Kountas

peuple du Mali, de Mauritanie et du Sahara occidental
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Les Kounta ou Kunta (au singulier Elkentawi ou Alkanata) sont décrits comme soit étant à l'origine des Arabes, descendants de Oqba ibn Nafi[1],[2], soit comme des Berbères d'origine zénète[3]. Ils sont établis au Mali, en Mauritanie, au Maroc et au Sahara occidental et au sud ouest de l’Algérie.

Un Kounta dans la région de Tombouctou (vers 1908)

Depuis la Mauritanie, ils furent au XIe siècle les artisans d'une nouvelle expansion de l'islam qui durera jusqu'au XVe siècle.[citation nécessaire]

La grande majorité des Kountas adhèrent à la Mokhtaryya, une branche originale de la Qadiriyya, l'une des grandes confréries soufies d'Afrique de l'Ouest[4]. Leur lignage maraboutique leur permet d'être reconnus dans l’ensemble du Sahara central et occidental, ainsi que sur ses franges, comme détenteurs d’un prestigieux savoir intellectuel et religieux[4].

Aujourd'hui, des tribus Kounta vivent toujours en Mauritanie, dans le sud du Maroc, dans le sud de l'Algérie (commune de Zaouiet Kounta), et dans le nord du Mali.

Au Mali modifier

Forts de leur prestige religieux, les Kounta de l'actuel nord du Mali ont, depuis longtemps, tenté de dominer le commerce transsaharien en contrôlant les mines de sel et en organisant le trafic caravanier entre le Touat et la région de Gao[5].

En simplifiant à l’extrême, les relations entre Kountas et Touaregs peuvent être résumées à un ascendant religieux des Kountas sur les Touaregs, et à une domination politique et militaire des Touaregs sur les Kountas[4]. Les deux communautés s'interpénètrent largement, via des alliances matrimoniales et par l’activité commerciale qui les lie, et il n’est pas rare de voir des Kountas vivre parmi les Touaregs[4].

Les Kounta avaient pour vassaux les Lemhars qui se sont émancipés[6]. Avec ces derniers, la rivalité est encore vive (les Lemhars ont enlevé au mois de le chef des Kountas de la région de Gao, Baba Ould Cheikh Sidi El Mokhtar al-Kounti, maire d'Anéfif, après que des Kountas aient participé à l'attaque d'un convoi de drogue appartenant aux Lemhars une dizaine de jours plus tôt)[7],[8],[9].

Personnalités modifier

  • ’Abidine ould sidi Mohamed el Kounti, né en 1848 dans les environs de Tombouctou, mort en 1927 sur les bords de l’oued Draa, est une figure marquante de la résistance à l’implantation coloniale au Sahara central et occidental[4].
  • Baye el-Kounti (1865-1929) est le fils de Sidi Amor, fils de el-Mokhtar. Il vécut à Téléya, dans l'Adar des Ifoghas, où il "forma Moussa ag Amastan au soufisme et l'engagea sur la voie de la pacification avec la France"[10].

Notes et références modifier

  1. Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris 1897/01 (T19)-1898/01; sur Gallica
  2. La société maure de l'Adrar Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française - 1918-1938 sur Gallica
  3. Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française Auteur du texte et Afrique occidentale française Auteur du texte, « Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française », sur Gallica, (consulté le )
  4. a b c d et e Rita Aouad-Badoual, « Le rôle de ’Abidine el Kounti dans la résistance nomade a la conquête française de la Boucle du Niger (1894-1902) », dans Le politique dans l’histoire touarègue, Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, coll. « Les Cahiers de l’Iremam », (ISBN 978-2-8218-3015-8, lire en ligne), p. 35–48
  5. Judith Scheele, « Tribus, États et fraude : la région frontalière algéro-malienne », Études rurales, no 184,‎ , p. 79-94 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Bruno Charbonneau, « Résolution des conflits ou guerre au terrorisme ? », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Frederic Wehrey, Perilous Desert : Insecurity in the Sahara, Brookings Institution Press, , 224 p. (ISBN 0870034030), p. 72-73.
  8. (en) Simon Julien, « The Sahel as a Drug Transit Zone: Actors and Political Consequences », sur cairn-int.info (consulté le ).
  9. « Baba Ould Cheikh Sid’Elmoctar Alkounti condamne l’assassinat de Ould Bady dans le nord du Mali », sur CRIDEM, (consulté le ).
  10. Valérie Chébiri, Musée Moussa ag Amastan (MMagA), et la SMDBastProduction, septembre 2023 : "Moussa ag Amastan le légendaire chef de l'Ahaggar".

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Thomas Edward Whitcomb, The origins and emergence of the tribe of Kunta : a contribution to the history of the Western Sahara between the Almoravid period and the seventeenth century, University of London, 1978, 427 p. (thèse)
  • Fatima Bibed, Les Kunta à travers quelques extraits de l'ouvrage Al-Tara'if wa l'tala'id de 1756 à 1826, Université d'Aix-Marseille 1, 1997, 410 p. (thèse)
  • J. Genevière, « Les Kountas et leurs activités commerciales », in Bulletin de l'Institut français d'Afrique noire (Dakar), 1950, t. 12, p. 1111-1127
  • Fix Poussibet, « La toilette de cheveu et de la barbe chez les Brabich et Kounta », in Notes africaines (Dakar), no 94, , p. 49-51
  • G. Salvy, « Les Kounta du sud marocain », in Travaux de l'Institut de recherches sahariennes (Alger), no 7, 1951, p. 161-186
  • Valérie Chébiri, 2019, " Mission Touareg ", ou le voyage de l'Aménokal Moussa ag Amastan, Paris, Editions Saint-Honoré.

Filmographie modifier

  • Azalaï, film documentaire de Thierry Bugaud, France, 2006, 45'

Articles connexes modifier

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