Jean Grémillon

réalisateur français

Jean Grémillon, né le à Bayeux (Calvados) et mort le à Paris, est un réalisateur et scénariste français.

Jean Grémillon
Georges Sadoul, William Dieterle, Michel Fourré-Cormeray et Jean Grémillon, photographiés à l'aéroport de Varsovie-Chopin, en 1947 (de gauche à droite).
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Saint-Sulpice-de-Favières (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Alexandre Louis Eugène Grémillon
Nationalité
Activités
Autres informations
Films notables
Tombe de Jean Grémillon au cimetière de Saint-Sulpice-de-Favières.

Musicien, compositeur et auteur, Grémillon est réputé pour son œuvre singulière. Il reste l'un des réalisateurs les plus importants de l'histoire du cinéma français, selon Bertrand Tavernier[1].

Biographie

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Issu d'un milieu modeste de Basse-Normandie, à Cerisy-la-Forêt, le jeune Grémillon doit d'abord imposer à son père, employé aux Chemins de fer de l'Ouest[2], son désir de faire des études musicales. En 1920, il vient à Paris suivre les cours de la Schola Cantorum, notamment ceux de Vincent d'Indy. Il se lie à l'avant-garde musicale et théâtrale des années 1920, et découvre le cinéma comme violoniste de salle, en accompagnant des films muets. Il accepte des commandes de courts-métrages liés au monde du travail, puis réalise ses premiers courts-métrage personnels sur le thème maritime, avec Tour au large et La croisière de l'Atalante.

Il tourne son premier long-métrage dès la fin du muet, Maldone, sous l'œil bienveillant de Charles Dullin, qui produit le film[3], tout en incarnant le premier rôle. Mais la version écourtée par le distributeur (sans accord de l'auteur) rencontre un succès médiocre. Gardiens de phare, produit par Jacques Feyder en 1929, est un succès[4], ce qui l'amène à rencontrer le scénariste Charles Spaak, avec lequel il réalise La Petite Lise. Le film provoque leur renvoi immédiat de Pathé-Natan. La sortie du film est délibérément sabotée.

En 1937, il co-réalise en Espagne Sentinelle, alerte ! avec Luis Buñuel, d'après une opérette de Carlos Arniches - film purement alimentaire pour lui. La même année, il fait tourner Jean Gabin dans Gueule d'amour et, l'année d'après, Raimu dans L'Étrange Monsieur Victor, deux films notables qui lui assurent la consécration artistique et populaire.

En 1939, il réalise Remorques, avec Jean Gabin, Michèle Morgan et Madeleine Renaud, et pendant l'Occupation, il tourne Lumière d'été avec Madeleine Robinson et Pierre Brasseur, et Le ciel est à vous, avec Madeleine Renaud et Charles Vanel, souvent considéré comme l'un de ses chefs d'oeuvre.

En 1944, il adhère au Parti communiste français[5]. En 1945, parti à la recherche de sa famille en Normandie, il y tourne le premier sur les ruines du Débarquement : Le 6 juin à l'aube.

Il se lance dans plusieurs projets de films historiques à visées révolutionnaires, notamment sur la Commune de Paris, la guerre d'Espagne, mais aucun ne voit le jour, en raison de l'abandon des projets par les producteurs - notamment le Ministère de la Culture commanditaire.

Il aime se retirer dans sa maison familiale de Normandie, à Cerisy-la-Forêt, et y travailler de longs mois à ses projets.

Il est élu président du Syndicat national des techniciens de la production cinématographique et de télévision le 9 avril 1946, fonction qu'il occupe jusqu'au 24 mars 1948. À ce titre il joue un rôle principal lors de l'action menée pour l'institution du Fonds de soutien automatique à la production cinématographique, après la signature des accords Blum-Byrnes en 1946.

Après quatre ans passés sans tourner, il réalise Pattes blanches sur un scénario de Jean Anouilh, qui déroute la critique et le public, puis L'Étrange Madame X et L'Amour d'une femme, avec Micheline Presle, autre chef d'oeuvre méconnu, féministe et trop en avance sur son temps, où il traite du déchirement d'une femme médecin entre sa vocation et son amour.

Ne parvenant plus à trouver de financement, il crée avec son épouse Christiane et des amis une petite société de production, Les Films du Dauphin, qui lui rend son indépendance pour tourner des courts-métrages sur l'acte de création : Basse-Lisse, André Massonetc.

Atteint d'un cancer, Jean Grémillon meurt prématurément à 58 ans, le même jour que Gérard Philipe avec lequel il militait et avait un important projet de tournage.

Il est inhumé au cimetière de Saint-Sulpice-de-Favières[6], dans l'Essonne, avec son épouse décédée en 1992[7].

Hommages

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Le collège de Saint-Clair-sur-l'Elle, dans la Manche, porte son nom, ainsi qu'une résidence universitaire du CROUS de Caen située à Hérouville-Saint-Clair, et une rue de Bayeux.

Au Mans, une rue située à proximité de l'université du Maine porte son nom, de même qu'à Port-Bail-sur-Mer.

Une esplanade lui est consacrée à Saint-Lô, à proximité immédiate du cinéma de la ville.

Filmographie

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Plusieurs des longs-métrages de Grémillon, parmi lesquels Gardiens de phare et La Petite Lise, ont longtemps été considérés comme perdus. Tous ont été finalement retrouvés et restaurés à partir du milieu des années 1970.

Courts métrages

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Moyens métrages

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Longs métrages

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Récompenses

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Publication

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  • Grémillon Jean, Le Cinéma ? Plus qu'un art !… Écrits et propos. 1925-1959, préface de Paul Vecchiali, textes rassemblés par Pierre Lherminier, L'Harmattan, 2010
  • Agel Henri, Jean Grémillon, Paris, Seghers, 1969.
  • Billard Pierre, Jean Grémillon, Paris, L’Avant-Scène Cinéma / Anthologie du Cinéma, n° 20, 1966.
  • Calvet Yann et Roger Philippe (sous la dir.), Jean Grémillon et les quatre Éléments, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2019.
  • L’Étrange M. Grémillon, Paris, BnF, 2001.
  • 1895. Revue d'histoire du cinéma, hors‐série Jean Grémillon, octobre 1997, p. 5‐14.
  • Païni Dominique, « Les cinq vies de Jean Grémillon, I : Grémillon muet », Les Cahiers du cinéma, n° 693, octobre 2013, p. 88-89.
  • Roger Philippe, Lumière d’été de Jean Grémillon, Crisnée, Yellow Now, 2015.
  • Sellier Geneviève, Jean Grémillon. Le cinéma est à vous, Paris, Klincksieck, 2012.
  • Tixier Nicolas et Warren Michel, Jean Grémillon. Cinéaste (1901-1959), Grenoble, Fédération des Cinémathèques et Archives de Films de France, 1997.

Notes et références

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  1. Bertrand Tavernier, Voyage à travers le cinéma français, épisode 1/8 - Mes cinéastes de chevet : Max Ophüls, Jean Grémillon, Henri Decoin, série documentaire, 2017.
  2. Nicolas Tixier et Michel Warren (postface Paul Vecchiali), Jean Grémillon. Cinéaste, Fédération des cinémathèques et Archives de films de France, (lire en ligne).
  3. Karim Ghiyati, « Charles Dullin et Jean Grémillon », 1895, revue d'histoire du cinéma, vol. 2, no 1,‎ , p. 5–14 (DOI 10.3406/1895.1997.1240, lire en ligne, consulté le ).
  4. Marcel Carné, « Gardiens de phare de Jean Gremillon », Cinémagazine,‎ (lire en ligne).
  5. Lucile Marault, Pas de printemps pour la liberté : histoire d’un projet de film de Jean Grémillon dans la France de l’après-guerre : Le Printemps de la liberté (1947-1950), , 516 p. (lire en ligne), p. 10.
  6. Section O, tombe n° 65.
  7. Cimetières de France et d'ailleurs.

Voir aussi

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Bibliographie

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Ouvrages

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Articles

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Ressources audiovisuelles

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Liens externes

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