Discussion:Praxitèle

Dernier commentaire : il y a 14 ans par VladoubidoOo dans le sujet Praxitèle, Phryné et l’Aphrodite de Cnide
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Bonjour, l'article ne pourrait-il prétendre à une notation plus généreuse que B, bon article ou article de qualité par exemple. Cela dit, je ne sais pas si cela aurait la moindre utilité, à part de faire de la publicité pour Praxitèle sur wikipedia (et, si l'article avait été élu dans le passé, de faire de la publicité pour l'exposition du Louvre). Mais peut-être que c'est utile pour le moral wikipedien d'avoir des articles de qualité. D'un autre côté, arriver sur l'article par inadvertance et le trouver bien sans qu'une étiquette annonce fièrement : "regardez comme cet article est bien" fait sans doute une meilleure impression que le contraire (aller voir les articles qu'on nous annonce comme bons et les trouver mauvais). — Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 82.124.153.123 (discuter)

Merci pour ces compliments ! La proposition comme article de qualité est bien prévue, mais il y a encore quelques petits points à régler. Jastrow| 17 septembre 2007 à 17:24 (CEST)Répondre

Praxitèle, Phryné et l’Aphrodite de Cnide modifier

 
Aphrodite de Colonne, réplique ancienne de l’Aphrodite de Cnide

Gros ensemble indigeste que j'ai trouvé sur l'article concernant la sculpture grecque classique, et qui aurait plus sa place sur l'article de Praxitèle.--VladoubidoOo (d) 22 décembre 2009 à 11:47 (CET)Répondre

La première moitié du IVe siècle fut en grande partie dominée par PRAXITELE . Un ensemble d’événements vraisemblables permet de fixer sa naissance vers 400 avant notre ère au plus tôt , la fin de sa vie vers 330 .

On ne sait presque rien de sa vie si ce n’est qu’elle fut entièrement consacrée à la création artistique . Il est probablement le fils de CEPHISODOTE l’Ancien , sculpteur athénien , auteur d’une statue  Eirénè et Ploutos  ,  la Paix portant la Richesse , érigée sur l’Agora d’Athènes entre 374 et 370 , dont on connaît une copie du IIe siècle de notre ère . Il eut sans doute une certaine influence sur son fils . Praxitèle vécut surtout à Athènes , sa ville natale à laquelle il était très attaché , où il travailla le bronze et le marbre avec une prédilection pour ce dernier . Il confiait au peintre NICIAS le soin de peindre ses statues de marbre .

Il semble peu vraisemblable que Praxitèle soit venu à Cnide en Carie pour y réaliser la fameuse Aphrodite dont l’apparition fit scandale . Cette cité célèbre par son école de médecine faisait partie , avec Lindos , Ialysos , Cameiros et Cos , de la Pentapole Dorienne , autrefois Hexapole dont Halicarnasse fut exclue . Une anecdote que raconte PAUSANIAS , au IIe siècle , dans sa  Description de la Grèce  , à propos de la fausse nouvelle de l’incendie de son atelier d’Athènes où beaucoup de ses œuvres étaient conservées , suggère qu’il travaillait souvent chez lui et que les acheteurs venaient à Athènes . C’est aussi de cette façon que se comprend le mieux l’anecdote sur les deux Aphrodites acquises l’une par les gens de Cos , l’autre par les Cnidiens .

Sa liaison avec PHRYNE, une courtisane de Thespies , est le seul élément de sa vie dont les sources nous parlent . Cette passion eut une incidence notable sur son art . Pausanias mentionne une statue dorée , en bronze , de Phryné prés du grand autel de Delphes faite par Praxitèle . Pausanias parle aussi de ses offrandes dans le sanctuaire d’Eros à Thespies : une Aphrodite et une statue de Phryné elle-même en marbre . L’Eros qui est à Thespies de nos jours est l’œuvre de l’athénien Ménodôros qui a copié l’œuvre de Praxitèle , l’original ayant été emporté par Néron .

Lors du procès intenté à Phryné pour impiété , celle-ci n’échappa à la condamnation à mort que parce que son défenseur , qui avait été son amant ,  l’ayant fait avancer et ayant déchiré sa tunique , mit à nu sa poitrine ce qui convainquit les juges de l’acquitter  . Elle était accusée de débauche au Lycée , et surtout d’avoir introduit un culte étranger  cher aux femmes du peuple pas très honorables  . Ce qui n’autorise pas à imaginer comme certains l’ont fait qu’elle l’aurait rapporté d’Asie où elle aurait accompagné Praxitèle . Les marins et les marchands introduisirent au Pirée , à cette époque , toute sortes de dieux étrangers .

Mais c’est à la création du premier nu féminin que la tradition lie surtout Phryné : Phryné , lors de la fête des Eleusinia et des Poseidônia enleva ses vêtements à la vue de tous les Grecs , défit sa chevelure et entra dans la mer . Praxitèle , amoureux , modela d’après elle l’Aphrodite de Cnide  . Peu d’œuvres ont été aussi universellement admirées que l’Aphrodite de Cnide où elle était honorée sous l’épithète d’Euploia ,  à la bonne navigation . On ne sait rien de son sanctuaire ni même son emplacement , l’identification proposée pour son temple , en haut de la ville , est sans fondement ! Lors de fouilles faites en 1970 on a cru identifier le temple dans une fondation circulaire qui est en fait une tholos de type habituel dont l’autel était dédié à Athéna .

La liste des œuvres de Praxitèle mentionnée par les auteurs antiques est la plus longue qui nous soit parvenue pour un sculpteur grec , même en tenant compte de sa célébrité qui a pu lui faire attribuer des œuvres d’un Praxitèle II , probablement son petit fils .

Comme pour Lysippe , il faut envisager l’existence d’un véritable atelier autour du maître . Aux œuvres mentionnées à Athènes , en Béotie , dans le Péloponnèse , en Grèce de l’est , s’ajoutent celles que les auteurs latins ont vues à Rome . Les œuvres de Praxitèle ont été particulièrement appréciées des Romains . Le nombre des statues mentionnées par PLINE à Rome est considérable , on doit cependant être sceptique quant à la provenance des œuvres qui y furent transportées . Sa célébrité est continue jusqu’à la fin de l’époque byzantine en raison des anathèmes des auteurs paléochrétiens pour qui le rôle de Phryné et l’admiration des Grecs pour les statues qu’elle avait inspirées était la preuve de la dépravation des mœurs des païens .

Pline souligne que  Praxitèle fût plus heureux dans le marbre et lui doit surtout sa célébrité  . Praxitèle disait quand on lui demandait lesquelles de ses œuvres en marbre il plaçait le plus haut :  celles où NICIAS a mis la main  , si grand était l’importance qu’il donnait à son travail de coloration . Certains pensent que la peinture à la cire et à l’encaustique a été perfectionnée par Praxitèle .

Il redonna à la sculpture classique un renouveau de vie en créant le déhanchement , permettant ainsi à l’œuvre d’acquérir une plus grande mobilité , une plus grande souplesse et un nouveau souffle de vie . D’où sa préférence pour l’adolescence et l’épanouissement féminin qui l’a conduit à cette maîtrise incomparable dans l’ondulation de la ligne et les passages de l’ombre à la lumière par l’introduction de la dissymétrie du corps et des membres , caractéristique du  chiasme praxitélien  . Cette passion de perfection , devait l’éloigner des effets de draperie artificiels de la fin du Ve siècle tout comme des recherches réalistes des bronziers de l’école d’Argos . Il n’a pas cherché à représenter des attitudes athlétiques mais de mettre au monde une nouvelle génération de dieux jeunes dans un monde qui se sentait vieillir .

Aucune œuvre ne souffre plus que celle de Praxitèle de n’être connue que par des répliques .  Il n’est pas possible de juger , d’après un marbre original , ce qu’il en était de réalisme , de présence charnelle et de vision poétique dans cette alliance de valeurs colorées et de formes pures . Une difficulté , plus aiguë pour Praxitèle que pour les autres sculpteurs en raison de la popularité de son style et de ses types chez les copistes et adaptateurs romains , est de décider quand on passe de la simple reprise plus ou moins libre d’un schéma praxitélien à une copie véritable . Deux œuvres dont l’identification est assurée , servent de point de repère pour les attributions :  l’Aphrodite de Cnide  pour les statues féminines ,  l’Apollon Sauroctone  pour les statues masculines .

Ses sujets étaient presque toujours des personnages divins :  l’Aphrodite de Cnide   l’Hermès d’Olympie  et le  Satyre au repos  dont nous avons des copies . On lui attribue , avec réserves , trois figures en relief , un Dionysos et deux Nikés , sculptées sur une base triangulaire de trépied qui seraient un travail de jeunesse . Anciennement les trépieds , en bronze , étaient le prix proposé aux vainqueurs lors de concours dramatiques et musicaux .

L’accord est général pour situer au début de l’activité de Praxitèle une statue de SATYRE Verseur  dont nous avons de nombreuses répliques surtout en Italie , de qualité inégale et souvent restaurées . Beaucoup de copies du Satyre ont exactement les mêmes dimensions ce qui suppose l’utilisation de moulages . Le travail de la chevelure de plusieurs répliques qui rappelle Polyclète contribue à prouver que l’original était en bronze .

Le  SATYRE au repos  connu par une copie romaine du musée du Capitole à Rome , dont l’équilibre et la structure musculaire , allégée , sont empruntées à POLYCLETE , amorce un rythme onduleux nouveau par le balancement oblique des bras et que L’APOLLON Sauroctone  , dont Pline semble avoir vu l’original à Rome , œuvre célèbre à en juger par le nombre de ses répliques et dont une copie se trouve à la Villa Albani à Rome , va porter , quelques années plus tard , à l’extrême de la flexibilité . Son succès au IVe siècle nous est révélé par sa transposition en Eros à la base d’une anse de vase .


Nouveauté du rythme mais aussi nouveauté du mouvement , du moins dans la statuaire . La statue  d’HERMES portant Dionysos enfant  du musée d’Olympie , représente ces nouvelles tendances . Le déhanchement a humanisé et vitalisé du même coup le corps magnifiquement modelé du dieu . Le regard rêveur a remplacé l’impassibilité et la sérénité du siècle précédent . Cette statue trouvée en 1877 à l’occasion de fouilles dans le temple d’Héra à Olympie , déjà identifiée par Pausanias au cours de ses voyages , au IIe siècle de notre ère , longtemps considérée comme un original , actuellement au musée archéologique d’Athènes , est en tout cas une œuvre tardive de Praxitèle et qui marque un retour vers une conception plus athlétique du corps viril .

Il s’agit probablement d’une copie issue du Ier siècle avant ou du Ier siècle après notre ère . Telle quelle, la statue est un chef-d’œuvre et son auteur un sculpteur de premier ordre . Praxitèle n’est pas allé plus loin dans cette recherche de la perfection comme le montre au sommet de sa carrière , vers 350 ,  l’APHRODITE DE CNIDE  connue seulement par des copies romaines ( copie du IIIe siècle avant notre ère au musée du Vatican , ou du IIe siècle avant notre ère au musée du Louvre ) . L’empereur Hadrien avait présenté , dans sa villa de Tivoli , une réplique de la statue dans une petite rotonde d’ordre dorique . La déesse et la statue de Praxitèle étaient à l’époque romaine une sorte d’emblème de la cité . Elle est souvent mentionnée par les Pères de l’Eglise et aurait été transportée à Constantinople ?

Signe des temps , avec  l’Aphrodite de Cnide  , il fut le premier à dépouiller le corps féminin , inaugurant ainsi une nouvelle nudité . Cette représentation de la déesse nue se conforme à l’idéal du nu viril réglé par Polyclète , non seulement par sa pondération mais dans une certaine mesure par les proportions du corps, plus masculines que féminines , comme on peut le voir en les comparant à celles de  la Vénus du Capitole  , attribuée à SCOPAS . La féminité et l’attrait presque magique qu’exerçait la statue, selon les témoignages antiques , étaient dans la modification du rythme , les genoux rapprochés, la tête suivant le mouvement du bras gauche , la main posée sur la draperie qui recouvre le vase annonçant le bain rituel .

Deux images d’Aphrodite furent proposées aux citoyens de Cos par Praxitèle, ceux-ci préférèrent l’effigie drapée laissant la statue nue aux gens de Cnide . C’était là à Cnide dans le sanctuaire de la déesse que l’antiquité tout entière accourut pour contempler l’un des chefs-d’œuvre les plus glorieux de la statuaire grecque, les marins faisaient halte pour l’admirer .

Les commentaires modernes sur la statue relèvent de préoccupations de nature différente : la première touche au double aspect d’une statue divine qui est en même temps le premier nu féminin de la grande statuaire et qui comme tel a une charge sensuelle dont les textes antiques témoignent , la seconde repose sur la lecture même de l’attitude et des gestes qui sont assez différents d’une copie à l’autre .

Les copies les plus soignées permettent de distinguer ainsi deux grands types : dans le premier, qu’on peut définir à partir d’une copie exposée dans la Cour du Belvédère au Vatican et que reprend fidèlement un petit bronze du Louvre d’époque impériale, la déesse, indifférente comme tous les dieux de Praxitèle, s’apprête au bain, son regard se perd dans le lointain, dans le second, défini à partir d’une autre copie du Vatican, de la collection Colonna, le regard porté sur un point précis est celui d’une femme surprise par des regards indiscrets, traduisant un voyeurisme de l’époque hellénistique avancée qui n’a rien à envier à l’époque moderne.

Les passions humaines deviendront, elles aussi, à côté de la grâce féminine une constante dans l’art hellénistique. Ce ne sont plus les dieux qui intéressent les artistes, l’art perdra tout sens du sacré .


Il est tentant d’attribuer aux deux types deux têtes dont les plus beaux exemples sont au Louvre : la réplique de la  tête d’Aphrodite de la collection Borghèse  présente des traits assez proches de ce qu’on attend vers le milieu du IVe siècle, la réplique dite  tête Kaufmann  est du type surpris, avec l’Aphrodite au bain de la collection Colonna, elle est caractéristique d’un changement de goût et d’un changement de fonction de la statuaire .
Ce que les répliques ne nous donnent pas et qui est l’essence de l’œuvre d’art, c’est l’exactitude du contour, les inflexions du modelé, la coloration de la chair. La  tête Kaufmann  , exécutée à l’époque hellénistique en un temps où la tradition praxitélienne était encore vivante, nous a cependant conservé un peu du souffle qui animait l’original.

Une Aphrodite, dite  VENUS d’Arles  , au Musée du Louvre, réplique Augustéenne d’un original de Praxitèle, découverte à l’emplacement du théatre d’Arles en 1651, fut offerte à Louis XIV qui la fit restaurer par Girardon.
La comparaison du corps et de la tête avec l’Aphrodite de Cnide fait voir dans la statue d’Arles une copie d’une œuvre de Praxitèle, ce qui est certain, antérieure à la Cnidienne .

Pour situer Praxitèle dans l’évolution générale, il faut bien distinguer l’aspect formel de ses œuvres et leur inspiration ou leur contenu. Praxitèle, surtout si on le compare avec Scopas, n’a pas véritablement rompu avec la tradition de son métier. La construction de ses œuvres reprend, prolonge et enrichi les recherches amorcées par les successeurs de Polyclète et de Phidias .
Praxitèle reste classique, comme l’était son père Céphisodote. C’est surtout par les types qu’il met en œuvre que Praxitèle est de son temps, pour les types masculins comme par les deux Aphrodites.
L’Aphrodite de Cnide, très nouvelle parce qu’elle est nue, applique au nu féminin les règles structurelles classiques.
Le choix du marbre de préférence au bronze , s’accorde mieux à un modelé qui privilégie la douceur des transitions plus que la clarté des articulations .

Les attitudes diverses envers l’Aphrodite de Cnide montrent l’ambiguïté dont on ne sait si elle est celle de l’œuvre ou celle du regard ? Ce sont les spectateurs hellénistiques et romains qui ont eu face à la statue la même attitude qu’en face d’une femme réelle. Ceci pose le problème renouvelé par la pensée du IVe siècle de l’imitation , c’est-à-dire de celui des rapports entre l’œuvre d’art et la réalité à laquelle elle renvoie .

Faut-il aller plus loin et chercher dans l’œuvre un contenu d’ordre religieux ou philosophique ? Le nombre des statues qui représentent des divinités Eleusiniennes peut être lié aux croyances de Praxitèle qui a fort bien pu, comme tant d’Athéniens, être initié à Eleusis. La dévotion envers les cultes et les  Mystères d’Eleusis  est un phénomène général dans l’Athènes du IVe siècle. Mais c’est aux commanditaires qu’il faut plutôt penser et non à l’artiste.

Certains ont insisté sur les liens de l’œuvre de Praxitèle avec la pensée de PLATON qui privilégie la félicité des dieux qui les éloigne du monde des hommes. Pour lui c’est une réaction contre l’intervention des dieux dans la vie humaine, telles que les montre HOMERE.
En prenant Phryné comme modèle, on trouve très tôt l’idée que cette beauté, surtout celle de la Cnidienne, n’est pas de ce monde, Praxitèle a vu la vraie beauté au delà des apparences de la beauté sensible.
Cette perception renverrait directement à ce que nous apprend  le Banquet de Platon  qui fait de l’amour le moyen de connaissance suprême, la beauté terrestre conduisant à la beauté divine. La statue a été marquée par les idées qui commencent à se développer à son époque, mais , en l’absence de textes clairs, toute l’ambiguïté de l’œuvre demeure. Selon un épigramme attribué à Platon à propos de l’Aphrodite de Cnide :  Praxitèle n’a pas vu ce qui n’est pas permis, son ciseau l’a sculptée telle qu’Arès l’a désiré  .

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