Mordillage d'écorce de bouleau

art anishinabé

Le mordillage d'écorce de bouleau (en ojibwé : mazinibaganjigan, pluriel : mazinbaganjiganan) est une forme d'art autochtone réalisée par les Anishinabés, particulièrement les Ojibwés[1], les Potéouatamis, les Outaouais, ainsi que les Cris[2] et d'autres peuples algonquiens des régions subarctiques et des Grands Lacs du Canada et des États-Unis. Les adeptes de cet art mordent et perforent de petits morceaux d’écorce de bouleau pliés pour former des motifs complexes[3]. Il s'agit d'une pratique artistique traditionnellement féminine[4].

Les artistes autochtones mordillaient l'écorce de bouleau pour se divertir en racontant des histoires et aux fins de créer des motifs pour l'ornementation de piquants de porc-épic (en) et d'autres formes d'art. L'écorce ainsi mordillée pouvait être utilisée pour des recouvrements architecturaux, des contenants à usage domestique, des canots d'écorce et des parchemins pictographiques[5]. En outre, cet art peut servir à enseigner les mathématiques[6] et à penser le théâtre et la dramaturgie[7].

Au XVIIe siècle, les Jésuites envoient des échantillons de cette forme d’art en Europe, où elle était jusqu’alors inconnue[8]. Cette pratique est restée courante en Saskatchewan jusque dans les années 1950[9].

Nom modifier

Le mordillage de l'écorce de bouleau est également connu sous le nom de mazinashkwemaganjigan (-an) par les Ojibwés du Nord-Ouest de l'Ontario et njigan(-an) par les Ojibwés du Wisconsin. En français, cela peut se traduire par « mordillage de l'écorce de bouleau ».

Processus modifier

Les artistes choisissent des morceaux d'écorce de bouleau fins et flexibles[10], qui sont plus aisés à trouver au printemps[11]. La récolte se fait de manière durable et dans le respect des arbres[12]. En utilisant les canines pour mordre, la pression des morsures peut soit percer les morceaux d'écorce en un lacet, soit simplement rendre certaines zones plus fines pour permettre à la lumière de passer au travers[13]. Si le morceau d'écorce est soigneusement plié, des motifs symétriques peuvent également y être réalisés[13].

Usages modifier

De nombreux motifs utilisés contiennent une signification symbolique et spirituelle pour les Ojibwés et autres tribus. Bien que la pratique ait presque disparu, il est estimé qu'une douzaine de pratiquants demeurent actifs au Canada et aux États-Unis, dont certains pratiquent cette forme d'artisanat dans d'autres usages que les traditionnels afin de faire connaître cette pratique ancienne. Les morsures d'écorce de bouleau peuvent être utilisées dans la narration, comme motifs pour l'ornementation de piquants de porc-épic et le perlage, ainsi que comme œuvres d'art finies[14]. Les trous créés par la morsure sont parfois remplis de fils colorés pour créer des motifs tissés[15].

Artistes connues modifier

Références modifier

  1. Indigenous Perspectives of North America: A Collection of Studies. Cambridge Scholars Publishing; 20 August 2014. (ISBN 978-1-4438-6613-2). p. 210–.
  2. Native American Almanac: More Than 50,000 Years of the Cultures and Histories of Indigenous Peoples. Visible Ink Press; 18 April 2016. (ISBN 978-1-57859-608-9). p. 1273–.
  3. "Birch Bark Biting". The Canadian Encyclopedia
  4. « Motifs mordillés sur écorce de bouleau », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  5. Elizabeth McLuhan, « Motifs mordillés sur écorce de bouleau », sur thecanadianencyclopedia.ca, (consulté le )
  6. Lisa Lunney Borden, « Learning mathematics through birch bark biting: Affirming Indigenous identity », Mathematics Education and Society Conference,‎ , p. 756 (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Lindsay Lachance, « Tiny Sparks Everywhere: Birch Bark Biting as Land-Based Dramaturgies », Canadian Theatre Review, vol. 186,‎ , p. 54–58 (ISSN 0315-0836 et 1920-941X, DOI 10.3138/ctr.186.010, lire en ligne, consulté le )
  8. Papers of the ... Algonquian Conference. Carleton University; 1995. p. 307–308.
  9. Northwest dentistry. Vol. 38-39. 1959. p. 206.
  10. Robert Rogers. Herbal Allies: My Journey with Plant Medicine. North Atlantic Books; 27 June 2017. (ISBN 978-1-62317-140-7). p. 54–.
  11. Erik M. Redix. The Murder of Joe White: Ojibwe Leadership and Colonialism in Wisconsin. MSU Press; 1 September 2014. (ISBN 978-1-62895-032-8). p. 150–.
  12. Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Un duo mère-fille garde l'art traditionnel autochtone du mordillage d'écorce bien en vie », sur Radio-Canada, (consulté le )
  13. a et b Frances Densmore, Chippewa Customs (1929, repr. 1979) (ISBN 0-87351-142-5)
  14. Inspiring Women: A Celebration of Herstory. Coteau Books; 2003. (ISBN 978-1-55050-204-6). p. 250–.
  15. Minnesota History News. Vol. 1-10. Minnesota Historical Society.; 1959.

Liens externes modifier