Discussion:Forces armées turques

Dernier commentaire : il y a 7 ans par A ta turque dans le sujet Passage supprimé : Le rôle de l'armée dans la vie politique
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Passage supprimé : Le rôle de l'armée dans la vie politique modifier

Je m'apprêtais à rédiger cette section lorsque j'ai consulté l'historique. Une excellente synthèse, rédigée par 46.218.60.121 (d · c · b), a été supprimée d'un bloc au motif qu'elle n'était pas sourcée. Pourtant, il est difficile d'y trouver, en première lecture, des éléments faux. Et la suppression par Kumkum (d · c · b) s'explique difficilement alors que tant d'autres passages de l'article n'ont pas la moindre source. Je recopie donc ici cette synthèse, que chacun pourra sourcer à sa guise. --A ta turque (discuter) 8 août 2016 à 17:37 (CEST)Répondre

Le rôle de l'armée dans la vie politique

Les forces armées turques se posent dès le départ comme gardiennes des principes kémalistes à la mort du fondateur de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk.

Ce rôle était d'ailleurs (jusqu'à la réforme constitutionnelle de 2010) inscrit dans la constitution : "Les forces armées turques sont les gardiennes de la République turque."

Parmi les 6 principes défendus par Atatürk (laïcisme, républicanisme, nationalisme, populisme, réformisme, étatisme), le haut commandement militaire considère la laïcité comme le principe le plus important, les autres en découlant.

"Si ce principe n'est pas respecté d'une façon continue et vigilante, l'existence même de la République turque sera mise en péril. La société turque moderne sera de nouveau plongée dans l'obscurité médiévale" (général de corps d'armée Sinan Bilge, Académies de guerre).

L'avènement du multipartisme et de la démocratie en 1950 amène à une remise en cause progressive du principe de laïcité. Sous l'impulsion du Parti Démocrate et du premier ministre Adnan Menderes, l'islam sunnite (majoritaire dans le pays) amorce son retour dans l'espace public. Assouplissement de la réglementation des signes religieux, cours de religion de nouveau admis à l'école, retour de l'appel en arabe de la prière. Ces mesures assoient la popularité du Demokrat Parti au détriment du Parti républicain du peuple (CHP) kémaliste.

Cette remise en cause du principe fondateur du kémalisme amène l'armée à une première intervention dans la vie politique. Menderes est arrêté et le parti Démocrate dissous. Une nouvelle constitution, rédigée par l'armée, est adoptée par référendum en 1961 avec 67 % de oui. Elle renforce les libertés publiques (expression, association, réunion, syndicat), entame une certaine décentralisation politique, établit une cour constitutionnelle (au pouvoir de contrôle limité), crée une chambre haute (le sénat). Le parlement devient alors bicaméral. Parallèlement à ces avancées démocratiques, l'armée organise un Conseil de sécurité nationale lui permettant de garder un certain contrôle sur la vie politique turque. Cependant, l'armée ne revient pas sur les assouplissements de la laïcité kémaliste, actant l'attachement du peuple turc à l'islam.

En 1971, la situation sécuritaire et économique du pays se détériore. L'armée intervient de nouveau dans la vie politique turque, le premier ministre Demirel (Parti de la justice) est poussé à la démission. Les droits accordés par la constitution de 1961 sont limités. La cour constitutionnelle voit ses pouvoirs renforcés par les kémalistes.

En 1980, la Turquie est au bord du chaos, avec plusieurs attentats et 80 morts par semaine. La situation économique du pays est dramatique. L'armée organise un nouveau coup d'État et s'empare cette fois-ci de la totalité des leviers du pouvoir. L'État de siège est déclaré. Tous les partis politiques et de nombreuses associations et syndicats sont dissous. Le parlement est ajourné et les libertés publiques sont supprimés. Des dizaines de milliers de personnes sont arrêtés ou contraintes à l'exil. Une nouvelle constitution est rédigée et validée par référendum en 1982. L'armée renforce considérablement son pouvoir sur la société. Le Conseil de sécurité nationale, ou MGK (Milli Güvenlik Kurulu), se compose d’une part des chefs d’état-major de l’armée et, de l’autre, du président de la République, du premier ministre et des ministres de la Défense et des Affaires étrangères. La nouvelle Constitution renforce le rôle politique du MGK : motion de censure contre le gouvernement, avis conforme sur certaines lois ou actes réglementaires, exclusivité des affaires étrangères. Aussi est-ce par ce biais que l’armée exerce son influence.

Parallèlement, l'armée inaugure la synthèse turco-islamique, censée mettre fin aux tensions communautaires que connait la Turquie depuis les années 1950 en liant l'islam et le nationalisme turc. En pratique, elle instaure surtout une légitimation du discours politique de l'islam qui donne une assise populaire légitime aux partis islamistes.

En 1983, l'armée autorise de nouvelles élections et amorce un retrait partiel de la vie publique.

Les autorités civiles, considérant la constitution de 1982 comme illégitime, réduisent progressivement le contrôle étatique de l'armée (loi de 1985, 1987 et 1995).

Le Refah Parti (parti islamiste) arrive premier aux élections législatives de 1995 et marque un tournant politique majeur depuis l'avènement de la démocratie en 1950. Necmettin Erbakan, dirigeant du Refah, devient premier ministre et amorce une remise en cause radicale des réformes laïques d’Atatürk (signes religieux dans les administrations, entrée des islamistes dans la fonction publique, construction de mosquées... ).

La volonté clairement affichée d'Erbakan d’islamiser en profondeur la société turque oblige l'armée à intervenir. Le Conseil de sécurité nationale rédige un " Mémorandum " réaffirmant le caractère laïc intangible de l'État turc.

Le premier ministre est poussé à la démission et le parti Refah est dissous. Plusieurs mesures sont prises visant à garantir le maintien d'une neutralité laïque dans les administrations publiques.

L'arrivée au parlement de l'AKP, successeur du RP, en 2001 illustre les échecs successifs de l'armée kémaliste à contenir le retour de l'islam dans la société civile turque.

Erdogan (président de l'AKP) devient premier ministre et fait voter de nouvelles lois pour retirer tout contrôle politique à l'armée turque. Les réformes votées par le parlement en 2003, qui visaient à réduire le rôle de l’armée, ont prévu d’ouvrir le secrétariat du MGK à des civils. En août 2004, pour la première fois, un civil en a pris la tête. Par ailleurs, la Constitution a été amendée en mai 2004, afin d’empêcher la participation de militaires dans certains organes civils.

Le MGK devient un organisme purement consultatif, et la réforme de la constitution en 2010 exclut totalement l'armée de la vie politique turque, la reléguant au rôle militaire.

Le procès Ergenekon, entamé en 2009, décapite le haut état major de l'armée pro-kémaliste, en arrêtant ses principaux artisans.

Privée de son principal défenseur, la laïcité kémaliste devient de facto une laïcité informelle, sans aucune influence sur la société civile. Libéré de la pression des militaires, le gouvernement Erdogan promulgue de nouvelles lois visant à poursuivre l'islamisation de l'Etat et de la société turque en générale (limitation de la consommation d'alcool, islamisation du droit turc, ouverture des institutions judiciaires et militaires aux religieux).

Une partie de l'armée turque tente d'organiser un putsch dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016 contre le gouvernement islamiste de l'AKP. Plusieurs bâtiments de l'Etat turc, dont le parlement sont bombardés par les putschistes. Des chars et autres véhicules militaires occupent les rues d'Istanbul et bloquent le Pont du Bosphore. Mais l'impréparation du putsch (échec de la capture du président Recep Tayyip Erdogan), le manque de soutien dans la société civile (manifestation populaire soutenant l'AKP, dénonciation du coup d'Etat par l’opposition et les syndicats) et au sein même de l'armée amène rapidement à l’échec du coup d'Etat. Les forces armées fidèles au gouvernement reprennent rapidement la situation en main. Au matin du 16 juillet, 290 personnes et 104 putschistes ont été tués. Dans les jours qui suivent, l'Etat d'Urgence est décrété en Turquie et le gouvernement entame de nouvelles purges dans la fonction publique et au sein de l'armée (arrestation de près de 50 000 fonctionnaires dans les jours suivants).

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