L'Androuno

rue étroite de Gassin, France

L'Androuno
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Une entrée de l'Androuno
Situation
Image illustrative de l’article L'Androuno
Coordonnées 43° 13′ 43″ nord, 6° 35′ 07″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Ville Gassin
Quartier(s) Village de Gassin
Début Rue du Moulin à huile
Fin Rue des Fabriques
Morphologie
Type Rue
Forme Ruelle étroite permettant la sortie du village depuis son centre
Longueur 21 m
Largeur au plus étroit : 29 cm,
au plus large : 3 m
Histoire
Création fin XVIIIe siècle-début XIXe siècle
Géolocalisation sur la carte : Var
(Voir situation sur carte : Var)
L'Androuno
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
L'Androuno

L’Androuno est l’une des rues du village de Gassin, connue comme la « plus petite rue du monde ». Elle est devenue pour cela une curiosité touristique. À son écartement minimum en largeur, elle mesure 29 centimètres[1],[2],[3],[4],[5].

Situation et accès modifier

Située à l’ouest du village, la rue de l’Androuno est accessible au nord par la rue du Moulin à huile, au sud par la rue des Fabriques. Elle a été pavée au XXe siècle comme l’ensemble du village ancien.

Historique modifier

Le nom de l’Androuno n’apparaît pas dans les documents écrits connus avant le XXe siècle. Les cadastres anciens ne nomment que les rues principales du village[6]. Leur étude montre l’apparition de l’Androuno entre 1763 et 1808[6]. Le passage est apparu durant l’extension de Gassin vers l’ouest après l’époque médiévale, hors des premiers remparts[7].

Origine du nom modifier

C’est à la fin du XXe siècle, à l’occasion de la dénomination des rues du village, que la rue prend officiellement le nom d’Androuno, avec cette graphie. Le terme vient du latin andron, dérivé du grec ἀνδρών, hommes[8] qui désignait chez les Grecs une partie des habitations réservée aux hommes. Pour Vitruve[Note 1] et Pline le Jeune[Note 2], le nom caractérisait un passage entre deux maisons ou entre deux parties d’une même maison[Note 3].

Le terme est d’usage courant en Provence et dans le sud de la France, attesté depuis longtemps et figure dans les glossaires et dictionnaires depuis le XVIIIe siècle. Frédéric Mistral, dans son Tresor dòu Felibrige, donne comme définition de ce mot « ruelle », « cul-de-sac », « vide qui sépare deux maisons », ou « tour de l’échelle » ; il peut encore évoquer un réduit, une cachette ou des latrines.

Le choix de la graphie ne correspondant pas à celle traditionnellement constatées dans cette région de Provence, mais plutôt à celle en usage dans les régions du sud-ouest[9].

Architecture modifier

L’Androuno part du cœur du village pour se terminer, en descendant à l’ouest, vers la voie traversante reliant l’ancien et le nouveau village. Malgré l’architecture particulière du village, dont l’extension moderne ne s’est pas réalisée en étoile, les ruelles couvertes ont été créées de la même manière que dans les autres villages de Provence.

Fonction modifier

À son extrémité ouest, l’Androuno est surplombée par un passage, à l’endroit où la ruelle devient la plus étroite. Ces « passages couverts fournissent d’efficaces remparts contre les assauts du mistral, la canicule estivale, les giboulées printanières ou les averses de neige »[10]. Ils constituent une constante de l’agglomération méditerranéenne[11].

Aujourd’hui, plusieurs fonctions plus ou moins fantaisistes lui sont attribuées : utilisation dans le comptage, voire la sélection selon leur grosseur, de moutons, permettre l’écoulement des eaux lors des violents orages ou empêcher la venue d’hommes en arme[7].

Une androuno peut donc être une ruelle étroite et peu engageante, et de ce fait réservée aux hommes. C’est la théorie évoquée par le chanoine François Durand[12] ou Claude-François Achard[13], pour qui une androuno est une « ruelle, endroit propre à se cacher ».

La rue la plus étroite du monde modifier

La rue est considérée comme la rue la plus étroite du monde, notamment par un classement réalisé par National Geographic Russie[14],[15],[16],[17].

Rues adjacentes (nord) modifier

Rue du Puits modifier

La rue du Puits conduit de la rue Longue à la rue de la Calade. Elle doit son nom au puits du XVIe siècle ou XVIIe siècle.

Rue du Moulin à huile modifier

L’entrée nord de l’Androuno se trouve à la jonction de la rue du Puits et la rue du Moulin à huile. Elle a été nommée en raison de la présence de l’un des moulins à huile du village à l’époque moderne.

Rues adjacentes (sud) modifier

Rue des Fabriques modifier

L’Androuno rejoint au sud la rue des Fabriques, nommée ainsi en raison de la présence d’une fabrique de bouchons de liège.

Place Neuve modifier

La place Neuve doit son nom à sa création postérieure à l’installation des habitants au fort de Gassin et même de son extension jusqu’au XVIIe siècle.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Entre ces péristyles et les appartements consacrés aux hôtes, sont des passages appelés mesaulae, nom tiré de la position qu'ils occupent entre deux bâtiments; nous les appelons, nous, andrones. Et ce qu'il y a d'étonnant, c'est que ce mot n'a point en grec la même signification qu'en latin. Les Grecs, en effet, appellent ἀνδρῶνες les grandes salles où les hommes ont coutume de faire leurs festins, sans que les femmes y paraissent », dit Vitruve (De l’Architecture, VI, 7, 2).
  2. « La raison de cette tranquillité si profonde, c'est qu'entre le mur de la chambre et celui du jardin, il y a un espace vide qui rompt le bruit » ajoute Pline le Jeune (Livre II, lettre XVII, Pline à Gallus).
  3. Il existe à Draguignan une rue des Endronnes, tout comme à Entrecasteaux (Var), une rue Andronne à Bordeaux, rue des Andronnes à Aspres-sur-Buëch, une rue des Andrones à Chorges (05), une impasse des Andrones à Mallefougasse-Augès, un chemin des Andrones à Mornas, une Andronne à Saint-Martin-d'Ardèche, une Androne du Ponteillard et une Androne du Mauriou à Ribiers, une Androne des Bermonds et une autre de la Charité à Forcalquier, qui compte également une Androuno Roumpe Cuou. Il existe une Androne de la Plantade et une Androne Martin Bidoure à Ginasservis, une Androuno dou Taute et une Androuno di Piluro aux Saintes-Maries-de-la-Mer, une Androune de la Place au Fugeret, Les Andronnies à Vinsobres, L’Endronne à La Beaume, des rues de l’Endronne à Fournès, La Saulce, Gréoux-les-Bains et un chemin du même nom à Sauveterre. À Avignon se découvre une allée de l’Androuno alors qu’à Auribeau et Allons (Alpes-de-Haute-Provence), ce sont des rues de l’Androuno que le visiteur peut parcourir. À Gréolières, Montmaur et Dauphin, c’est l’Androne qui se distingue.

Références modifier

  1. Nelly Nussbaum, « Soit dit en passant », Var Matin,‎ (fr.1001mags.com/parution/var-matin/numero-2015-06-07-dimanche/page-26-27-texte-integral)
  2. Var Matin, 25 juillet 2015, pages 34-35.
  3. (en) Kim Culyer, « French Riviera », The Courier Mail,‎ (lire en ligne)
  4. « A Gassin dans la rue la plus étroite du monde », sur France Bleu (consulté le )
  5. (en) « Travel money cards, French Riviera hotels, frequent flyer points », Escape,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b Anne-Marie Schneider Champagne, Les cadastres de Gassin (Var) 1567 – 1914. Le village de 1567 à 1808, 2010. (lire en ligne)
  7. a et b Colette Peirugues, Gassin. Au fil du temps..., Millau, Gassin, Mairie de Gassin, , 188 p. (ISBN 2-9508428-0-1)
  8. Anthony Rich, Dictionnaire des Antiquités romaines et grecques, 3e éd., 1883.
  9. Frédéric (1830-1914) Auteur du texte Mistral et Jules (1864-1925) Auteur du texte Ronjat, Lou Trésor dou Félibrige ou Dictionnaire provençal-français : embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne.... T. 1, A-F : Frédéric Mistral ; avec un suppl. établi d'après les notes de Jules Ronjat, (lire en ligne)
  10. Christian Bromberger, Jacques Lacroix, Henri Raulin, Provence. L'architecture rurale française. Corpus des genres, des types et des variantes, Paris, Berger-Levrault, 1980, 356 pages.
  11. Lucienne A. Roubin (préf. Roger Bastide, 16 pl. de photos hors texte, jaquette illustrée), Chambrettes des Provençaux. Une maison des hommes en Méditerranée septentrionale, Paris, Plon, coll. « Civilisations et mentalités », , 251 p.
  12. « L’androuno, c’est l’impasse où, seuls, dans les villes, les hommes s’aventurent, serait-ce le grec andrôn, quartier des hommes ? » (Bulletin des séances de l’Académie de Nîmes, 1925-1927), Nîmes, Clavel et Chastanier, 1928, p. 106.
  13. Claude-François Achard (Dictionnaire de la Provence et du Comté Venaissin): Androuno, f. f., ruelle, endroit propre à se cacher, ou à cacher quelque chose, recoin, du grec petite sale où se rendent les hommes. Suivant le P. Mérindol. Prononcez long. Plin. Ep. II, 17, 22.
  14. (ru) « 3 самых узких улицы мира » [« Les 3 rues les plus étroites du monde »], sur Nat-geo.ru, National Geographic Russie,‎ (consulté le )
  15. Nelly Nussbaum, « L'Androuno », sur fr.1001mags.com, Var Matin -, (consulté le )
  16. DOC SEVEN, Doc Seven présente 777 faits surprenants sur le monde qui nous entoure, edi8, , 288 p. (ISBN 978-2-412-03466-8, lire en ligne)
  17. « L'Androuno (la plus petite rue du monde) », sur gassin.eu (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Jean-Pierre Cassely, « À Gassin dans la rue la plus étroite du monde », France Bleu,‎ (lire en ligne)
  • « Chemin de traverse : Gassin, sur la route des templiers », France Info,‎ (lire en ligne)
  • Nelly Nussbaum, « Soit dit en passant », Var Matin,‎ (fr.1001mags.com/parution/var-matin/numero-2015-06-07-dimanche/page-26-27-texte-integral)
  • Colette Peirugues, Gassin. Au fil du temps..., Millau, Gassin, Mairie de Gassin, , 188 p. (ISBN 2-9508428-0-1)
  • A. Richier, R. Chapelard et T. Gautier, « Chemin de traverse : Gassin, sur la route des templiers », France 2,‎
  • Anne-Marie Schneider Champagne, Les cadastres de Gassin (Var) 1567 – 1914. Le village de 1567 à 1808, , 31 p. (lire en ligne)
  • Véronique Lupo, « Insolite : saviez-vous que la rue la plus étroite au monde se trouve dans le Var ? »  , sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, (consulté le )
  • Ouest-France et NG, « Voici la rue la plus étroite au monde, elle ne mesure que 29 cm de large et se trouve en France », Ouest France,‎ (lire en ligne  , consulté le ) ;

Reportage télévisé modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier