Forteresse de Montfrault

Forteresse de Montfrault
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La forteresse de Montfrault est un ancien château fort construit au milieu du Xe siècle sous le comte Thibaud Ier de Blois, dit le Tricheur, pour protéger ses terres. Aujourd'hui en ruines, le fort était situé à l'entrée sud-est de l'actuel parc de Chambord[1].

Histoire modifier

Selon l'historien blésois Louis de La Saussaye, Montfrault serait un domaine plus récent que Chambord[Note 1], déjà mentionné chez les Romains en tant que Camboritum[2], lui-même dérivant du terme gaulois Camboritu, signifiant « gué du méandre »[3], en référence au Cosson qui y passe. À son avis, l'orthographe Montfrault découlerait quant à lui de Montferaut[Note 2] qui viendrait de Mons Feraldi, et rappelait un possesseur d'origine germanique[4].

Selon la tradition[5], le château de Montfrault aurait été érigé au milieu du Xe siècle par le premier comte de Blois, Thibaud Ier, surnommé le Tricheur.

Dans une charte de l'an 1190 signée du comte Thibaut V, dit le Bon, le domaine est dénommé « Chambord-Montfrault »[5].

Plus tôt, le couple de forts de Montfrault et Chambord constituaient déjà l'une des quatre forteresses qui gardaient le comté de Blois, selon Georges Touchard-Lafosse[6], avec :

Au XIIe siècle déjà, Montfrault était devenu un lieu synonyme de festivités pour les Thibaldiens. En 1205, la comtesse Catherine, alors veuve de Louis, préféra trouver de l'accalmie à Chambord le temps de faire son deuil[7]. Après avoir administré la régence du comté pendant la minorité de Thibaud VI, le Jeune, Catherine se serait définitivement installée à Chambord[6], après quoi Montfrault semble avoir été abandonné par la maison de Châtillon.

Entre-temps, le domaine avait été doté d'une enceinte fortifiée[8] et cédé à l'Hôtel-Dieu de Blois, mais les comtes Gautier II et Marie d'Avesnes le rachètent en 1233[8],[9]. Le fief est alors décrit comme dépendant de Chambord.

Alors en route pour Poitiers, le roi Philippe IV le Bel séjourne à deux reprises à Montfrault : d'abord du 14 au puis le [10].

Le château est mentionné au début du poème « Le Tournoi des dames », écrit en par Watriquet de Couvin, alors ménestrel du comte Guy Ier :

En l’an de la grace greigneur
Mil et .CCC. Nostre Seigneur
XX et VII, ou milieu d’octembre,
A Montferaut, si qu’il me membre,
Em Blezois iere avec le conte,
Devant cui je contai maint conte,
Mains biaus exemples et mains dis,
Fais de nouvel et de jadis[11].

À l'image du reste du comté, le domaine devient propriété de la deuxième maison d'Orléans en 1397[12].

Sous le duc Louis II d'Orléans, devenu le roi Louis XII en 1498, le domaine semble avoir été renové car il fait partie des pavillons de chasse favoris de la cour[13]. Le château de Chambord, tel qu'aujourd'hui, n'est en effet construit qu'à partir de 1519, sous son successeur François Ier[14], et son mur d'enceinte dès 1524[15].

Dans le cadre de la construction de nouveaux aménagements souhaités par le ministère de la Guerre[Note 3] au profit du château de Chambord, le château de Montfrault a été démantelé à partir de 1778[16],[17] jusqu'en 1784[18].

Dans la culture modifier

L'édifice, aujourd'hui à l'état de ruines à l'abandon, est inclus dans l'enceinte du parc de Chambord, dans une section dont l'accès est fermé au grand public.

Au Moyen Âge, le château aurait été demeure d'une maîtresse de l'un des comtes de Blois[19]. Plus tard, est similairement mentionné l'amant de la marquise de Clermont-Tonnerre[20].

Selon la légende locale de la Chasse Infernale de Thibaud le Tricheur, les ruines de Montfrault seraient, avec celles de Nury et de Bury également, l'un des lieux de résidence de l'esprit maudit du premier comte de Blois, qui hanterait chaque nuit vers minuit les forêts du pays blésois[5],[20].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Dans ce premier ouvrage sur le sujet, l'auteur a pourtant exprimé une opinion contraire, en avançant que le domaine de Montfrault serait plus ancien que Chambord (p. 35) : Louis de La Saussaye, Histoire du Château de Chambord, 1854, 91 p. (en ligne).
  2. Au Moyen Âge, le terme « Montferaut » est parfois orthographié ou traduit « Montferrant », comme dans « Le Tournoi des dames » de Watriquet de Couvin (1327).
  3. Ministère de la Guerre sous Louis XVI, sous le gouvernement d'Alexandre Marie Léonor de Saint-Mauris-Montbarrey (1777–1780).

Références modifier

  1. Jean-Jacques Boucher, Le prestige de Chambord, Fernand Lanore, , 147 p. (ISBN 978-2-851-57102-1, lire en ligne  ), p. 147
  2. Charles Dantzig, Chambord des Songes, Flammarion, , 306 p. (ISBN 978-2-080-29534-7, lire en ligne  )
  3. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Éditions Errance (2003), (2008, 2e édition revue et augmentée)
  4. Louis de La Saussaye, Le château de Chambord, , 118 p. (lire en ligne  ), p. 44
  5. a b et c Annales de la littérature et des arts, vol. 32, Bureau des Annales de la littérature et des arts, (lire en ligne  )
  6. a et b Georges Touchard-Lafosse, La Loire historique, pittoresque et biographique, d'après les auteurs de l'Antiquité et les légendes, chroniques, chartes, histoires provinciales, statistiques, travaux administratifs, traditions locales, monuments historiques, documents divers, recueillis en 1839 et 1840 dans les villes, bourgs, châteaux, archives, bibliothèques, sociétés savantes et cabinets particuliers : De la source de ce fleuve à son embouchure: Loire historique, seconde région, Suireau, (lire en ligne  ), Sections 5 et 6, chap. VII (« Loir-et-Cher »)
  7. Gustave Eyriès et Paul Perret, Les châteaux historiques de la France, vol. 2, H. Oudin, , 272 p. (lire en ligne  ), p. 209
  8. a et b Louis Magiorani, « Les grands domaines du XIIIe siècle, dans Boulogne et Chambord », Archeoforêt,‎ (lire en ligne   [PDF])
  9. Auguste Vallet de Viriville, « Le château de Chambord, par Ferdinand de la Saussaye. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 22, no 1,‎ , p. 299–301 (lire en ligne, consulté le )
  10. Élisabeth Lalou, Itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314) : Introduction, Académie des inscriptions et belles lettres, , 809 p. (ISBN 978-2-877-54187-9, lire en ligne  ), p. 73
  11. Auguste Scheler, p. 231 (Li Tournois des dames).
    L’éditeur a préféré à tort la tournure «Montferrant » du manuscrit A à celle des manuscrits C et D : « Montferaut ». — Il est singulier que le seul manuscrit où le nom du château soit altéré se trouve être précisément l’exemplaire du comte de Blois. p. 399, note 1.
  12. Pierre-Gilles Girault, Le château de Blois en dates et en chiffres, Luçon, Jean-Paul Gisserot, , 64 p. (lire en ligne  )
  13. Francis Salet, « Politique et architecture dans les années 1500 », Bulletin Monumental, vol. 126, no 1,‎ , p. 92–94 (lire en ligne  , consulté le )
  14. « Le domaine de Chambord », notice no PA00098405, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture   – consulté en novembre 2023.
  15. Amélie Robert et Sylvie Servain, « Retracer les temporalités d’une forêt emmurée. Le Domaine national de Chambord, les limites d’un exemple bien documenté », Développement durable et territoires, vol. 9, no 2,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  16. Bernard Toulier, Cahiers de l'Inventaire : Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, vol. 6 : Châteaux en Sologne, Paris, Imprimerie Nationale, , 365 p. (ISBN 978-2-110-81152-3, lire en ligne  ), p. 75
  17. Louis Magiorani, « Trouvailles archéologiques dans le Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher) du Paléolithique au XVIIIe siècle », Bulletin du Groupe de recherches archéologiques et historiques de Sologne, vol. 26, no 1,‎ , p. 5-6 (lire en ligne   [PDF])
  18. Pierre Lesueur, Le château de Montfrault en 1778, Blois, Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, Bibliothèque nationale de France, (lire en ligne  )
  19. Jean-Aymar Piganiol de La Force, Nouvelle description de la France dans laquelle on voit le gouvernement général de ce Royaume, celui de chaque province en particulier, et la description des villes, maisons royales, châteaux & monuments les plus remarquables, avec la distance des lieux pour la commodité des voyageurs, vol. 5 : contenant la Normandie, le Maine, le Perche, l'Orléanais, la Sologne, la Beauce particulière ou le Pays Chartrain, le Dunois, le Vendômois, le Blésois, une partie du Gâtinais, le Perche-Gouët, le Nivernais, le Bourbonnais, le Lyonnais, le Forez, le Beaujolais, l'Auvergne, le Limousin & la Marche, Paris, Florentin Delaulne, , 574 p. (lire en ligne  ), p. 327
  20. a et b Bernard Edeine, La Sologne : Documents de littérature traditionnelle : Contes, légendes, chansons, vieux noëls, danses chantées, littérature courtoise, chansons politiques, littérature patoisante, vocabulaire, Paris, Mouton Éditeur, , 342 p. (ISBN 978-9-027-97735-9, lire en ligne  ), « VII- Légendes et croyances concernant les êtres fantastiques », p. 55