De Grasse (croiseur)

croiseur de la marine nationale française
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De Grasse
illustration de De Grasse (croiseur)
Le croiseur De Grasse (C610) à la revue navale internationale d'Hampton Roads (Virginie, États-Unis), le 26 juin 1957

Type Croiseur léger
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Chantier naval Arsenal de Lorient / Arsenal de Brest
Quille posée 1937
Lancement
Armé
Statut démoli en 1976
Équipage
Équipage 983 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 188,3 m
Maître-bau 21,5 m
Tirant d'eau 5,54 m
Déplacement 9 380 tonnes
Propulsion 2 groupes de turbines à vapeur Rateau
4 chaudières Indret
Puissance 105 000 cv
Vitesse 33,8 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 100 mm
pont = 38 mm
Armement 8×2 canons de 127 mm/54 calibres Modèle 1948[1]
10x2 canons Bofors de 57 mm/60 calibres modèle 1951[2]
Électronique radars (DRBV-22 puis DRBV-23, DRBV-20 puis DRBV-11, DRBI-10, DRBC-30)
Rayon d'action 6000 nautiques à 18 nœuds
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Toulon
Indicatif C610

Le De Grasse (C610), nommé ainsi en l'honneur de l'amiral François Joseph Paul de Grasse (1722-1788), est le seul exemplaire achevé d'une série de trois croiseurs légers de 8 000 tonnes qui fut commandée en 1937-38. Sa construction fut commencée à l'arsenal de Lorient. Il ne fut achevé à Brest qu'après la Seconde Guerre mondiale.

Histoire modifier

Le De Grasse et ses deux frères, le Guichen et le Chateaurenault, sont des évolutions légères des 6 bâtiments de la classe La Galissonnière qui viennent d'être achevés, avec une amélioration de l'armement antiaérien et une proue un peu plus large.

Sa construction est arrêtée au début de la guerre, la coque étant presque finie, et il échappe aux divers bombardements du port de Lorient. Les Allemands souhaitent la reprise de sa construction mais les ouvriers vont volontairement travailler à un rythme très lent et vont cacher des matériaux dans le double fond du navire. En 1942 l'occupant décide d'en faire un porte-avions léger, mais le manque de matériaux arrête le projet en 1943. À la libération la coque du navire est trouvée en bon état : la construction est un peu plus avancée qu'en 1940 et la structure n'a été que légèrement endommagée par une bombe, ce qui en soit est un miracle.

Les travaux reprennent à la libération et la coque est finalement mise à l'eau en pour être remorquée dans un coin du port en attente de son sort. Finalement elle est remorquée en 1951 au port de Brest pour son achèvement sur un nouveau format : un croiseur anti-aérien. Si la coque et les machines restent celles d'origine, tout le reste est de conception nouvelle : superstructures, radars et armement. Le navire fait ses premiers essais à la mer en 1955. Il est admis au service actif le à Toulon.

Caractéristiques modifier

Projet de 1938 modifier

  • Déplacement : 8 000 tonnes standard, 11 431 tonnes à pleine charge
  • Dimensions :
  • Propulsion : deux groupes de turbines à vapeur, 2 hélices, 4 chaudières, 110 000 ch
  • Vitesse : 35 nœuds
  • Armement :
    • 9 × 152 mm (3 tourelles triples)
    • 6 × 100 mm (3 tourelles doubles)
    • 8 × 37 mm
    • 8 × 13.2 mm mitrailleuses
    • 6 × 550 mm tubes lance-torpilles
  • Protection (blindage)
    • Ceinture : 100 mm
    • Ponts : 38 mm
    • Tourelles : 100 mm
    • Citadelle (passerelle) : 95 mm
  • Aviation : 2 catapultes, 2 hydravions
  • Équipage : 580 (ou 691 avec un état-major embarqué)

En 1946 une version améliorée est envisagée, avant renforcement de l'armement anti-aérien (remplacement des 37mm par des 40mm Bofors) et un nouveau modèle de canons de 100mm qui est en cours de conception. La tour avant est légèrement revue et les installations pour hydravions supprimées. Finalement ce projet n'abouti pas pour des raisons financières.

Version réalisée (1956) modifier

  • Déplacement : 9 380 tonnes Washington, 11 431 tonnes à pleine charge
  • Dimensions :
    • longueur : 188,40 m hors tout
    • largeur : 21,50 m (au fort)
    • tirant d'eau : 6,30 m (à pleine charge)
  • Propulsion : deux groupes de turbines à vapeur, 2 hélices, 4 chaudières (timb. 35 kg/cm2 ; surch. 385 °C), 105 000 ch, 120 000 ch aux essais.
  • Vitesse : 33,8 nœuds
  • Armement (tous canons antiaériens) :
    • 16 × 127 mm (8 tourelles doubles)
    • 20 × 57 mm (10 pseudo tourelles doubles)
    • pas de tubes lance-torpilles
    • pas d'aviation embarquée (une plateforme à l'arrière pour recevoir un hélicoptère léger de liaison)
  • Protection (blindage)
    • Ceinture : de 76 mm à 100 mm
    • Ponts : 68 mm
    • Citadelle (passerelle) : 95 mm
  • Équipage : (pleine capacité opérationnelle) 980 (70 officiers, 160 officiers mariniers, 750 quartiers-maîtres et matelots) y compris un état-major

Service modifier

Jusqu'en 1964, ce croiseur antiaérien sera le bâtiment amiral de l'escadre de la Méditerranée à Toulon[3] et participera à de nombreux exercices en Méditerranée, effectuera une croisière aux Antilles en 1957 puis un tour du monde en 1962. En 1960 il subit un grand carénage durant lequel une partie de son armement est démontée, des locaux ajoutés et le radar de veille remplacé par un modèle plus récent. Il reprend alors son rôle en Méditerranée.

À la suite de l'indépendance de l'Algérie la France commence à développer un nouveau centre d'expérimentations nucléaires dans le Pacifique, et la Marine a besoin d'un grand bâtiment pour héberger militaires et ingénieurs civils. Après réflexion c'est le De Grasse, qui de par son âge notamment, est retenu.

Il subit alors une grande refonte à Brest de 1964 à 1966. Le bloc passerelle est élargi, une partie de l'armement démontée et un hangar pour hélicoptère ajouté. Un grand mât est également installé à l'arrière pour y amarrer des ballons d'observation. L'armement restant est inactif sans aucun personnel pour le manœuvrer ni munition à bord. Ces équipements devaient être retirés mais furent conservés pour des raisons de stabilité. Le De Grasse devient ainsi le bâtiment de commandement du Groupe opérationnel des expérimentations nucléaires (G.O.E.N.) pour le Centre d'expérimentation du Pacifique. Il effectue sept campagnes d'expérimentations nucléaires en Polynésie française. C'est à son bord que le général de Gaulle assistera au premier tir sous ballon captif (code Bételgeuse) le à Moruroa.

Son dernier commandant fut le capitaine de vaisseau Hervé Jaouen.

En 1972, il est mis en réserve à Brest. Rayé des listes le , il est vendu pour démolition à La Spezia en 1976.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. [France 127 mm/54 (5") Model 1948, www.navweaps.com http://www.navweaps.com/Weapons/WNFR_5-54_m1948.htm]
  2. [France 57 mm/60 (2.25") Model 1951, www.navweaps.com http://www.navweaps.com/Weapons/WNFR_57-60_m1951.htm]
  3. en alternance avec le croiseur Colbert