Jacques Leclercq (théologien)

politicien belge

Jacques Leclercq, né à Bruxelles le et mort à Beaufays le , est un théologien et professeur de l'Université catholique de Louvain.

Biographie modifier

Diplômé en droit de l'Université libre de Bruxelles et en philosophie de l'Université catholique de Louvain, cet intellectuel est ordonné prêtre en 1917. Théologien et professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles, puis à l'Université catholique de Louvain, il fonde et dirige à partir de 1926 la revue La Cité chrétienne.

Outre de nombreuses publications, Jacques Leclercq participe à la fondation de l' École des Sciences politiques et sociales et de la Société d'Études politiques et sociales. En 1955, il inaugure le Centre de Recherches sociologiques. Au début des années 1960, il s'enthousiasme pour Vatican II dont il partage un grand nombre de valeurs[1].

Il prend parti, dès 1945, en faveur de la création d'un mouvement régionaliste wallon d'inspiration chrétienne Rénovation wallonne et écrit, en 1963, un appel aux catholiques à rallier le Mouvement wallon intitulé Les catholiques et la question wallonne.

Le bâtiment qui abrite la faculté des sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Louvain porte son nom.[réf. nécessaire]

Il est inhumé à Beaufays, à l'ermitage du caillou blanc[2].

Plus chrétien que catholique modifier

Dans les notes de son carnet intime écrites peu de temps après son installation à Beaufays, il écrit :

« À Louvain, j'ai été pendant vingt-trois ans dans un malaise perpétuel, parce que l'université qui s'intitule catholique, n'est que très partiellement chrétienne. Dans l'esprit de la maison, être catholique, c'est essentiellement mettre l'étiquette catholique sur des activités profanes qu'on exerce comme les autres. Il y a bien des braves gens qui prennent des initiatives chrétiennes, qu'on tolère à condition qu'elles soient soigneusement mesurées, mais l'ensemble est profane[3]... »

Bien avant le concile Vatican II, qui le réjouira, il avait conscience de se situer à contre-courant de siècles de catholicisme clérical: il influencera dans ce sens toute une génération de jeunes intellectuels catholiques belges[non neutre][4].

Philosophie morale modifier

Dans son livre Les grandes lignes de la philosophie morale, Jacques Leclercq tente de donner un fondement métaphysique à la philosophie morale. Témoin en est la structure même de la partie systématique de l'ouvrage (parties III et IV), où il traite du bien, du vrai, du beau, du bonheur, du mal, de la liberté, de l'obligation, de la nature, de la perfection, de la sanction, de l'ordre, du sacrifice, du devoir, etc. Il s'inspire de la métaphysique de Thomas d'Aquin, à l'aide de laquelle il entend systématiser la pensée morale de ce dernier, en évolution sur plus de vingt ans, et la dégager d'apports qu'il juge nuisibles (il vise surtout l'influence platonicienne). Cet examen critique est l'objet de l'ouvrage La philosophie morale de saint Thomas devant la pensée contemporaine. Jacques Leclercq, à la suite de Thomas d'Aquin, fonde la morale non pas sur l'obligation, mais sur l'amour du bien[5].

Publications modifier

  • Saint françois de Sales, Docteur de la perfection, Paris, Beauchesne, 1928
  • Essai de morale catholique. I. Le retour à Jésus; nouvelle édition revue et corrigée, 1944; . II. le dépouillement.III. La vie intérieure 2) éd. revue 1947;. IV. La vie en ordre, Gembloux, Duculot, 1931-1938
  • Albert, roi des belges, Gembloux, Duculot, 1934
  • Au fil de l'année liturgique. méditations et prières, Gembloux, Duculot, 1934; nouvelle éd. rev. et aug., 1944
  • De la communauté populaire, Paris, Cerf, 1938
  • Dialogue de l'homme et de Dieu, Paris, Desclée De Brouwer, 1939
  • Sérénité, Bruxelles, ed. de la Cité chrétienne, 1942
  • La vie du Christ dans son Eglise, Paris, Cerf, 1944
  • La vocation du chrétien, Paris, Aubier, 1946
  • Leçons de droit nature, Namur, Wesmael-Charlier, 1946 (nouvelle édition)
  • Culture et personne, Tournai-Paris, Casterman, 1945
  • Trente méditations sur la vie chrétien, Tournai-Paris, Casterman, 1946
  • La conscience chrétienne devant l'impôt, in La Revue Nouvelle, , Casterman.
  • Le mariage chrétien, Tournai-Paris, Casterman, 1947
  • Le problème de la foi dans les milieux intellectuels au XXe siècle, Tournai-Paris, Casterman, 1949
  • Changements de perspective en morale conjugale, Paris, éd. Association du mariage chrétien, 1950
  • L'enseignement de la morale chrétienne, Paris, éd. du vitrail, 1950
  • La vocation religieuse, Tournai-Paris, Casterman, 1951
  • Penser chrétiennemenbt notre temps, Paris, Téqui, 1951
  • Valeurs chrétiennes, Tournai-Paris, Casterman, 1952
  • Vocation du chrétien, Paris, Montaigne, 1954
  • Les grandes lignes de la philosophie morale, 1954, Publications universitaires de Louvain/Librairie philosophique J.Vrin.
  • Vie du Père Lebbe, Tournai-Paris, Casterman, 1955
  • Le chrétien devant l'argent, Tournai-Paris, Casterman, 1957
  • Le chrétien devant la planétarisation du monde, Paris, Fayard, 1958
  • L'abbé Robert Kothen, une vie de prêtre, Namur, éd? du soleil levant, 1958
  • Mère de notre joie, Paris, Casterman, 1959
  • Introduction à la sociologie, Louvain, Nauwelaerts; Paris, Béatrice Nauwelaerts, 1959
  • Du droit naturel à la sociologie, Paris, Spes, 1960
  • Saisir la vie à pleines mains, Paris, Spes, 1961
  • Eloge de la paresse, suivi de quelques autres Tournai-Paris, Casterman, 1962
  • La rencontre des églises, Tournai-Paris, Casterman, 1962
  • Vers une famille nouvelle ? Paris, éd. universitaires, 1962
  • Le prêtre et les époux, Paris, éd. familiales de France, 1962
  • Le mariage chrétien, Tournai-Paris, Casterman, 1962
  • La révolution de l'homme au XXe siècle, Tournai-Paris, Casterman, 1963
  • Les catholiques et la question wallonne, Liège, éd. Les documents wallons, 1963; 2° éd. Charleroi, institut Jules Destrée, 1988
  • La philosophie morale de saint Thomas devant la pensée contemporaine, 1955, Publications universitaires de Louvain/Librairie philosophique J.Vrin.
  • Nous autres civilisations..., prix Marcelin Guérin de l'Académie française en 1964
  • La liberté d'opinion et les catholiquesParis, Cerf, 1963
  • Le prêtre devant Dieu et les hommes, Tournai-Paris, Casterman, 1969
  • Mariage naturel et mariage chrétien, Tournai-Paris, Casterman,1965
  • Croire en Jésus-ChristParis, casterman, 1967
  • Joie de vieillir, Paris, éd. universitaires, 1967
  • Aujourd'hui, mariage d'amour, Paris, Lethielleux, 1968
  • La femme aujourd'hui et demain, Tournai-Paris, Casterman, 1968
  • Où va l'Eglise aujourd'hui, Tournai-Paris, Casterman, 1969

Notes et références modifier

  1. Wallons du siècle Institut Jules Destrée, Charleroi, 1995
  2. Thierry Luthers, Derniers domiciles connus : guide des personnalités enterrées en province de Liège, , 347 p. (ISBN 978-2-9603349-1-3), p. 25
  3. Pierre Sauvage, Jacques Leclercq, un arbre en plein vent, Duculot, Gembloux, 1992, p. 330 (ISBN 978-2-801-11022-5)
  4. Michel Molitor, Jacques Leclercq à contre-courant, Bruxelles, La revue nouvelle, sept. oct. 2014
  5. Jacques Leclercq, La philosophie morale de saint Thomas devant la pensée contemporaine, p. 395: « On pourrait concevoir une morale sans devoir, uniquement basée sur l'amour du bien.»

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Paul Delforge, Leclercq Jacques, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 3754.
  • Pierre Sauvage, Leclercq Jacques, dans Nouvelle biographie nationale, t. 1, 1988, pp. 233-237.
  • Philippe Delhay, In memoriam. Jacques Leclercq et le renouveau de la théologie morale, Revue théologique de Louvain, 1971, 2-4, p. 497-501
  • Christian Grognard, « Jacques Leclercq (1891-1971) et la crise de 1926 », Études maurrassiennes, Aix-en-Provence, vol. 5, no 1,‎ , p. 239-252

Articles connexes modifier

Liens externes modifier