Mademba Seye
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 66 ans)
Nom de naissance
Mademba SyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Distinction

Mademba Seye ou Mademba Sy, né le à Saint-Louis du Sénégal et mort le [1], était le Fama (Roi) des états de Sansanding, commune du Mali, dans le cercle et la région de Ségou.

Biographie modifier

 
Mamadou Racine et sa femme en 1889 - premier Officier des Tirailleurs sénégalais - né à Podor

Mademba est le fils de Baye Seye et de Penda Dia. Il a pour frère Mamadou Racine (1838-1902) premier officier des Tirailleurs sénégalais, lieutenant puis capitaine. Mademba a six ou sept épouses à soixante-cinq ans[2].

Cinq de ses fils arrivent au Lycée d'Alger le [3]. Deux autres suivront mais trois d'entre eux ne survivront pas aux maladies et au climat. Abdel Kader et Cheikh deviendront officiers dans les tirailleurs sénégalais, Racine se fit ingénieur agronome et Ben Daoud enseignant de l'administration coloniale.

Carrière politique modifier

En 1880 le lieutenant-colonel Bornis-Desbordes découvre Mademba Seye, employé des postes à Médine, porté par de hautes qualités. Il deviendra constructeur de lignes télégraphiques dont celle de Médine à Kita. Mademba s’intègre très vite dans le processus de colonisation du territoire et rend de grands services. En 1886, il est envoyé en France, au fort du Mont-Valérien, où il s'initie aussi bien à la vie parisienne qu'au télégraphe militaire[4].

 
Mademba-Si, Fama de Sansanding.

Mademba était également un proche du colonel Louis Archinard (1850-1932), lorsqu'il captura Ségou en 1890 conquérant du Soudan (l’actuel Mali) et incarnation du « colonialisme triomphant ».

En 1891, après la prise de Nioro du Sahel et de l’ensemble des États Toucouleurs, le royaume de Sansanding est confié à Mademba en remerciement de sa collaboration et fidélité[5].

Mademba sera le premier chef du bureau politique du Soudan, c'est-à-dire le premier prédécesseur du Gouverneur de l'Afrique-Occidentale française Jean-Baptiste Chaudié le . Un titre équivalent à un Roi, mais un royaume en viager, sans transmission possible, son titre solennel s’éteindra avec lui[6].

Un reporter du Temps établit en 1912 la biographie de Mademba et raconte son séjour au royaume de Sansanding, et sa rencontre avec le roi dans son palais[4].

Mise en valeur de ses terres : la culture du coton modifier

Dès la fin des années 1890, en coopération avec l'Association cotonnière coloniale (ACC) à partir de 1903 et avec les pouvoirs publics de la colonie, des essais de plantations cotonnières furent réalisées sur ses terres dans la région de Ségou[7]. Il se montrait à tort optimiste tandis que le président de l'ACC le présentait comme « un indigène particulièrement intelligent dont l'influence près de (sic) ses compatriotes est précieuse pour nous »[8]. Il s'est rendu en France en 1906, pour y vendre sa récolte de coton et assister à l'exposition coloniale de Marseille. Il a séjourné à Paris, où il prend part au banquet donné par le syndicat général de l'industrie cotonnière et l'ACC en l'honneur du gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française Ernest Roume ; le président de l'ACC souhaite la bienvenue à « ce convive noir vêtu à l'européenne »[9]. Des quotidiens parisiens présentent son action en faveur de la culture du coton et dressent son portrait :

« Il y a en ce moment à Paris un roi fort coloré de teint, mais qui se fait beaucoup moins remarquer que d'autres souverains des colonies. (...) Il est habillé comme vous et moi, avec cette différence que la rosette de la Légion d'honneur illustre le revers de sa redingote. Et pourtant il est foura, c'est-à-dire roi de Sousouding sur le Niger. Mais il préfère de beaucoup qu'on l'appelle Monsieur, comme un simple blanc (...). Il convient d'ajouter que Mademba (...) non seulement parle le français le plus pur, mais pense comme un Français et, ce qui est beaucoup plus rare, a les mêmes conceptions morales[10]. »

Il est venu aussi visiter des usines de textile, à Rouen notamment, et le port du Havre, où se négocie le coton[11]. Le il est ainsi présent à Auberchicourt pour visiter la Compagnie des mines d'Aniche, il est accompagné de son neveu Iba Diaye et de l'explorateur Chevalier et reçu par le maire M. Poteau et M. Lemay, gérant des mines d'Aniche[12]. L'ACC lui décerne la médaille d'or de l'agriculture lors de l'exposition coloniale de 1907[13].

Distinctions modifier

  • Chevalier de la Légion d'Honneur le [14]
  • Officier de la Légion d'Honneur
  • Commandeur du Mérite agricole

Bibliographie modifier

  • Richard L. Roberts, Conflicts of colonialism : the rule of law, French Soudan, and Faama Mademba Sèye, Cambridge, Cambridge University Press, , xvii-337 (ISBN 978-1-009-09804-5)
  • Capitaine Abdel Kader Mademba, Au Sénégal et au Soudan français, Larose, 1931 (Lire en ligne)

Notes et références modifier

  1. Samba Lamine Traoré, La saga de la ville historique de Ségou, Éditions L'Harmattan, , 562 p. (ISBN 978-2-296-47879-4, lire en ligne)
  2. Edouard Charton, Le Tour du monde (Paris. 1860), Hachette (lire en ligne)
  3. E. Bertrand, École professionnelle libre de Versailles. Discours, impr. de Cerf et fils (lire en ligne), Le 3 juillet, arrivée, au Lycée, dos cinq fils de Fama Mademba, souverain des États de Sansanding (Soudan)..
  4. a et b Le Temps, 6 janvier 1912, "Un roi d'Homère au XXe siècle".
  5. Afrique-Occidentale française, Fêtes du cinquantenaire du Soudan français, 1883-1933 . Discours et allocutions prononcés à Dakar, Bamako, Ségou, 22-28 décembre 1933, Impr. du Gouvernement général (Gorée), , 103 p. (lire en ligne), Je rappellerai aussi que c'est le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes qui, en 1880, a découvert en Mademba, alors petit employé des postes à Médine, les éminentes qualités d'intelligence, de droiture, d'activité, de loyauté qui ont porté ce Noir du Sénégal à la haute situation de Fama de Sansanding, après avoir été le constructeur des lignes télégraphiques pendant les premières années de la conquête et le premier chef du bureau politique du Soudan, c'est-à-dire le premier des prédécesseurs, dans cette fonction, de notre actuel Gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française..
  6. Louis Sonolet, L' Afrique-Occidentale française..., Hachette, , 225 p. (lire en ligne)
  7. Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, janvier 1939, Le Temps, 30 août 1906, Bulletin de l'ACC, avril 1905, p. 7 ( photographie ), p. 10, p. 37, Ibid., avril 1907, Henry Bloud, Le problème cotonnier et l'Afrique-Occidentale française : une solution nationale, É. Larose (Paris), , 390 p. (lire en ligne), Cinq cents hectares étaient ensemencés dans la région de Ségou avec des graines provenant de la récolte précédente. Des essais de plants américains Excelsior, King et Mississipi par le service de l'agriculture étaient poursuivis parallèlement à ceux de l'Association cotonnière coloniale suivant le mode indigène, en différents points de la vallée..
  8. Bulletin de l'ACC, avril 1906.
  9. Le Temps, 8 novembre 1906, "Le banquet offert à M. Roume", Journal d'agriculture tropicale, 30 novembre 1906.
  10. Le Temps, 26 octobre 1906, "Le roi Mademba et l'avenir du Soudan". Cf. aussi Le Petit journal, 22 septembre 1906, "Un loyal serviteur de la France".
  11. Le Figaro, 28 septembre 1906.
  12. Jean Tanchon, Les nouvelles d'Aniche en 1906 : Le républicain d'Aniche et ses environs, Aniche, Henri Malengé, .
  13. Exposition coloniale nationale de 1907.
  14. Cf. son Dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore

Annexes modifier

Liens externes modifier