Bernard Nut

officier de renseignement français

Bernard Nut () est un officier de l'armée française dont l'assassinat, alors qu'il est responsable de la DGSE sur la Côte d'Azur, donc mort en service[1], défraye la chronique en 1983.

Bernard Nut
Lieutenant-colonel Bernard Nut
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 47 ans)
RigaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Bernard Paul NutVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Jeunesse modifier

Bernard Nut est issu d'une famille d'officiers et l'un de ses ancêtres avait été tué lors de la charge des cuirassiers à Reichshoffen. Son grand-père, Georges Nut, après une carrière militaire dans les troupes Méharistes a rejoint la résistance française durant la 2e guerre mondiale - membre des Forces Françaises de l'intérieur de Vernon dans l'Eure (réunissant les réseaux Vengeance, Résistance et OCM). Il perd son père, Paul Nut, « mort pour la France », tué au combat à Naamé en Syrie le [2].

Pupille de la Nation, il s’engage le alors qu'il est mineur en imitant la signature de sa mère et intègre l’école des sous-officiers de Cherchell en Algérie[3]. À la sortie de l’école, il est nommé au grade de sergent. Il intègre le 3e RIC (3e régiment d’infanterie coloniale) le . Il participe aux opérations menées en Tunisie de juillet à août 1955 pour être ensuite envoyé en Algérie, le , où il intègre la 5e compagnie du 16e RIC jusqu’en mai 1957.

Blessé lors de cette première campagne en Algérie, il refuse d'effectuer toute démarche en vue d'obtenir indemnisation ou pension et sert à l’état-major de Fort-de-France en Martinique[3]. Il est nommé au grade de sergent-chef le .

Le , après avoir quitté la Martinique, il est affecté au RMT (régiment de marche du Tchad) à Pontoise puis passe et réussit le concours des officiers des services pour intégrer l’EMA (École militaire d'administration) de Montpellier, le . Il sort major de sa promotion le [3].

Il choisit à la sortie de l’école les troupes de marine. Il est affecté comme sous-lieutenant au 16e RIMa (régiment d’infanterie de marine) le [3].

Carrière d'officier des renseignements modifier

Ce régiment étant en Algérie, il y fait un second séjour de janvier 1962 à janvier 1963. En mars 1963, il est affecté au BCS 31 qui va devenir le 15e BIMa (bataillon d’infanterie de marine) qui se trouve sur l’Île de La Réunion. Il est promu au grade de lieutenant et devient chef du 2e Bureau au sein de la subdivision militaire de la Réunion placée sous les ordres du commandement supérieur des Forces Françaises du Sud de l'océan Indien[3].

De retour en métropole, il est affecté au 89e BS (bataillon des services) et intègre donc le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) le pour travailler au sein du service recherche R2 au secteur Afrique. Il est promu au grade de capitaine le .

Le , il est envoyé en qualité d’adjoint de chef de poste pour quatre ans au Sénégal, sous son identité réelle et avec une couverture diplomatique en qualité d’attaché de presse de l’ambassade de France de Dakar. En 1970, il devient chef de poste du SDECE au Sénégal.

Durant son séjour, il supervise deux coups d’État qui se soldent par un échec, dirigés contre le président de la République de Guinée, Sékou Touré. Le , il rentre en France et il est notamment chargé de l’instruction du personnel intégrant le service R2[3].

Missions périlleuses modifier

Il est ensuite affecté au secteur Asie du SDECE. Il est envoyé en mission seul au milieu du Cambodge à la fin de l’année 1975, au moment de la dictature maoïste, afin de fédérer les différents mouvements de résistance au régime de Pol Pot. À plusieurs reprises, il évite de justesse d'être pris par les Khmers rouges[3]. Le , il est nommé au grade de commandant.

Au début de l’année 1980, il est envoyé en mission en Afghanistan toujours sous IF (identité fictive) sous le nom de Bernard Flaubert alors que le pays vient d’être envahi par les armées de l’Union soviétique[3].

Retour en Europe modifier

De retour de cette mission, il intègre le secteur Europe du SDECE et prend le poste de chef de mission métropolitaine de recherche à Nice le .

Il fréquente notamment des ressortissants et des ressortissantes d'États étrangers dans la zone. Le , le SDECE change de dénomination pour devenir la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure).

Sa vie personnelle subit alors l'influence croissante du nouveau directeur général qu'il rencontre fréquemment.

Assassinat modifier

Il est promu au grade de lieutenant-colonel le et nommé responsable de la DGSE sur la Côte d'Azur[3],[4],[5]. Le peu avant h, il est retrouvé par deux employés face contre terre devant son véhicule de service, une 305 Peugeot, stationné sur le bord de la RN 202 dans la commune de Rigaud mort d’une balle ayant traversé la boîte crânienne, son arme ayant tiré trois balles[3],[6].

Le 17 février, deux jours après la découverte du corps, Le Quotidien de Paris et Le Monde[7], publient aussi des articles en précisant que l'officier a bien été assassiné. Le même jour à 10 h, l'AFP diffuse elle une brève évoquant suggérant qu'il peut s'agir d'un suicide. Cette information erronée est reprise par une partie de la presse, mais l’instruction judiciaire déterminera que les éclats de balle retrouvés dans la boîte crânienne étaient d’une composition différente des trois balles non percutées restant dans le barillet et qu’il s’agissait donc bien d’un assassinat[8],[9],[10].

Le , un non-lieu est prononcé sur cette affaire[11],[12].

Le , le service des pensions du ministère de la Défense reconnait qu'il est mort en service, mais sa veuve ne touchera qu'une pension de réversion correspondant au grade de commandant car il n'a pas effectué les six mois nécessaires en tant que lieutenant-colonel. Il n'a reçu aucune décoration à titre posthume.

25 ans après son décès en février 2008, son fils Bruno Nut demande la levée du secret-défense sur cette affaire[13].

Bernard Violet, auteur d'un livre sur l'affaire Nut est poursuivi en justice, condamné et le livre interdit à la vente[14],[15].

Enquête à ce jour modifier

En 2023, son fils se heurte toujours au secret défense entourant le décès de son père[16],[17].

Une émission a été diffusée sur ce sujet sur RTL à l'été 2022 (audio : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/bernard-nut-qui-a-tue-l-ex-espion-de-la-dgse-7900160001).

Médailles et décorations modifier

Bernard Nut a été nommé chevalier de l'ordre national du Mérite.[réf. nécessaire]

Il est titulaire des décorations suivantes :

Notes et références modifier

  1. http://netphenomena.blogspot.com/2009/09/dgse-les-agents-secrets-francais.html
  2. ONG Webmastre, « Bernard Nut », sur canalblog.com, O.N.G. - Extrême-orient(é), (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i et j « Enigmes criminelles : le mystère Nut », sur Valeurs actuelles, (consulté le ).
  4. « Sous Mitterrand, morts et suicides suspects. Rappel. », sur tdg.ch via Wikiwix (consulté le ).
  5. http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0961_19830408/OBS0961_19830408_044.pdf
  6. (en) The New York Times, « Link seen to recent slaying of french agent », The New York Times,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  7. https://www.lemonde.fr/archives/article/1983/02/19/le-suicide-du-lieutenant-colonel-nut-n-est-pas-prouve_2844719_1819218.html
  8. La rédaction, « Les grandes affaires criminelles de la Côte d'Azur (2/8): L’espion assassiné en pleine nuit à Rigaud était sur "une grosse affaire" », sur Nice-Matin, (consulté le ).
  9. GUY PORTE., « Plusieurs points obscurs contredisent la thèse du suicide du lieutenant-colonel nut », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  10. Le Monde, « La mort du colonel Bernard Nut L'agent secret a probablement été assassiné », Le Monde,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  11. Claude Faure, Aux Services de la République: du BCRA à la DGSE, 2004.
  12. Pascal Jouary, Secret défense, le livre noir, Max Milo, 2021.
  13. Le Monde, 13/02/2008.
  14. Catherine Argand, « On interdit un livre virtuel », L'Express,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  15. https://www.lemonde.fr/archives/article/1987/11/06/l-auteur-du-livre-sur-l-affaire-nut-condamne_4081561_1819218.html
  16. « NICE : Espionnage - Quarante ans après, l’inextricable énigme de l’assassinat… », sur presseagence.fr (consulté le ).
  17. « ESPIONNAGE - Quarante ans après, l’inextricable énigme de l’assassinat du colonel Nut », sur Club de la Presse Méditerranée 06, (consulté le ).
  18. https://11eme-choc.hubside.fr/hommages

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • George Moreas, Dans les coulisses de la lutte antiterroriste, True Crime, 2016
  • Histoire politique des services secrets français (de Roger Faligot avec Jean Guisnel et Rémi Kauffer), p. 381-442, 15 novembre 2012 (ISBN 2707177717)
  • Treize mystères de la Côte, Roger-Louis Bianchini, Fayard, 298 p., 1er juin 2005 (ISBN 2213623848)
  • Cadavres sous influence de la Ve république, Christophe Deloire, Jean-Claude Lattès, 320 p., 22 janvier 2003 (ISBN 978-2709623025)
  • Les héritiers contestés : Longo Maï et les Médias d'Europe, Gilbert-François Caty, Anthropos, 334 p., mars 1983 (ISBN 2402136294)
  • Spies and Provocateurs: A Worldwide Encyclopedia of Persons Conducting Espionage and Covert Action, 1946-1991, Minnick, Wendell L.; Jefferson NC: McFarland, 310 p., 1992 (ISBN 0-89950-746-8)
  • The French Secret Service, Deacon Richard; Londres: Grafton Books, 368 p., 1990 (ISBN 0-586-20673-6)
  • Who's Who in Espionage, Payne Ronald et Dobson Christopher; New York: St.Martin's Press, 234 p., 1984 (ISBN 0-312-87432-4)

Liens externes modifier