Jean de Saint-Denis
Eugraphe Kovalevsky
Évêque Église catholique orthodoxe de France | |
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- | |
Gilles Bertrand-Hardy (d) | |
Secrétaire Confrérie Saint-Photius | |
à partir de |
Naissance | |
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Décès |
(à 64 ans) ? |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Евграф Евграфович Ковалевский |
Pseudonyme |
P. E. Forgeville |
Nationalités | |
Formation | |
Activité | |
Père |
Eugraph Kovalevsky (d) |
Mère |
Inna Kovalevskaïa (d) |
Fratrie |
Nom en religion |
Jean de Saint-Denis |
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Consécrateur | |
Fête |
Eugraphe Kovalevsky (1905-1970) est un essayiste, moine et prélat orthodoxe russe sous le nom de Jean de Saint-Denis.
Biographie
modifierFrère cadet de Pierre et Maxime Kovalevsky, Eugraphe Eugraphovitch Kovalevsky (Евграф Евграфович Ковалевский) naît le à Saint-Pétersbourg. Son père occupe diverses responsabilités politiques nationales où il s'occupe de la politique éducative, et fait partie des promoteurs du concile orthodoxe de Moscou en 1917 ; sa mère Inna Kovalevskaïa est enseignante d'histoire[1]. Il est baptisé le 24 avril suivant[1].
Il se voit pourvu d'une nourrice attitrée, Maria Romansky[1], qui le conduit fréquemment à l'église du Saint-Sauveur[2]. Puis une préceptrice lui enseigne l'allemand et le français[2]. Il apprend également le violon[2], et suit l'enseignement religieux de sa propre mère[3].
Son père reçoit fréquemment des évêques et des supérieurs de monastère, avec qui il se trouve donc en contact[3]. Il rédige poèmes et pièces de théâtre[4], et commence à peindre de petites icônes représentant le saint du jour, conseillé à ce propos par Fiodor Ouspenski[5].
Vers ses douze ans, il commence à souffrir d'asthénie[6]. Concomitamment, la guerre civile consécutive à la révolution d'Octobre fait rage, ce qui engage la famille Kovalevsky à émigrer, pour Kharkov d'abord à l'été 1918[6]. C'est là qu'il crée l'ouverture de l'opéra Conte de printemps, représenté publiquement mais perdu par la suite[7].
En 1919, il séjourne près d'un an au monastère de Pokrov[8], où il officie comme canonarque[9], et s'initie à l'art de la fresque murale[10]. Il y fait connaissance avec le futur Jean Maximovitch[11]. En juillet de la même, il regagne un temps avec sa famille leur propriété de Youtanovka[11]. Revenus à Kharkov, ils partent en novembre pour la France, sous une fausse identité pour éviter l'interpellation par l'Armée rouge[12]. Ils doivent en outre faire halte pendant deux mois à Simféropol[12], où Eugraphe rencontre Théophane Bystrov, qui lui donne le goût de la patristique[13]. En 1920 les Kovalevsky sont à Constantinople[14], avant de débarquer à Marseille le 21 février, et de s'installer à Nice puis Beaulieu-sur-Mer[15]. Là, Eugraphe et Maxime aménagent une chapelle domestique, en installant notamment une iconostase et les icônes qu'ils avaient déjà peintes[16].
À l'automne 1921, il est ordonné lecteur par Euloge Guéorguievsky. Il entame une série de pèlerinages en France, notamment auprès du sanctuaire Notre-Dame de Laghet[17]. Il continue à pratiquer l'art liturgique, confectionnant également des calendriers[18].
Il gagne un temps sa vie comme paysagiste[18]. Il ouvre ensuite un atelier d'iconographie, Covas[18].
En 1921, la famille s'installe à Meudon[19]. Il se met à alors à chanter au chœur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky et à y lire[19]. Il assiste les prêtres itinérants envoyés en province pour assurer la continuité de la vie liturgique[19]. Il fréquente le cercle de Jacques et Raïssa Maritain[20].
En , il passe ses examens de fin d'études secondaires, puis entre à la Sorbonne dont il sort en 1924 muni d'un certificat d'études supérieures en philologie[20]. L'année suivante il intègre l'Institut Saint-Serge, où il est remarqué par Serge Boulgakov[21].
Le , il cofonde la Confrérie Saint-Photius, qui se propose d’implanter l'Église orthodoxe en Occident[22].
Désigné comme son secrétaire, il assume ponctuellement en 1925 et 1926 l'intérim de sa présidence[23], et collabore à sa revue Anastasis[24]. Il s'investit surtout dans la Commission d'étude des rites gallican et romain et de traduction des textes de la liturgie orientale[23], ou Commission pour la France[25], devenue Section Saint-Irénée, dont il prend rapidement la tête[26]. Elle organise notamment la mise en place de la première paroisse orthodoxe francophone, le , jour de la fête de Martin de Tours[27]. Il dirige son chœur[28], devient membre de son conseil paroissial où il représente la Confrérie, et fait nommer Lev Gillet comme recteur[29]. Il participe également à la création de paroisses francophones en province[30].
En 1928, il prend la tête d'une nouvelle commission de la Confrérie, dénommée Saint-Jean, et dévolue à l'étude théologique[29]. C'est aussi cette année-là qu'il achève ses études à Saint-Serge[31].
En 1929, la Confrérie décide de tenter de restaurer de l'ancien rite des Gaules, supprimé sous Charlemagne[32]. Cependant, son dynamisme initial pâtit de la rupture de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale d'avec le patriarcat de Moscou[33]. Son frère Pierre, sa mère et son père suivent l'Archevêché désormais rattaché à Constantinople, tandis qu'Eugraphe demeure auprès de Moscou[34]. La Confrérie et ses paroisses-filles entrent alors en déclin[35]. En 1932, Eugraphe parvient toutefois à y faire entrer Léonide Ouspensky et Georges Kroug[36].
En 1936, il plaide pour l'admission d'Irénée Winnaert au sein de l'Église orthodoxe russe, qui est effective à la fin de l'année[37]. En décembre de la même année, il intègre une commission du diocèse de Chersonèse chargée de travailler à la correction des textes liturgiques occidentaux[38]. C'est dans ce cadre qu'il se lie avec Winnaert, lequel l'associe dans son testament à la continuité de sa communauté de rite occidental[39], et demande son ordination comme prêtre pour la desservir[40]. Winnaert meurt le , et Eugraphe est effectivement ordonné trois jours après par Éleuthère Bogoïavlenski à l'église des Trois-Saints-Docteurs : la première liturgie qu'il préside est celle pour l'enterrement de Winnaert[41].
Mais cette communauté connaît défections et dissensions[42]. En , Eugraphe est élu président de la Commission pour l'organisation des affaires occidentales[42]. Lucien Chambault, successeur désigné de Winnaert à la tête de la paroisse de l'Ascension, s'offusque de cette nomination[43], et Eugraphe, en principe sous l'autorité de ce dernier mais en fait chargé de le guider, fait l'objet de nombreuses critiques, notamment à propos des corrections qu'il apporte à la liturgie[44] : Jean Civel le taxe ainsi de « dictature » et de « fantaisie »[45].
En , il retourne à la peinture de fresques pour gagner de quoi subsister[46]. L'évêque Éleuthère le décharge alors de la présidence de la Commission, et lui demande de desservir un temps la paroisse byzantine de langue slavonne de Nice[46]. Là, il installe également une petite chapelle occidentale sur la colline Saint-Pancrace, où il célèbre Noël en français et latin[47]. Dans le même temps, il crée seul les Cahiers Saint-Irénée, dont le premier numéro est consacré à Pâques[48].
En juillet 1939, son évêque lui permet brièvement de regagner Paris[49]. Mais le métropolite Serge Stragorodski intervient pour lui permettre de rester dans la capitale, et d'ouvrir un « centre missionnaire » distinct de la paroisse de l'Ascension[50]. Mais le 3 septembre, il est appelé sous les drapeaux[51] : soldat de 2e classe, il est affecté à la 2e compagnie du 401e régiment de pionniers[52]. Il continue de célébrer quotidiennement la liturgie eucharistique[52], et met en place avec Grégoire Svetchine une aumônerie orthodoxe officieuse[53]. Il entretient également une abondante correspondance[54], avec jusqu'à une centaine de correspondants[55]. Victime d'une infection, il doit être hospitalisé à Maubeuge[53]. En , il est fait prisonnier des Allemands et envoyé au Stalag IV-B[56]. Au camp, il donne des conférences, reprend son activité iconographique[57], et s'attelle à la rédaction d'un catéchisme[58]. C'est là qu'il développe une accoutumance au tabac brun qu'il conservera toute sa vie[59]. Il passe ensuite au camp de prisonniers russes[60], dont il confesse un grand nombre[61]. Ayant été dénoncé par certains comme anti-Allemands, il est mis en prison et condamné à mort au terme d'un interrogatoire de trois jours[61]. Mais il est finalement renvoyé dans la partie française du camp[62]. En , pris de typhus, il doit intégrer le sanatorium[63]. L'année suivante, il passe au stalag III-D, où il est employé comme jardinier, avec désormais peu de temps pour ses activités pastorales[64], puis est envoyé à Berlin comme ouvrier métallurgiste[65]. En , il est dispensé d'usine et peut regagner la France[66].
En 1944, il fonde l'Institut Saint-Denys.
En 1966, il est tonsuré moine avec le prénom « Jean ».
Ouvrages
modifier- La Sainte Messe selon l'ancien rite des Gaules ou Liturgie selon saint Germain de Paris : le canon eucharistique de l'ancien rite des Gaules
- Homélies : quelques enseignements spirituels donnés en l'église Saint-Irénée
- Message de Noël
- Pierre et Paul : leur signification, leur place dans la tradition chrétienne catholique orthodoxe
- Quarante degrés ou quarante immolations de Carême
- La Sainte Messe selon saint Germain de Paris et le chant des fidèles
- Initiation à la Genèse
- Technique de la prière (traduit en anglais)
- Le Chemin de la vie et la destinée de l'âme après la mort
- Ézéchiel
- Le Mystère des origines
- Initiation trinitaire
- La Liturgie céleste
- Marie, Vierge et Mère
- Les Chemins de l'homme
- Le Verbe incarné
- La Quête de l'Esprit
- Le Sens de l'exode
- Le Carême
Références
modifier- Foucauld 2016, p. 30.
- Foucauld 2016, p. 31.
- Foucauld 2016, p. 32.
- Foucauld 2016, p. 33.
- Foucauld 2016, p. 35.
- Foucauld 2016, p. 36.
- Foucauld 2016, p. 37.
- Foucauld 2016, p. 38.
- Foucauld 2016, p. 39.
- Foucauld 2016, p. 40.
- Foucauld 2016, p. 42.
- Foucauld 2016, p. 43.
- Foucauld 2016, p. 44.
- Foucauld 2016, p. 49.
- Foucauld 2016, p. 53.
- Foucauld 2016, p. 54.
- Foucauld 2016, p. 58.
- Foucauld 2016, p. 60.
- Foucauld 2016, p. 61.
- Foucauld 2016, p. 64.
- Foucauld 2016, p. 65.
- Foucauld 2016, p. 67.
- Foucauld 2016, p. 74.
- Foucauld 2016, p. 70.
- Foucauld 2016, p. 75.
- Foucauld 2016, p. 79.
- Foucauld 2016, p. 80.
- Foucauld 2016, p. 81.
- Foucauld 2016, p. 84.
- Foucauld 2016, p. 88.
- Foucauld 2016, p. 85.
- Foucauld 2016, p. 89.
- Foucauld 2016, p. 98.
- Foucauld 2016, p. 99.
- Foucauld 2016, p. 100.
- Foucauld 2016, p. 101.
- Foucauld 2016, p. 122.
- Foucauld 2016, p. 123.
- Foucauld 2016, p. 125.
- Foucauld 2016, p. 127.
- Foucauld 2016, p. 130.
- Foucauld 2016, p. 144.
- Foucauld 2016, p. 145.
- Foucauld 2016, p. 146.
- Foucauld 2016, p. 151.
- Foucauld 2016, p. 152.
- Foucauld 2016, p. 154.
- Foucauld 2016, p. 160.
- Foucauld 2016, p. 171.
- Foucauld 2016, p. 173.
- Foucauld 2016, p. 174.
- Foucauld 2016, p. 177.
- Foucauld 2016, p. 180.
- Foucauld 2016, p. 178.
- Foucauld 2016, p. 181.
- Foucauld 2016, p. 187.
- Foucauld 2016, p. 189.
- Foucauld 2016, p. 196.
- Foucauld 2023b, p. 42.
- Foucauld 2016, p. 198.
- Foucauld 2016, p. 199.
- Foucauld 2016, p. 200.
- Foucauld 2016, p. 201.
- Foucauld 2016, p. 204.
- Foucauld 2016, p. 205.
- Foucauld 2016, p. 207.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (ru) Vladimir Bourega et V. [?] Touchagine, « Kovalevsky () », dans Orthodox Encyclopedia (en), t. XXV, patriarcat de Moscou, (ISBN 978-5-89572-046-2, lire en ligne), p. 139-142.
- Élie de Foucauld, Évêque Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky) : biographie, t. I, Forgeville, (ISBN 978-2-902117-01-7).
- Élie de Foucauld, Évêque Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky) : biographie, t. II, Forgeville, (ISBN 978-2-902117-15-4).
- Élie de Foucauld, Évêque Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky) : biographie, t. III, Forgeville, (ISBN 978-2-902117-16-1).
- Victor Derély et Élie de Foucauld, « Saint Sophrony le Nouveau et l'évêque Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky) », Contacts, no 273, , p. 47-60 (ISSN 0045-8325, BNF 34414989)..
- Natalie Depraz, « L'approche ecclésiologique d'Eugraph Kovalevsky », Contacts, no 279, , p. 350-365.
Liens externes
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