Globe de la bibliothèque de Lyon
Le Globe de la bibliothèque de Lyon, aussi parfois appelé Globe terrestre du Père Grégoire, est un globe terrestre de 1,7 m de diamètre, réalisé en 1701 par le père Grégoire de Lyon avec l'aide du père Bonaventure de Lyon. À l'origine accompagné d'un globe céleste disparu, il représente les connaissances géographiques du XVIIIe siècle. Il est conservé à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu à Lyon.
Histoire
modifierLe père Grégoire de Lyon, de son nom civil Henri Marchand (1674-1750), est un religieux passionné par les sciences et la mécanique, membre associé de l'Académie de Lyon où il publie plusieurs mémoires en astronomie et mathématiques[1]. Le père Bonaventure de Lyon, Vien de son nom civil, est moins connu mais serait, d'après l'historien Jacques Pernetti, son cousin germain[2]. Tous deux ont rejoint les ordres au couvent Saint-Louis, dans le faubourg de La Guillotière, pour le calme de la vie religieuse qui permet l'étude des sciences[3].
Le père Grégoire réalise un premier globe céleste dont il assure la conception et la peinture, aidé du père Bonaventure, puis un second globe, terrestre, qui en est le pendant[3].
Le globe terrestre est achevé en novembre 1701[4]. Il présente l'état des connaissances géographiques du début du XVIIIe siècle avec la prise en compte des travaux de l'astronome Giovanni Battista Riccioli, ceux de l'Académie royale des sciences et de plusieurs voyages d'exploration[2]. Il utilise également des cartes et récits de voyages de religieux, par exemple la mission des capucins au Congo en 1649 ou le livre du père Godinho sur l'Abyssinie en 1600 tous deux imprimés à Lyon[5]. Ces documents étaient inaccessibles pour le grand public tandis que le père Grégoire a pu les consulter pour réaliser ses globes[3],[5].
Jusqu'à la Révolution française, les globes sont conservés à la bibliothèque du couvent sans susciter un intérêt particulier[4]. Ils sont proposés comme don en 1790 à la ville de Lyon afin de participer au recouvrement de la dette de l’État[4]. Mais les globes sont saisis comme biens nationaux, sans toutefois être déplacés en raison de leur taille[2]. En 1793, lors du siège de Lyon, la bibliothèque est endommagée par les bombardements, un boulet de canon traverse le globe céleste et le laisse très endommagé[6].
En 1795, La Guillotière devient une commune du département de l'Isère, mais le globe terrestre échappe à son déplacement à Vienne grâce à la mobilisation de deux représentants du peuple, Borel et Boisset[4]. Il est mis en dépôt à la bibliothèque publique de Lyon[2]. C'est dans les années 1870 que le globe terrestre est élevé au rang de « trésor caché » en raison de l'exactitude de sa cartographie de l'Afrique à une époque où les expéditions gagnent en popularité et où les connaissances rapportées se diffusent dans la société[7],[8]. La presse se fait écho de ce qui était pensé comme des nouveautés pour la géographie, le globe démontrant le contraire[8]. Plusieurs études sont menées afin de déterminer l'origine des sources utilisées un siècle plus tôt[9]. Elles montrent le caractère remarquable du globe, dont on pensait au contraire les connaissances dépassées, ce qui fait dire à Joseph Deloncle « ce qu'il a de remarquable c'est qu'il n'ait jamais été remarqué »[9],[10].
En 1918, le globe céleste, jugé illisible par le bibliothécaire Cantinelli, est détruit tandis que le globe terrestre rejoint le palais Saint-Jean de Lyon[2],[6].
Restauré en 1972 à Paris par Michel Morel, le globe terrestre est ensuite installé dans la nouvelle bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon[2].
Description
modifierLe globe céleste était en bois enduit de plâtre, recouvert de papier teinté, sur lequel étaient peintes les constellations[3]. D'après les sources, il a été réalisé en premier, d'une taille plus petite que le globe terrestre[3].
Le globe terrestre mesure 1,7 m, ce qui le classe parmi les plus grands et anciens globes monastiques de France. La structure est en bois recouverte de toile et de plusieurs couches de papier. L'axe des pôles est à l'horizontale et la cartographie réalisée à la peinture à l'huile[2]. Le méridien d'origine passe par La Palma dans les Canaries[11]. Deux cartouches présentent les sources et les auteurs du globe[4].
Représentation cartographique
modifierLe globe terrestre fait la synthèse des connaissances au début du XVIIIe siècle[2]. Il s'appuie sur les cartes flamandes des XVe et XVIe siècles (lesquelles s'appuient elles-mêmes sur des documents portugais) et sur l'atlas d'Hondius de 1631[12],[11]. Il corrige certaines positions géographiques et y adjoint de nombreuses nouvelles localisations pour l'époque[12].
En Afrique équatoriale, jusqu'alors mal connue des occidentaux, sont représentés les grands lacs, le tracé précis du fleuve Congo, les sources du Nil ou le tracé du Zambèze, zones géographiques alors tout juste explorées[2],[3],[12].
Comme pour beaucoup de cartes de l'époque, la péninsule de Basse-Californie est représentée sous forme d'une île[2]. On note la présence de la Magellanie, continent supposé rattachant l'Australie et la Nouvelle-Zélande à l'Antarctique[2]. Le nord de l'actuel Canada est présenté sous forme d'une terre continue[13].
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Représentation de la Magellanie.
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La péninsule de Basse-Californie sous forme d'île.
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Représentation d'un seul tenant du nord de l'actuel Canada.
Références
modifier- Jacques Pernetti, Recherches pour servir à l'histoire de Lyon, ou les Lyonnois dignes de mémoire ..., Frères Duplain, (lire en ligne), p. 344.
- Le globle terrestre de la BmL.
- Aimé Vingtrinier, Henri Marchand et le globe terrestre de la Bibliothèque de Lyon, Glairon-Mondet, (lire en ligne)
- « Rés Obj 1. Globe terrestre réalisé par le père Grégoire de Lyon (Henri Marchand) et le père Bonaventure de Lyon » , sur Catalogue collectif de France
- Bulletin de la Société belge de géographie, 1878.
- Yves Jocteur-Montrozier, « Des jésuites et de la bibliothèque municipale de Lyon », dans Les jésuites à Lyon : xvie-xxe siècle, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », , 95–109 p. (ISBN 978-2-84788-743-3, lire en ligne)
- « Le globe terrestre de la bibliothèque de Lyon » [PDF], sur Le salut public via Lectura+, (consulté le )
- Brucker 1878, p. 287.
- « La Revue du Lyonnais n°405 pp.076 » , sur Bibliothèque municipale de Lyon, (consulté le )
- Société de géographie (Lyon), « Bulletin de la Société de géographie de Lyon » , sur Gallica, (consulté le )
- Brucker 1878, p. 289.
- C. F., « Le Globe terrestre de la ville de Lyon », Le Globe. Revue genevoise de géographie, vol. 17, no 1, , p. 95–97 (DOI 10.3406/globe.1878.5796, lire en ligne, consulté le )
- Aline Duret, « Lyon. Un trésor du XVIIIe siècle de nouveau dévoilé à la bibliothèque de la Part-Dieu », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- « Globe terrestre réalisé par le père Grégoire de Lyon (Henri Marchand) et le père Bonaventure de Lyon (Vien ou Vin de son nom patronymique) », sur Catalogue Collectif de France.
- « Le cours du Congo et les sources du Nil, d'après un globe terrestre de Lyon », Bulletin de la Société belge de géographie, , p. 178-181 (lire en ligne, consulté le ).
- J. Brucker, Etudes religieuses, historiques et littéraires, vol. 38, J. Lanier et Cie, (lire en ligne), p. 287-290. .
Articles connexes
modifierLiens externes
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- « Représenter : un regard européen (1450-1950) : Le globe terrestre de la BmL » , sur Bibliothèque municipale de Lyon (consulté le ).