Jean-Géraud d'Astros

poète gascon

Jean-Géraud d'Astros (en gascon : Joan Giraud d'Astròs) est curé et poète écrivant en gascon né en 1594 au hameau de Jandourdis, près de Saint-Clar de Lomagne et mort en 1648. Son nom est parfois orthographié Dastros.

Jean-Géraud d'Astros
Biographie
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Œuvre modifier

L'œuvre principale et la plus connue de Joan Giraud d'Astròs est le «Lou Trimfe de la lenguo gascouo» (Triomphe de la langue gasconne) publiée en 1642 par J. Boudo à Toulouse. C'est un recueil de deux œuvres en vers. D'abord le «Trimfe » lui-même, communément appelé « Las sasons » (les saisons) qui est un débat entre les quatre saisons gasconnes (« prima » « estiu », « auton » et « ivèrn ») qui défendent chacune leur cause avant qu'un « arrèst » n'évite habilement de les départager (car le printemps est « la mès bèra », l'été « lo mès òp », l'automne « la mès richa » et l'hiver « lo mès aisat »). Ensuite les « Playdeiats deus elomens » (Plaidoyer des éléments) qui voit cette fois « lo huec », « l'aire », « l'aiga » et « la tèrra » rivaliser d'arguments pour convaincre de sa supériorité un « pastor de Lomanha » qui rend finalement son « arrèst »: « Cadun es mèste en son ostau » (chacun est maître en sa maison). Très influencé par Virgile et Du Bartas, il écrit en octosyllabes dans un gascon puissant et varié.

D'Astròs écrivit également de nombreuses autres œuvres moins connues qui firent l'objet d'une publication complète en 1867-1869 (cf. bibliographie). Il est notamment l'auteur de la première pièce de théâtre en gascon : La Mondina (actuellement disponible aux éditions Per Noste, cf. bibliographie).

Citations modifier

Que la terra non m[e] fache tròp,
Ja l'èi negada un aute còp.
Que lo huec tròp non m'arrodòle,
Jo m'estoni qu'eth non tremòle,
E non se bremba pas benlèu
Deus destupèris que jo'u hèu.
Mès parle huec, e parle terra,
Me haça l'aire mala guerra,
Jo vòli que lor libertat
Lor haça véser la vertat,
E voi sur eths, l'ora presenta,
Trimfar per rason non per crenta.

« Plaidejat de l'aiga » dans le « Plaidejat deus Elements »

(Que la terre ne me fâche pas trop, car je l'ai noyée il y a quelque temps. Que le feu ne vienne pas me frôler, je m'étonne qu'il ne tremble pas, et ne se souvienne apparemment pas des reproches que je lui ai faits. Mais que feu parle, et que parle terre, que l'air me fasse mauvaise guerre, je veux moi que leur liberté leur fasse voir la vérité, et je veux sur eux, présentement, triompher par la raison et non par la crainte.)

Dans son adresse "Au Legidou Gascoun», au début de son livre, d'Astròs prend vigoureusement la défense de sa langue gasconne face à ceux qui, déjà, en ont honte :
«Torna, torna, frair, e demòra;
N'ajas honta d'augir ton frair
Parlar la lengua de ta mair.»
(Reviens, reviens, frère, et arrête-toi ; n'aie pas honte d'entendre ton frère parler la langue de ta mère.)

Bibliographie modifier

 

Les œuvres complètes de Joan Giraud d'Astròs ont été publiées au XIXe siècle par Frix Taillade dans l'édition suivante :

  • J. G. d'Astros, Poésies gasconnes, recueillies et publiées par F. T., nouvelle édition, revue sur les manuscrits les plus authentiques et les plus anciennes impressions, deux tomes, Paris, Librairie Tross, 1867/1869.

On trouve une longue étude sur d'Astròs dans l'ouvrage :

  • Joseph-Alexandre Michelet, Poètes gascons du Gers depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours, Auch, Th. Bouquet, 1904.

Ainsi que dans :

  • Pierre Bec, Le siècle d’or de la poésie gasconne (1550-1650), anthologie bilingue, París, Les Belles Lettres, 1997.
  • Lou Trimfe de la lengouo gascouo a été réédité dans sa graphie originale en 1980 par S. Thiolier-Méjean au no 2 des Annales de l'Institut de langue et de littérature d'òc de l'université de Paris-Sorbonne (flashage de l'édition de Frix Taillade). L'ouvrage est enrichi d'une introduction, d'un lexique et d'une bibliographie.

Il existe un reprint de l'édition de 1642 aux éditions Lacour :

  • J. G. d'Astros, Lou trimfe de la lengouo gascouo, Toulouso, Ian Boudo, 1642, reprint Nimes, C. Lacour éditeur, 2003.

Le texte intégral en graphie classique, accompagné de notes et d'un glossaire, est disponible aux éditions Per Noste :

  • Joan Giraud d'Astròs, Lo trimfe de la lengua gascoa, Ortès, Per Noste, 2007.

Ainsi que :

  • François Pic, « Essai de bibliographie de l’oeuvre de Jean-Géraud Dastros (1594-1648) », Revue des langues romanes, tome XCVII, n° 2,‎ , pp. 383-411
  • André Dupuy (historien), J.-G. Dastros : poète gascon, Saint-Christol, 1993.
  • Joan Giraud d'Astròs, La Mondina, Ortès, Per Noste, 2006.
  • Joan Giraud d'Astròs, Lo trimfe de la lengua gascoa, Ortès, Per Noste, 2007.

Postérité modifier

Le nom du poète est donné à la vieille église de Saint-Clar dite « église de Dastros » et au square situé contre l'église et dans lequel est exposé son buste en bronze sur une stèle de pierre. Un autre buste, en pierre, faisant pendant à celui de Prosper-Olivier Lissagaray, est présent au jardin Ortholan à Auch. Œuvre d'Antonin Carlès il est légué par sa veuve en 1922 au musée archéologique et offert à la ville d'Auch par le secrétaire général de la société gersoise Alphonse Branet[1]. À l'occasion de son inauguration le par Fernand Laudet, le chanoine Laffargue prononce à la cathédrale un éloge du poète en gascon[2]. Les quatre cents ans de sa naissance sont commémorés le à Saint-Clar. Xavier Ravier[3] donne à cette occasion une conférence consacrée au poète de la Lomagne : « Dastros et le paysage de la Lomagne : le local et l'universel en débat »[4].

Notes et références modifier

  1. Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, « Alphonse Branet », Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie du Gers, Auch, Impr. F. Cocharaux,‎ (lire en ligne) lire en ligne sur Gallica
  2. Maurice Bordes (dir.) (postface Jean Laborde), Histoire d'Auch et du pays d'Auch, Roanne, Horvath, , 261 p. (ISBN 2-7171-0109-8, BNF 34735862), p. 205 et 209
  3. Xavier Ravier (1930), professeur d'occitan à la Faculté des lettres de Pau (1965-1973), directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (depuis 1985), professeur à l'Université de Toulouse-II-Le Mirail (1984-1985 puis 1989-1997) (BNF 11921243)
  4. Xavier Ravier, « Dastros et le paysage de la Lomagne : le local et l'universel en débat », Bulletin de la Société archéologique, historique littéraire et scientifique du Gers, Auch, Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers,‎ (BNF 34426497, lire en ligne) lire en ligne sur Gallica

Pour approfondir modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier