2424 et 2454 (2016)[13],[14] et de la 2413 (2019)[15].

Notes et références modifier

  1. a et b Jean-Paul Demoy, « Le matériel moteur de la SNCF en 2004-2005 ( 2e partie) », Voies ferrées, no 150,‎ , p. 30.
  2. Jehan-Hubert Lavie, « Y a-t-il une vie pour les Diesel après la SNCF ? », Ferrovissime, no 17,‎ , p. 34.
  3. a et b Jean-Paul Demoy, « Le matériel moteur de la SNCF en 2002 (5e partie) », Voies ferrées, no 134,‎ , p. 8.
  4. a b et c (nl) Martin van Oostrom, « Serie 2400 juni 1991 buiten dienst! Zomerdienst 1991 betekent einde 2400'en », Railkroniek, no 80,‎ .
  5. (nl) Martin van Oostrom, « De "Bisschop", De geschiedenis van DE loc 2530 », Railkroniek, nos 65/66,‎ , p. 26-23.
  6. (nl) « NS 2530 Bisschop - Postzegel met zilver », sur PostNL (consulté le ).
  7. (nl) « Beesd, vrijdag 25 augustus 1967. Botsing trein-trein, brand door STS-passage. 2 doden, 7 gewonden », sur tis3.nl (consulté le ).
  8. Dieudorp et Beumer 2011.
  9. « Les machines de chantier de la LGV Est », Loco-Revue, no 702,‎ .
  10. « BB 62400 SNCF ex NS », sur Trains d'Europe (consulté le ).
  11. (nl) « Loc NS 2498 van Stichting Het Nederlands Spoorwegmuseum (SpM) », sur De Nederlandse Museummaterieel Database (consulté le ).
  12. a et b (nl) « De VSM 2400-/2500-en », sur stoomtrein.org (consulté le ).
  13. (nl) « SGB Loc 2424 », sur nmld.locaalspoor.nl (consulté le ).
  14. (nl) « Welkom op de officiele pagina van Stichting 2454CREW », sur le site de Stichting 2454 CREW (consulté le ).
  15. « Pays-Bas - diesel NS-2413 – Goes (Pays-Bas) », sur Patrimoine ferroviaire français (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • (nl) Sicco Dieudorp et Davy Beumer, D.E.-locomotieven: serie 2200/2300 en 2400/2500, Alkmaar, De Alk, , 463 p. (ISBN 978-9-0601-3310-1).
  • (nl) Matin van Oostrom, Diesel-Elektrische locomotieven NS serie 2400, 's-Hertogenbosch, Uquilair, , 288 p. (ISBN 978-9-0715-1369-5).

Article connexe modifier

Lien externe modifier