Catastrophe de La Courneuve

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La catastrophe de La Courneuve est l'explosion accidentelle à La Courneuve, le , d'une usine d'armement qui participait à l'effort de guerre de la France dans la Première Guerre mondiale[1].

Vue générale de la catastrophe.

Déroulement modifier

Au no 25 de la rue Edgar-Quinet, se trouvait une manufacture de munitions. Lors d'une manutention, trois hommes portaient une boîte de grenades, quand ils entendirent un clic, indiquant qu'un détonateur avait été activé[2]. Ils abandonnèrent la boîte et commencèrent à courir. La boîte explosa, entraînant d'autres explosions[3].

L'explosion d'une grande quantité de grenades à main a coûté la vie à 14 personnes et a totalement détruit la localité. L'explosion se fait entendre jusqu'à 65 km du site[4]. 1 500 autres seront blessés dans la catastrophe.

Elle fait suite à plusieurs autres explosions de dépôts ou usines de munitions en France pendant la Première Guerre mondiale : rue de Tolbiac à Paris le , au fort de la Double-Couronne à Saint-Denis le , et à Croix d'Hins près de Bordeaux le [5],[6].

Suites et hommages modifier

Les censeurs ont caché l'histoire pour éviter que l'information ne parvienne aux Allemands[4]. L'explosion a détruit une maternité dans un hôpital local, mais aucun bébé ne sera blessé malgré les dégâts. Des infirmières de la Croix-Rouge américaine « s'étonnent encore que personne n'ait été blessé »[7].

Le cardinal archevêque de Paris, Léon Adolphe Amette, visite les lieux peu après l'événement. Un journal religieux en donne une description imagée :

Peu après les dégâts, deux soldats du 1er Zouaves mobilisés dans une usine de la région, ramassent dans les champs voisins une dizaine de kilos de grenades et de détonateurs. L'État les accusent d'un crime (d'avoir commis un vol militaire), car ces débris appartenant à l'État, provenaient d'une usine de guerre. « Les inculpés ont, dans leur interrogatoire, protesté de leur bonne foi. Tout le monde en ramassait, ont-ils dit. Nous avons fait comme tout le monde. Après un réquisitoire de principe du lieutenant Tetreau, Me Marcel Pasquier a présenté la défense des deux prévenus qui, par six voix contre une, ont été acquittés »[9].

Hommages modifier

En 1919, l'hôpital Lariboisière s'est vu décerner par la municipalité de Paris une plaque de marbre, sur laquelle est fixée une médaille d'honneur de l'Assistance publique « à la mémoire des services rendus par le personnel de l'hôpital pour le peuple de Paris sous les bombes, surtout après la grande explosion de la Courneuve, quand il a admis plus de quatre cents victimes »[10],[11].

La commune de La Courneuve a été citée à l'ordre de l'armée en 1922 en raison de l'explosion[11] : « Vaillante cité qui a subi plusieurs bombardements et dont la population, rudement éprouvée par l'explosion d'un dépôt de munitions qui fit de nombreuses victimes et causa des dégâts matériels importants, s'est ressaisie aussitôt en travaillant jour et nuit à la remise en état des bâtiments endommagés afin de continuer à produire pour les besoins de la défense nationale, donnant ainsi le plus bel exemple de patriotisme et de courage »[12].

Pour la même raison, la Croix de guerre lui est remise en 1923 par le président de la République, Raymond Poincaré[13].

Références modifier

  1. « Explosion de La Courneuve [explosion d'un entrepôt de grenades le 15 mars 1918] : [photographie de presse] / [Agence Rol] », sur Gallica, Bibliothèque nationale de France, (consulté le ).
  2. (en) Victor A. Pollak, Saving the Light at Chartres: How the Great Cathedral and Its Stained-Glass Treasures Were Rescued during World War II, Guilford (CT), Stackpole Books, , 385 p. (ISBN 978-0-8117-3901-6 et 978-0-8117-6897-9, lire en ligne), p. 23
  3. (en) Anonyme, « Courneuve Bomb Explosion », Poverty Bay Herald, vol. XLV, no 14567,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b (en) Anonyme, « 28,000,000 Grenades In One Grand Blow-up », The Washington Herald (en), no 4503,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Stéphanie Trouillard, « Grande Guerre : il y a 100 ans, la terrible explosion de l'usine de grenades de Tolbiac, à Paris », Centenaire 14-18, France 24, .
  6. Yves Lequin, chap. XXIV « La mort industrielle », dans Jean Delumeau (dir.) et Yves Lequin (dir.), avec la collab. d'Éric Alary, Les malheurs des temps : Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, coll. « Essais et documents », (1re éd. 1987), 558 p. (ISBN 978-2-03-600047-6), p. 407–494 [lire en ligne].
  7. (en) Anonyme, « Wrecks Hospital, But Not A Baby Hurt », Meade County News, vol. XIX, no 31,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Anonyme, « Visite de Son Éminence le cardinal de Paris à La Courneuve. », La Semaine religieuse de Paris, vol. CXXIX, no 3350,‎ , p. 353-354 (lire en ligne, consulté le ).
  9. « : deux pilleurs de tranchées sont acquittés », Le Figaro, (consulté le ), reprise de « Gazette des tribunaux », Le Figaro, 3e série, vol. 64, no 223,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  10. (en) Anonyme, « Medical News », British Medical Journal, vol. 1, no 3041,‎ , p. 470 (PMCID PMC2340776, lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b Claude Bardavid, « Babcock : dans la tourmente de la première guerre mondiale », Seine-Saint-Denis, no 53,‎ , p. 30 (lire en ligne).
  12. Arrêté du , Journal officiel de la République française, no 336, , p. 11885.
  13. Anne Lombard-Jourdan, IRHT, CNRS, municipalité de La Courneuve, La Courneuve : Histoire d'une localité de la région parisienne, des origines à 1900, Éditions du CNRS, , 246 p. (ISBN 2-222-02574-5), « Armoiries de La Courneuve », p. 193.