Jean-Luc Coronel de Boissezon

historien français du droit
Jean-Luc Coronel de Boissezon
Jean-Luc Coronel de Boissezon en 2019.
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Société d'histoire du droit (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeurs de thèse
Distinction
Prix de thèse de la Maison Auguste-Comte (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean-Luc Coronel (1967), plus connu sous le nom Jean-Luc Coronel de Boissezon, est un historien français du droit.

Agrégé d'histoire du droit, professeur à l'université de Montpellier à partir de 2010, il en est révoqué en à la suite de sa participation l’année précédente à l’évacuation violente d’un amphithéâtre de la faculté de droit, occupé par des manifestants et des militants politiques.

Sa sanction est par la suite réduite à quatre années de suspension en appel ; décision censurée par le Conseil d'Etat qui sollicite une révocation ou une mise à la retraite d'office.

Néanmoins, la sanction de quatre ans de suspension est confirmée sur renvoi en 2023 et, ayant déjà entièrement effectué cette peine, il est réintégré dans son université, dont le président a annoncé son projet de second pourvoi en cassation.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Né le à Aubenas, Jean-Luc Coronel[1], qui prendra par la suite le nom d'usage de « Coronel de Boissezon »[2], est petit-fils de communistes[3]. Il travaille à la chaîne dans sa jeunesse[3].

Formation modifier

Il poursuit à Aix-en-Provence, puis à Paris, des études de sociologie, de science politique, et de droit[réf. souhaitée]. En 1989, il obtient le diplôme de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence avec un mémoire sur la pensée politique du traditionaliste italien Julius Evola[4], puis en 1990 un diplôme d'études approfondies en histoire des institutions et des idées politiques, à l'université Aix-Marseille-III, avec un mémoire sur la conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf et Philippe Buonarroti[5], « premier parti communiste de l'histoire » selon Marx[source insuffisante]. Il exerce ensuite des fonctions dans l'enseignement supérieur privé à Nice, puis à la direction de l'enseignement supérieur du service interacadémique des examens et concours de Paris, Créteil et Versailles[réf. souhaitée]. En 2008, il achève un doctorat en droit à l'université Paris-Sud, avec une thèse sur les conceptions juridiques de Frédéric Le Play et de son école, dirigée par les professeurs Brigitte Basdevant-Gaudemet et François Jankowiak[6], qui reçoit le prix de thèse de la Maison d'Auguste Comte en 2011[7]. Il appartient au comité d'experts de la revue Les Études sociales[8][source insuffisante].

Carrière modifier

À l'université modifier

Au cours de sa carrière, il enseigne notamment à l'université Aix-Marseille III (1990-1993), à l'université Jean-Monnet-Saint-Étienne (1995-1997), à l'université Paris-X (1998-1999), à l'université Panthéon-Assas (1999-2000), à l'université Paris-XI (2000-2007) et à l'université Montpellier-I. De 2010[9] à 2019, il est professeur agrégé d'histoire du droit[10] à la faculté de droit de Montpellier[11].

À l'Institut des sciences sociales, économiques et politiques modifier

Révoqué de l'enseignement supérieur en 2019, il enseigne en 2021 l'histoire de la pensée économique à l'Institut des sciences sociales, économiques et politiques[12],[13] (Lyon), institut d'enseignement supérieur privé dirigé par Marion Maréchal[14].

Violences à l'université modifier

En , à l'instar du doyen Philippe Pétel, le professeur Coronel de Boissezon est mis en cause dans l'évacuation de manifestants extérieurs qui occupaient la faculté de droit de Montpellier[15],[16].

Conséquences disciplinaires modifier

À la suite du rapport de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche[15] pointant la responsabilité de Pétel et Coronel — mais aussi celle du président de l'université de Montpellier, ayant contraint le doyen à la tenue d'une réunion syndicale à haut risque, le jour du cinquantenaire du début des évènements de Mai 68[15] —, à l'issue d'une première vague d'auditions, une procédure disciplinaire a été engagée.

Le , les professeurs Pétel et Coronel de Boissezon sont sanctionnés, le premier par une suspension de cinq ans sans rémunération, le second par une révocation de l'enseignement supérieur assortie d'une interdiction d'exercer dans tout établissement public[17].

En appel, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) remplace en mai 2022 sa révocation par une suspension de quatre années[18]. Fin décembre le Conseil d’État annule cette sanction jugée trop faible (correspondant au 5e niveau de sanction possible[19]) et demande au CNESER de prononcer une mise à la retraite d'office ou la révocation[20],[21].

En septembre 2023, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) jugeant sur renvoi maintient sa première décision[22]. La peine de quatre ans de suspension avec privation de la totalité de la rémunération ayant été effectuée, Jean-Luc Coronel de Boissezon est réintégré à l'Université de Montpellier à la rentrée 2023[23]. Le président de l'Université a néanmoins annoncé se pourvoir une seconde fois en cassation[24].

Conséquences judiciaires modifier

Pour les mêmes faits Coronel est en outre mis en examen pour violences en récidive, en raison d'une précédente condamnation dans un autre contentieux en 2013[17] (un « conflit familial qui aurait dérapé »[25]). Il se défend pourtant : « j'étais présent [...] pour veiller sur nos locaux, nos étudiants et nos collègues présents. Je n'étais évidemment pas cagoulé et donc parfaitement identifiable de mon plein gré. [...] Je n’ai pas l’habitude, lorsque je suis agressé, de rester passif »[26].

En automne 2018, l'enquête conduit à l'arrestation de personnes soupçonnées d'avoir été réunies par sa compagne[27], Patricia Margand[28], ancienne candidate royaliste aux élections législatives de 2012 dans la 2e circonscription du Rhône[29]..

Le 2 juillet 2021, il est condamné par le tribunal correctionnel de Montpellier à une peine de 6 mois de prison ferme aménagée sous la forme d'une détention à domicile sous surveillance électronique. Soupçonnée d’avoir recruté les autres personnes qui ont évacué les occupants illégaux, sa compagne écope de la même peine[30]. L'un et l'autre ont interjeté appel, avec effet suspensif. Les victimes s'étaient quant à elles désistées dès le début du procès en dénonçant une justice « partiale » et « bourgeoise »[31].

Le 28 février 2023, la Cour d'appel de Montpellier réforme le jugement de première instance. Jean-Luc Coronel de Boissezon voit sa peine réduite à un an de prison avec sursis. L'enseignant est aussi relaxé d'une partie des poursuites, celle concernant des faits de violence[32].

Prises de position modifier

Réputé conservateur, il figure notamment, en 2012, parmi les signataires d'une tribune s'opposant au « mariage pour tous ». D'après Les Inrockuptibles, il aurait participé également à une manifestation organisée par la Ligue du Midi en 2016[33], ce que Coronel de Boissezon dément, indiquant qu'il avait seulement « traversé » cette manifestation tenue devant la préfecture de l'Hérault, après être sorti de sa faculté[34].

En 2019, auditionné à l'Assemblée nationale par une commission d'enquête sur la lutte contre les groupuscules d'extrême droite en France, l'ancien préfet de l'Hérault Pierre Pouëssel le dit « très proche de la Ligue du Midi »[35].

Le 3 décembre 2022, Jean-Luc Coronel accepte de livrer un témoignage intitulé "Faire face aux persécutions universitaires"[36] à l'invitation d'un « forum de la dissidence » aux côtés de figures de l’extrême droite comme Damien Rieu, Thaïs d’Escufon ou encore Renaud Camus[37].

Dans la culture populaire modifier

Dans le roman Le Hussard retrouve ses facultés de Bruno Lafourcade (Auda Isarn, 2019[38]), le personnage de l'universitaire Emmanuel Guernec est inspiré de Jean-Luc Coronel de Boissezon[39].

Publications modifier

  • Notices « Liberté », « Peuple et nation », « Peuple et population » et « Ruralisme » in Dictionnaire des populismes, dir. Christophe Boutin, Olivier Dard et Frédéric Rouvillois, Paris, Cerf, 2019.
  • « La dénaturation de la justice médiévale par les légistes royaux, selon le publiciste légitimiste J.-B.-V. Coquille », in Mélanges Jean Barbey, Paris, Mare et Martin, 2019.
  • « La responsabilité individuelle, concept extensif de l'école du droit naturel moderne et matrice de la contractualisation des rapports sociaux », in Alexandre Deroche (dir.), La responsabilité . Actes des Journées internationales de la Société d’histoire du droit, Limoges, PULIM, 2019, p. 77-104 .
  • Notices « Bonnes mœurs », « Catholicisme social », « Le Play (Frédéric) », « Notables », « Serres (Olivier de) » et « Temps » in Dictionnaire du conservatisme, dir. Christophe Boutin, Olivier Dard et Frédéric Rouvillois, Paris, Cerf, 2017.
  • « L'Europe dans le discours métapolitique de la Nouvelle Droite », dans Europe et État, t. II, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'Aix-Marseille, coll. « Collection d'histoire des idées politiques » (no 9), (ISBN 2-7314-0059-5), p. 293-318.

Références modifier

Références modifier

  1. Acte de naissance no 649, année 1967, mairie d'Aubenas.
  2. Simon Challier, « Jean-Luc Coronel de Boissezon, le conservateur », La Gazette de Montpellier,‎ , p. 19 (ISSN 2132-5774).
  3. a et b « A Montpellier, le « commando de la fac de droit » face à la justice », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Julius Evola penseur politique. Doctrine et influence, sous la dir. du Pr. Michel Ganzin, mémoire pour l'obtention du diplôme de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, 1989. V. « Travaux inédits », Revue française de science politique, vol. 40, no 3,‎ , p. 437 (lire en ligne).
  5. La Conjuration des Égaux (1795-1796). Un modèle idéologique et stratégique à la croisée des dynamiques révolutionnaires, sous la dir. du Pr. Michel Ganzin, mémoire pour l'obtention du Diplôme d'études approfondies en histoire des institutions, des idées politiques et des faits sociaux), Aix-en-Provence, université Aix-Marseille III, 1990. V. Conjuration des Égaux, Bibliographie.
  6. « Thèse de Jean-Luc Coronel de Boissezon », sur Theses.fr (consulté le ).
  7. « PRIX DE THESE ET BOURSE DE RECHERCHE DE LA MAISON D’AUGUSTE COMTE 2018 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Maison Auguste Comte, (consulté le ).
  8. « Les Études Sociales », sur lasciencesociale.org (consulté le ).
  9. « Nominations au Journal officiel de la République française, 21 avril 2010 » (consulté le ).
  10. « Agrégation: D. 19 avr. 2010, nomination et titularisation (Ens sup.): Professeurs d'histoire du droit et des institutions (concours 2009-2010 » (consulté le ).
  11. « Nominations au Journal officiel de la République française, 21 avril 2010 » (consulté le ).
  12. « Les enseignants - Institut De Sciences Sociales Économiques et Politiques (ISSEP) », sur Institut De Sciences Sociales Économiques et Politiques (ISSEP) (consulté le ).
  13. Retour à la fac d'un prof bastonneur, le Canard Enchaîné, 28 décembre 2022.
  14. « Montpellier : mobilisation à la fac de droit contre la réintégration de Coronel de Boissezon », sur actu.fr (consulté le ).
  15. a b et c Intrusion et faits de violence perpétrés dans un amphithéâtre de l'UFR Droit et Science politique de l'université de Montpellier, Rapport I.G.A.E.N.R. - Mai 2018
  16. Tribunal administratif de Montpellier, 18 avril 2018
  17. a et b Le Monde avec AFP, « Violences à la faculté de droit de Montpellier : le doyen et un professeur mis en examen. », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  18. Guillaume Richard, « Montpellier : Jean-Luc Coronel de Boissezon réintégré à la fac de droit ? », sur midilibre.fr, (consulté le ).
  19. « Code de l'éducation - Article L952-8 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  20. Le Conseil d'État, « Évacuation violente de la faculté de Montpellier en 2018 : la sanction disciplinaire infligée en appel à Jean-Luc Coronel de Boissezon est trop faible et doit être revue », sur Conseil d'État (consulté le ).
  21. « Le Conseil d’Etat appelle à durcir la sanction contre un professeur du « commando de la fac de droit » de Montpellier », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Bulletin officiel du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, « CNESER Sanctions disciplinaires - NOR : ESRH2324687S - Décisions du 4-9-2023 », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, (consulté le ).
  23. « Montpellier : Jean-Luc Coronel de Boissezon peut reprendre l’enseignement, mais pas à la fac de droit », sur lepoing.net, (consulté le ).
  24. « Affaire de l’ex-enseignant de droit : le Cneser maintient sa sanction. L’université de Montpellier va déposer un recours », sur aefinfo.fr, (consulté le ).
  25. Sarah Finger, « A Montpellier-I, l’histoire du droit avec la droite dure », sur Libération.fr, (consulté le ).
  26. Wally Bordas, « Violences à Montpellier : l’ex-doyen de la fac et un professeur mis en examen », Le Figaro Étudiant,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. Salah Hamdaoui, « La compagne d'un professeur, personnage central des violences commises à la fac de Droit de Montpellier. », France Bleu Hérault,‎ (lire en ligne)
  28. « Violences à la fac de droit de Montpellier en 2018 : l'ancien doyen renvoyé devant le tribunal », sur France Bleu, (consulté le ).
  29. « Violences à la fac de Montpellier : le prof de droit, la royaliste et le commando », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  30. avec AFP, « Commando à la fac de droit de Montpellier : six mois de prison ferme pour le professeur, sursis pour le doyen », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  31. « Évacuation violente d’une fac – Un ex-professeur condamné à six mois ferme en France », sur 24 heures (consulté le ).
  32. « La justice allège en appel les peines du commando de la fac de droit de Montpellier », sur France Bleu, (consulté le ).
  33. « Violences à la fac de Montpellier : un prof de droit assume avoir porté des coups », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Fac de droit de Montpellier : Jean-Luc Coronel de Boissezon s'explique, six jours après sa mise en examen », sur France Bleu, (consulté le ).
  35. Assemblée Nationale, « Tome II », sur Assemblée nationale (consulté le ).
  36. Cyprien Caddeo, « Mobilisation à Montpellier contre le retour d’un prof agresseur à la fac de droit », sur Libération, .
  37. Cyprien Caddeo, « Qui est Jean-Luc Coronel de Boissezon, professeur impliqué dans le commando de la Fac de Montpellier ? », sur L'Humanité, .
  38. « Le Hussard retrouve ses facultés », sur Bruno Lafourcade, (consulté le ).
  39. Fabrice Dutilleul, « Entretien avec Bruno Lafourcade, auteur du roman policier Le Hussard retrouve ses facultés (Auda Isarn, collection « Le Lys Noir ») »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur infos-75.com, .

Liens externes modifier