Claude-François Achard

médecin, un lexicographe de la langue d'oc et un érudit français

Claude-François Achard, né à Marseille, le et mort dans cette même ville, le , est un médecin, un lexicographe de la langue d'oc et un érudit français.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Claude-François Achard est né à Marseille sur la paroisse de Saint-Ferréol. Fils d’un fabricant de papier, il est envoyé à l’âge de sept ans chez son oncle paternel, curé du Pègue en Dauphiné, et étudie au séminaire de Viviers où il apprend les langues anciennes (latin, grec et hébreu) et modernes (anglais, espagnol et italien). Il ne poursuit pas dans la cléricature et s’oriente vers la médecine.

Il étudie à Montpellier, puis à Avignon, où il reçoit, le 20 janvier 1772, le bonnet de docteur, des mains d’Esprit Calvet, premier professeur de faculté. Il est probable que ce médecin qui était, par ailleurs, un grand collectionneur et possédait une excellente bibliothèque, lui donna le goût des livres.

Le médecin modifier

Jeune médecin, Claude-François Achard s’installe à Aubagne, de 1772 à 1775, où il rencontre Élisabeth-Françoise Ollive, qu’il épousera le 25 novembre 1777[1]. Il exerce ensuite à Marseille où il se fait connaître comme un médecin charitable. Il est du nombre des médecins que l’hôpital de la grande Miséricorde salariait pour visiter les pauvres malades.

L’érudit modifier

Claude-François Achard entre à l’Académie de Marseille le 14 août 1786[2] et prononce son discours de réception le 6 décembre 1786[3]. Il en est nommé directeur en 1790[4], mais l’Académie de Marseille est par la suite supprimée par décret de la Convention du 8 août 1793[5].

Dès 1790, il commence à classer les livres récupérés dans les bibliothèques des maisons religieuses supprimées, notamment celle du collège des Oratoriens. Un arrêté du Directoire du Département du 14 février 1793 ordonne la création de la bibliothèque publique et Achard en est nommé bibliothécaire. Avec un zèle infatigable, il travaille à la confection des inventaires et des catalogues, aidé par son fils aîné. Pour l’aider à la réalisation de cet inventaire, une commission des Arts, composée de cinq membres est nommée le 6 novembre 1794. Les travaux de cette commission dont le nombre de membres est porté à six, sont ainsi répartis :

  • M. Odossaint et Audibert : instruments de mathématiques, physique, chimie, objets d’histoire naturelle, jardin botanique.
  • M. Achard et Aubert : bibliothèque et antiquités.
  • M. Guenin et Fontainieu : peinture, sculpture, dessin, gravures[6].

Cette commission prend ensuite le titre de conservatoire des Arts, en 1796[7].

Le couvent des Bernardines est choisi comme lieu de dépôt général de tous les objets d’art ou de science, ce qui permet une ouverture solennelle de la bibliothèque le 10 mars 1799, avec 27 000 volumes[8]. Elle ferme bientôt ses portes au public et ne devient définitivement accessible qu’en 1805[9].

Franc-maçon, il est vénérable de la loge La Triple Union qu’il ranime en 1801, et se trouve à l’origine du renouveau maçonnique dans la ville sous le Consulat[8].

L’encyclopédiste provençal modifier

 

Claude-François Achard est très connu pour la publication des ouvrages suivants :

  • Dictionnaire de la Provence et du Comtat Venaissin, par une société de gens de lettres, travail collectif dont l’initiative et la conception générale lui reviennent ainsi qu’une large partie des notices. Cet ouvrage en quatre volumes est constitué :
  • Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de Provence ancienne et moderne, du Comtat Venaissin et de la principauté d’Orange, du comté de Nice pour servir de suite au dictionnaire de la Provence, Imprimerie Pierre Joseph Calmen, Aix, 1787-1788.

Sur ces ouvrages, Augustin Fabre donne une appréciation très sévère mais pas objective car il n’a jamais été admis à l’Académie de Marseille : « Le dictionnaire géographique de la Provence par Achard est fait avec la même précipitation et ne mérite aucun éloge. Son histoire des hommes illustres est plus utile et sera toujours consultée. Mais que de défauts on y remarque ! Que de noms obscurs y occupent une large place, tandis que de véritables célébrités n’obtiennent souvent qu’une courte et insignifiante note[10] ! »

Si ces ouvrages sont l’œuvre d’un homme occupé par de multiples activités, ils sont cependant très intéressants, notamment par ses notices. Ainsi, pour Michel Vovelle, « on peut dire que le dictionnaire d’Achard représente pour nous une mine de documents d’une exceptionnelle richesse, et qu’à travers le regard de ce représentant typique de l’élite des Lumières, comme de façon plus lointaine à travers le regard de ses informateurs locaux, c’est tout un mouvement de découverte qui prend ici naissance[11] ».

Sa mort modifier

Frappé d’apoplexie, Claude-François Achard s’éteint le 29 septembre 1809 dans l’appartement de fonction établi près de la bibliothèque dans le bâtiment du couvent des Bernardines, actuellement lycée Thiers[12],[13].

Son éloge funèbre sera fait en 1812 à l’Académie de Marseille par Simon-Célestin Croze-Magnan (1750-1818)[14].

Une rue du 4e arrondissement de Marseille porte son nom[15].

Notes et références modifier

  1. Acte de mariage
  2. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines, ses publications, ses archives, ses membres, Barlatier-Feissat éditeur, Marseille, 1877, p. 598.
  3. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines…, op. cit., p. 262.
  4. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines…, op. cit., p. 579.
  5. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines…, op. cit., p. 120.
  6. M. le Comte de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, Antoine Ricard, imprimeur du roi, Marseille, 1826, tome III, p. 580.
  7. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines…, op. cit., p. 123.
  8. a et b Académie de Marseille, Dictionnaire des Marseillais, Edisud, Marseille, 2001, p. 10 (ISBN 2-7449-0254-3).
  9. Paul Masson (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome VI, p. 719.
  10. Augustin Fabre, Les Rues de Marseille, édition Camoin, Marseille, 1869, 5 volumes, tome 4, p. 77.
  11. Michel Vovelle, De la cave au grenier, Serge Fleury éditeur, Québec, Canada, 1980, p. 429 (ISBN 2-89010-006-5).
  12. Acte de décès,
  13. Régis Bertrand, « Claude-François Achard, l’homme qui aimait les livres », op. cit., p. 18.
  14. Abbé Dassy, L’Académie de Marseille, ses origines…, op. cit., p. 292.
  15. Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, , 441 p. (ISBN 2-86276-195-8), p. 13.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Katsumi Fukasawa, « Claude-François Achard dans sa jeunesse », Provence Historique, t. 62, no 247,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Académie de Marseille, Dictionnaire des marseillais, Edisud, Marseille, 2001, (ISBN 2-7449-0254-3).
  • Régis Bertrand, Claude-François Achard, l’homme qui aimait les livres, dans Revue Marseille, no 168, août 1993, p. 16-19.
  • Paul Masson (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome III, p. 776 et tome VI, p. 372, 721.
  • Dominique Sappia, « Claude-François Achard (1751-1809). Un mystique marseillais, précurseur en matière de culture et d'humanitaire », dans « Renaissance traditionnelle », no 156, octobre 2009, p. 267 à 283.
  • —, « Présentation et étude de la Correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard & Nouveaux Documents concernant “La Triple Union” de Marseille », 1re partie : 1786-1801, dans Renaissance traditionnelle, nos 163-164, juin-septembre 2011, p. 201 à 230.
  • —, « Étude de la correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard & Nouveaux Documents concernant “La Triple Union” de Marseille », 2e partie : 1801-1804, dans Renaissance traditionnelle (à paraître).
  • —, « Étude de la correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et “La Triple Union” de Marseille », 3e partie : 1804-1805, dans Renaissance traditionnelle (à paraître).
  • Émile Perrier, Les bibliophiles et les collectionneurs provençaux anciens et modernes : arrondissement de Marseille, Barthelet et Cie, 1897

Liens externes modifier