Segundo Leonidas Iza Salazar, né vers 1982, est un militant kichwa-panzaleo des droits des autochtones et homme politique équatorien. Il est le président de la Confédération de nationalités indigènes de l'Équateur (CONAIE) depuis 2021. Avec Jaime Vargas, il est l'un des principaux meneurs des manifestations anti-austérité de 2019 contre le gouvernement de Lenín Moreno[1],[2].

Leonidas Iza
Illustration.
Leonidas Iza en 2021
Fonctions
Président de la CONAIE
En fonction depuis le
(2 ans, 10 mois et 9 jours)
Prédécesseur Manuel Castillo
Président du Mouvement indigène et paysan de Cotopaxi

(4 ans, 9 mois et 15 jours)
Prédécesseur Julio César Pilalumbo
Successeur Andrés Ayala
Biographie
Nom de naissance Segundo Leonidas Iza Salazar
Date de naissance vers 1982
Lieu de naissance San Ignacio, Cotopaxi (Équateur)
Nationalité Équatorienne
Parti politique Pachakutik
Père José María Iza
Mère Rosa Salazar
Profession Paysan et ingénieur

Jeunesse et formation modifier

Il est le fils de José María Iza Viracocha, un dirigeant autochtone historique, et de Rosa Elvira Salazar. Ses deux parents sont des figures des luttes contre le huasipungo, issu du système de la hacienda[3]. Il est également le cousin de Leonidas Iza Quinatoa, ancien député et acteur du premier soulèvement autochtone[4].

Il a étudié l'ingénierie environnementale à l'Université technique de Cotopaxi[4]. . Issu d'une famille modeste, il est le seul de ses huit frères et sœurs à avoir étudié à l'université. Sur le plan professionnel, il se consacre à la production laitière et au développement et à la gestion de projets[5].

Il s'engage dans le mouvement des droits des autochtones en tant que catéchiste à l'âge de 15 ans, après avoir lu l'œuvre de Galeano[4].

Parcours militant modifier

Ascension politique modifier

En 2010, il devient président de la communauté de San Ignacio de Toacaso, dans le canton de Latacunga, puis membre de la commission des jeunes, dont il devient le dirigeant en 2013, et membre du comité provincial du parti Pachakutik[6],[5]. En 2012, il s'oppose avec son parti à la pré-candidature à la vice-présidence d'Auki Tituaña comme colistier de Guillermo Lasso[7].

Présidence du MICC modifier

Lors du congrès du Movimiento Indígena y Campesino de Cotopaxi (MICC), qui se tient du 30 septembre au 1er octobre 2016, il est élu président de l'organisation. Représentant l'Unión de Organizaciones Campesinas del Norte de Cotopaxi (Unocan) et bénéficiant du soutien de 22 organisations, il remporte le vote avec 102 voix contre 75 pour Manuel Vega et 18 pour Gerardo Saca[8].

Au second tour des élections de 2017, il refuse d'apporter le soutien du MICC à la candidature du conservateur de droite Guillermo Lasso, tout en acceptant que des membres de l'organisation lui apportent leur soutien personnel[9]. En 2018, il est réélu à son poste de président du MICC. La même année, il soutient localement la candidature de Jorge Guamán à sa réélection à la préfecture de Cotopaxi, remise en question malgré la victoire du préfet lors des primaires de Pachakutik[10],[11].

En août de la même année, il est accusé d'incitation à la discorde entre les citoyens, dont enlèvement, intimidation, occupation, utilisation illégale de terres ou trafic de terres et usurpation et simulation de fonctions publiques, dans le cadre du système de justice traditionnel autochtone[12],[13]. Le 10 septembre 2019, il est acquitté du délit de trafic de terres[2].

Manifestations de 2019 modifier

Dirigeant des manifestations anti-austérité qui se déroulent entre le 1er et le 13 octobre 2019, puis participant à la table de dialogue qui met fin au mouvement social, il acquiert une notoriété nationale. Lors des négociations le mouvement autochtone se dissocie des revendications du mouvement de la révolution citoyenne de l'ancien président Rafael Correa, qui exige la démission du président Moreno et la tenue d'élections anticipées[14].

Il menace par la suite d'appliquer la justice autochtone à l'encontre du vice-président Otto Sonnenholzner en raison de ses actions dans les villages indigènes, qu'il décrit comme une façon de « diviser le mouvement indigène »[15].

Présidentielle de 2021 modifier

Membre de l'aile gauche de Pachakutik, il est initialement précandidat à la présidentielle de 2021, avant le retrait de sa candidature[16]. Il apporte par la suite son soutien à la candidature de Yaku Pérez, tout en restant à l'écart de sa campagne[3]. Lors du second tour affrontant le candidat de gauche Andrés Arauz à Guillermo Lasso, il appelle au vote nul, conformément au choix de Pachakutik, contrairement à Jaime Vargas, dont il est proche, qui soutient Arauz[17].

Présidence de la CONAIE modifier

À la suite de la destitution de Jaime Vargas et de la présidence par intérim de Manuel Castillo, Leonidas Iza devient le nouveau président de la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (CONAIE). Représentant le MICC, il parvient à gagner les votes de certains des délégués de la côte, de l'Amazonie et des Hautes Terres, obtenant 821 voix, contre 287 pour María Andrade et 153 pour Marco Guatemal. Sa nomination est confirmée le dimanche 27 juin 2021, le dernier jour du VIIe Congrès national de la CONAIE, qui s'est tenu dans la ville de Salasaca, dans la province de Tungurahua[18].

Lors de son élection, il s'engage à lutter contre l'extractivisme et pour l'abandon des projets miniers, à défendre l'éducation interculturelle bilingue, la justice et l'autogouvernance autochtone et porter la reconnaissance officielle des autorités communautaires autochtone. Il défend le caractère plurinational de l'Équateur[3], en vertu de la constitution de 2008 adoptée sous la présidence de Rafael Correa[19].

Il est l'une des figures des manifestations de 2022 en Équateur contre le président Guillermo Lasso et la baisse du niveau de vie dans les communautés rurales. Guillermo Lasso l'accuse d'être un "anarchiste" et de vouloir provoquer un "coup d’État" mais les peuples autochtones voient en lui un défenseur fidèle de leurs causes[20]. Il est arrêté par les forces au cours du mouvement de police mais la justice ordonne par la suite sa libération[21].

Prises de position modifier

Leonidas Iza se réclame de la gauche radicale[3] et défend un "communisme indo-américain". Les références qu'il revendique sont Dolores Cacuango et Transito Amaguaña, pionniers de la lutte pour les droits des indigènes au milieu du XXe siècle. Il cite également l'essai Les Veines ouvertes de l'Amérique latine d'Eduardo Galeano et l'œuvre de José Carlos Mariátegui[4],[20].

Soutien de l'ancien président bolivien Evo Morales, il participe avec Jaime Vargas à une rencontre politique avec ce dernier en à Chimoré, en Bolivie, dans le contexte l'élection de Luis Arce et de la fin de son exil argentin[22].

Références modifier

  1. « Leonidas Iza dice que elaboración de decreto debe sumar a más actores y tomará tiempo », El Comercio (consulté le )
  2. a et b « Leonidas Iza fue declarado inocente por el supuesto delito de tráfico de tierras », El Comercio (consulté le )
  3. a b c et d (es) Roxana Madrid, « ¿Quién es Leonidas Iza, el nuevo presidente de la Conaie? », sur El Comercio, (consulté le )
  4. a b c et d (es) « ¿Cómo se hizo Iza? », Vistazo, (consulté le )
  5. a et b (es) Diario La Hora, « Leonidas Iza, nuevo presidente del MICC - La Hora », La Hora Noticias de Ecuador, sus provincias y el mundo (consulté le ).
  6. (es) « Leonidas Iza: “Conocemos nuestra historia, no vamos a ceder nuestros derechos por baratijas” », Interferencia, (consulté le )
  7. « Leonidas Iza: En Cotopaxi las bases no apoyan a Tituaña », El Comercio (consulté le )
  8. « Leonidas Iza busca la convergencia del movimiento indígena en Cotopaxi », El Comercio (consulté le )
  9. « Leonidas Iza niega apoyo de Movimiento Indígena y Campesino de Cotopaxi a candiatura de Lasso », El Comercio (consulté le )
  10. (es) Diario La Hora, « Presidente del MICC defiende primarias realizadas - La Hora », La Hora Noticias de Ecuador, sus provincias y el mundo (consulté le )
  11. (es) Diario La Hora, « MICC posesionó a su nuevo gobierno - La Hora », La Hora Noticias de Ecuador, sus provincias y el mundo (consulté le )
  12. « El presidente del Movimiento Indígena y Campesino de Cotopaxi es investigado por el delito de incitación a la discordia entre ciudadanos », El Comercio (consulté le )
  13. « El Presidente del Movimiento Indígena de Cotopaxi será enjuiciado por el delito de tráfico de tierras », El Comercio (consulté le )
  14. (es) « Blu Radio señal en vivo | Noticias de Colombia y el Mundo », www.bluradio.com (consulté le )
  15. (es) « Leonidas Iza, de Conaie, amenaza con 'justicia indígena' al Vicepresidente Otto Sonnenholzner », El Universo, (consulté le )
  16. (es) « Leonidas Iza, líder de protestas indígenas y opositor a eliminar subsidios, gana con amplia mayoría elecciones de la Conaie », sur El Universo, (consulté le )
  17. (es) « Presidente del MICC, Leonidas Iza, llama a mantener el voto nulo en la segunda vuelta electoral y a unificar al movimiento indígena », sur El Universo, (consulté le )
  18. (es) Soraya Quillupangui, « Leonidas Iza es el nuevo presidente de la Conaie », sur El Comercio, (consulté le )
  19. Constitution équatorienne de 2008
  20. a et b « Leonidas Iza, le leader indigène qui défie le pouvoir en Équateur », sur France 24,
  21. « Équateur : la justice ordonne la libération de Leonidas Iza, chef de la plus grande organisation indigène », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
  22. (es) « Salvador Quishpe analiza iniciar acciones legales en contra de consejeros electorales », sur El Universo, (consulté le )

Liens externes modifier