Gâteau malais

gâteau éponge chinois cuit à la vapeur

Le gâteau malais[note 1] est un dessert populaire dans le Guangdong et à Hong Kong. Il est généralement servi dans les salons de thé traditionnels. Il est composé de saindoux ou de beurre, de farine et d'œufs et est cuit dans un panier vapeur en bambou pour lui donner sa texture moelleuse et aérée. À Hong Kong, où il est très populaire, il a été classé « gâteau national » par la chaîne d'information américaine CNN.

Gâteau Malais
Image illustrative de l’article Gâteau malais

Autre(s) nom(s) Mah Lai Goh, Ma Lai Go, Ma Lai Gao, Malaiko etc...
Lieu d’origine Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Drapeau de la Malaisie Malaisie
Place dans le service Dessert
Température de service Chaud ou tiède
Ingrédients Levain, farine sucre (ou miel) et œufs

Histoire

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Il existe trois hypothèses principales à propos de la région d'origine du gâteau malais.

La première hypothèse est qu'il serait originaire de la province du Guangdong en Chine et aurait ensuite été importé en Malaisie au cours de la deuxième vague d'immigration chinoise de l'histoire de la Malaisie, durant la période de domination britannique[1].

La deuxième hypothèse est qu'il aurait été développé à partir d'un dessert britannique avant d'être ramené en Chine par l'immigration chinoise[2].

Enfin, la troisième hypothèse est que le gâteau malais aurait été développé à partir du gâteau de Castille, importé par des marins portugais dans la région de Nanyang, puis ramené en Chine par un des premiers immigrants de la province du Guangdong[3],[4].

Du Guangdong à la Malaisie

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Depuis le début des années 1930, des milliers de ressortissants chinois ont émigré vers la Malaisie durant la période de domination britannique pour tenter d’échapper à la pauvreté en Chine[1]. Il s'agit de la deuxième vague d'immigration chinoise de l'histoire de la Malaisie et elle est également considérée comme le plus gros afflux d'immigrants de l'histoire de la Malaisie[1]. À cette époque, l'immigration chinoise était majoritairement originaire des provinces du Fujian et du Guangdong, situées sur la côte sud-est du pays. Cette population immigrée a apporté avec elle sa langue et sa culture : le cantonais et la cuisine cantonaise, et a ainsi jeté les bases de la diversité culturelle de la Malaisie actuelle[1]. C'est pourquoi la cuisine malaisienne est très diversifiée et inclut des éléments apportés par les immigrants des différents pays[5]. Ainsi, il semble raisonnable de penser que le gâteau malais est originaire du Guangdong en Chine et a ensuite été importé en Malaisie.

De la Malaisie à la Chine

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Le gâteau éponge malais, ou Mah Lai Goh, ressemble en apparence à certains gâteaux occidentaux.

Durant la période de domination britannique de la Malaisie, les colons anglais conservèrent l'habitude de boire le thé l'après-midi accompagné d'un gâteau[2]. Toutefois, étant donné que certains ingrédients (tel que le lait par exemple) et équipements de cuisine (tels que les fours) utilisés en occident étaient peu courants en Malaisie, ils ont remplacé le lait par du lait de coco et utilisé des cuiseurs vapeurs pour cuire leur gâteaux. Ceci a mené à la création d'une nouvelle version du gâteau anglais : le gâteau malais[2].

À cette époque, de nombreux immigrants de la province du Guangdong voyageaient fréquemment entre la Malaisie et la Chine continentale[1]. Il est donc également raisonnable de penser que le gâteau malais était populaire dans la cuisine anglaise et qu'il a été importé en Chine par l'immigration de cette époque.

Du Portugal à la Chine

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La génoise s'est répandue de l'Occident vers l'Orient aux XVIe et XVIIe siècles. Au milieu du XVIe siècle, le Portugal était alors l’une des principales puissances commerciales maritimes du monde et de nombreux petits nobles et bourgeois urbains portugais embarquaient alors sur des navires pour tenter de s'enrichir, que ce soit au Brésil, en Afrique, en Inde ou encore dans le Pacifique Sud[6].

Le pain de Castille, une sorte de génoise était souvent présente à bord. En effet, étant déshydratées, les génoises se conservent plus longtemps que la plupart des autres mets et étaient donc très appréciées durant les longs voyages en bateau[6]. À cette époque, la base de Malacca, dans la région de Nanyang, était sous domination portugaise[7]. De nombreux navires marchands d'Europe et d'Asie y faisaient escale permettant ainsi à nombre d'asiatiques de découvrir les génoises d'en apprendre la recette. Les premiers immigrants du Guangdong, au sud de l'océan, représentaient alors une grande partie de ces pâtissiers[6],[4]. Etant donné que dans la cuisine chinoise, il n'y avait pas d'équipement de cuisson occidentaux, les pâtissiers asiatiques qui reprirent la recette du pain de Castilles le firent en utilisant leur propre matériel et cuisirent les gâteaux dans les paniers vapeurs traditionnels en bambou[8].

Bien que les ingrédients étaient les même, la cuisson à la vapeur donna un résultat différent du pain de Castille qui reçut le nom de "Gâteau malais" après avoir été introduit au Guangdong à la fin de la dynastie Qing.

Ingrédients

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Il y a plusieurs façons de réaliser un gâteau malais : certains gâteaux modernes sont par exemple aromatisés à la cassonade et au lait de coco[9] ou encore au miel[10].

Le gâteau malais traditionnel est préparé avec du levain, de la farine tout usage, de la custard powder, du lait en poudre, de la levure chimique sans aluminium, une solution de bicarbonate de soude, du sucre blanc et des œufs. Le levain (également appelé « Lao mian » en chinois) est généralement préparé avec de l'eau, de la bière et de la farine à gâteau[11]. Cependant, une variante du gâteau malais utilise du sucre brun au lieu du sucre blanc[9]. Il est également possible de remplacer le lait par du lait de coco[9]. Enfin, certaines versions modernes du gâteau remplacent parfois le sucre par du miel[10].

Service

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Traditionnellement, le gâteau malais est une sorte de dim sum (plat à la carte) ou de « xiaochi » (collation). Les gâteaux sont servis chauds dans le cuiseur vapeur en bambou dans lequel ils ont été cuits, généralement sur un lit de feuilles séchées ou sur une feuille de papier[2]. Dans la province du Guangdong, le gâteau malais est généralement servi comme plat pour le Yum cha (l'heure du thé Cantonaise)[2].

Notes et références

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  1. (zh)) or ((zh)) and known as ma lai go in Cantonese and ma lai gao in Mandarin

Références

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  1. a b c d et e Chew-Peh Ting, Chinese Immigration and the Growth of a Plural Society in Peninsular Malaysia., United States, Research in Race and Ethnic Relations, , 103–123 p.
  2. a b c d et e Michelin Guide Digital-Singapore, « Recipe: Traditional Ma Lai Gao. », Michelin Guide Digital-Singapore,
  3. Krystina Castella, A World of Cake: 150 Recipes for Sweet Traditions from Cultures Near and Far; Honey cakes to flat cakes, fritters to chiffons, tartes to tortes, meringues to mooncakes, fruit cakes to spice cakes, Storey Publishing, , 134 p. (ISBN 9781603424462)
  4. a et b Coutre Jacques de, The Memoirs and Memorials of Jacques de Coutre : Security, Trade and Society in 16th- and 17th-Century Southeast Asia ., Singapore : NUS Press,
  5. Melissa, « Feasting on Culture and Identity: Food Functions in a Multicultural and Transcultural Malaysia. », Universiti Kebangsaan Malaysia, vol. 23,‎ , p. 184–199
  6. a b et c Northrup Cynthia Clark, Encyclopedia of World Trade : from Ancient Times to the Present ., New York, Armonk, NY: Sharpe Reference.,
  7. Boxer Charles Ralph, The affair of the "Madre de Deus" : a chapter in the history of the Portuguese in Japan, London, London : Routledge, (ISBN 9780203842652)
  8. Höllmann Thomas O, The Land of the Five Flavors : A Cultural History of Chinese Cuisine ., New York, New York, NY : Columbia University Press,
  9. a b et c Goh, « Steamed brown sugar and coconut milk cake (Ma Lai Gao). », goodfood,
  10. a et b Lim, « MA LAI GAO – EVEN SOFTER, FLUFFIER & TASTIER! », foodelicacy,
  11. (en) « Recipe: Making Ma Lai Gao, The Traditional Way » [archive du ], MICHELIN Guide (consulté le )