Mont Chaudron

montagne au Québec/Ontario

Le mont Chaudron ou colline Cheminis est un inselberg, une anomalie géologique, situé à l'ouest d'Arntfield au Québec, à quelques mètres de la frontière de l'Ontario, et aussi connu sous différents noms en anglais comme Mount Cheminis ou Sugar-Loaf Mountain[2] (mont du Pain de Sucre).

Mont Chaudron
Vue de la face ouest du mont Chaudron.
Vue de la face ouest du mont Chaudron.
Géographie
Altitude 527 m[1]
Massif Bouclier canadien
Coordonnées 48° 08′ 18″ nord, 79° 30′ 32″ ouest
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Québec
Région Abitibi-Témiscamingue
Géologie
Type Inselberg
Géolocalisation sur la carte : Canada
(Voir situation sur carte : Canada)
Mont Chaudron
Géolocalisation sur la carte : Québec
(Voir situation sur carte : Québec)
Mont Chaudron
Vue vers le lac Opasatica au loin.

Le mont Chaudron est situé non loin des éléments paysagers et forestiers remarquables contigus à la réserve écologique projetée du ruisseau Clinchamp et du mont Kanasuta, au nord de la route 117[3].

Étymologie

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Le nom de « Chaudron » a été donné parce que le mont ressemble à un chaudron inversé[4], un pot en fonte utilisé par les autochtones et les bucherons pour faire cuire les aliments.

L'histoire (contes et légendes) qui fut contée à la population des Premières Nations de Beaverhouse, raconte que des hommes se sont installés sur les bords du lac Howard, pas loin vers le nord-ouest des Cheminis, et révèle que le nom même après l'installation du chemin de fer et de la communauté vient de l'algonquin qui signifie « guérisseur ». Les autochtones ont aussi donné ce nom unique à la ville fantôme de Cheminis[5].

Au bureau de bande de la Première Nation de Beaverhouse à Kirkland Lake, Marcia Brown et Gloria MacKenzie se souviennent avoir appris que le nom est dérivé du mot « Chamminis », et que les anglophones ont plus probablement reconnu le mot « Shamanis » ou « le lieu de guérison ou des guérisseurs »[1]. Le chaman est un guérisseur autochtone dans de nombreuses cultures et un mot très connu.

Certains ont spéculé sur le fait que son nom vient du mot « chemin » ou « chemin de fer ». Les plus aventureux ont même suggéré qu'il pourrait avoir quelque chose à voir avec le mot « cheminée » en raison de la géomorphologique du site.

Géographie

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Le mont est situé au Québec, à moins de 100 mètres de la frontière ontarienne dont le chemin d'accès est à la borne kilométrique 660 de la route 117 à l'ouest du petit lac Ross. Culminant à 527 mètres d'altitude, c'est l'un des plus hauts sommets de la région après le mont Dominant, qui fait 566 mètres et est situé dans le parc national d'Aiguebelle. Le mont Chaudron est en revanche plus élevé que le mont Kanasuta, à 500 mètres d'altitude et situé près d'Arntfield, et que les collines Kékéko, à 485 mètres d'altitude.

Géomorphologiquement, le mont Chaudron est un inselberg ou monadnock, soit une roche résistante à l'érosion contenue à l'intérieur d'une roche plus tendre datant de la dernière période glaciaire.

Les géologues soutiennent que les sommets de ces collines sont probablement les restes d'une ancienne pénéplaine, un large espace avec de faibles dénivellations, qui résulte d'une longue érosion et de la coalescence des bassins hydrographiques et à une altitude de 480 à 510 mètres dans l'ouest de l'Abitibi[6],[1].

Les glaciers se sont déplacés vers le sud par la suite, et ce sont les mêmes qui ont recouvert une partie de l'Ohio Valley. La résistance de la roche à l'avancée des glaciers donne une forme de monticule de roches sédimentaires. Vu des airs, il est évident que le mouvement glaciaire ait été détourné aux Cheminis. La montagne elle-même se situe où une ligne en forme de V sépara le glacier, et ce dernier a été détourné à l'est et à l'ouest du monticule de roche.

Faune et flore

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On y trouve une faune et une flore menacées :

  • le faucon pèlerin qui est désigné comme une espèce faunique vulnérable par le « Règlement sur les espèces fauniques vulnérables et leurs habitats »[7] ;
  • une espèce floristique est menacée soit le genévrier commun ou Juniperus communis. Il a été observé à quelques endroits comme au sommet du mont Chaudron et du mont Kanasuta, sur une île du lac Dufault et d’immenses colonies dans un champ en friche à Dupuy[8].

Géologie

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Le mont Chaudron est composé principalement de tillite constituée de roches sédimentaires datant de 2,3 milliards d'années et déposées par des glaciers sur un socle de roches volcaniques et sédimentaires (grès et conglomérat) plus anciennes datant de 2,7 milliards d'années. Une moraine latérale est présente au sud.

Reconnu « site géologique exceptionnel classé » par le Ministères des Ressources naturelles du Québec, toute activité minière est interdite à proximité depuis 2015[9].

Histoire

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Histoire des Cheminis

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Bien avant que Pierre de Troyes et sa bande d'aventuriers, connus pour l'expédition qu'ils firent à la baie d'Hudson pour en déloger les Anglais en 1686, la légende[2] veut que la montagne ait été utilisée comme endroit de sacrifice par les habitants du secteur, les ancêtres des Nishinawbes (Anichinabés) et des Aski[10] d'aujourd'hui, respectivement les Ojibwés et les Atikamekw.

Fait divers

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En , le Northern Daily News a signalé que « le corps d'un homme, sans tête, ni les deux mains et le pied droit, a été trouvé sur le dessus du mont Cheminis. Tout près de lui, était positionné un fusil de chasse et aucune cartouche dans la chambre. Les vêtements étaient des « vêtements de ville », pas des habits d'hommes de bois. Il n'y avait absolument aucune identification et personne n'avait été portée disparu dans le secteur depuis [11]. Le Progrès[12] et La Frontière vont aussi en parler en se posant la question : Meurtre ou suicide ? »

Citation du journal Le Progrès en  : « Le corps avait été trouvé par trois jeunes gens qui délimitaient des lots pour le gouvernement. Un fusil dans lequel il y avait une balle perforée et une bouteille d'alcool ont été retrouvés sur un journal en date du 5 juillet 1954 à quelque 30 pieds du cadavre qui portait un habit gris de ville. »

Incendie

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Le , un incendie a détruit environ la moitié du couvert forestier du mont Chaudron[13]. Selon la SOPFEU, comme il n'y a pas eu de foudre, l'origine de l'incendie serait sans doute humaine.

Mort accidentelle

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Le un adolescent ontarien de 17 ans fait une chute mortelle de 20 mètres[14].

Protection environnementale

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Selon le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement ou BAPE sur le projet de réserves de biodiversité du lac des Quinze, du lac Opasatica, de la forêt Piché-Lemoine et du réservoir Decelles en Abitibi-Témiscamingue, il est suggéré pour le mont Chaudron : « Avis 11 — La commission reconnaît l’intérêt de la protection du mont Chaudron en raison de son caractère géomorphologique et des deux espèces à statut précaire qui s’y trouvent[3]. »

Dans la culture

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Le mont Chaudron et ses environs servent de cadre à un thriller mystico-scientifique publié en 2017, L'ultime trésor[15], roman écrit par Joël Pagé et mettant en vedette un jeune couple professionnel abitibien propulsé dans une saga aux dimensions internationales.

De même, le photographe professionnel Mathieu Dupuis, originaire de Rouyn-Noranda, expose en été[16] comme en hiver[17] cet inselberg dans divers ouvrages photographiques publiés respectivement aux Éditions de l'Homme[16] et à titre de partenaire chez National Geographic[17].

Références

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  1. a b et c « Histoire de L'Abitibi-Témiscamingue », Sous la direction d'Odette Vincent. Collection : Les régions du Québec, no 7, 1995, 764 pages, janvier 1990 (ISBN 2-89224-251-7)
  2. a et b (en) Cheminis: Ontario Abandoned Places Visiting and documenting forgotten places
  3. a et b Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Rapport 244 Projets de réserves de biodiversité du lac des Quinze, du lac Opasatica, de la forêt Piché-Lemoine et du réservoir Decelles en Abitibi-Témiscamingue. Rapport d’enquête et d’audience publique, août 2007
  4. Commission de toponymie du Québec : Mont Chaudron
  5. Cheminis was named after Mount Cheminis in Quebec. Cheminis lay at the Eastern part of McGarry Township, just before the Quebec border. From 1925 to 1927 it was the end of the T&NO Railway (Temiskaming & Northern Ontarion Railway) because Quebec wouldn't allow them to build a railway into their province. This was because Quebec felt that Ontario would reap much of the profits. The construction of the railway was halted until the legal matters could be cleared up.
  6. L.V.Bell et A.M.Bell, « Région des sources de la rivière Bell avec détails des sites aurifères de Pascalis et de Louvicourt », Rapport annuel du Service des mines de Québec pour l'année de 1931, partie B, Québec, ministère des Mines, 1932, Page 75
  7. Règlement sur les espèces fauniques vulnérables et leurs habitats [E-12.01, r. 0.2.3] (DA21 MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES PARCS. Carte des éléments d’intérêts du secteur Kanasuta-Kekeko, avril 2007.)
  8. DÉCOUVERTES BOTANIQUES EN ABITIBI Par Roger Larivière, biologiste et professeur au Collège de l’Abitibi-Témiscamingue Ces plantes ont été découvertes entre 1979 et 2001 dans la région de l’Abitibi. Pour la plupart (7), ce sont des extensions d’aires, confirmées par Stuart G. Hay de l’Institut de recherche du Jardin botanique de Montréal ; pour l’une d’elles, c’est une plante menacée ou vulnérable (Fleurbec).
  9. MERN, Ministère de l'énergie et des ressources naturelles, « SIGÉOM \ Système d'information géominière \ Carte interactive : Patrimoine géologique », sur sigeom.mines.gouv.qc.ca (consulté le ).
  10. Nitaskinan (littéralement « notre terre » en atikamekw, aski voulant dire terre)
  11. « the body of a man, minus a head, two hands and a right foot was found on the top of Mount Cheminis. Nearby was a shotgun and an empty cartridge in the chamber. The clothes were 'city clothes,' not bush clothing. There was absolutely no identification and nobody has been reported missing in the area since July, 1954. »
  12. Jean-Pierre Bonneville dirigea le Journal Le Progrès pendant dix ans avant d'acquérir La Frontière, au début des années 60.
  13. TVA Nouvelles, « 24 hectares de forêt en cendres », (consulté le ).
  14. Un adolescent ontarien de 17 ans fait une chute mortelle de 20 mètres au Mont Chaudron, La Presse.
  15. Joël Pagé (photogr. Mathieu Dupuis), L'ultime trésor : un thriller mystico-scientifique (roman), Rouyn-Noranda, Éditions En Marge, , 371 p. (ISBN 978-2-924691-10-6, lire en ligne)
  16. a et b Mathieu Dupuis (photographies) et Denys Chabot (textes) (photogr. Mathieu Dupuis), Abitibi-Témiscamingue, Montréal, Éditions de l'Homme, , 223 p. (ISBN 978-2-7619-2242-5), p. 148-149
    Descriptif photographique : « Paysage de l'Australie ou de l'Utah ? À la frontière du Québec et de l'Ontario, la colline Cheminis transformée en un intense brasier. La forme singulière qu'adopte cet amas rocheux lui a valu les noms de mont Chaudron et de Vieux-Chaudron » (pages 148-149).
  17. a et b Mathieu Dupuis, Québec : Un parcours photographique au cœur de cette province unique du Canada, Washington, DC, National Geographic Partners, , 272 p. (ISBN 978-1-4262-1992-4, LCCN 2017041410), chap. 4 (« Chemins d'eau, forêts, taïga et culture »), p. 218-219 :

    « Berceau de mon enfance, terre de mes racines, source de mon inspiration, Abitibi-Témiscamingue, tu as nourri mon cœur, mes rêves, mes passions. Tu as affiné ma sensibilité aux nuances du ciel, à la lumière d'exception et tu m'as aiguillé vers de nouveaux horizons - Mathieu Dupuis [citation personnelle de Mathieu Dupuis accolée à la photo du mont Chaudron] »

    Descriptif photographique : « Près de la frontière entre le Québec et l'Ontario, le mont Chaudron est une véritable anomalie géologique, une petite montagne isolée. qui s'élève soudainement dans une plaine presque uniforme. Le mont de 527 m est ainsi nommé du fait qu'il ressemble à un chaudron déposé à l'envers. La perspective sur ce mont particulier s'élargit à la brunante. »

Liens externes

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