Blasquisme

courant politique républicain en Espagne

Le blasquisme (en espagnol : blasquismo) est un mouvement idéologique populiste et républicain apparu dans la région de Valence, en Espagne, sous l'influence de l'écrivain et journaliste Vicente Blasco Ibáñez, dont les idées furent diffusées à travers son journal El Pueblo (fondé en 1894). Surtout populaire dans la zone de l'Horta, le mouvement connaît un essor particulier à partir du déclin électoral du Parti républicain démocratique fédéral, parti fédéraliste proche des thèses de Francesc Pi i Margall.

Vicente Blasco Ibáñez.

Histoire

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Le blasquisme s'inscrit dans le cadre d'un républicanisme profondément ancré dans le Pays valencien au XIXe siècle. L'idéologie blasquiste se caractérise par un anticléricalisme radical et violent, défenseur de l'insurrection plutôt que de la participation électorale, influencé par Manuel Ruiz Zorrilla. Ces caractéristiques l’amènent à se rapprocher un temps d'Alejandro Lerroux, débouchant sur une éphémère Union révolutionnaire en 1985[1],[2].

Contrairement aux directives de Nicolás Salmerón, il s'oppose aux tentatives de la coalition Solidaritat Catalana d'établir des liens entre Catalogne et Pays valencien. Il s’oppose aussi au mouvement valencianiste naissant et à sa revendication d’officialisation du valencien. Il attaque ainsi l’Assemblée régionaliste valencienne convoquée en 1907 par le groupe València Nova, accusant ses participants de servir les intérêts de la bourgeoisie catalane, protectionniste et favorable à l'Église. Le blasquisme adopte à partir de ce moment une idéologie anticatalaniste[3] qui sera l'un de ses traits caractéristiques[4],[1].

Lorsque Lerroux fonde le Parti républicain radical en 1908, Blasco Ibáñez ne le suit pas et fonde son propre parti, le Parti d'union républicaine autonomiste (PURA). Peu après, il se désintéresse de la politique active et quitte le parti, entraînant une dure lutte interne pour sa succession dont sort finalement victorieux Fèlix Azzati. Celui-ci maintient le parti dans une posture idéologique ambiguë, provoquant des affrontements de plus en plus virulents avec l'anarcho-syndicalisme. Par le biais d'alliances politiques opportunistes et d'autres manœuvres plus ou moins légales, il acquiert une notable influence dans le milieu politique municipal de Valence de 1901 à 1911.

Le mouvement est en grande partie parallèle et semblable à celui mené par Lerroux, mais il se concentre surtout dans les comarques de l'Horta. La clef de son succès populaire réside dans le manichéisme de son discours, populiste et anticléricaliste, qui s'avère capable de susciter l'adhésion des masses valenciennes. Tout comme le Parti républicain radical, son idéologie diffuse et ambiguë mêle réformisme social, revendications libérales et progressistes, soutien au mouvement ouvrier apolitique et une politique urbaine prétendant satisfaire les intérêts de la bourgeoisie. Ainsi son électorat parvient à rassembler des éléments issus de classes sociales diverses, avec une grande capacité de mobilisation[5].

L'un de ses plus grands succès est sa contribution fondamentale à la disparition des deux partis dynastiques de la Restauration dans la capitale valencienne au début du XXe siècle[6].

Durant la dictature de Primo de Rivera les activités du parti, comme des autres formations politiques, se trouvent suspendues et le mouvement connaît une perte de prestige en conséquence de luttes politiques avec les sorianistes débouchant parfois sur des affrontements physiques, voire des coups de feu[7]. À la mort d'Azzati en 1929 Sigfrido Blasco-Ibáñez lui succède à la tête du parti et adopte une ligne plus conservatrice, se rapprochant à nouveau des positions des radicaux et de la Confédération espagnole des droites autonomes (CEDA)[1].

Durant la Seconde République le blasquisme perd une bonne partie de son influence politique au bénéfice de la Droite régionale valencienne, mieux organisée autour d'un meneur charismatique, mais le mouvement conserve une certaine vigueur. Aux élections générales de 1933 tous deux intègrent la CEDA, qui obtient une victoire significative. Le mouvement entre toutefois dans une franche décadence, se rapprochant des positions de droite les plus récalcitrantes et souffrant de la corruption notoire de son leader, impliqué dans le scandale du straperlo, il perd une grande partie de son électorat, et pâtit de la scission du Parti républicain radical socialiste ainsi que du rapprochement de certaines de ses figures importantes des courants du nationalisme valencien. Pour éviter le naufrage électoral, Sigfrido Blasco-Ibáñez suit la position de Manuel Portela Valladares mais ne peut éviter un cuisant échec aux élections générales de 1936, qui représentent la fin du protagonisme politique du blasquisme[1].

Notes et références

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  1. a b c et d (ca) Article « blasquisme », Gran Enciclopèdia Catalana
  2. Cucó 1979, p. 11-12.
  3. Voir par exemple l'article de Blasco Ibáñez La lepra catalanista publié dans El Pueblo le 13 janvier 1907.
  4. Cucó 1979, chapitre « Idologia domininant i qüestió valenciana », p. 45-67.
  5. Cucó 1979, chapitres « Relacions amb el moviment obrer » et « Idologia domininant i qüestió valenciana », p. 31-43, 45-67.
  6. Cucó 1979, p. 69.
  7. (ca) Antoni Ferret, Compendi d'Història de Catalunya, Editorial Claret

Annexes

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Bibliographie

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  • (ca) Alfons Cucó, El valencianisme polític : 1874-1936, Valence, Garbí, , 1re éd., 472 p.
  • (ca) Alfons Cucó, Sobre la ideologia blasquista : Un assaig d'aproximació, Valence, 3i4, , 111 p. (ISBN 84-7502-001-1)
  • (ca) Ramir Reig i Armero, Blasquisme i moviment obrer : València, 1898-1906, Institució Alfons el Magnànim (1982)
  • (ca) Ramir Reig i Armero, Blasquistas y clericales. La lucha por la ciudad de Valencia de 1900, Institució Alfons el Magnànim (1986)
  • (fr) François Robinet, « ‘’Los nuevos marselleses’’ : la Révolution française dans la culture républicaine blasquiste (Valence, Espagne, 1894 – 1906)», Il Risorgimento, Rivista di Storia del Risorgimento e di Storia Contemporanea, LXX, 1, 2023, pp. 105-129.

Liens externes

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